<h1>Noelfic</h1>

Lendemains Incertains


Par : VingtsCoeurs

Genre : Horreur

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 34

/Décembre 2011 : Un chez-soi III/

Publié le 05/10/10 à 22:51:18 par VingtsCoeurs

[Une journée de plus. Nous entrâmes dans notre appartement pour retrouver les autres.]

Je poussai la lourde porte de métal froid, dont le grincement sourd nous devenait à présent familier. Thomas et moi franchissions le seuil lorsque Théo vint nous voir d’un pas alerte :
« Hey. J’ai des nouvelles. Venez, dit-il presque en chuchotant, tout en nous éloignant un peu du salon, où le reste du groupe se trouvait affalé à terre comme sur quelques matelas de fortune récupérés à ce qui tenait lieu de marché dans le camp.
_ On est obligé de s’éloigner des autres ? Demanda Thomas avant même que j’ai eu le temps de prononcer la première syllabe de la même question que je m’apprêtais à poser.
_ Je ne leur ai pas encore dit. Je me suis dit que ça serait mis de vous exposer les faits avant de le faire pour eux.
_ Bon, concrètement, quels sont ces faits ? Lançais-je d’un ton que je voulais anodin, mais qui sonnait comme celui de quelqu’un de franchement agacé. Ce que j’étais.
_ Ce soir, c’est patrouille.
_ Et mercredi c’est raviolis, rajouta Thomas juste après.
_ Ravio.. De quoi ? Patrouille ?
_ Moins fort !
_ Là, c’est toi qui gueule.
_ En gros, voilà ce qu’il se passe. Notre seule protection qui semble diablement efficace jusqu’à présent, c’est ces projecteurs à Uvs. Jusque là, vous suivez ?
_ Plutôt.
_ Cependant, si une claque, on est marrons. Toujours ok ?
_ Pour l’instant je pige, glissa Thomas.
_ Donc, pour s’assurer de l’état des projecteurs, une « équipe de maintenance » va faire une « ronde de routine » ce soir afin qu’on ne soit pas « dans la mouise ».
_ Gotcha. Petite question, t’es obligé de faire les guillemets machinalement avec tes mains ou c’est pour ajouter du suspens ou un truc comme ça ?
_ Ton petit sourire en coin s’effacera bien vite de ta face de carpe ce soir.
_ Bon, moi j’ai pigé, je vous laisse jouter avec vos petites expressions médiévales, lâcha Thomas en partant nonchalamment.
_ Ok.. Et sinon, en quoi on devrait s’inquiéter ? Je veux dire, ils regardent l’ampoule, au pire ils la changent, et basta quoi.
_ Clément, laisses-moi deviner, t’as jamais changé une ampoule.
_ Tu veux un pin’s pour ta déduction ? Et alors ?
_ Pour changer une ampoule, faut couper le courant. La Grande Porte, les lampes à Uvs, les lampadaires… Tout ça dépend du générateur de fortune qu’on a. Et qu’on va devoir couper pour changer les lampes au cas où sans griller les quelques « techniciens » dont on dispose.
_ Je vois je vois.. Sinon arrêtes avec tes guillemets, j’ai pitié. Et donc comment ça s’organise ? Et surtout, d’où t’es au courant de ça ?
_ C’est Faure qui m’a relayé l’info lorsque vous étiez partis. L’avait besoin de trois volontaires, qu’il est venu désigné ici.
_ Attends attends. Laisses moi deviner les prénoms de ces trois chanceux.
_ Pas besoin, c’est bien nous les gagnants.
_ Chier.
_ Content de voir que tu fais la gueule aussi. »


Après un rapide exposé de l’histoire au groupe, quatre coups secs de Faure résonnant d’un bruit métallique sur la porte d’entrée, et les quelques marches qui nous séparaient du rez-de-chaussée, Thomas, Théo et moi nous retrouvèrent dans le froid et le noir, notre souffle se mêlant à la fumée de nos cigarettes, la lune se reflétant sur les fermetures métalliques de nos blousons et sur l’acier glacial de nos armes. Doucettement, nous marchâmes dans une boue sèche et craquelée pour rejoindre notre patrouille. Alors que nous nous approchions de notre affectation, l’immeuble où finalement, Thomas et moi passions le plus clair de notre temps : ce que nous appelions le « labo d’Haltar » (sans simagrées pour les guillemets).

Après à peine une dizaine de minutes, nous entendions l’avertissement étouffé par le froid et la distance d’un des techniciens, et le bruit caractéristique à tout mauvais film de science-fiction lorsque le générateur principal du vaisseau vient de rendre l’âme. Les lumières bleues devinrent de plus en plus faibles. Pour mourir à l’unisson. Seule la lueur de la lune nous éclairait désormais. Alors que les pas des techniciens s’éloignaient pour entamer leur besogne, brisant le silence oppressant de petits bruissements de boue glacée, nous nous préparions à monter la garde pour une longue nuit.

Deux heures passèrent sans incident notable. Aucun coup de feu ne vint troubler le silence. Le froid redoublait d’intensité. L’obscurité se faisait de plus en plus présente.

Puis un nuage cacha la lune. Nous laissant dans le noir complet. Au loin, j’entendais un murmure grandissant. Je grelottais.
De peur.

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