Rebecca fixait ses lèvres, attendant la déclaration comme un coup de fouet. Qu’allait-il lui dire ? Quel sordide rêve son esprit malsain pouvait-il renfermer ? Elle le regarda avec un air tellement apeuré qu’un rictus se dessina sur le visage de l’être. Il pivota et partit en arrière.
-Je veux que tu fasses quelque chose pour moi, fit-il enfin.
Redoutant son arrière-pensée, la jeune femme balbutia :
-O… Oui… ?
Il s’assit sur le bord de la table centrale de la cuisine et la contempla pendant un instant.
-Est-ce que tu fumes ?
Un air bête s’exprima sur ses traits. Elle ne s’attendait pas du tout à cette question.
-Euh… Non…
-Pourquoi ?
-Parce que… Parce que ça ne m’intéresse pas…
-Argumente.
La malheureuse parcourut le sol des yeux en cherchant vainement la moindre issue, le moindre papier qui pourrait lui dire quoi faire. Pourquoi voulait-il savoir une telle chose ? Inspirant profondément, elle décida de jouer le jeu pour s’en tirer.
-Je… Je n’ai jamais voulu fumer parce que… Le tabac est mauvais pour la santé, il sépare les gens en catégories, il laisse une très mauvaise odeur sur les vêtements et il… il…
Un souvenir de son adolescence lui revint en tête.
-… il brise les couples…
Charles Williams l’observa en hochant la tête.
-Bien…
-Et… ?
-Ma fille.
-Pardon ?
-Ma fille. Elle est jeune, belle, capable et cultivée. Elle a un seul souci : elle est con.
-Euh…
-Eugénie fume depuis qu’elle a douze ans ; ça me peine vraiment qu’un membre de ma famille soit rabaissé à ce niveau là. Vois-tu, j’ai toujours voulu une femme qui n’ait jamais eu le moindre rapport avec la clope. Cette merde est beaucoup plus dangereuse qu’elle n’y parait.
-Qu’est-ce que ça à avoir avec moi… ?
Là, l’homme se leva et s’avança vers elle.
-Je veux que tu parles à ma fille. Tu dois lui dire exactement ce que je vais te dicter.
Rebecca s’attendit au pire.
-Qu’en est-il au juste… ?