Sunrise
Par : Sheyne
Genre : Action , Polar
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 3
Chapitre 1 - 3/4
Publié le 15/01/14 à 11:11:30 par Sheyne
« Lawrence, ça ne vous ennuie pas trop de m'accompagner ? C'est bien la première fois que je vous vois venir pour de simples récupérations.»
Semblants aspirés par le voile grisâtre de la circulation, les mots se perdaient lentement. De lourdes volutes de fumée drapaient l'horizon d'un dense rideau brumeux. En cette matinée, la vapeur goudronnée s'élevait, immuable, sans fin, mêlée de fatigue et de métal.
Les monstres d'aciers rugissaient à travers l'asphalte. Ils hurlaient en lente agonie, pâle reflet d'une société décadente.
« Et bien, tu vois, il se trouve que j'ai un rendez-vous important d'ici peu... Et puis, ça me divertit, en un sens.»
À mesure qu'il parlait, un sourire amusé semblait prendre vie sous l'obscur chapeau. Une impression légère, certes, mais qui s'échangea bien vite, volant de lèvre en lèvre. Un faible grognement prit sa suite. Rugueuse et puissante la première voix s'élevait à nouveau. Hésitante, en un sens, mal à l'aise sans doute. Un peu comme si l'indiscrétion était totalement déplacée en ces circonstances :
« Un rendez-vous ? C'est donc pour ça le costume... Je me demandais ce qui avait bien pu vous pousser à le mettre par cette chaleur.»
Écartant ses énormes bras, la montagne de muscles dévoila sa mince chemise blanche, impeccable. Ses manches retroussées semblaient prêtes à craquer.
« Un haut tout simple, poursuivit-il amusé, n'est peut être pas aussi classe, il est vrai, mais aurait largement pu suffire pour faire des affaires, vous ne pensez pas ?
— Effectivement.»
Surprise, et quelque peu frustrée par la réponse, aussi brève que sèche, une note piquée de curiosité retentit à nouveau :
« Ce n'est pas pour des affaires alors ? Un rendez-vous plus... personnel, peut-être ? Vous devriez faire attention. Vous savez, je pense que quelqu'un dans votre position ne peut pas se perm...
— Tu n'es pas payé pour penser, Marcus ! Trancha le concerné, la mâchoire crispée. On se connait depuis quelques années maintenant, je ne voudrais pas avoir à te remplacer !»
Un vent glacial balaya la discussion. Bien que pour deux raisons distinctes, les coeurs battaient en rythme, brulants d'une tension palpable. Un mur venait de tomber, laissant les klaxons poursuivre seuls leur épouvantable cacophonie.
Lawrence savait bien que cette montagne musclée disait vrai. Dans sa position, il ne pouvait pas se permettre de passer pour un sentimental. La moindre faiblesse pouvait causer sa perte, et c'est bien pour ça qu'il ne pouvait s'autoriser le plus petit écart.
Mais même si la crainte s'emparait de lui à l'idée de se retrouver ainsi coincé, acculé et criblé de menaces, dans l'obligation de passer la main ; il redoutait plus que tout de finir sa vie seul, sans rencontrer personne. Dire qu'il y a encore quelques années il hurlait de rire lorsqu'on lui parlait de fonder une famille...
Soupirant, il secoua la tête. Marcus avait tout compris lui, il ne lui en tiendrait pas rigueur. Alors, il inspira, et brisa le silence sur un ton plus complaisant :
« Parle-moi de ces gens, ceux que tu charges d'écouler ma marchandise.
— Et bien, entama l'autre d'une voix maintenant formelle, ce sont en majeur parti des jeunes junki pour la plupart ; chacun ayant son propre réseau de connaissance. Ils sont tous pareil, instables, mais c'est ce qui les rend si malléables : je les effraie facilement, jusqu'à les saisir totalement.
Pour les recruter ? Rien de plus simple qu'une somme d'argent mirobolante, la promesse d'un ascenseur à travers les échelons...
Mais rapidement je baisse leur marge de bénéfices, leur dette augmente, ils se mettent à consommer le produit pour oublier les tourments qu'ils subissent... Alors que je les tiens totalement ! Ils sombrent et ne comprennent plus ce qui leur arrive, travaillent à l'oeil des années pour rembourser ce qu'ils vous “doivent”. À ce stade-là, ils n'osent plus la moindre action par peur de ce qui arriverait. À eux...»
Marcus s'arrêta un instant, hésitant. Puis finalement, lâcha en un soupir : « ... ou a leur famille.»
La large avenue disparut au tournant d'une sombre ruelle. L'odeur pesante des gaz d'échappement laissa soudain place aux relents nauséabonds. Personne ne venait jamais ici. Les déchets s'entassaient en montagnes colossales, tapissant le sol d'une deuxième peau. Visqueuses, les ordures se mêlaient aux déjections humaines. Tout était balancé à la vas vite depuis le ponton au dessus de leur tête. Les sacs poubelles éventrées par leurs chutes déversaient alors leur répugnant contenus sur les dalles humides, tandis que, ivre, les hommes pissaient par dessus la rambarde, arrosant généreusement le tout d'une délicieuse urine bien fraiche.
Lawrence fronça les sourcils. Le gamin au fond de l'impasse attendait visiblement depuis un bon moment. C'était à se demander comment il n'avait pas fini assommé par la vapeur pestilentielle.
« Passe ma thune ! Lui aboya Marcus.»
Roulant des mécaniques, il bomba le torse, dominant totalement le jeune homme de sa taille fabuleuse. Lequel, ne put s'empêcher de reculer d'un pas, livide.
Tout était dit... Aussi simplement, ils avaient compris.
À l'ombre de son chapeau, Lawrence transperça le gamin d'un regard moqueur. Sa face se fendit d'un sourire narquois.
« Et qu'est-ce qu'il se passe lorsqu'ils ne paient pas ?
— C'est simple...»
Rayonnant, Marcus explosa, beuglant d'un rire sadique :
« Je les massacre !!!»
Semblants aspirés par le voile grisâtre de la circulation, les mots se perdaient lentement. De lourdes volutes de fumée drapaient l'horizon d'un dense rideau brumeux. En cette matinée, la vapeur goudronnée s'élevait, immuable, sans fin, mêlée de fatigue et de métal.
Les monstres d'aciers rugissaient à travers l'asphalte. Ils hurlaient en lente agonie, pâle reflet d'une société décadente.
« Et bien, tu vois, il se trouve que j'ai un rendez-vous important d'ici peu... Et puis, ça me divertit, en un sens.»
À mesure qu'il parlait, un sourire amusé semblait prendre vie sous l'obscur chapeau. Une impression légère, certes, mais qui s'échangea bien vite, volant de lèvre en lèvre. Un faible grognement prit sa suite. Rugueuse et puissante la première voix s'élevait à nouveau. Hésitante, en un sens, mal à l'aise sans doute. Un peu comme si l'indiscrétion était totalement déplacée en ces circonstances :
« Un rendez-vous ? C'est donc pour ça le costume... Je me demandais ce qui avait bien pu vous pousser à le mettre par cette chaleur.»
Écartant ses énormes bras, la montagne de muscles dévoila sa mince chemise blanche, impeccable. Ses manches retroussées semblaient prêtes à craquer.
« Un haut tout simple, poursuivit-il amusé, n'est peut être pas aussi classe, il est vrai, mais aurait largement pu suffire pour faire des affaires, vous ne pensez pas ?
— Effectivement.»
Surprise, et quelque peu frustrée par la réponse, aussi brève que sèche, une note piquée de curiosité retentit à nouveau :
« Ce n'est pas pour des affaires alors ? Un rendez-vous plus... personnel, peut-être ? Vous devriez faire attention. Vous savez, je pense que quelqu'un dans votre position ne peut pas se perm...
— Tu n'es pas payé pour penser, Marcus ! Trancha le concerné, la mâchoire crispée. On se connait depuis quelques années maintenant, je ne voudrais pas avoir à te remplacer !»
Un vent glacial balaya la discussion. Bien que pour deux raisons distinctes, les coeurs battaient en rythme, brulants d'une tension palpable. Un mur venait de tomber, laissant les klaxons poursuivre seuls leur épouvantable cacophonie.
Lawrence savait bien que cette montagne musclée disait vrai. Dans sa position, il ne pouvait pas se permettre de passer pour un sentimental. La moindre faiblesse pouvait causer sa perte, et c'est bien pour ça qu'il ne pouvait s'autoriser le plus petit écart.
Mais même si la crainte s'emparait de lui à l'idée de se retrouver ainsi coincé, acculé et criblé de menaces, dans l'obligation de passer la main ; il redoutait plus que tout de finir sa vie seul, sans rencontrer personne. Dire qu'il y a encore quelques années il hurlait de rire lorsqu'on lui parlait de fonder une famille...
Soupirant, il secoua la tête. Marcus avait tout compris lui, il ne lui en tiendrait pas rigueur. Alors, il inspira, et brisa le silence sur un ton plus complaisant :
« Parle-moi de ces gens, ceux que tu charges d'écouler ma marchandise.
— Et bien, entama l'autre d'une voix maintenant formelle, ce sont en majeur parti des jeunes junki pour la plupart ; chacun ayant son propre réseau de connaissance. Ils sont tous pareil, instables, mais c'est ce qui les rend si malléables : je les effraie facilement, jusqu'à les saisir totalement.
Pour les recruter ? Rien de plus simple qu'une somme d'argent mirobolante, la promesse d'un ascenseur à travers les échelons...
Mais rapidement je baisse leur marge de bénéfices, leur dette augmente, ils se mettent à consommer le produit pour oublier les tourments qu'ils subissent... Alors que je les tiens totalement ! Ils sombrent et ne comprennent plus ce qui leur arrive, travaillent à l'oeil des années pour rembourser ce qu'ils vous “doivent”. À ce stade-là, ils n'osent plus la moindre action par peur de ce qui arriverait. À eux...»
Marcus s'arrêta un instant, hésitant. Puis finalement, lâcha en un soupir : « ... ou a leur famille.»
La large avenue disparut au tournant d'une sombre ruelle. L'odeur pesante des gaz d'échappement laissa soudain place aux relents nauséabonds. Personne ne venait jamais ici. Les déchets s'entassaient en montagnes colossales, tapissant le sol d'une deuxième peau. Visqueuses, les ordures se mêlaient aux déjections humaines. Tout était balancé à la vas vite depuis le ponton au dessus de leur tête. Les sacs poubelles éventrées par leurs chutes déversaient alors leur répugnant contenus sur les dalles humides, tandis que, ivre, les hommes pissaient par dessus la rambarde, arrosant généreusement le tout d'une délicieuse urine bien fraiche.
Lawrence fronça les sourcils. Le gamin au fond de l'impasse attendait visiblement depuis un bon moment. C'était à se demander comment il n'avait pas fini assommé par la vapeur pestilentielle.
« Passe ma thune ! Lui aboya Marcus.»
Roulant des mécaniques, il bomba le torse, dominant totalement le jeune homme de sa taille fabuleuse. Lequel, ne put s'empêcher de reculer d'un pas, livide.
Tout était dit... Aussi simplement, ils avaient compris.
À l'ombre de son chapeau, Lawrence transperça le gamin d'un regard moqueur. Sa face se fendit d'un sourire narquois.
« Et qu'est-ce qu'il se passe lorsqu'ils ne paient pas ?
— C'est simple...»
Rayonnant, Marcus explosa, beuglant d'un rire sadique :
« Je les massacre !!!»
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