<h1>Noelfic</h1>

Gabrielle


Par : MonsieurF

Genre : Fantastique , Réaliste

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 4

Publié le 30/03/15 à 00:54:41 par MonsieurF

Décéder, c'est une véritable partie de plaisir. Qu'importe la manière dont vous mourrez, même si c'est de la plus douloureuse façon qui soit, lorsque la vie quitte votre corps, c'est une véritable explosion de sensation, rien d'égalable sur terre. Toute la tristesse que vous avez pu ressentir durant votre existence se déleste tout à coup.
Pendant un long instant, vous vivez le nirvana, quelque chose de bien plus intense et compliqué qu'un orgasme.
Vous êtes bien, tout ce que vous aviez alors connu n'existe plus. Vous n'existez plus, c'est le véritable repos.
Tout ça, moi je ne l'ai pas connu. Mon expérience à moi fut bien moins plaisante. Lorsque ce 4x4 m'a percuté, j'ai commencé à sombrer dans une paix, une sorte d’anesthésie tout à fait délicieuse, et peu après, on m'a arraché à ce repos. Comme si on n’avait pas fini de me trainer et de me brusquer de mon vivant, il fallait que je ressente la même sensation après la mort.
Je me suis retrouvé, quelques minutes après mon décès, debout, à côté même de mon propre cadavre. Je savais très bien ce qui s'était passé, sauf que je m'attendais à rejoindre les portes du paradis plutôt qu'à être encore coincé dans l'enfer que j'ai essayé de quitter.
Je ne sais pas si l'on peut qualifier mon état de "fantôme" puisqu'un fantôme n'a de cesse de hanter un lieu bien précis... Moi je pouvais tout faire, sans qu'une pauvre âme ne puisse me sentir, me toucher ou me voir. Je pouvais être partout en même temps, à n'importe quel endroit du globe, ou bien n'importe quel moment de mon existence. Cet endroit, s'il ressemble au purgatoire, il a été bien conçu; impossible de parler, impossible d'être vu, ou entendu, vous n'êtes que spectateur du temps qui passe, ou bien vous pouvez assister à des évènements que vous avez déjà vécus.
Au début c'était rigolo, d'assister à ma propre naissance, de vivre d'un autre point de vue la première fois que j'ai pu faire du vélo toute seule, ou bien de rire devant les scènes les plus cocasses de ma vie... Sauf qu'après, on se rend vite compte que ça ne sera drôle qu'un petit moment.

J'ai donc commencé à suivre avec beaucoup d’intérêt comment ma famille et mon unique ami Matt, allaient faire pour vivre sans moi. J'avais des tas de vices, des tas de choses à cacher, des tas de raisons d'expliquer ma mort, et je croyais être la seule au monde à enfermer autant de secrets inavouables... C'est quand on a la possibilité de tout voir et tout entendre qu'on se rend compte que presque tout le monde a quelque chose à cacher.

Ma mère par exemple. Seulement deux jours après ma mort et j'en savais déjà plus sur elle qu'après avoir passé 20 ans à la côtoyer. Ma mère était une belle salope, une hypocrite comme on en fait plus. Elle avait passé son temps à me critiquer, alors qu'elle trompait mon père depuis 3 ans avec un abruti de caissier du supermarché du coin. Il avait 23 ans et se la faisait tous les samedis, après 17h pendant sa pause d'une heure, dans une chambre de motel pas loin de son lieu de travail. Après trois ans à baiser comme des bêtes dans une chambre miteuse, lui avait clairement commencé à développer certains sentiments qu'il n'avait jamais osé lui avouer. Il projetait de lui acheter une bague et de commencer à se comporter avec elle comme un "petit ami" se comporterait avec sa copine. Malheureusement pour lui, du haut de ses 42 ans, ma mère n'était qu'une femme vénale pour qui les "sentiments" ne sont que des fioritures du genre humain dont elle peut se passer sans problèmes.
C'est ainsi que tous les samedis, 17h50, ma mère se rhabillait dans la salle de bain d'une des chambres du Pixies, puis quittait les lieux sans piper mot, sans même adresser un merci à Collin, qui lui était assis sur le bord du lit, le regard plein d'amour envers sa douce.
Une fois il s'était dit "et si je la retenais?" s'imaginant lui retenir le bras avant qu'elle ne quitte la chambre, pour ensuite l'embrasser à pleine bouche et lui dire qu'il l'aime plus que tout.
Sauf qu'il ne s'en sentait jamais capable.
Jusqu'à un beau samedi, après une bonne partie de jambes en l'air, Collin, attrapa fougueusement le bras de ma mère, et dégaina une magnifique bague dans le plus bel écrin possible, qu'il avait mis des mois à se payer.
Ma mère qui fit volte-face, s’apprêtant à quitter la chambre, posa les yeux sur l'objet, complètement interloquée, puis plongea son regard surpris dans les yeux de son amant.
Collin n’eut pas le temps d'ouvrir la bouche pour expliquer ce geste, que sa dulcinée se dégagea brusquement de l'étreinte de son amant. Perturbée, elle n'adressa qu'un regard noir au pauvre garçon avant de quitter la chambre comme prévue initialement, mais cette fois plus furieuse que jamais.

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