Je regarde l'heure sur mon portable, minuit. Je préfère ne pas répondre à Enola, je veux lui dire tout ce que je pense en face. Parfois le regard suffit vous savez. Je jette un œil sur la lune puis je remonte sur ma moto, j'ai une longue route qui m'attend ! Je démarre et j'emprunte tout de suite la bonne route pour Lyon, étonnant que je me sois pas trompé. Je dois être un prodige de la moto !

Cette fois pas de larmes ni de colère, juste moi, ma pensée et ma bécane. Je roule à fond sur l'autoroute et en l'instant d'une demie-seconde, un flot de pensées m'envahit, et là, je me remémore tout ce que j'ai vécut. Quand j'étais gosse, j'étais le petit gros dont tout le monde se foutait de sa gueule, j'avais des problèmes de prononciation, j'étais con, moche et tout le monde me rejetait.

Le destin m'a laissé une chance, une seule. En grandissant j'ai perdu toute ma cellulite et il m'a botté le cul avec Enola. Mais suis-je capable d'atteindre mes objectifs ? On ne peut pas changer quelqu'un, y'a rien de nouveau quand je dis ça. Je suis né pour être un rejeté alors pourquoi ça changerait ?

Je me rappelle aussi quand j'ai changé d'école, j'étais seul, j'avais plus aucun ami, j'étais le petit exclu de la société, celui qui n'écoutait rien en cours et qui se faisait taper sur les doigts quand il avait de mauvaises notes. Quant aux autres ? Tous ensembles, comme les maillons d'une chaîne. Vouloir devenir un Yes-Life c'est ne pas avoir confiance en sois. Et je n'ai jamais eut confiance en moi.

Parfois, on essaie de plaire à tout le monde, mais c'est pas forcément la meilleure chose à faire, certains n'en valent pas le coup, d'autre par contre sont indispensables pour une vie paisible, les bons amis se reconnaissent quand vous êtes dans la merde et généralement la solitude est votre partenaire idéal. Si je veux devenir Yes-life c'est pas pour la popularité, non c'est tout le contraire, c'est pour pouvoir profiter de ma vie, montrer qui je suis aux autres, leur donner ce que j'ai à revendre.

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Je sens que quelque chose se trame à coter de moi, je tourne la tête vers ma droite et je vois un camion qui me fonce droit de dessus. Je prends un coup de panique, je sens la circulation de mon sang qui se gèle en moi. Mon coeur se détache de ma poitrine et ma vue se disperse.. Puis d'un coup j'accelerre à fond, gros coup de speed, c'est avec un mètre vingt de distance que j'échappe à la mort !

Je reprends mon calme et ma traversée jusqu'à ce que ma moto ralentisse de plus en plus, je vois le compteur qui descend, descend, descend et s'arrête.. Je regarde le compteur d'essence, sec. Putain !!! Je me retrouve seul, à deux heure du mat' et à au moins 100 kilomètres de chez moi ! J'allume mon portable, batterie casi-vide. Bordel, le destin vient de m'abandonner.

Je regarde autour de moi et.. Rien.. Ah si attends y'a un truc qui bouge là-bas. Par curiosité je m'avance vers la silhouette avec mon véhicule, guidon en main et marche à pieds. Puis plus je me rapproche et plus cette ombre me parait étrange. Et puis là, l'ombre laisse place à un corps. Surtout que mon phare était allumé. Je vois Le Poney Posay, puis d'un coup il se tourne vers moi et me dit : ''Jaymlayblabla ~ ~ ''

Putain c'est quoi mon problème ? Je me frotte les yeux et et.. Et il a disparu Je me donne une petite tape sur la joue afin de me réveiller puis je prends mon guidon en main et je pousse ma moto à fond, j'ai plus de temps à perdre maintenant ! Pendant dix longues minutes je pousse mon véhicule de manière intensive, au moins maintenant j'ai plus froid et puis de toute façon dès que je pense à Enola je me sens intouchable.

A force de rester sur la route comme un con je prends le risque de me faire faucher par une voiture, mais j'ai pas le temps de réfléchir, il faut que j'avance, pour Enola, et pour les autres. Ca, je le raconterais à mes gosses plus tard ! Enfin bref, je continue ma route, à bout de souffle, putain de montées qui me crèvent. Je repense à elle et je ne sens plus rien. Je peux reprendre le service en forme.

Je refais une montée insupportable puis d'un coup je vois une forte lueur, c'est une voiture non ? Non je crois que c'est une.. UNE STATION ! Je reprends mon courage à deux mains, je cours encore cinq minutes avec mon véhicule et j'atteins la station. Je me dirige vers la pompe à essence et là je remarque que j'ai plus une thune sur moi.. Oh putain la poisse ! Je regarde autour de moi et là, je jette l'éponge.

Je m'assois sur ma moto deux minutes jusqu'à ce qu'une main me tape l'épaule. Je tourne la tête et vois un grand homme blond aux yeux bleus en train de s'occuper de ma moto, il me dit dans un Français accentué Allemand ''Ne t'inquiète pas je me charge de tout.''

Grâce à cet homme je suis rentré chez moi, et le pire c'est que je connais même pas son prénom ! Arrivé chez moi, crevé comme je sais pas quoi, je pose la moto dans le garage puis j'ouvre la porte d'entrée tout doucement, me dirige vers mon canapé pour me reposer deux secondes et là je vois Enola, assise en train de pleurer qui me regarde comme si j'étais un fantôme.

Putain j'aurais dut lui répondre en fait.