-Jack, je crois qu'il se réveille.
-Attends, je finis d'extraire la bastos.
Les voix de mes deux camarades semblent lointaines, perdues, comme dans un rêve. Le verre d'eau que Ritchie me jette à la gueule me tire de mon semi coma.
-Bienvenue chez les vivants mon vieux. Dit Jack, les manches retroussées et les mains pleines de sang.
-Salut les mecs... Qu'est ce qu'il s'est passé?
-Tu te souviens être venu nous chercher au Dandy?
-Heu... Pourquoi... Attends... Ah ouais, les flics, Emma...
-Ouais, quand t'as forcé le barrage de police, ils ont ouvert le feu. La bagnole est truffée d'impact, ils ont foutu au moins trois décharges de fusil à pompe. Tu t'es fait toucher au niveau du bras. M'informe Ritchie
-Je confirme, je t'ai enlevé trois billes de plomb dans le triceps et l'épaule.
-Après ça, t'as commencé à tourner de l'œil. Ta tête s'est écroulée sur le volant mais ton pieds est resté sur l'accélérateur. Sur le coup on te pensait canné, on a pris le volant tant bien que mal pour échapper aux flics. On a roulé au moins une demie heure et changé deux fois de voiture pour arriver à les semer, et avec toi sur le dos en plus.
-Te fais pas de bile, tu les vaux bien tes trois cartouches. Sourit Jack.
-On est où là?
Soudain, un vieux Chinois entre.
-Alors, comment va ami à toi? Lui pas mort? Moi pas vouloir mort chez moi!
-Me dites pas qu'on est retournés au squat.
-Tu voulais aller où? C'est le coin le plus fiable en ce moment.
Je me lève assez difficilement, il faut dire que j'en ai bavé ces derniers temps. Je me demande comment va se passer ma convalescence avec les flics encore plus derrière le dos.
En regardant mon portable, je vois 5 appels manqués d'Emma. Mon mobile se met à vibrer alors que je l'ai dans les mains. Je décroche, c'est Emma.
-Alors, t'as besoin de m'appeler pour qu'on puisse me localiser?
-Conan... Je suis chez moi, seule. Personne n'est venu depuis ton départ. Je voulais juste avoir de tes nouvelles, j'ai entendu dire qu'un type en Mercedes s'était fait tirer dessus par mes collègues.
-Oh rassure toi je vais bien. Et toi, ta conscience, ça va?
-C'est toi qui me parle de conscience? Toi t'as pas de problèmes de conscience, t'es juste un honnête homme de main, comme tous ceux qui ont été arrêtés aujourd'hui. Si je ne t'ai pas arrêté c'est parce que...
Silence...
-Parce que?
-Parce que je t'aime.
Bordel, ça trouve encore le moyen de me foutre une boule au ventre de l'entendre dire ça.
-Comment t'as pu coucher avec tant de mecs pour de l'argent tout ce temps?
-Est ce qu'on a couché ensemble la première fois?
-Non, mais j'étais beurré je m'en souviens plus.
-Comme tous les autres, tu étais drogué, tout simplement, il suffit d'être discrète.
-Ça me rends malade que t'aies pu me faire ça.
-Que j'ai fait quoi? Je t'ai prévenu de l'intervention de mes collègues et j'ai voulu que tu restes planqué chez moi pour éviter de te faire serrer. C'est ça qui te rend malade?
-Non, que tu m'aies dit pendant tout ce temps que j'étais mauvais amant alors que t'en savais rien.
Je l'imagine sourire.
-Pourquoi est-ce que tu m'a appelé?
-Pour te dire de te rendre... C'est de la folie, Scorni et tous ses hommes ont été arrêtés, tous les caïds de Paris se sont fait serrer. Tes amis et toi vous êtes seuls, vous n'avez plus rien. Ta moto est connue de tous les flics de Paris, tu vas prendre le métro peut être avec ta photo qui passe en boucle sur le net?
-Je me débrouillerais. Je dois te laisser, il faut que j'aille noyer mon portable... Au fait, c'est quoi ton nom?
-Aurélie.
-Alors bonne continuation, Aurélie...

Je raccroche et plonge mon téléphone dans la bassine d'eau pleine de sang à coté de moi.
Aurélie...
Ritchie revient dans le local avec Jack.
-Dis moi Jack, t'es habitué à soigner ça?
-A la bonne époque à Belfast c'était pas rare qu'on se prenne un pruneau.
-Combien de temps va durer la convalescence? Demande Ritchie.
-Oh, les blessures sont relativement superficielles...
Je proteste :
-Bah on voit que c'est pas toi qui est percé de partout.
-Calmos, moi aussi je connais... Donc je disais que d'ici même pas un mois et demie ça ira déjà bien mieux.
-On fait quoi en attendant? Demandé-je.
-Je vais appeler un contact, voir si il peut pas nous faire passer la frontière. Répond Riri en ressortant.
-Il est fou, on n'a plus un penny. Dit Jack.
-Dis moi, comment à réagi Scorni quand vous lui avez appris le coup des flics?
-C'est simple, on ne lui a rien dit.
-Comment ça?
-Il était complètement malade. En te voyant pas revenir il s'est tapé une crise de parano. Il était moitié bourré et disait qu'on était tous des vendus et qu'il nous filerait en pâture aux cochons de son psychopathe attitré. Bref, je sais pas ce qu'il a pris mais ça lui a pas réussi. Ton appel nous a donné une bonne occasion de nous défiler en disant que t'avais eu un accident de voiture. D'ailleurs vu ta tronche on pourrait le croire.
-Je suis tombé sur le cousin Issamou.
-Je vois... Ça c'est mal passé?
-Pour lui oui, il a calanché.
Ritchie revient :
-J'ai eu mon pote. On pourra partir sur un vol privé dans un mois.
Un vol?..