Le Petit Parc
Par : Khamsou
Genre : Réaliste
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 5
Publié le 20/01/11 à 21:13:11 par Khamsou
Ces fichus aiguilles qui ne veulent pas avancer. Assis au premier rang, mes yeux sont rivés sur cette horloge ronde, fixée au-dessus du tableau. Plus que 35 minutes. Encore 35 minutes. Oh, 34 minutes. Je déteste cette salle. Quatre murs froids, gris et dépourvus de tout ornement si ce n'est le tableau et l'horloge, qui nous entourent. Le seul éclairage vient de ces néons morbides, fixés au plafond, et encore, tous ne marchent pas correctement. Dehors, tout est gris. Les autres bâtiments, le ciel, les rues... Même les arbres, c'est l'hiver.
Pourquoi suis-je enfermé ici... Moi même je n'ai pas la réponse à cette question qui apparaît comme évidente aux yeux de tous. "Pour mon futur, pour avoir une bonne situation plus tard" qu'ils disent. Tout ça je m'en fiche. Je verrai bien quoi faire quand j'y serai. J'ai envie de vivre moi. De courir, voler, écrire, chanter ! Mais non, la société moderne a cru bon de m'imposer les cours, dictés par cet homme, habillé tout de noir, avec un visage pâle et un ton grave. Depuis des semaines il me hante presque tous les jours, citant sans aucun sentiment son morne cours : "On dénombres plus de 20 millions de morts durant la Seconde Guerre Mondiale. Pas moins de 1,1 millions de juifs ont quant à eux été gazés dans le célèbre camp de Auschwitz-Birkenau".
Ça provoque bien sûr des remous dans la salle de classe. Car en Enfer je ne suis pas seul. Toutes ses heures sont gaspillées en compagnie d'une trentaine d'autres trublions. Tous différents, mais cependant identiques à mes yeux. Une belle bande de cons... Dès le premier jour, quand le soleil battait encore sur notre nuque, je me rappelle de leur regards portés sur moi, de leurs jugements hâtifs. Je n'avais pas hésité à en faire de même. Dire du mal de tous est bien mauvais, surtout quand comme moi, on ne les connaît qu'approximativement. Mais je le sais... Dans leurs regards, dans leurs gestuelles, dans leurs façons de vivre, tous identiques, tous aussi misérables, ce sont tous des minables. Et puis il y a ces filles. Avec tout ce maquillage. Tout ces fringues qui valent un bras. Tout ce qu'elles accordent à ce qui n'a aucune importance. Tout ce qu'elles font pour rater leurs vies.
Je hais leurs regards plus que tout autre chose. Je hais la façon dont elles se comportent avec ce qu'elles jugent inférieur. Je hais leurs sourires, leurs coiffures, leurs manies. Mais par-dessus tout, j'adore leurs formes, leurs présences quand elles sont proches de moi, leurs odeur lorsqu'elle n'est pas cachée par un stupide parfum. Aussi longtemps que je m'en souvienne j'ai toujours été pris dans ce dilemme. La manière dont je les hais, et celle dont je les aime. Je suis juste un peu trop con et facilement impressionnable par tous leurs artifices. Même si j'essaie de me prouver le contraire, j'ai toujours voulu me rapprocher d'elles. Mais je ne suis pas très sociable, ni très tactile. Alors pendant qu'elles m'ignorent, je les contemple. Et les hais.
Mais alors que je me laissais aller à des contemplation plus ou moins rêveuses, la cloche sonna. Surpris, le prof nous souhaita à tous de sa voix la plus morne un bonne fin de semaine et la cohue d'élèves se dirigea vers les portes du lycée afin de s'échapper. Dehors, les cigarettes s'allument une par une, dans un grand vacarme. Moi je m'éloigne comme une ombre. Puis au détour d'une rue, quand je suis sûr que personne ne me voit, j'allume ma belle, fine et gracieuse dame de tabac.
Je savais que j'aurais du m'y attendre mais malgré tout, je suis pris de stupeur. Tant de personnes qui bougent leurs corps au rythme de la chanson, tant de gens qui parlent haut et fort. Les lumières crépitent de partout. Jaunes, oranges et rouges. La ville inaugure ce soir une nouvelle salle de concert. Et avec une réduction sur l'alcool, la masse populaire ne s'était pas faite priée. On retrouvait de tout ici, des vieux punks à chien de la ville aux types plus huppés. Sur scène au fond, un groupe de pop-rock joue sa musique populaire et nauséabonde.
Je ne sais trop où donner de la tête. Je n'ai pas vraiment envie de m'embêter à retrouver des personnes que je connais, étant presque sûr que de toute façon, je chercherai à l'éviter. Ne sachant trop quoi faire, je me dirige vers le bar en jouant des coudes. Si c'est moins cher, autant en profiter... Assis, sur un tabouret, la serveuse me jauge d'un œil douteux. Mais mon menton que la barbe a bien entamé et mes cheveux longs la convainquent que je suis assez vieux pour consommer. Et de toute façon, si il y a du blé à se faire... Je me retrouve donc à boire du rhum, un verre, puis deux... Ainsi de suite jusqu'à ce que mon porte-monnaie soit vide, heureusement il n'était pas bien plein.
J'ai l'impression que mon sang circule à toute vitesse. J'aime ce sentiment mélangé de hasard et de malaise de quand je suis ivre. De plus les gens me regardent et je sens que je suis tout puissant. Je suis le seul qu'ils voient et ça me plaît. Je suis le plus fort ! Et tout est si évident ! Plus besoin de réfléchir à ci et ça, plus besoin de se conformer, REGARDEZ-MOI ! Un sentiment de liberté et d'euphorie s'empare de moi lorsque je vais devant la scène, pour me fondre dans une masse agitée. Tout semble si simple et limpide, pour un peu la vie serait facile ! Les gens dansent avec moi, et je danse avec eux. La frénésie s'empare de moi et de mon corps, bientôt incontrôlable, lâché comme une bombe au milieu de la foule ! Cette même foule étant elle-même une assemblée de dynamites, des boules explosives bougeant dans tous les sens, des formes diverses pétaradant, et moi au milieu, si à l'aise, explosant de joie et de simplicité. Je n'ai plus de honte, et n'hésite même pas à monter sur scène pour me jeter dans la cohue de personnes. Mon existence semble prendre un intérêt. Peut-être que je suis né pour vivre ce moment tout simplement.
La soirée semble s'allonger sur le temps de manière démentielle. Il n'y a plus de fin, pas plus que de début. Les très rares moments où je ressens ça, c'est caché sous l'ombre de mon arbre favori, dans le Petit Parc. Et en parlant de ce parc... En ressortant des toilettes, je me retrouve nez à nez, et à ma grand surprise, devant la fille du Parc. À ma vision, elle se fige et ouvre grand les yeux. Mon cerveau se met quant à lui à me faire mal à la tête, comme si il gonflait. J'avais envie de briser le silence qui s'était installé entre nous, qui avait toujours existé. Elle était belle, terriblement belle. De son teint pâle qui lui conférait une allure angélique au vernis rouge sur ses ongles que j'aperçus lorsqu'elle se dégagea une mèche de ses longs cheveux bruns de son front, elle était à ravir, à croquer, comme la plus juteuse des pommes.
Pourquoi suis-je enfermé ici... Moi même je n'ai pas la réponse à cette question qui apparaît comme évidente aux yeux de tous. "Pour mon futur, pour avoir une bonne situation plus tard" qu'ils disent. Tout ça je m'en fiche. Je verrai bien quoi faire quand j'y serai. J'ai envie de vivre moi. De courir, voler, écrire, chanter ! Mais non, la société moderne a cru bon de m'imposer les cours, dictés par cet homme, habillé tout de noir, avec un visage pâle et un ton grave. Depuis des semaines il me hante presque tous les jours, citant sans aucun sentiment son morne cours : "On dénombres plus de 20 millions de morts durant la Seconde Guerre Mondiale. Pas moins de 1,1 millions de juifs ont quant à eux été gazés dans le célèbre camp de Auschwitz-Birkenau".
Ça provoque bien sûr des remous dans la salle de classe. Car en Enfer je ne suis pas seul. Toutes ses heures sont gaspillées en compagnie d'une trentaine d'autres trublions. Tous différents, mais cependant identiques à mes yeux. Une belle bande de cons... Dès le premier jour, quand le soleil battait encore sur notre nuque, je me rappelle de leur regards portés sur moi, de leurs jugements hâtifs. Je n'avais pas hésité à en faire de même. Dire du mal de tous est bien mauvais, surtout quand comme moi, on ne les connaît qu'approximativement. Mais je le sais... Dans leurs regards, dans leurs gestuelles, dans leurs façons de vivre, tous identiques, tous aussi misérables, ce sont tous des minables. Et puis il y a ces filles. Avec tout ce maquillage. Tout ces fringues qui valent un bras. Tout ce qu'elles accordent à ce qui n'a aucune importance. Tout ce qu'elles font pour rater leurs vies.
Je hais leurs regards plus que tout autre chose. Je hais la façon dont elles se comportent avec ce qu'elles jugent inférieur. Je hais leurs sourires, leurs coiffures, leurs manies. Mais par-dessus tout, j'adore leurs formes, leurs présences quand elles sont proches de moi, leurs odeur lorsqu'elle n'est pas cachée par un stupide parfum. Aussi longtemps que je m'en souvienne j'ai toujours été pris dans ce dilemme. La manière dont je les hais, et celle dont je les aime. Je suis juste un peu trop con et facilement impressionnable par tous leurs artifices. Même si j'essaie de me prouver le contraire, j'ai toujours voulu me rapprocher d'elles. Mais je ne suis pas très sociable, ni très tactile. Alors pendant qu'elles m'ignorent, je les contemple. Et les hais.
Mais alors que je me laissais aller à des contemplation plus ou moins rêveuses, la cloche sonna. Surpris, le prof nous souhaita à tous de sa voix la plus morne un bonne fin de semaine et la cohue d'élèves se dirigea vers les portes du lycée afin de s'échapper. Dehors, les cigarettes s'allument une par une, dans un grand vacarme. Moi je m'éloigne comme une ombre. Puis au détour d'une rue, quand je suis sûr que personne ne me voit, j'allume ma belle, fine et gracieuse dame de tabac.
Je savais que j'aurais du m'y attendre mais malgré tout, je suis pris de stupeur. Tant de personnes qui bougent leurs corps au rythme de la chanson, tant de gens qui parlent haut et fort. Les lumières crépitent de partout. Jaunes, oranges et rouges. La ville inaugure ce soir une nouvelle salle de concert. Et avec une réduction sur l'alcool, la masse populaire ne s'était pas faite priée. On retrouvait de tout ici, des vieux punks à chien de la ville aux types plus huppés. Sur scène au fond, un groupe de pop-rock joue sa musique populaire et nauséabonde.
Je ne sais trop où donner de la tête. Je n'ai pas vraiment envie de m'embêter à retrouver des personnes que je connais, étant presque sûr que de toute façon, je chercherai à l'éviter. Ne sachant trop quoi faire, je me dirige vers le bar en jouant des coudes. Si c'est moins cher, autant en profiter... Assis, sur un tabouret, la serveuse me jauge d'un œil douteux. Mais mon menton que la barbe a bien entamé et mes cheveux longs la convainquent que je suis assez vieux pour consommer. Et de toute façon, si il y a du blé à se faire... Je me retrouve donc à boire du rhum, un verre, puis deux... Ainsi de suite jusqu'à ce que mon porte-monnaie soit vide, heureusement il n'était pas bien plein.
J'ai l'impression que mon sang circule à toute vitesse. J'aime ce sentiment mélangé de hasard et de malaise de quand je suis ivre. De plus les gens me regardent et je sens que je suis tout puissant. Je suis le seul qu'ils voient et ça me plaît. Je suis le plus fort ! Et tout est si évident ! Plus besoin de réfléchir à ci et ça, plus besoin de se conformer, REGARDEZ-MOI ! Un sentiment de liberté et d'euphorie s'empare de moi lorsque je vais devant la scène, pour me fondre dans une masse agitée. Tout semble si simple et limpide, pour un peu la vie serait facile ! Les gens dansent avec moi, et je danse avec eux. La frénésie s'empare de moi et de mon corps, bientôt incontrôlable, lâché comme une bombe au milieu de la foule ! Cette même foule étant elle-même une assemblée de dynamites, des boules explosives bougeant dans tous les sens, des formes diverses pétaradant, et moi au milieu, si à l'aise, explosant de joie et de simplicité. Je n'ai plus de honte, et n'hésite même pas à monter sur scène pour me jeter dans la cohue de personnes. Mon existence semble prendre un intérêt. Peut-être que je suis né pour vivre ce moment tout simplement.
La soirée semble s'allonger sur le temps de manière démentielle. Il n'y a plus de fin, pas plus que de début. Les très rares moments où je ressens ça, c'est caché sous l'ombre de mon arbre favori, dans le Petit Parc. Et en parlant de ce parc... En ressortant des toilettes, je me retrouve nez à nez, et à ma grand surprise, devant la fille du Parc. À ma vision, elle se fige et ouvre grand les yeux. Mon cerveau se met quant à lui à me faire mal à la tête, comme si il gonflait. J'avais envie de briser le silence qui s'était installé entre nous, qui avait toujours existé. Elle était belle, terriblement belle. De son teint pâle qui lui conférait une allure angélique au vernis rouge sur ses ongles que j'aperçus lorsqu'elle se dégagea une mèche de ses longs cheveux bruns de son front, elle était à ravir, à croquer, comme la plus juteuse des pommes.
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