Avant de commencer, je tiens à vous dire que je suis vraiment navrée pour cet énorme pavé César qui va suivre, je remercie (et applaudis des deux mains ) ceux qui auront le courage de le lire en entier
Je tiens à dire que ce chapitre, comme indiqué, n'est qu'une sorte d'introduction pour mettre le décor en place, vous situez un peu dans l'histoire, pour que vous ne soyez pas totalement paumé c'est très long certes, dur à lire, mais il le fallait.

Bref, rassurez-vous la suite est beaucoup plus lisible et moins indigeste, je fais en sorte que votre lecture soit la plus agréable possible croyez-moi
Sur ce, bonne lecture et n'hésitez pas à commenter !
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Inde antique.
Une ère d'hérésie et de décadence régnait dans le royaume entier depuis déjà quelques temps.
Les hindous, fidèles pratiquants de l'hindouisme, seule et unique religion du pays, avaient lentement mais sûrement commencer à sombrer dans le pêché et le blasphème.
Ils vénéraient de moins en moins leurs dieux, diminuaient leurs prières jusqu'à ne plus en faire du tout, se conduisaient comme de vulgaires mécréants... en bref, ils avaient complétement délaissé leurs croyances et négligé leurs divinités. Un sacrilège tout bonnement intolérable et inexcusable. Les dieux étaient furieux, en particulier la déesse du Temps, de la Mort et de la Délivrance, mère créatrice et destructrice, Kali.
Elle ne pouvait supporter l'idée que ses dévoués adorateurs l'avaient jeté aux oubliettes aussi naturellement. C'est donc avec le désir de revanche dans l'âme qu'elle décida de se rendre sur la Terre elle-même, afin de remettre toutes ces brebis égarées dans le droit chemin. Elle se matérialisa donc sous la forme d'un gigantesque cobra naja entièrement noir et aux foudroyants yeux turquoises.

Durant de longues années, elle sema le chaos et la terreur partout où elle allait, dévorant avidement le moindre hindou corrompu qu'elle rencontrait.
La nouvelle s'était vivement répandu à travers tout le royaume, si bien que bon nombre d'hindous s'étaient remit à pratiquer et avaient donc échappé au redoutable courroux de Kali. Mais ce succès ne lui suffisait pas, elle ne voulait pas se contenter d'aussi peu. Elle voulait éradiquer tous ces infidèles jusqu'au dernier.
Sa frénésie avait réussi à éveiller l'inquiétude de son époux, le dieu Shiva. Si elle continuait ainsi, l'Inde serait bientôt un royaume fantôme. Il attendait impatiemment et nerveusement son retour, depuis déjà un bout de temps. Mais sa conjointe avait été formelle : interdiction pour lui de venir la rejoindre sur Terre, sinon...
Elle voulait qu'on la laisse dans la tranquillité la plus complète qui soit, faute de quoi elle châtierait sur le champ son fauteur de trouble. Elle n'aimait pas qu'on la dérange durant ses « missions ». Ceux qui ont tenté l'expérience n'ont pas survécus assez longtemps pour aller la conter...

Mais un beau jour, alors qu'elle serpentait à travers la jungle à la recherche d'une nouvelle proie à se mettre sous la dent, elle tomba sur un puissant shaman hindou qui avait prédit depuis fort longtemps sa venue sur Terre et qui l'avait activement recherché.
Enfin, il avait réussi à la trouver, et il était fin prêt à stopper sa destruction. Bien sûr, ne se doutant de rien, elle fusa sur lui sans méfiance... mais il riposta et lui lança un sort d'immobilisation puis récita une incantation qu'il avait lui-même élaboré pour la sceller.
Et cela fonctionna. L'impressionnant cobra avait cédé la place à un nourrisson, en apparence âgé d'à peine quelques mois... le shaman, n'ayant jamais expérimenté son sort auparavant, ne s'attendait pas à ce que Kali soit scellée sous une telle forme, il s'attendait à quelque chose d'un peu plus prévisible comme une stèle ou un objet inanimé... ça lui aurait grandement facilité la tâche, car malheureusement il ne pourrait pas se résoudre à tuer ou a abandonner un nouveau-né, démon ou pas.
Il décida de l'emmener avec lui, en attendant de trouver une solution. Il craignait énormément cet enfant... il craignait que Kali ne refasse surface, même si c'était normalement impossible, puisqu'il avait accompli le sortilège à la perfection.

Mais qu'allait-il faire, à présent ? Il ne pouvait garder un être aussi imprévisible avec lui, bien qu'il soit le mieux placé pour s'en occuper. Après tout, c'était lui le responsable, c'était lui qui l'avait crée, qu'il l'ai voulu ou non.
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire : la confier à quelqu'un d'autre. Il n'était de toute façon pas fait pour élever un enfant. C'était un bohémien, voyageant à travers le monde pour combattre le mal à l'aide de sa magie toute-puissante. Le danger était donc omniprésent. Quelle genre de vie cet enfant allait-il avoir avec lui ? Rien de très enviable en soit, à moins qu'il ai le goût du risque et qu'il se fiche de pouvoir mourir à tous moment...
Il réfléchit minutieusement au meilleur endroit où elle pourrait vivre une vie stable, équilibrée et sans dangers, loin de la pauvreté et de la misère (l'Inde étant le pays le plus pauvre du monde en ces temps ardus), des guerres civiles et autres difficultés dont la pays souffre...
« Le palais royal, assurément. Au sein de la famille la plus noble, la plus aisée et la plus fortunée du royaume ». Par chance, il savait beaucoup de choses sur la famille royal...

Le roi, âgé d'une trentaine d'années, était respecté de tous pour son courage et sa sagesse. Il était autoritaire, ferme et intransigeant, mais il était droit et bienveillant.
La reine, elle, à peine plus jeune que son amant, était aimée de tout le peuple pour sa générosité sans limites et son coeur d'or. Son unique préoccupation était le bien-être de tous. Elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour aider les plus menacés. Ce qui bien souvent frustrait son époux beaucoup plus réaliste, qui avait pleinement conscience qu'ils ne pouvaient malheureusement pas sauver tout le monde, même si c'était là leur souhait le plus cher, un souhait bien naïf et chimérique.
Ils ne supportaient plus de voir leurs semblables tomber par millier de jour en jour, pendant que eux baignaient dans le luxe et le confort. Ils se sentaient minables et impuissants face aux besoins de leur royaume... Mais ils ne baissaient pas les bras, et jamais ils ne le feraient.
Un jour, ils réussiraient à retourner la situation et à rendre la joie de vivre à leur peuple, ils en étaient certains.
La seule contrainte qui risquait de poser problème à l'adoption de cet enfant, c'était qu'ils avaient déjà une fille, âgée de 8 ans. Mais peut-être accepteront-ils malgré tout d'en prendre une deuxième sous leur aile ? La reine ne refuserait certainement pas, elle se sentirait bien trop coupable et fautive. Quant au roi, même s'il refuserait dans un premier temps, il céderait bien assez vite face aux caprices de sa dulcinée. Il ne pouvait rien lui refuser.
Bien, qui ne tente rien n'a rien. Il était trop tard pour faire machine arrière maintenant. Il devait se débarrasser de cet enfant au plus vite, avant qu'il ne se réveille et ne se mette à pleurer. Il retira sa toge blanche et enveloppa le bébé à l'intérieur pour le couvrir, et fit donc route vers la résidence royal.

Lorsqu'il arriva enfin à proximité du palais, la nuit était tombée, et l'orage avec. Le nourrisson dormait toujours à poings fermés. « Je prie pour que ce ne soit pas Kali qui ouvrira les yeux, à ton réveil... ».
Il leva le regard vers l'impressionnante structure en marbre blanc. « Ici au moins, tu ne connaitras pas la famine, ni le froid, ni la guerre et toutes les misères qui souillent nos terres... ».
Il déposa un baiser sur le front lisse du nouveau-né et le déposa doucement à terre avant d'ajouter « Je te souhaite d'être heureuse et épanouie, ma petite. Peut-être qu'un jour nos chemins se croiseront à nouveau, et j'espère que cette fois ce ne sera pas pour se combattre... qui sait sous quelle forme je te retrouverais. ». Il la recouvra avec la toge pour faire obstacle à la pluie et s'éloigna dans les ténèbres de la nuit, le coeur serré.
Avec un peu de chance, un garde la trouverait avant qu'elle ne se réveille et ne se mette à ressentir la faim. Au moins, elle ne risquait pas de mourir de froid, d'abord parce que le vêtement du shaman tenait assez chaud à un nourrisson, mais aussi parce qu'en Inde, il ne faisait jamais vraiment très froid la nuit. C'était un pays à climat tropical, voir désertique.

Il s'était déjà attaché à tort à elle. Il avait toujours vécu et voyagé seul. Cette journée lui avait fait prendre conscience de sa solitude, et à quel point il aurait aimé avoir quelqu'un à ses côtés... quelqu'un pour qui il se serait battu, car jusqu'à présent il ne s'était toujours battu que pour lui-même. Pour la justice, pour le bien. Pour donner un sens à sa vie... c'est ce qu'il se disait.

Mais qu'importe, pour lui, il avait fait le bon choix, il ne se retournerait pas. Il était déjà en route vers une nouvelle destination pleinement inconnue, il marchait, sans savoir où il allait, mais jamais il ne se perdait. Comment se perdre, lorsqu'on ne recherche rien de précis ? Lorsqu'on se moque éperdument de l'endroit où l'on va ? Ses pieds le guideraient, quant à la douleur qui rongeait son être, seul le temps l'apaiserait.