Premier week-end des vacances, une semaine avant le départ. Le ciel est gris et il fait froid, même dans la maison. Cette journée aurait été tout sauf agréable si Cher n’était pas venu passer la journée chez moi.
Je suis dans ma chambre, pensif, je n’ai toujours pas pris ma décision sur qui emmené avec nous aux USA. Cher entre dans ma chambre, avec des gâteaux, elle me fait un câlin et me dit :
-Toi tracassé ?
-Non t’inquiète, c’est juste que je ne sais toujours pas qui emmené avec nous aux USA et je n’arrive vraiment pas à choisir.
Elle sortit de la chambre sans dire un mot, un sourire aux lèvres. Elle revint quelques secondes plus tard après avoir fouillé dans son sac à main. Elle tenait au creux de la main une pièce de 2€ :
-Pile Kevin, face Sonia me dit-elle simplement.
Après tout pourquoi pas, le hasard était la seule solution quand on ne parvenait pas à choisir par soi-même. Je décidais de suivre son conseil et lança la pièce jusqu’au plafond. Elle retomba alors lourdement sur le plancher. Cher se pencha pour regarder et me dit :
-Le hasard à choisi.
*
Il est dix heures. Nous sommes tout les 4 à l’aéroport de Roissy à Paris. Mon père à le sourire, c’est la première fois qu’il quittait la France. Il portait une veste Celio, un jean et des baskets. Cher avait un blouson en cuir, un legging et des baskets Nike. Sonia quand à elle avait une veste noire avec un jean et des bottes marrons en laines.
Oui vous l’avez compris, le hasard à choisi que c’était Sonia qui partirait avec nous. Elle était super contente de ce voyage. Moi pour ma part, j’étais un peu stressé car depuis que maman a eu cet accident d’avion, je ne l’ai jamais pris et j’avais un peu peur de le prendre. D’autant que c’était exactement le même vol qu’elle auparavant que nous allions prendre.

Nous nous dirigeâmes pour enregistrer nos bagages. Billets en mains, nous participons à la traditionnelle fouille puis nous attendons le décollage de l’avion.
Il est 11h15 quand nous pénétrons à l’intérieur. C’était un très grand avion, un Airbus A380. Très spacieux, nous nous installons au milieu de l’avion tous les quatre sur une rangée.
Mon père était heureux mais un peu anxieux. Il avait toujours rêvé de visiter un pays comme les Etats-Unis mais était anxieux à cause de l’avion, ce qui était un peu mon cas aussi.
Cher était tout excité, elle était déjà allé au Etats-Unis et adorait ce pays. En plus, elle n’aurait aucun mal à s’exprimer et nous servirait d’interprète.

S’ensuit juste avant le décollage les démonstrations des hôtesses au cas où, par le plus grand des malheurs, il y aurait un accident en plein océan. Précaution à mon sens inutile car un accident d’avion en pleine océan, les chances de survies sont quasiment nulles…

L’avion décolle, c’est parti pour 8 heures de vols. Autant dire qu’il allait falloir s’occuper. Pendant que mon père entreprit de lire le dernier Marc Lévy, je me résolus à écouter de la musique comme Cher et Sonia.

Je ne sais pas si vous avez déjà pris l’avion mais 8 heures en avion, c’est long. Après avoir écouté deux heures de musiques. Je me résolus à dormir. Mon père continuer à lire, Sonia dormait à poing fermait et Cher commençait à somnoler tout en se rapprochant légèrement de moi bien.
Finalement, je cédais moi aussi aux appels et tombait dans les bras de Morphée rapidement.

Je ne me réveillais que 4 heures plus tard. Il restait encore deux heures de routes, mon père s’était endormi et sa tête était sur mon épaule. Cher avait posé sa tête sur mes genoux et dormait à poing fermé. Sonia n’était pas la, elle revint 10 minutes plus tard :

-T’étais ou demandais-je ?
-J’étais au toilette, j’avais un besoin pressent.
-Ah ok. Alors, contente d’aller aux USA.
-Ouais, c’est super gentil de m’avoir emmené, j’ai trop hâte. Je me demande si c’est comme dans les films dit-elle naïvement
-Franchement, je pense que tu vas être surprise, je suis sur que c’est complètement différent.
-Ah ?
-Ouais, enfin on verra bien.
-Et on est dans une maison, un appart’, studio ?
-On est dans un appart’ pour 4 avec 4 lits simples, une douche et tout ce qu’il faut.
-Ok, ça va être cool.
-Oui.

Sonia mettait ses écouteurs sur les oreilles et ferma les yeux. Moi, je m’emparai du livre de mon père. Marc Lévy « Si c’était à refaire ».
On verra bien, pensais-je en ouvrant le livre et lisant les premières pages. Le reste du voyage passa rapidement, je n’avais pas décroché du bouquin et je dois admettre qu’il était plutôt pas mal.
Je réveillais Cher et mon père. Nous descendîmes de l’avion. Il était seulement 12h00. En effet, il y a 6 heures de décalage entre New-York et Paris.
Nous récupérâmes nos bagages et sortîmes de l’aéroport.
Mon père héla un de ces taxis jaunes si propres à N-Y :

-Alors, on est à Manhattan, 6 Main Street.

Mon père qui est il faut le dire nul en anglais, demanda à Cher de communiquer l’adresse au chauffeur :

-Je ne sais comment on ferait si t’était pas là dit-il

Elle lui sourit et le chauffeur nous emmena à l’adresse.
Nous arrivons devant l’immeuble ou se situait notre appartement. Mon père remercia le chauffeur et le paya.
Le concierge de l’immeuble nous donna la clé que les propriétaires devaient nous remettre pour accéder à notre appart’. Ils sont en vacances nous à-t-il dit.
On prit les escaliers pour monter les 5 étages car l’ascenseur était en panne. Arrivé devant notre appartement, le 49, mon père introduisit la clé dans la serrure et la fit tourner. Il ouvrit la porte et pénétra à l’intérieur. C’était vraiment un grand, spacieux et bel appartement.
La kitchenette était pourvue de tout le matériel nécessaire à la cuisine, la baignoire était assez grande pour que l’on y tienne à 3. Les lits pourvus de couvertures, oreillers, traversins …
Le salon contenait un canapé, deux fauteuils en cuirs, un grand écran, et la décoration était de très bon gout. L’ensemble était moderne.
De la fenêtre, nous avions une vue imprenable sur East River et sur ses innombrables ponts. Des immeubles à perte de vue s’étendaient devant nos yeux ébahis par ce paysage totalement inédit :
-Bon, si pour fêter notre arrivé on aller se faire un petit resto’ proposa mon père
-Oui pourquoi pas
-Oh yeah.

Après avoir déballé nos affaires, nous sortîmes de l’immeuble. Cher connaissait un peu N-Y car un de ses oncles y habitait. Elle nous emmena au « Little Grill », un restaurent qui servait de la nourriture jamaïcaine :

-Vous allez voir, très bon restaurent nous a-t-elle dit.

Le patron nous invita à nous asseoir avec le sourire. On commanda un grand plateau de fruits de mers composés de gambas, moules, petites crevettes, langoustines. Le tout servit avec des crudités et du riz.
Le repas fut délicieux et c’est repus que nous sortîmes du restaurent. Malgré le voyage offert, on avait un budget assez serré et chacun avait emmené un peu d’argent.
On se rendit dans un supermarket pour faire les courses histoire d’avoir à manger toute la semaine.
On était dans le magasin, au rayon des viandes quand une voix retentit derrière nous :

-Hi Cher s’exclama la voix.

Cher se retourna et regarda attentivement la femme qui se tenait derrière nous. Elle portait un tailleur et des chaussures à talons noires :

-Tata, c’est toi ? demanda-t-elle
-Oui chérie, ça fait longtemps, que tu as changé dit-elle en l’embrassant.

Elle nous salua et demanda à Cher, pas à nous, on était trop mauvais en anglais, ce que l’on faisait à N-Y.
Je remarquais que mon père la regardait bizarrement :
-C’est ma tante Janet nous expliqua Cher, elle est journaliste au New York Times. Elle nous demande si ou souhaite aller chez elle après les courses pour faire connaissance.
-Ma foi pourquoi pas répondit mon père.

Alors que nous terminions nos course, Cher parlait beaucoup avec sa tante :

-Et tonton, ou est-il ?
-Nous avons divorcé.
-Depuis combien de temps ?
-Deux ans déjà.
-Il s’est passé quoi ?
-Il m’a trompé avec un Portoricaine.
-Ou habite-t-il maintenant ?
-A San Fransisco, il est parti vivre avec Maria, la Portoricaine.
-Et toi, tu as retrouvé quelqu’un ?
-Non, mais ça va peut-être changer dit sa tante en tournant la tête vers mon père.
-Tu n’y penses quand même pas ? dit Cher
-Pourquoi pas ? Il est pas mal. C’est le père duquel de tes deux amis ?
-Du gars.
-Ok. Et toi ma petite, t’as encore le temps mais tu t’es trouvé un petit ami ?
-Oui, je sors avec le gars justement.
-Mignon, lui répondit-elle.
Les courses finis, on retournait à l’appartement pour les débarrasser. L’air était frais et des gouttes commençaient à tomber. La tante de Cher nous donna son adresse et nous invita à la rejoindre dès que nous aurons finis.
Il était 17h00 quand nous arrivions devant la ravissante maison. Elle était située en périphérie de Manhattan, loin de l’agitation et des bruits incessants. Elle était en briques couleurs ocre et un vaste jardin était présent derrière la maison.
Visiblement, sa tante à l’air assez aisé pensais-je :

-Bonsoir dit-elle, vous avez réussi à trouver facilement ?
-Vous parlez français dis-je
-Quand on travaille dans un grand journal comme le New York Times, on doit obligatoirement savoir parler français qui est la deuxième langue de travail. Je vais souvent faire des reportages en France.
-Ah, d’accord répondis Sonia. C’est très joli chez vous.
-Merci, faites comme chez vous, je vais vous faire visiter.

La maison était immense, un grand salon avec fauteuil, canapé, des tapisseries au mur, des meubles remplis de livres, une bibliothèque rien que pour la collection complète du N-Y Times. Une grande cuisine, à l’américaine bien sur. A l’étage, une grande baignoire, une douche, trois chambres très grandes et bien aménagées :

-Depuis que mes enfants et mon mari sont partis, je trouve cette grande maison bien vide dit-elle.
-T’inquiète tata, ça va s’arranger dit Cher pour la réconforter

On alla ensuite à l’extérieur, une grande pelouse avec des parterres de fleurs. Vraiment une superbe maison.

On resta deux heures ou sa tante nous parlait de son travail, on discutait de tout et de rien. Vers 20 heures, elle nous dit :
-Les jeunes, il y a un cinéma pas loin, ça vous dirait d’y aller ?
-Oui pourquoi pas dit Cher, ça vous dit ?
-Ouais répondit-on
-Parfait, voilà l’argent, arrêtez un taxi et dites que vous voulez aller au « Great Cinema ».
-Ca marche.
-Bonne soirée.

On sortit, moi j’avais oublié mon écharpe, je retournais discrètement à l’intérieur. Alors que je m’apprêtais à ressortir, j’entendis au loin :

-Et si tu me remontrais ta chambre ?
-J’allais justement te le proposer …

Je fermais la porte.

On héla un taxi qui nous emmena au cinéma. Devant nous défilait l’agitation New-Yorkaise. Des immenses panneaux publicitaires, des milliers, surement millions de voitures, tout était si immense, si grand. Et puis on arriva au cinéma :

-Ouah, ça c’est du cinéma s’exclama Sonia
-Les nôtres sont ridicules à côté dis-je
-Clair dit Cher

On entra à l’intérieur, il y avait pas moins de 10 caisses, plus de 40 salles, c’était tout simplement un immense complexe. Des dizaines de restaurants étaient situés de chaque côté tout comme les magasins de vêtements :

-Bon on à l’embarras du choix, on va voir quoi dis Sonia
-De toute façon, ce sera en anglais …
-Et si on allait voir « Friends Forever 2 » proposa Cher. Ca à l’air pas mal.
-Allons-y, on verra bien. L’histoire ne devrait pas être trop compliquée à comprendre dis-je

On réserva 4 places pour 25$. La file d’attente était longue et le film était dans la plus grosse salle. Après 15 minutes d’attente, on entra enfin dans la salle.
Je pensais en ce moment à mon père, les dernières phrases que j’avais entendu entre lui et la tante de Cher. Je préférais malgré tout ne pas y penser. J’étais super content d’être ici avec Sonia, et Cher. Je sentais que l’on allait passer une super semaine. Je l’aimais plus que tout. J’attendais surtout avec impatience les vacances d’été. Si avec Cher on pouvait réussir à réaliser ce dont on avait déjà parlé à savoir des vacances rien que tout les deux, ce serait sans aucun doute les plus belles vacances de ma vie.

Après les traditionnels publicités et bandes annonces (voilà un truc qui ne change pas par rapport à la France), le film commença. Inutile de préciser que je ne comprenais rien et visiblement, Sonia ne suivait rien non plus.
Il n’y avait que Cher qui rigolait par moment. Je compris tout de même que l’histoire parlait d’un gars, Lenny, qui décida de quitter Hollywood pour retourner dans la petite ville ou il a grandi. Et la, il retrouve ses anciens amis, et d’autres qui ne le sont pas, et tout n’est que problèmes :

-Je reviens, je vais au toilette, nous chuchota Sonia
-Ok répondis-je.

J’attendais depuis un peu d’être seul avec Cher. Je me rapprochai d’elle car Sonia était entre elle et moi puis je l’embrassai tendrement. C’était ça le seul inconvénient de partir avec mon père et Sonia, nous n’avions plus d’intimité. Sauf mon père qui semblait en avoir trouvé mais bon.
Cela faisait une semaine que je n’avais plus gouté à ses lèvres, que je n’avais plus senti sa langue en contact avec la mienne, ce fut une véritable délivrance et un agréable moment passé entre nous deux. Elle s’appuya contre mon épaule et on resta longtemps comme ça. Nous ne remarquions même pas que Sonia était revenue mais elle ne dit rien que je lui ai impunément pris sa place.

Finalement, le film se finit vers 23h00. On n’avait toujours pas mangé et il nous restait 20$ :

-Un McDo ? proposa Cher
-Oh moi je n’ai pas faim dit Sonia.
-Moi je veux bien mais je ne prendrais pas grand-chose répondis-je

Finalement, on s’arrêta au McDo manger un morceau.
Il était 00h00 quand on rentra chez la tante de Cher.
Mon père et elle étaient assis dans le canapé. Elle lui montrait un album de photos de familles. Ils semblaient plus complices que jamais :

-Alors c’était bien, demanda la tante
-Oh oui, c’était marrant.
-Vous avez compris quelque chose demanda mon père.
-Non répondis-je avec Sonia.
-Bon Janet, merci pour votre accueil mais nous allons y aller.
-Sur qu’elle t’a bien accueilli murmurais-je.

Cher me donna un coup de coude mais les deux adultes n’avaient rien entendu.
On rentra et on se coucha vers 01h00, éreintés.

Le lendemain, le petit soleil matinal nous réveilla vers 7h30. Encore fatigués, nous restions un moment au lit.
Ce n’est qu’une heure après que je me levais pour monter le store et apercevoir Manhattan qui s’éveillait doucement. J’allais ensuite dans la chambre d’à côté ou dormait les filles. Un grand poster de N-Y figurait au dessus de leurs lits :

-Allez debout les filles dis-je encore à moitié endormi.
-Hum, tu viens me lever dis Cher alors que Sonia partait se laver.

Je la tirais de sa somnolence d’un baiser et nous nous rendîmes dans la cuisine pour prendre notre petit-déjeuner :

-Bon, on fait quoi aujourd’hui demanda mon père ?
-On peut visiter l’Empire State Building. Il parait que c’est pas mal dis Cher
-C’est juste un building demandais-je
-Pas n’importe quel building. C’est le plus grand de N-Y et on à une vue imprenable sur la ville.

La décision fut prise à l’unanimité de faire cette visite. Dehors, la neige commençait à tomber à gros flocons. Le trafic commençait à s’intensifier dehors et Manhattan fut empreint d’une sorte de frénésie matinale.
Sonia finit de se laver et alluma la TV.
On tomba sur un flash info’ « Aux habitants de N-Y, restez chez vous. Une tempête est prévue dans la journée. La neige devrait tomber fortement dans les 24 prochaines heures » :

-Mince, on fait quoi dit Sonia
-On va rester ici, on ne va pas prendre de risque dit mon père.

La journée fut bien ennuyeuse, dehors, les éléments se déchaînaient. La neige tombait à gros flocons et le vent soufflaient énormément. Des objets légers volaient dans le ciel et les courageux qui avaient osé sortir rebroussaient immédiatement chemin pour retrouver le confort de leur habitat.

Mon père avait amené un jeu de cartes. Il nous sauva de la solitude et nous occupa une bonne partie de l’après-midi.
On joua au Kem’s, au Président, à la Belote, tant de vieux jeux auxquels on ne jouait pas assez et qui se sont révélés assez sympathiques pour passer un bon moment.

La soirée arrivée, la tempête sembla se calmer dehors, pendant que les filles discutaient dans leur chambre. Nous regardions la TV qui donnait des nouvelles du monde extérieur, en anglais malheureusement mais nous parvînmes à comprendre l’essentiel avec mon père :
« Journée compliqué à N-Y. Pas de gros dommages mais tout de même 10 blessés grave lors de l’écroulement de la toiture d’un restaurant »
« En France, collision de trains à la gare de la Roche/Yon, il y aurait au moins 12 morts. »
« En Egypte, les révoltes continuent et le peuple manifeste son mécontentement ».
« Et pour finir ce journal sur une noter plus légère, on annonce la sortie du nouveau film de studios Pixar Montres Academy dont voici la bande-annonce ».

Journal classique, juste l’accident de train qui m’avait interpellé, à ce que je sais, personne de la famille ne le prends mais bon.

On mangea et se regarda un DVD qu’avaient laissé les propriétaires. Journée un peu sans intérêt. J’espère que demain, il n’y aura plus de problèmes.

Vers 00h00, alors que je commençais à m’endormir, un bruit venant de la rue me réveilla brutalement, ça ressemblait à un crash.
Cher était déjà en train d’ouvrir le store. Une voiture s’était encastrée dans l’immeuble voisin. Ce genre d’accident devait arriver souvent à N-Y n’empêche que c’est toujours impressionnant :

-C’est bon, les voisins ont déjà du prévenir les secours.
-Oui me répondit Cher. Je ne suis pas fatigué et Sonia et ton père dorment. Ca te dirait de …

8h00, le jour se lève sur Manhattan. Je fais de même. Je me dirige vers la salle de bain. Cher est en train de se préparer :

-Salut mon amour dit-elle en m’embrassant.
-Salut
-Ca t’a plus hier ?
-Oui c’était trop bon.
-On recommencera ?
-Si l’occasion se présente, pourquoi pas.
-Faut juste faire attention à pas réveiller Sonia et ton père quoi.
-Ouais sinon on serait mal.
-Encore une chance que le restaurant d’à côté était encore ouvert. J’avais trop faim.
-Oui, je n’ai jamais mangé d’aussi bonnes glaces. En remontant, la porte à grincé j’ai cru qu’on allait nous surprendre.
-Moi aussi mais c’était marrant.

Je l’enlaçais. On était devant le miroir, je lui caressais le dos :

-Allez maintenant sort je dois me déshabiller.
-On m’interdirait de voir la perfection féminine ?
-T’es mignon mais ça sera pour une autre fois.
-J’aurais essayé.
-Oui allez file, dit-elle en m’embrassant une dernière fois.


Le ciel était dégagé sur Manhattan, la tempête était passée et tout était redevenu normal :

-On y va aujourd’hui alors à l’Empire State Building.
-Oui, moi je veux bien.

A 11h00, nous pénétrions dans ce lieu mythique qu’est l’Empire State Building. C’était de toute beauté. Un immeuble de plus de 400 mètres de haut tout de même. Les couloirs étaient immenses. Une représentation de l’immeuble en or massif sur le mur, des dizaines d’ascenseur.
Au sommet, nous avions une vue imprenable sur Manhattan et tout N-Y. Nos cheveux tutoyaient les nuages. Il faisait froid, très froid. Sonia et Cher se blottirent contre moi pendant que mon père prenait en rafale des dizaines de clichés. Les habitants étaient des fourmis et les maisons pas plus grandes que des briques.
On redescendit rapidement pour continuer la visite.

L’après-midi se passa à Central Park. Quelle merveille. Des dizaines d’hectares de verdures en plein cœur d’une ville composé de milliers d’immeubles. De jeunes couples s’embrassaient sur les bancs, des jeunes enfants jouaient au football ou à s’envoyer un frisbee.
Des hommes d’affaires traversèrent furtivement les allées tout en ayant leur oreille collée au téléphone portable. Et nous, nous étions assis à l’ombre d’un arbre, à contempler ce beau monde. Cet après-midi tranquille fut très agréable. On retourna finalement à l’appartement vers 19h00. Pour l’instant, la barrière de la langue ne nous posait pas énormément de problèmes :

-Ce soir, spaghetti à la carbonara. Ca vous plait ?
-Oui répondit-je avec Sonia
-Je ne sais pas ce que c’est mais je verrais bien dit Cher

Mon père finit de préparer le repas. Pour ceux qui ne savent pas, les spaghettis à la carbonara, ce sont des spaghettis avec des lardons, un œuf et de la crème fraiche :

-Hum délicieux dit Cher.

La soirée se passa autour de la table à jouer aux cartes. Tout le monde souriait et semblait pour l’instant enchanté de ce voyage. C’est vrai que ce n’est pas tout les jours que l’on avait la chance d’aller à N-Y.
Vers 23h00, Sonia partit se laver et mon père lire dans la chambre. J’étais donc seul, avec Cher :

-Au fait, ça te plairais d’aller ou pendant les vacances si nos parents veulent bien ? lui demandais-je
-Oh pas forcément loin. Mais un endroit ou les locations ne sont pas trop chers quand même.
-Alors on peut aller en Bretagne ou Normandie. C’est un peu plus au Nord par rapport à l’ou on est mais si il fait chaud, ça peut-être vraiment sympa. Par contre, on peut avoir aussi une semaine de pluie.
-Boh moi tu sais, je suis anglaise je te rappelle alors le mauvais temps je connais. Enfin ça ne devrait pas être trop mal.
-Oui mais t’inquiète on verra ça, on à le temps. Et puis normalement, je pars au Brésil pendant les vacances d’été.
-Sérieux, pourquoi ?
-Pour aider mon papy à retrouver sa fille et la mère de sa fille.
-Ton grand-père n’était pas mort ?
-Il l’était. Enfin, c’est compliqué, je te raconterais ça un autre jour. Par exemple, cet été quand on sera le soir tout les deux dans le lit.
-T’es un ange dit-elle en m’embrassant. Je t’aime plus que tout.
-Moi aussi.

Le lendemain, nous avons décidé de survoler New-York avec le Roosevelt Tramway. Cela donne une autre vision de la ville et ce fut agréable.

Mercredi arrive déjà, je reçois un message « Papy » :

-Du 1er au 15 août pour le Brésil ça te va.
-Oui, je verrais avec mon père mais ça devrait le faire.
-Super, tu vas voir, ça va être génial. J’ai vraiment hâte de les revoir.
-Et moi de les rencontrer.

Mon père entra dans la cuisine, les cheveux ébouriffés :

-Promenade dans le centre-ville aujourd’hui. Ca vous va ?
-Oui répondirent-on.

Mon père héla un taxi. Le ciel était dégagé et le mercure dépassait les 5 degrés. Il nous déposa dans le centre de New-York. S’offrait alors à nous d’immenses allées. De chaque côté, les arbres étaient alignés en rangs d’oignons. Au pied d’un immeuble, de jeunes individus fumaient des substances sans doute illicites. Un policier intervint rapidement, mais pour leur demander un joint …

Décidé à profiter pleinement de cette nouvelle journée, j’effaçais de mes pensées cette scène plutôt troublant quoi que peut-être courante à New-York.
Nous gambadions gaiement dans les rues, mains dans la main en chantant « Il était un petit navire ».
Vous y avez cru hein ?
Non ce n’est pas tout à fait ça. Pendant que les filles visitèrent boutiques de mode sur boutiques de mode, nous les garçons, nous les suivions en tentant un tant soit peu à nous intéresser à cette pratique bien triviale qu’est le shopping. Mon père regardait souvent sur son portable et semblait recevoir pleins de messages. Il sortit du magasin pour passer un appel. Moi, je rejoignis les filles aux cabines d’essayages :

-Eh, Sonia, tu l’as trouves comment celle-là, dit Cher en sortant de la cabine d’essayage avec une robe noire.
-Jolie et moi, t’en penses quoi répliqua Sonia qui sortie avec une magnifique robe jaune.
-Superbe, moi je ne sais pas si je vais la prendre, 85$ c’est une somme quand même.
-Moi aussi, c’est 75$.
-Et toi J-F, t’en penses quoi ?
-Vous êtes superbes mais c’est peut-être un peu cher non.

Je m’approchais pour mieux examiner la robe de Cher et je vis dans l’encolure l’inscription universelle « -50% » :

-Je crois que tu peux te la prendre répondis-je.
-Pourquoi ?
-Elle est a -50%
-Mais ce n’était pas marqué sur l’étiquette.
-Non c’était marqué dans l’encolure.
-Oh moi aussi, s’exclama Sonia.

Les filles sortirent 5 minutes plus tard, heureuses, un sac dans la main.

Un repas fut avalé rapidement dans une des nombreuses pizzerias des immenses rues new-yorkaises. Et on repartit à nouveau pour de faire de nouveaux magasins. Mon père s’acheta des CDs de musique.
Avec Cher, on décida de s’acheter un de ces T-Shirts personnalisés ou l’on pouvait inscrire ce que l’on voulait.

La soirée arriva, on était en train de manger lorsque mon père reçut un message. Il paraissait perturbé et nous dit de terminer de manger. Il avait rendez-vous avec un ancien collègue de bureau.
Il nous prenait vraiment pour des cons, je ne lui avais pas rappelé qu’il était maçon et que par conséquent, il n’avait pas de collègue de bureau et encore moins à New-York.
Je le soupçonnais d’aller rendre une nouvelle petite visite à la tante de Cher …

Nous finissions notre repas et débarrassions la table :

-Et si on en profitait pour ressortir, il nous reste un peu d’argent après tout dit Sonia
-Oui, j’y avais pensé répondis-je.
-Ton père rentrera vers quelle heure ?
-Je pense que cela dépendra de sa rapidité...

Cher me dévisagea longuement, puis haussa les épaules, attrapa sa veste en cuir et sortit la première.
Sonia lui emboîta le pas suivit de moi.
Dehors, la nuit était tombé, il faisait froid, très froid. Cher regarda en l’air. Un immense écran sur un immeuble diffusait une bande-annonce d’un film :

-On pourrait retourner au cinéma. Au moins, on sait ou c’est.
-Faut voir, il y a des films bien demandais-je
-Il y a « Je te prends par devant et par derrière » qui vient de sortir. Il paraît que c’est bourré d’humour.
-Et tu sais de quoi ça parle bien que le titre soit évocateur ?
-Le personnage principal est une femme seule. Elle est la tante d’une adolescente. L’adolescente rencontre un mec, ils sortent ensemble et le père du mec rencontre la tante. Après, ils couchent ensemble le père et la tante pour te faire court.
-Oui bon peut-être autre chose alors dis-je

Je fus empreint de sueur et de vertiges à l’évocation des dernières paroles de Cher. Je transpirais fortement malgré les -5°C. Après avoir remis dans l’ordre de mes pensées, décidé de ne plus penser à des choses obscènes, on reprit notre marche.
Après tout, mon père avait bien le droit de se trouver quelqu’un. Il devait se sentir bien seul depuis la mort de maman. Et même si dans mon fort intérieur, je m’imaginais le pire, ce n’était peut-être que mon esprit tordu.

Nous marchions sans but dans les rues de Manhattan :

-On va manger des glaces proposa Cher
-Tu penses qu’à manger toi répliquais-je. Et puis à cette heure là, je ne vois pas trop l’intérêt.

Elle m’adressa un clin d’œil complice en souvenir de notre précédente escapade :

-Bon il n’y a rien à faire, on va au cinéma mais on regarde un autre film que celui que t’as proposé car je sens que je ne pourrais pas le regarder jusqu’au bout.
-D’accord

A force de marcher, nous n’étions plus qu’à cinq minutes du cinéma. En arrivant sur le parking, un groupe de jeunes nous interpella. Ils étaient 3. Le plus grand portait un bonnet noir, un T-shirt malgré la froideur de la soirée et un jean délavé. Les deux autres, plus petits, portaient des anoraks et un survêtement. Ils se confondaient dans la noirceur de la nuit.
Le plus grand s’avança vers moi, je pus distinguer clairement sa cicatrice au coin de l’œil :

-Hi man, If you wants to pass, you have to pay.

C’était bien ma chance, il fallait que je tombe sur trois noirs du Bronx en manque d’argent. Je feignais de ne pas comprendre même si je sus clairement qu’il voulait que je les rémunère :

-Pardon, je ne comprends pas.

Cher me serra le bras, je commençais à avancer quand le plus grand me barra le passage :

-Shit, they’re french dit-il aux autres derrière.
-Yes
-Argent pour passer redit-il
-Désolé je ne comprends toujours pas, vous ne parlez pas bien français. Vous voulez bien m’excusez mais on voudrait aller au cinéma.
-Déconne pas, ils veulent de l’argent, donne leur 5$ et ils se barreront. Dit Cher
-Je sais j’ai compris mais pas question que je donne notre fric.

Je me retournai et un violent coup de poing me poussa à la renverse. Ma tête heurta violemment le goudron gelé.

Incapable de me relever, sonnait par la violence du coup, je fus pris d’un court malaise. Je ne sentis qu’une main qui fouillait dans la poche, les filles qui appelaient à l’aide. Tout était très flou. Je sentis une violente douleur au niveau du ventre. Sans doute un coup de pied. A ce moment, je ne cherche plus à lutter. Je suis trop faible.
Le grand black se rapproche de moi, je ne vois qu’une masse noire floue. Il me semble qu’il agite le porte-monnaie au dessus de ma tête :

-Thank you jerk. And if you want to buy drug, I will be here.
-Bye bitchs dit-il en s’adressant à la fille.

J’aurais eu envie de me relever, de le défoncer cet enfoiré. Mais j’étais à bout de force. Je craignais pour les filles mais au moins, il n’allait rien leur faire :

-Fuck salt black gueula Cher
-Can you repeat please. You speak english ? dit le grand black
-Yeah and you listened. Fuck.
-You search trouble.
-Putain Cher, arrête tes conneries dit Sonia
-Rien à foutre

Quelle femme, j’étais fier d’elle. Dans un ultime effort, je parvins à me relever. Mon visage était ensanglanté, j’avais une terrible douleur au niveau de l’estomac. Je ne parvenais pas à bien distinguer le groupe de black dans la nuit. Ma vision était encore floutée. J’entends un cri, un cri de fille, un cri de peur. A mes pieds, une pierre. Une grosse pierre pointue. Je la saisie, m’approche en silence par derrière du grand black. Je frappe de toutes mes forces avec la pierre au sommet de son crâne.
Il s’effondre inconscient, Sonia pousse un cri d’effroi. Un des acolytes qui se préparer à frapper Cher la lâche pour se diriger vers moi :

-Sauve-toi dit Cher.
-Vous aussi, ne restez pas là. T’en fait pas, je m’en sortirais.
-Non, on t’attend. Essaye de les semer en zigzaguant entre les voitures

Facile à dire, je suis encerclé. Je suis entre deux rangées de voitures. A droite et à gauche, les deux hommes me barrent le passage. Tant pis, je saute par-dessus la voiture et commence à courir. Je suis à bout de force. Je m’apprête à rejoindre les filles lorsqu’un troisième petit black me barre le passage, mais vraiment petit et surement très jeune :

-Putain mais tu sors d’où toi dis-je.

Il est faible mais aucun doute, il est avec les autres. Ils se parlent entre eux, je suis pris en sandwich c’est le cas de le dire. J’assène un violent coup de poing au plus petit des trois et m’enfuit à nouveau. Je n’ai pas mon pareil pour me trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
Je passe entre deux voitures. Les deux blacks ne lâchent pas l’affaire. Soudain, deux pieds surgissent de nulle part.
Derrière moi, les deux blacks sont aux sols, se tenant les testicules à deux mains :

-Viens dépêche toi dit Cher. Faut pas rester là.

Je compris alors que c’était elles qui avaient donné le coup en question qui les avait stoppés dans leur poursuite.
Je retournai néanmoins avec la plus grande précaution auprès du grand black et repris mon porte-monnaie.
Cher héla un taxi. La pénombre du taxi masquait mes blessures. Sonia me passait des mouchoirs afin de stopper le sang qui coulait de mon nez et de ma joue. Qu’allais-je dire à mon père :

-Putain tu m’as fait trop peur, j’ai cru qu’ils allaient nous tuer dit Cher en me serrant dans ses bras.
-T’inquiète c’est fini. En tout cas, c’est surréaliste comme scène. On se serait cru dans un film.
-Oui, tiens reprends des mouchoirs, ton nez ne fait que de saigner dit Sonia
-Merci
-Il faut que l’on aille chez ma tante, elle saura te soigner.
-Non surtout pas dis-je.
-Pourquoi, il faut masquer tes plaies pour éviter que ton père ne s’inquiète.
-C'est-à-dire que…
-T’inquiète ça va aller.

Il était 00h00 quand l’on arriva chez la tante de Cher.
Cher ouvrit la porte sans sonner.
On arriva dans le salon. Le canapé était occupé, par deux personnes amoureuses, l’une séparé de son mari depuis deux ans, l’autre veuf d’une femme qu’il à aimé jusqu’à son dernier souffle. Ces deux personnes, c’était mon père et la tante de Cher.

Il y eu un long silence. Cher me pris la main et me la broya littéralement. Trop choqué pour réagir, je me contentais de regarder. Ils ne nous avaient pas remarqués, sans doute trop absorbés par le moment présent. Mon père était allongé à califourchon sur la tante de Cher qui, la tête dans le canapé poussait des petits cris de jouissance. Ce n’est qu’au bout de quelques secondes que mon père releva la tête. Et il nous vit :

-Pourquoi tu t’arrêtes, murmura la tante de Cher. C’était trop bon. Continue.

Il n’y eu pas de réponse, mon père me regardais, l’air abruti, le pénis à l’air. La tante de Cher se releva et alors elle comprit la situation.
Sa poitrine était magnifique et ses courbes bien dessiné. Durant un instant, je me dis que mon père avait beaucoup de goût.
Puis sans prononcer un mot, ils coururent à l’étage se rhabiller. Je m’assis sur un fauteuil, pas question de s’asseoir sur le canapé ou s’était déroulé des vilenies quelques minutes plus tôt. Cher s’assit sur moi et Sonia sur l’accoudoir.
Je n’étais pas vraiment en colère contre mon père. Après tout, c’est naturel d’avoir des rapports sexuels mais le fait de l’avoir surpris à mon insu et qui plus est avec la tante de ma petite amie, ça faisait quand même bizarre.
5 minutes après, ils redescendirent, quelque peu gêné. L’atmosphère était très tendue. Aucun de nous ne se résolus à prendre la parole jusqu’à ce que Cher dit :

-Bon on y va dit elle comme si de rien n’était.
-Oui moi je suis fatigué répondis-je trop content que quelqu’un est brisé la glace.
-Oui on va y aller dis mon père. Mais qu’est-ce-que tu as J-F, tu es blessé ?
-Bravo, tu viens de t’en apercevoir … Oui j’ai glissé sur une plaque de verglas et heurté le goudron gelé.
-Ca va aller.
-Oui t’inquiète.
-Cher come on, I want to give you an object dit Janet.

Cher monta à l’étage. On entendit à voix basse une longue discussion en anglais. Mon père examinait mes blessures, seule chose qu’il avait trouvée à faire :

-Au fait, tu l’as trouvé ton collègue maçon … dis-je
-J’ai plutôt trouvé une collègue mais elle n’était pas maçonne. Je m’étais trompé. Cela peut arriver à tout le monde.

Ce que j’aime bien avec mon papa, c’est que l’on peut presque rigoler de tout avec lui, nous n’avons quasiment aucun tabou :

-Je vois, oui ça arrive. Par contre, je pense que tu ne t’es pas trompé de trou.
-Là ça va un peu loin fiston. Et pour répondre à ta question, oui j’ai visé juste.
-Désolé Pa’.

Finalement, Cher et Janet redescendirent 15 minutes plus tard. Janet était souriante, comme s’il ne s’était rien passé :

-Bon, nous allons rentrer. Salut Janet dis mon père.
-Bye Phiphi.

« Phiphi », j’aurais vraiment tout entendu…
A 01h00, on arriva à l’appartement. Quelle journée, mais j’étais sain et sauf, c’était l’essentiel. Mon père s’était bien amusé lui aussi …

Samedi, 9h00. Déjà le dernier jour aux USA. Cette semaine aura été tout simplement merveilleuse si on omet les deux incidents de la nuit du mardi au mercredi.
Je prépare mes affaires. Nous devons être à l’aéroport à midi. Je n’ai pas vraiment envie de rentrer mais avons-nous le choix ?
Avec les sous qu’ils leurs restaient, Sonia et Cher nous ont offert un cadeau de remerciement pour les avoir emmené avec nous. Nous étions bien entendu très touchés de ce geste généreux.

Il est déjà 10h00, après un dernier petit déjeuner copieux, les valises faites, nous quittons cet appartement.
Dehors, il fait doux, même chaud pour la saison. Le mercure dépasse allégrement les 15°C.
Mon père hèle un taxi comme à son habitude. Avant de partir, il à tenu à dire au revoir à Janet. Nous le comprenons car c’est très dur de quitter quelqu’un que vous ne connaissez que depuis une semaine et dont vous êtes tombés fous amoureux.
Nous restons dans le salon pendant qu’à l’étage ont lieu les adieux. Le plancher craque mais qu’importe, la TV est allumé et le volume qui est au maximum nous empêche d’entendre certains bruits parasites.

La tante de Cher nous donne un dernier adieu, agitant la main sur son palier. Une larme coule au coin de son œil qu’elle essaye de dissimuler tant bien que mal.

Nous faisons un dernier détour par l’Empire State Building. Devant celui-ci, nous faisons une photo souvenir tout les quatre.
Nous arrivons à l’aéroport à 11h30, les avions défilent sur la piste, atterrissant ou décollant. Du petit avion au gros Boeing.
Valises en main, nous nous dirigeons vers les caisses pour enregistrer nos billets et déposer nos valises sur les classiques tapis roulants. Il règne une grande agitation dans l’aéroport, beaucoup de vacanciers français, énormément d’asiatiques et de nombreux hommes d’affaires.

12h30, nous montons dans l’avion, le même Airbus A380 qu’à l’aller. Nous montons ce coup-ci dans les derniers. Ils ne restent plus quatre places disponibles côte à côte.
Je m’assieds à côté de Cher alors que mon père et Sonia s’asseyent devant nous.
A côté de moi, une jeune femme d’une vingtaine d’année, et une autre, plus âgée, qui doit approcher à grand pas de la soixantaine.
La plus vieille a les cheveux noirs, qui commencent à blanchir, le teint mate, sans doute une sud-américaine. Elle à de superbes yeux bleus.
La plus jeune à aussi le teint mate, des longs cheveux châtains qui pendent de chaque côté de ses épaules. Je me dis que ce sont sans doute la mère et la fille.
Je m’installe confortablement dans mon siège. J’ai emprunté le Marc Lévy de papa que j’avais commencé à lire lors de notre premier vol :

-Et c’est reparti pour 8 heures me dit Cher.
-Oui, alors ça t’as plus cette semaine.
-C’était énorme, c’est vraiment gentil de nous avoir emmenées.
-Je n’avais pas le choix, il nous fallait un traducteur anglais-français dis-je en rigolant.
-Eh dit-elle en me donnant une tape sur l’épaule.

Je l’embrassais sur la joue et me plongeais dans la lecture de mon livre.
Après 2 heures de vols, j’entendis les deux femmes à côté de nous parler pour la première fois. Elles parlaient portugais.

Je les regardais à nouveau longuement, mais pas avec trop d’insistance pour qu’elles ne me prennent pas pour un voyeur. Elles avaient une certaine ressemblance avec ma belle grand-mère et ma belle-tante.

Et si c’était elles ?

Je me replongeais dans ma lecture, Cher dormait en écoutant de la musique. Mes voisines brésiliennes, ou portugaises même si elles me semblaient trop mates pour être portugaise lisaient en silence.
Les heures passèrent, nous volions depuis 6 heures quand la femme la plus âgé dit à la plus jeune :

-Eu vou para o Niña de banheiro.
-Certo a mãe.

Mon sang ne fit qu’un tour, mon doute venait de se transformer en certitude. Je ne compris rien dans les phrases pourtant, j’avais clairement entendu la femme appelé l’autre Niña et je sus que c’étais sa mère. En effet, « mãe » signifie maman en portugais. Ca faisait tout de même beaucoup de coïncidences, trop…
Je sortis moi aussi, emboîtant le pas à Niña :

-Ou vas-tu me demanda Cher qui émergeait de son sommeil.
-Aux toilettes.
-D’accord.

Comment nouer le dialogue avec elle, je ne savais rien d’elle, je ne la connaissais pas. Et puis il me vint une idée, cette photo de famille ou les deux brésiliennes posaient avec papy, je l’avais toujours sur moi dans la poche de mon blouson.
Je m’en emparais, la glissa dans ma poche de mon jean en la laissant dépasser bien en évidence. Alors que je me rendais aux toilettes, plus personne ne nous voyait, nous n’étions que tout les deux. Je feins de tomber et poussa Niña qui tomba sur les genoux. La photo tomba aussi et atterrit sous ses yeux. Cela avait marché encore mieux que je ne l’imaginais. Je l’aidai à se relever en me confondant en excuse.
Elle ramassa la photo, la regarda un instant, parue troublé, puis me la redonna :

-Você conhece este homem?
-Sorry I don’t speak portuguese.
-Do you know this men rectifia-t-elle.
-Yes and you.
-Yeah. It’s my father…

Ses yeux s’illuminèrent, elle me regarda intensément et je sus alors que je les avais retrouvées, par le plus grand des hasards, aussi incroyable que cela puisse paraître. Certes je n’imaginais pas notre rencontre dans le couloir des toilettes mais qu’importe :

-It’s my grand-father dis-je
-You’re J-F ?
-Yes, Niña.
-So, I’m your aunt.
-Yes.
-It’s so incredible
-Yes, why do you go in France.
-We go to Portugal but we want to passed by France. Dad is well ?
-Yes, he would like to see you in Bresil during summer hollidays.
-Really. Oh, i’m so happy to see him. I wait for him for 20 years.

Nous restions longtemps à nous regarder, j’étais en face de ma tante que je n’avais jamais vue, de trois ans seulement mon aînée.
Elle me dit qu’il était préférable de ne pas en parler à sa mère pour lui faire la surprise et de ne pas se parler du voyage. J’acquiesçais de la tête.
Nous retournâmes à nos places respectives, encore ému de ces précédentes révélations. Je retombais lourdement sur mon siège :

-T’en à mis du temps, tu faisais quoi me dit Cher.
-Rien j’étais aux toilettes.
-Mouais dit-elle à demi convaincu.

Il était deux heures du matin quand on atterrit à Paris.
A l’aéroport j’attendais ma valise, Niña pris la sienne, s’approcha de moi et me chuchota à l’oreille :

-Bye nephew.
-Bye, aunty.

Et sur ses dernières paroles, elle s’éloigna :

-Tu viens chérie, me dit Cher en m’agrippant le bras.
-Oui, j’arrive Cher.

Elle disparue avec sa mère dans les couloirs tortueux de l’aéroport.
J’avais retrouvé ma tante et ma belle grand-mère.