L'homme qui valait trois cartouches.
Par : Conan
Genre : Polar , Action
Status : Terminée
Note :
Chapitre 1
Introduction
Publié le 10/02/11 à 19:20:22 par Conan
Putain de réveil. Putain d'appart miteux. Putain de douche froide. Putain de café froid. Putain d'imper puant la clope et le whisky bon marché. Putain de bagnole givrée. Putain de verglas. Putain de boulot. Putain de boulot qui néanmoins me permet de payer mon putain de proprio.
On est le combien déjà? Ah oui, 24 décembre 2013 et je bosse dans le même bistrot depuis 3 ans, 6 jours sur 7 avec une moyenne de 12h de boulot par jour. Que dire si ce n'est que ma vie n'est que monotonie, colère et amertume. Que je me fais chier dans un pays en pleine pourriture, dans cette ville relevant plus de déchetterie à ciel ouvert que de lumière du monde qu'est Paris.
Y'a des jours, comme aujourd'hui, ou j'ai envie de me coller une balle dans la caboche pour en finir de cette vie nihiliste, ennuyeuse et inutile. Mais pour se coller une balle, il faudrait déjà avoir un pétard. Et ça c'est même pas la peine d'essayer, du moins par la voie légale, vu la gueule que se paye mon casier judiciaire. Conduite en état d'ivresse, bagarre, voie de fait, alcoolisme sur la voie publique, re-bagarre... C'est sur que je pouvais pas aspirer à autre chose que barman dans le bar le plus merdique de la capitale, situé dans le quartier le plus merdique de l'arrondissement le plus merdique de cette ville merdique.
Aujourd'hui, j'ouvre le café et le tiens seul jusqu'au service de midi. Les bons jours on arrive à faire 40 couverts entre 12h et 14h. C'est sur qu'avec ce genre de score on gagne pas des masses... Juste de quoi me payer mon 2 pièce craspouille dans une cité craignos du nord de Paris et entretenir ma vieille BMW.
La matinée est plutôt tranquille. J'en suis à mon troisième café et ma cinquième clope quand un habitué arrive, vers 10h du mat'. C'est Gilou. La cinquantaine, un gros bide, une grosse barbe, un vieux blouson en cuir tout droit sorti des années 60, des lunettes de soleil style hippie et de longs cheveux poivre et sel graisseux. Je lui sert son demi la cigarette au bec tandis qu'il pose ses miches sur un tabouret et s'accoude au comptoir en enlevant ses lunettes avec un effet Chuck Norris : "Putain mon pauvre Conan, la nuit a été dure."
Bah ouais, j'mappelle Conan. C'est sur, mon blase serait mieux passé dans une bédé Asterix, mais on fait avec. Pour que le nom colle mieux avec la personnage je me suis laissé pousser le bouc.
-Alors, qu'est ce que t'as aujourd'hui vieillard? Le dos? La tête? Les couilles?
-Je t'emmerde petit con... Non les couilles ça va, hier j'suis allé me payer une pute... D'ailleurs ta mère te passe le bonjour.
-Va te faire enculer, c'est pas parce que ta cousine tourne dans les squats que toutes les nanas sont de pareilles salopes.
Il éclate de rire. C'est ça Gilou, un gros con avec une grande gueule mais qu'on apprécie quand même.
-Alors, j'vois que vous êtes toujours aussi vulgaires!
Ça, c'est Kamel. Un vieux chibani débarqué d'Algérie dans les années 60. Presque toute sa famille a été butée pendant la guerre. On sait pas trop si c'est le fait de paras Français ou de rebelles du FLN.
-Alors Kamel, tu viens t'en jeter une avant d'aller au chantier? Demandai-je en prenant un verre Amstel.
-Non! Pas aujourd'hui mon frère, hier j'ai gagné au PMU, j'vous paye le champagne!
Gilou rit de son rire gras :
-Hahaha, sacré vieux rat. Quand c'est pas les couilles que tu te grattes c'est les ticket de Banco.
-T'as touché combien? Lui demandai-je en sortant une bouteille de champagne dont je ne connaissait même pas l'existence dans le frigo jusqu'à ce que je le fouille de fond en comble.
-Presque 2000€! Ce soir j'peux t'y dire que la Fatima elle va avoir un repas de prince!
On trinque tous les trois, puis Kamel paye et part peindre ses bâtiments. Gilou finit la bouteille de mousseux au goulot. Il se murge à coups de pintes, et à 11h30 il est déjà complètement saoul.
-Tu vois... Les gonzesses... Elles te disent que t'es... Moche, vieux, con et ivrogne... Alors moi j'leur dit...
-Tu leur dit rien du tout parce que les clients vont arriver en masse, va te coucher tu tiens plus en l'air.
-Tu veux voir qui c'est qui tient plus en l'air?!... Petit... Connard.
Il tente de se lever mais se ramasse la gueule. Je l'aide à sortir et le pose dans une ruelle derrière pour qu'il décuve.
A 11h45 mon collègue arrive. Denis. Pas très grand, trapu, bedonnant. Les cheveux courts en brosse. L'affluence commence et je suis trop absorbé par le boulot pour penser à ma fatigue. Vers 14h la ruée se finit. Tandis que je suis derrière le comptoir à nettoyer les verres, Denis passe le balais en salle. Jo le cuisinier prend son manteau et nous salue en rentrant chez lui. Le bistrot est complètement vide mis à part mon collègue et moi.
-Alors Conan, quoi de neuf?
-Bof tu sais, la rengaine habituelle. Ta femme va mieux?
-Tu parles, elle se tape dépression sur dépression et s'est remise à picoler. Les gamins sont chez mes parents depuis presque un mois maintenant.
-C'est pas jojo tout ça. Tu passes Noël avec eux?
-Ouais. Et toi tu fais quoi ce soir?
-Bof, une bière, un poulet de la rôtisserie et un paquet de clopes devant la téloche.
-T'as pas de famille sur Paris?
-Non, mes parents sont partis s'installer à la campagne. Ils ont bien raison, être flic à Paris maintenant c'est devenu mission impossible. Et ma frangine elle est carrément partie étudier au Canada.
-Tu peux passer chez moi si tu veux.
-Non, t'inquiètes pas merci... Dis moi, ton père n'avait pas un stock de flingues de la dernière guerre?
-Si, je t'en avais déjà parlé. Pourquoi tu me demandes ça, t'as décidé de franchir le pas et passer de l'autre coté? Dit-il dans un rire qui affiche ses dents jaunes et abimées.
-Non, un pote qui fait taxi de nuit s'est encore fait braquer l'autre soir. Il essaye de trouver un flingue mais avec la nouvelle législation de mes couilles tu dois même déclarer un poignard.
-Ben écoute, passe ce soir. Mon vieux te montrera ça.
On est le combien déjà? Ah oui, 24 décembre 2013 et je bosse dans le même bistrot depuis 3 ans, 6 jours sur 7 avec une moyenne de 12h de boulot par jour. Que dire si ce n'est que ma vie n'est que monotonie, colère et amertume. Que je me fais chier dans un pays en pleine pourriture, dans cette ville relevant plus de déchetterie à ciel ouvert que de lumière du monde qu'est Paris.
Y'a des jours, comme aujourd'hui, ou j'ai envie de me coller une balle dans la caboche pour en finir de cette vie nihiliste, ennuyeuse et inutile. Mais pour se coller une balle, il faudrait déjà avoir un pétard. Et ça c'est même pas la peine d'essayer, du moins par la voie légale, vu la gueule que se paye mon casier judiciaire. Conduite en état d'ivresse, bagarre, voie de fait, alcoolisme sur la voie publique, re-bagarre... C'est sur que je pouvais pas aspirer à autre chose que barman dans le bar le plus merdique de la capitale, situé dans le quartier le plus merdique de l'arrondissement le plus merdique de cette ville merdique.
Aujourd'hui, j'ouvre le café et le tiens seul jusqu'au service de midi. Les bons jours on arrive à faire 40 couverts entre 12h et 14h. C'est sur qu'avec ce genre de score on gagne pas des masses... Juste de quoi me payer mon 2 pièce craspouille dans une cité craignos du nord de Paris et entretenir ma vieille BMW.
La matinée est plutôt tranquille. J'en suis à mon troisième café et ma cinquième clope quand un habitué arrive, vers 10h du mat'. C'est Gilou. La cinquantaine, un gros bide, une grosse barbe, un vieux blouson en cuir tout droit sorti des années 60, des lunettes de soleil style hippie et de longs cheveux poivre et sel graisseux. Je lui sert son demi la cigarette au bec tandis qu'il pose ses miches sur un tabouret et s'accoude au comptoir en enlevant ses lunettes avec un effet Chuck Norris : "Putain mon pauvre Conan, la nuit a été dure."
Bah ouais, j'mappelle Conan. C'est sur, mon blase serait mieux passé dans une bédé Asterix, mais on fait avec. Pour que le nom colle mieux avec la personnage je me suis laissé pousser le bouc.
-Alors, qu'est ce que t'as aujourd'hui vieillard? Le dos? La tête? Les couilles?
-Je t'emmerde petit con... Non les couilles ça va, hier j'suis allé me payer une pute... D'ailleurs ta mère te passe le bonjour.
-Va te faire enculer, c'est pas parce que ta cousine tourne dans les squats que toutes les nanas sont de pareilles salopes.
Il éclate de rire. C'est ça Gilou, un gros con avec une grande gueule mais qu'on apprécie quand même.
-Alors, j'vois que vous êtes toujours aussi vulgaires!
Ça, c'est Kamel. Un vieux chibani débarqué d'Algérie dans les années 60. Presque toute sa famille a été butée pendant la guerre. On sait pas trop si c'est le fait de paras Français ou de rebelles du FLN.
-Alors Kamel, tu viens t'en jeter une avant d'aller au chantier? Demandai-je en prenant un verre Amstel.
-Non! Pas aujourd'hui mon frère, hier j'ai gagné au PMU, j'vous paye le champagne!
Gilou rit de son rire gras :
-Hahaha, sacré vieux rat. Quand c'est pas les couilles que tu te grattes c'est les ticket de Banco.
-T'as touché combien? Lui demandai-je en sortant une bouteille de champagne dont je ne connaissait même pas l'existence dans le frigo jusqu'à ce que je le fouille de fond en comble.
-Presque 2000€! Ce soir j'peux t'y dire que la Fatima elle va avoir un repas de prince!
On trinque tous les trois, puis Kamel paye et part peindre ses bâtiments. Gilou finit la bouteille de mousseux au goulot. Il se murge à coups de pintes, et à 11h30 il est déjà complètement saoul.
-Tu vois... Les gonzesses... Elles te disent que t'es... Moche, vieux, con et ivrogne... Alors moi j'leur dit...
-Tu leur dit rien du tout parce que les clients vont arriver en masse, va te coucher tu tiens plus en l'air.
-Tu veux voir qui c'est qui tient plus en l'air?!... Petit... Connard.
Il tente de se lever mais se ramasse la gueule. Je l'aide à sortir et le pose dans une ruelle derrière pour qu'il décuve.
A 11h45 mon collègue arrive. Denis. Pas très grand, trapu, bedonnant. Les cheveux courts en brosse. L'affluence commence et je suis trop absorbé par le boulot pour penser à ma fatigue. Vers 14h la ruée se finit. Tandis que je suis derrière le comptoir à nettoyer les verres, Denis passe le balais en salle. Jo le cuisinier prend son manteau et nous salue en rentrant chez lui. Le bistrot est complètement vide mis à part mon collègue et moi.
-Alors Conan, quoi de neuf?
-Bof tu sais, la rengaine habituelle. Ta femme va mieux?
-Tu parles, elle se tape dépression sur dépression et s'est remise à picoler. Les gamins sont chez mes parents depuis presque un mois maintenant.
-C'est pas jojo tout ça. Tu passes Noël avec eux?
-Ouais. Et toi tu fais quoi ce soir?
-Bof, une bière, un poulet de la rôtisserie et un paquet de clopes devant la téloche.
-T'as pas de famille sur Paris?
-Non, mes parents sont partis s'installer à la campagne. Ils ont bien raison, être flic à Paris maintenant c'est devenu mission impossible. Et ma frangine elle est carrément partie étudier au Canada.
-Tu peux passer chez moi si tu veux.
-Non, t'inquiètes pas merci... Dis moi, ton père n'avait pas un stock de flingues de la dernière guerre?
-Si, je t'en avais déjà parlé. Pourquoi tu me demandes ça, t'as décidé de franchir le pas et passer de l'autre coté? Dit-il dans un rire qui affiche ses dents jaunes et abimées.
-Non, un pote qui fait taxi de nuit s'est encore fait braquer l'autre soir. Il essaye de trouver un flingue mais avec la nouvelle législation de mes couilles tu dois même déclarer un poignard.
-Ben écoute, passe ce soir. Mon vieux te montrera ça.
11/02/11 à 08:45:50
Pan
Pan
Pan.
Non, ça gère.
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