Je me levai et descendis. J'avais pas cours aujourd'hui. De toute façon j'aurais séché... J'avais plus envie de rien, je commençais à déprimer. Être dans ce corps ne m'amusait plus du tout et je n'osais plus ouvrir la bouche.

"My name is Lucifer, please take my hand !"

Ozzy Osbourne soufflait ces quelques mots à mon oreille lorsque je mis N.I.B. sur Deezer. Je restais allongée sur mon lit. Je ne bougeais plus. Mon téléphone sonnait mais je ne répondais plus.
Je ne voulais plus parler à personne.
Je ne voulais plus entendre ma voix.
Je ne voulais plus écarter mes cheveux pour mettre le mobile à mon oreille.
Je ne voulais plus voir ce plafond.
Je pris le matelas et l'amena dans le cagibi, ma "chambre", ma vraie chambre. Et j'attendais. J'attendais que le temps passe, de redevenir moi-même.
J'entends la porte claquer en bas. Bizarre, ma mère était partie au travail. J'entends la personne qui s'est introduite gravir les escaliers et aller dans ma chambre.

-SOPHIA ??!

Merde, c'est Christine... Mais qu'est-ce qu'elle vient faire ici ? J'ai pas envie qu'elle me voit ici... Encore moins dans cet état...

-JE SAIS QUE TU ES ICI, IL Y A TON PORTABLE DANS TA CHAMBRE !

Eh merde, j'aurais du le prendre... Je l'entends qui commence à fouiller la maison, puis inévitablement, elle ouvre la porte du cagibi. Elle me voit et se met à pleurer. Putain... J'm'en veux. Si ça se trouve c'est à cause de moi qu'elle pleure. Elle n'a que 13 ans et ses pseudos histoires sentimentales lui cause déjà bien du tort mais je m'en fiche. J'ai envie d'y croire, de penser qu'elle aimait vraiment ce type qui l'a largué, de voir qu'elle n'a kikoo que de qualification. Qu'en fait elle est intelligente.
Et elle restait là à pleurer sur le seuil de la porte, cachée par l'obscurité de cette pièce. Je l'entends prononcer mon nom et d'autres larmes viennent à mes yeux. Cette fontaine était-elle donc vraiment éternelle ? Elle vient s'allonger dans mes bras et m'enlace. Elle me dit que tout va bien, puis malgré tout me demande ce qui ne va pas. Elle m'avait déjà déballé toute sa vie elle... Et sans que je comprennes, les lèvres de ma soeur se mirent à prononcer toute mon histoire.

"J'entrouvris mes yeux, après une longue nuit de sommeil. La fatigue me tenaillait encore et je me frottai douloureusement les yeux et bâillai. Tandis que j'ouvrai les yeux, un détail me choqua. Que faisais-je dans la chambre de ma soeur ?"

J'avais peur, mais je continuais mon histoire. Son regard changeait souvent, mais exprimait une mélancolie et une certaine pitié tout le long. Quand j'eus fini, elle me plaignit... Je n'osais pas y croire. Pourquoi ne criait-elle pas à l'imposture ? Pourquoi ne me frappait-elle pas, m'insultant, disant que je l'avais trompé ? Pourquoi m'embrassait-elle ?