Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Courtes histoires


Par : picsou_riche
Genre : Nawak
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5 : Petite SÅ“ur.


Publié le 19/09/2014 à 22:43:07 par picsou_riche

Les explosions successives faisaient trembler l'appartement, il y avait une odeur moite, une odeur de poudre, une odeur étouffante. J'étais cachée sous la table, espérant que les bombes ne tombe pas sur notre toit. Espérant pouvoir sortir à la fin et courir dans la rue. Mais je savais ce qui m'attendrais dehors, je savais que je ne verrais plus que des ruines, des routes détruites, des corps mutilés, des gens blessés et des soldats. Parce que c'est la réalité. Non, il n'y aura plus jamais d'avant petite sœur, maintenant c'est la guerre. Le temps de nos sortie dans la rue, courant entre la foule pour allez jusqu'au marchand de journaux et prendre le journal pour quelques francs, puis se rendre à l'épicerie et nous acheter quelques bonbons. Tout ça c'est finit petite sœur. Je suis désolé.
J'entendais juste le bruit des détonations, si proche que mon cœur battait à toute vitesse. Il allait exploser lui-aussi. Et après il y avait des détonations lointaines, toutes aussi effrayantes. Je tremblais de terreur sous cette table. Les cris venant de dehors parvenaient jusque mes oreilles abasourdie de cette horreur que je vivais actuellement. C'était des cris qui trahissaient toute la tristesse du monde, et la douleur, et la peur. Je voulais fuir d'ici, partir loin, très loin, aller dans un autre monde, mais ce bruit de l'Enfer, cette odeur affreuse, cette présence du chaos, de la mort, de la peur... Tout le champ lexicale de la guerre me ramenait à la réalité. Impossible de fuir de sous cette table, mon unique refuge. Je m’imaginais les soldats à Verdun dans les trachées, sous les bombardements, en attendant de se lever au signal et de s'avancer vers les trachées adversaires sous la pluie d'obus de l'ennemie, les soldats s'écroulant à terre abattus par une balle des Allemands, ceux qui continués à avancer en voyant leur frères d'armes se faire tuer l'un après l'autre, tombant à leur côtés, et eux toujours debout se disant « je suis peut-être le prochain ». Car oui, à cet instant, chaque seconde était une mort certaine, et chaque seconde qui passait était une seconde, une précieuse seconde, de vie en plus. Ceux qui survivaient à la traversée vers l'autre camps avaient franchis la mort... Pour l'instant. Parce qu'une fois arrivés là-bas c'était un autre Enfer à vire, les combats à travers ces trous creusés dans la terre, avec les baïonnettes et à avec des pelles. Il n'y a même pas de mots pour décrire ces scènes d'horreur. Pas de mots pour décrire ce que ces braves gens, Allemand comme Français, chacun défendent l'honneur de son pays dans une guerre dont ils ne comprenaient rien, ont vécus.
J'y étais maintenant moi aussi, dans cette horreur de la guerre, dans une guerre que je ne comprenais pas ! J'y étais aussi sous cette table à manger dans mon appartement. C'était affreux petite sœur. Mais que faire dans ces moments là ?

Tu te souviens quand nous allions à la marre ensemble ? J'espère que tu te souviens. C'était le bon temps encore. Nous étions avec nos parents et toute la famille réunie ! Nous allions jusque la marre ensemble, et nous pique-niquions à-bas ensemble sous les douces journées d'été en Août. Ça ma manque... Tu prenais tout le temps tout à manger !
Nous avions de la viande ce jour-là. Faut dire qu'on avait pas de la viande tous les jours, nos parents n'étaient pas encore très riche à ce moment. On avait notre potager et nous devions nous contente de ces légumes toutes les semaines, et d'un peu de viande le Dimanche, le jour du Seigneur où nous allions faire nos courses au marché. Et où il fallait allez à la messe, à l'Eglise du village.
Et un jour papa eu un nouveau métier, et nous avons quitté le village pour partir en ville. J'étais triste parce que nous devions quitter nos amis, et quitter notre école aussi. Toi aussi tu étais triste, parce que tu pleurais, je m'en souviens ! Je me souviendrais toujours de ce moment où Marie es venue te prendre dans ses bras et qu'elle t'as donné tes bonbons préférée. Elle les avait acheté la veille pour toi ! Qu'est-ce qu'elle est devenue Marie aujourd'hui selon toi ? C'était il y a dix ans tu te rends compte. Elle doit être une jeune femme aujourd'hui. Elle doit avoir dix-sept ou dix-huit ans.
Peut-être qu'elle n'a plus d'âge, et qu'elle n'est plus de ce monde aussi. Je n'espère pas, je n'ai pas envie d'y penser même.
C'était une fille bien, très gentille, toujours souriante. Elle avait ton âge aussi. Habillée dans jolie robe bleu pâle qui lui allait tellement bien. C'est sa grand-mère qui lui avait offerte je crois. Je ne me rappel plus très bien. En tout cas c'était une robe qui avait était cousue à la main, tu te rends compte du travail ? Cette fille, brune avec de beaux yeux noirs et d'un teint pâle. Elle qui allait tous les jours à l'école alors que nous nous étions un peu plus garnement, je te prenais avec moi et on allait dans les vignes avec notre cousin et quelques un de nos amis. C'était tellement amusant, on se cachait dans les pieds de vignes entre les souches. Elles étaient encore bien feuillue et il y avait beaucoup de raisins, c'était avant les récoltes. Et nous mangions du raisin, heureux et ensemble. C'était merveilleux, un véritable Paradis. J'adorais te voir sourire dans ces moments là. C'était tellement loin d'aujourd'hui... Qui aurait pensait que ça finirait par arriver... Pourquoi nous ?

…

Et les périodes des récoltes où nous allions travailler aussi. Pour gagner quelques sous, pour nous acheter des bêtises. Là-bas au village on avait pas trop de choix dans les bonbons, parce que c'était une petite épicerie comparait à celle de la ville. Et il n'y avait qu'un seul journal aussi... Alors avec ses sous on s'achetait plutôt des jouets. Un jour j'avais acheté un ballon. Je m'en souviens encore.
Où est-il maintenant ?

Je viens de voir une explosion sur l'immeuble d'enfance, parce que je peux voir par la fenêtre. Les murs ont volés en éclats projetant des débris jusque dans mon appartement. Il y avait sans doute des gens comme moi là-bas. Ils étaient morts maintenant. La vie ne tiens qu'à un fil. Et moi aussi j'étais sur le bord du miroir, de peur, toutes les secondes, d'exploser sans rien comprendre, rien sentir. Ne même pas avoir le temps d'estimer que je suis mort. Ne pas avoir le temps de ressentir que je quitte la vie, ne pas le savoir. Ça me faisait peur. En une seule fraction de seconde tout pouvait s'arrêter brusquement pour moi, comme pour tous ces gens.
Et ça allait finir par arriver, je le savais. Quand ce n'était que le début du bombardement, depuis une trentaine de minute déjà.

Le temps est passé après que nous soyons partit du village, nous étions en ville dans cet appartement où je suis maintenant. C'était une petite vie de luxe pour nous qui n'étions que de vulgaire paysans, comme ils disaient les gens de la ville... Comment on dit déjà ? Ah oui : les citadins. Nous n'étions de de vulgaire paysans de la campagne en effet. Des pouilleux et des gueux en somme. C'est ce qu'ils te disaient à l'école ces petit monstre. Et moi je te disais que non. Tu avais du mal à te faire des amis là-bas. J'étais triste pour toi, parfois je venais à l'école pour te protéger. Mais je préférerais que ce soit encore comme ça aujourd'hui. Qu'il n'y ait pas d'amis, et pas de guerres aussi. Mais je ne peux rien y faire moi... Je ne peux pas arrêter un bombardement. Alors je dois attendre, en vain.
Nos amis, ils venaient nous voir parfois ! C'était génial, parce que habitions un peu loin du village et c'était pas facile pour eux de venir, et pourtant ils venaient comme ils pouvaient. Alors je revoyais Marie, et François, et les autres. Et c'était bien de passer du temps avec eux alors, une journée, parfois un week-end. On allait en ville, ils étaient mal habillées par rapport à ceux de la ville, et on se moquait de nous mais on s'en fichait, parce qu'on était entre nous, entre amis. Et on allait au terrain vague du quartier pour jouer ensemble. Quand ils y avait de la pluie le terrain était boueux et on se faisait des « guerre de boue ». On prenait la guerre comme un jeu, c'était amusant. Plus aujourd'hui.
Mais petit à petit, on les voyait de moins en moins, certains avaient à leur tour quittait le village et étaient partis vers de nouveau horizon. Ils avaient grandis aussi. Certains avait la maturité et partaient vivre ailleurs avec l'espoir, certains étaient en couple avec de jolis partenaires qu'ils rencontraient souvent au bal du village. Et les plus vieux du village n'étaient plus, les plus adultes étaient devenus les plus vieux, les plus jeunes les plus adultes, les plus enfants les plus jeunes... Comme depuis de nombreuses génération. C'est triste le temps qui passe. Il passe tellement vite et ne laisse dans nos cœurs que de misérables mais beaux souvenirs. Mais je n'aime pas ça, les souvenirs. On ne peut pas les revivre, c'est pourquoi je ne pouvais pas fuir ce que je vivais aussi, une autre raison que le bruit : impossible de trouver refuge dans un autre monde, dans celui de nos souvenirs. C'était mon plus beau monde « imaginaire ». Car tous mes souvenirs étaient magnifiques. Je ne regrette pas de mes aventures. Jamais je regretterais quelque chose de mon enfance.

Aussi j'espérais pouvoir les revoir un jour en ce moment. Mais je savais que ce n'était pas possible. Parce qu'ils étaient mort pour la plus pars, ou disparus. Ceux qui étaient mort étaient jeunes puisqu'il avaient notre âge. Ils ne méritaient sans doute pas ça, d'une mort si jeune dans une époque si douloureuse. Sous une bombe, sous le gaz... C'est affreux de penser à ceux qu'ils ont vécus. J'ai mal petite sœur. Et toi aussi tu me manques... Pourquoi tu étais au mauvaise endroit, au mauvais moment. Quand cette bombe est tombée là à quelques mètres et que le souffle t'as projetée en détruisant ton faible corps en morceaux... J'ai hurlé. J'ai courue vers toi. Mais tu était détruite. Tu n'étais plus aussi. Les yeux clos, le visage en sang, les jambes brisées, le corps brûlé... Tu étais toute frêle, toute belle. Mais tu étais morte. Et moi j'étais vivant. Je t'aime petite sœur. Tu me manques. J'espère survivre assez longtemps pour pouvoir un jour réciter ce que j'ai vécu à mes enfants, et pouvoir te rendre un hommage sincère.
Tu était une petite fille sans histoire et très sage et surtout innocente. Mais tu es morte, sans ne jamais avoir pus comprendre pourquoi. Tu n'avais que dix-huit ans. J'espère avoir été un bon grand frère pour toi Sarah.

Le monde s'est arrêté à cet instant. J'étais seul. Papa et Maman... malheureusement sont morts quelques temps après. Papa est partit au combat, et il n'est jamais revenue. Maman était malade. Et elle a aussi succombé.
J'avais une belle famille, des amis. Et à cause de cette guerre, je ne suis plus qu'un orphelin sans rien. D'autres gens en avaient décidés autrement.
Et je vais peut-être mourir dès que j'aurais finis cette lettre.

Nous ne sommes pas nés comme vous, ici et maintenant.


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