-Mais je te croyais...

-Non. Je vis toujours a travers toi. A travers toi et ton frère. Et franchement vous auriez pu faire mieux...

Mais c'était bien vrai. Mon père se tenait devant moi, la même forme qu'il avait il y a dix ans, il a toujours trente-sept ans. C'était un rêve c'est sur, je ne controlais rien... Il ne semblait pas dérangé du fait qu'il soit dans mon lycée qui est mystérieusement vide, non, il me parle comme si de rien était.

-Dis moi ce que je vous ai toujours dit, me dit-il d'un ton très calme et très sévère, que j'ai tenté de vous apprendre, a toi et a ton frère...?

-...

Je ne répond rien. Dur de répondre dans un rêve... Même si en ce moment, je n'ai pas vraiment conscience que c'en ai un...

-"Soit gentil avec les gens, et ils te le rendront bien. Tout en te méfiant des enfoirés..."

-Mouais, jusqu'ici ça ne m'a pas apporté gros...

-Je n'ai jamais voulu que vous soyez l'exemple du fils parfait, continue-t-il sans changer d'expression, mais j'ai voulu faire en sorte que vous viviez au mieux, tous les deux.

-Je... Je sais pas quoi te dire...

C'est vrai, je ne sais pas quoi dire. Être face a mon père comme ça, après toutes ces années... C'est très dur, surtout que lui n'a jamais su ce qui nous est arriver par la suite, a mon frère et a moi...

-Moi je sais quoi te dire, dit-il en prenant une expression on ne peut plus sérieuse, vous êtes des cons! Tous les deux! Un psychopathe qui ne pense qu'a faire du mal et un autre connard qui ne pense lui aussi qu'a faire du mal... J'ai vraiment pas été gâté, c'est pas ce que je voulais des Bellamy...

Ca y est, je percute. Oui je percute, je m'aperçois qu'au fond, je suis devenu tout ce que je détestais: un jaloux ambitieux, hypocrite et sournois, ou autrement dit, la copie de mon frère a plus petite échelle...

-Et si je te regardais toi? M'écriai-je devant mon père, t'es même pas vivant, tu t'es fais tué comme une merde par ton pote!

-C'est la vie mon garçon malheureusement, se contente-t-il de me répondre, c'est la vie... Mais je crois que t'en a assez vu... Tu vas maintenant affronter ta douleur... L'affronter pour l'extérioriser, donner une seconde chance aux gens...

-Ok, et je fais comment, t'as une idée toi chère hallucination?

-Il n'est pas trop tard pour toi alors... Tu vas écouter ton oncle... Car c'est un homme très clairvoyant au fond, comme t'as pu le voir... Tu vas retourner voir tes amis, et leur demander pardon... Et bon sang tu vas arrêter tes conneries de manipulateur parce que SINON JE TE PROMET QU'ON ENTENDRA PARLER DE TOI DANS LES EMISSIONS SUR LE PARANORMAL!! Est-ce que tu m'a compris?

Pour sa dernière phrase, il s'était grandement rapproché de moi, et m'avait presque attrapé par le col de mon haut. Il s'était énervé d'un seul coup, jamais je ne l'avais vu ainsi...

-Aha, répondis-je sous la surprise de sa colère soudaine, oui papa c'est promis, c'est... Promis... Promis...


Puis je change subitement d'endroit, sans savoir pourquoi. Du lycée je passe... A une sorte de boite de nuit désaffectée. Insalubre, vide, poussiéreuse, de nombreux tabourets par terre, des projecteurs cassés... Serai-je... Au lieu du festival de "La gueule par terre"?


Oui... Non... En fait je ne sais pas... Si je suis a "La gueule par terre" ou non... Ce n'est pas exactement pareil mais ça y ressemble. Au début vide et insalubre, la salle se remplit cependant peu a peu... Pour ne laisser rien d'autre qu'une boite de nuit banale.
Moi, au milieu, je ne bouge pas, contrairement a mon habitude, je reste sur place et je ne fais rien. Puis, en moins de temps qu'il faut pour m'en apercevoir, tout le monde part comme si de rien était. Tout le monde, sauf une personne au contour terminant sa bière...

Quand il lève la tête vers moi après avoir allumer une cigarette, celui ci me sourit puis se lève. C'est un jeune homme, de taille moyenne, habillé d'un t-shirt en col v vert, d'une veste en jean et d'un pantalon marron, avec des cheveux courts a ras brun aux yeux d'un noir ténébreux, portant un bouc tout aussi foncé et un léger collier de poil.
Mais le détail qui tue, c'est bien son chapeau.

-Salut mon frère, me lance-t-il a ce moment la.

-Ben... C'est toi?

-En chair et en os, me répond-il décontracté, ou presque...

-Ben... Je suis désolé que tu sois mort...

Je suis assez conscient quand même. Assez pour discerner le faux du vrai. Assez pour me rappeler ce qui lui ai arriver...

-Mis a part que le paradis ne soit pas aussi fréquenté par des putes qu'on l'imagine, je n'ai pas a me plaindre, dit-il en riant légèrement.

-Ah... Dis-je en tentant a mon tour de rire.

-Et toi? Tu compte en rester la toute ta vie?

Je ne pus rien répondre a cela. Ou voulait-il en venir? Je me pose encore la question tandis que je me contente de hausser le sourcil.

-Tu fuis. Tu fuis encore et toujours au final. Tu fuis tes responsabilités, tes sentiments, ton passé... Mais sache qu'un jour ou l'autre tous fini par te rattraper...

Je ne trouve une fois de plus rien a répondre a ça. Difficile dans ma position a vrai dire...

-Affronte. Subis. Souffre. Paie. Et renait... Voila comment tu devrais fonctionner, ne te contente pas de continuer d'avancer avec des membres usés...

-Euh attend Ben s'il te plait, je comprend rien a ton charabia, remarquai-je.

-Un jour tu comprendras. Tu comprendras après avoir dégommer ce salopard, assure-t-il en me désignant du doigt. Moi je ne peux plus, je m'en remet a toi.

-Mouais...

-Et ensuite réveille toi. Réveille toi. Réveille toi...

-Hé allez réveille toi!

-Hum... Quoi?

-Il faudrait y aller, on doit rentrer au plus vite...

C'est Dimi au dessus de moi. Il me réveille en me donnant de légères claques sur la joue tout en me motivant.
J'ai dormi a cause du pétard. Est-ce que... J'ai rêver? En tout cas, je ne me rappelle plus de grand chose. Juste d'un truc, dont je sais que je m'en souviens, mais je ne sais plus quoi...

-J'ai dormi... Combien de temps?

-Dix minutes a peu près, assure-t-il, je t'ai laissé mais la il faut y aller. Il y aura peut être du réseau en haut...

-Ok, lui répondis-je, allez reprend ta place mon gros on y va...

Et c'est reparti. Avec Dimi sur l'épaule, nous entamons péniblement la montée qui paraissait interminable.
Depuis mon réveil, quelque chose a percuté. Je ne saurais dire quoi, mais quelque chose a percuter dans mon cerveau. Oui, quelque chose...
Mais alors que je réfléchis et que nous avons fini la montée, c'est Solène et Marie, affolées et en pleurs, qui courent vers nous pour nous beugler des trucs incompréhensibles.

-Vous êtes la je suis rassurée! S'exclame une Solène terrifiée, il vient de se passer quelque chose...

-On arrive pas a trouver les autres... Enchaine Marie tout aussi excitée.

-Les filles, du calme restez calme, assure le colosse encore sur mon épaule, que se passe-t-il?

-On en a la confirmation sous les yeux... Dit Marie en reniflant sa morve et en essuyant ses larmes, Tina s'est faite poignarder... Par Romaric...