Quand Viendra l'An Mille après l'An Mille (Vae Victis)
Par : Conan
Genre : Action , Réaliste
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 26
Publié le 15/06/14 à 04:34:56 par Conan
Des fenêtres éclairées, des devantures de boutiques ouvertes et quelques furtifs passants remplacent peu à peu le calme urbain digne d'une ville fantôme à laquelle les hommes commençaient tout juste à s'habituer, et voir la vie reprendre son cours, aussi précaire soit-elle, réchauffe les cœurs endoloris des troupiers. Pour autant, il leur sera bien difficile d'oublier les horreurs auxquelles ils ont été confrontés jusqu'alors, et l'ignoble façon dont a été tué l'un de leurs camarades, dont le corps est resté là-bas, dans cet amas de béton et de désespoir.
L'éclairage public, bien que faible et blafard, fait à son tour son apparition, et guide les hommes au cœur des rues silencieuses de la capitale. Seul le bruit de leurs bottes sur le sol et le cliquetis de leur matériel vient briser le silence de cette nuit fraîche et sereine.
Louis Berger se remémore alors ses jeunes années estudiantines dans la capitale. Lorsque la guerre paraissait encore assez loin pour que ses seules préoccupations fussent les jeunes filles qu'il côtoyait sur les bancs de la faculté. Il se plaisait alors à se promener sur les boulevards, à buller des heures durant en compagnie d'amis de son âge, jeunes chiens fous qu'ils étaient, un peu rêveurs aussi sans-doute. Ils pensaient n'avoir jamais nul autre souci que celui de réussir leurs études et trouver un travail bien payé leur permettant de vivre confortablement, loin de tout tracas. Ses hivers, il les passait à marcher le long des quais de Seine, les mains enfouies dans les poches de son caban, ses yeux glissés entre le col de son manteau et sa mèche de cheveux lui retombant bas sur le front. De l'été, il en profitait pour rester des après-midi entières sur les pelouses du jardin du Luxembourg, dévorant les œuvres de Victor Hugo, Balzac, Saint-Exupéry ou encore Chateaubriand. Philosophant des heures durant sur la terrasse ou en fond de salle d'un café où des serveurs en chemise blanche et gilet noir circulaient entre les tables avec l'aisance d'autant de danseurs de valse, portant sur leurs plateaux arrondis eaux pétillantes et cafés. Il aimait rester en ces lieux de vie jusque tard le soir, lorsqu’à bout de débat enflammés, véritables joutes verbales au cours desquelles il défaisait ses contradicteurs tel un matador dans l'arène, il rentrait chez lui, parfois un peu saoul il est vrai, sa blague à tabac vide, mais son esprit repus, pareil à un festin.
Les cris des mouettes volant au-dessus d'eux le sort de ses pensées, comme on sort d'un sommeil profond et réparateur : les voilà arrivés près de la Seine, juste en face du Pont Saint-Michel, reliant la rive gauche à l’Île de la Cité. Alors que les hommes, dont beaucoup n'ont jamais mis pied dans la capitale, traversent ce bras de fleuve en direction de leur objectif final, beaucoup s'extasient à la vue de la cathédrale de Notre-Dame de Paris qui trône sur leur droite telle une reine éternelle, dressée dans l'obscurité, mais éclairée d'une douce lueur bleue par la pleine lune, son image brouillée se reflétant sur les eaux sombres de la Seine.
-Bah ça alors. C'est quand même rudement beau. Souffle Paul Bernac d'un air mélancolique, lui qui n'a jamais rien connu d'autre que champs, villages et forêts.
Seul Berger garde la tête droite. Il ne perd pas de vue le bâtiment dans lequel ils doivent se rendre. L'immense immeuble qui abritait avant la Préfecture de Police de Paris se dresse devant eux, construit dans un style néo-florentin, aussi majestueux que menaçant. Aucun doute possible, c'est bien ici.
http://www.noelshack.com/2014-24-1402799161-ile-de-la-cite-pano-bw.jpg
http://www.noelshack.com/2014-24-1402799191-ile-de-la-cite-la-nuit.jpg
http://www.noelshack.com/2014-24-1402799581-notre-dame-paris-seine-ville-dans-la-nuit-nuit-ciel-nuages-lune-lune-pleine-photo-noir-et-blanc-181383.jpg
L'éclairage public, bien que faible et blafard, fait à son tour son apparition, et guide les hommes au cœur des rues silencieuses de la capitale. Seul le bruit de leurs bottes sur le sol et le cliquetis de leur matériel vient briser le silence de cette nuit fraîche et sereine.
Louis Berger se remémore alors ses jeunes années estudiantines dans la capitale. Lorsque la guerre paraissait encore assez loin pour que ses seules préoccupations fussent les jeunes filles qu'il côtoyait sur les bancs de la faculté. Il se plaisait alors à se promener sur les boulevards, à buller des heures durant en compagnie d'amis de son âge, jeunes chiens fous qu'ils étaient, un peu rêveurs aussi sans-doute. Ils pensaient n'avoir jamais nul autre souci que celui de réussir leurs études et trouver un travail bien payé leur permettant de vivre confortablement, loin de tout tracas. Ses hivers, il les passait à marcher le long des quais de Seine, les mains enfouies dans les poches de son caban, ses yeux glissés entre le col de son manteau et sa mèche de cheveux lui retombant bas sur le front. De l'été, il en profitait pour rester des après-midi entières sur les pelouses du jardin du Luxembourg, dévorant les œuvres de Victor Hugo, Balzac, Saint-Exupéry ou encore Chateaubriand. Philosophant des heures durant sur la terrasse ou en fond de salle d'un café où des serveurs en chemise blanche et gilet noir circulaient entre les tables avec l'aisance d'autant de danseurs de valse, portant sur leurs plateaux arrondis eaux pétillantes et cafés. Il aimait rester en ces lieux de vie jusque tard le soir, lorsqu’à bout de débat enflammés, véritables joutes verbales au cours desquelles il défaisait ses contradicteurs tel un matador dans l'arène, il rentrait chez lui, parfois un peu saoul il est vrai, sa blague à tabac vide, mais son esprit repus, pareil à un festin.
Les cris des mouettes volant au-dessus d'eux le sort de ses pensées, comme on sort d'un sommeil profond et réparateur : les voilà arrivés près de la Seine, juste en face du Pont Saint-Michel, reliant la rive gauche à l’Île de la Cité. Alors que les hommes, dont beaucoup n'ont jamais mis pied dans la capitale, traversent ce bras de fleuve en direction de leur objectif final, beaucoup s'extasient à la vue de la cathédrale de Notre-Dame de Paris qui trône sur leur droite telle une reine éternelle, dressée dans l'obscurité, mais éclairée d'une douce lueur bleue par la pleine lune, son image brouillée se reflétant sur les eaux sombres de la Seine.
-Bah ça alors. C'est quand même rudement beau. Souffle Paul Bernac d'un air mélancolique, lui qui n'a jamais rien connu d'autre que champs, villages et forêts.
Seul Berger garde la tête droite. Il ne perd pas de vue le bâtiment dans lequel ils doivent se rendre. L'immense immeuble qui abritait avant la Préfecture de Police de Paris se dresse devant eux, construit dans un style néo-florentin, aussi majestueux que menaçant. Aucun doute possible, c'est bien ici.
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20/06/14 à 19:58:31
Elle envoie du rêve cette fic' !
Et le titre est vraiment bien foutu.
17/06/14 à 04:02:32
Quel grand homme, ce capitaine Berger !
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