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The Fate of the Doctor


Par : Fallavier
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Prologue I


Publié le 11/01/2014 à 22:41:14 par Fallavier

1404. Pour certains, c'était l'année de la prise de Cardiff par notre bien-aimé prince Owen Glendower, pour d'autres, c'était seulement la quatrième année d'un nouveau siècle. Mais quoiqu'il ait pu se passer en 1404, je ne pouvais qu'assimiler cette année à un tournant dans ma vie. J'avais rencontré l'homme qui se faisait appeler le Docteur. L'homme qui changea ma vie.

*

Je n'étais alors qu'une jeune noble des Marches Galloises, la cadette de la famille. On vivait tous dans un modeste château bâti sur le sommet d'une colline. Oh, il fallait le voir ce château ! Même s'il n'était pas le plus grand et qu'il devait certainement faire pâle figure devant la Tour de Londres, notre petit château demeurait pour moi le lieu magnifique de mon enfance, avec ses arbres fruitiers et ses roses qui occupaient nos jardins. Je me souviens encore très bien du jour où je me promenais avec mon frère Edwen (c'est le frère que j'apprécie le plus, mais j'ai toujours préféré le cacher à Cerdic. Il l'aurait pris tellement mal, lui qui m'aimait tant !) et que nous nous étions assis au pied d'un arbre, à avaler par grandes bouchées les pommes que nous avions ceuillies en chemin. C'était tellement reposant que de me forcer à rire aux blagues discutables de mon frère tout en m'empiffrant de ces pommes, et tout cela sous le soleil radieux d'un après-midi de printemps !

Je me rappelle également des fois où j'épiais sournoisement Père, tranquillement en train de lire l'un de ses livres sur un banc de pierre du jardin. Je ne savais pas pourquoi je l'espionnais, peut-être mon frère Alwin m'avait-il inspiré, quand je l'avais surpris un jour en train d'épier furtivement Morgane, une fille noble qu'on avait recueillie chez nous après la mort de ses parents. Ces derniers avaient été emportés par la même maladie, et puisqu'ils étaient de vieux amis de la famille, Père a recueilli l'orpheline qu'était devenue Morgane. Alwin aimait cette jolie jeune fille depuis le jour où elle était arrivée. Et lorsque j'avais aperçu Alwin occupé à ses « observations », j'avais toussé pour montrer ma présence, avant de me faire sèchement chasser. J'aurais aimé qu'Alwin fût moins dur avec moi, mais il ne pouvait s'empêcher d'être méchant avec tous le monde, à part avec Père et Mère bien entendu, comme s'il se considérait comme un génie incompris. Eh bien, ce fut sûrement pour cela que Morgane préféra choisir mon frère Cerdic, l'aîné de la famille. Ils allaient bien ensemble. Furieux et le cœur brisé, Alwin, était parti du domaine familial vers quelque obscure destination. Je ne l'ai plus revu. Et, même si je détestais Alwin, c'était parce qu'il était parti que Cerdic et Morgane me faisaient grincer des dents, quand ils montraient leur bonheur devant tous comme si Alwin et son amour pour Morgane n'avaient jamais existé.

Quoiqu'il en soit, Père me découvrait toujours derrière les buissons et, après un soupir, il tapotait le banc, pour m'inviter auprès de lui. Il m'adressait toujours un sourire quand je venais à lui et, quand j'étais installée à ses côtés, il me lisait son livre. C'était ennuyeux toutes ses histoires sur notre pays, mais c'était les seuls moments que j'arrivais à partager seule à seul avec Père, qui passait pratiquement tout son temps dans sa chambre, à écrire et à lire. En plus de lettres, il m'avait confié qu'il écrivait également un livre de chroniques sur les Princes Gallois. Il espérait qu'un jour ces chroniques puissent intéresser un grand homme, voire même un futur Roi  ! Mais, malheureusement, la maladie emporta Père avant qu'il ne puisse achever l'écriture de son livre. On avait tous pleuré le jour où il était mort. Même Alwin s'était rejoint à Cerdic, Edwen, Mère et moi pour pleurer ensemble.

Oui, le château était magnifique. Pour moi, il était magnifique de par ses jardins mais également de par toute ma jeunesse qui s'y était passée. Pourquoi uniquement de par ma jeunesse ? Eh bien, depuis le jour de la mort de Père (j'avais treize ans, alors), j'avais l'impression que tout semblait s'effondrer autour de moi.

L'héritier devait désormais prendre la place du défunt seigneur pour s'occuper du château, aussi vis-je de moins en moins le charmant sourire de mon frère Cerdic. Il passait de plus en plus de temps dans son bureau, en train de s'occuper de l'administration de ses terres et de sa cour. Mère s'était tournée vers Dieu pour oublier son chagrin, et je me souviens avoir énormément pleuré le jour où elle s'était retiré au couvent. Je ne la revis plus jamais, elle non plus. Alwin tentait de demander la main de Morgane, mais, comme je le disais, Cerdic l'avait devancé et Alwin était parti, lui aussi. Ne restait quasiment plus qu'Edwen pour égayer mes journées. Il était toujours là pour moi, et il était plus mon ami que ne l'étaient toutes ces cruches de servantes qui venaient me parler seulement pour s'attirer des faveurs. Mais il y avait également William, pour me sentir moins seule.

William était arrivé au château quelques temps après la mort de Père. Quelques unes de nos servantes avaient trouvé cet homme presque à deux doigts de mourir (même s'il ne portait aucune blessure apparente, peut-être était-ce un coeur surmené qui le mettait dans cet état), couché dans la boue, près d'une forêt environnante où nombre de nos servantes allaient chercher des champignons pour les repas. On avait alors amené cet homme que personne ne connaissait chez nous, afin qu'il se rétablisse. On ne pouvait pas laisser quelqu'un mourir, même un parfait inconnu.

Quoiqu'il en soit, William était resté presque une semaine parmi nous. Il avait raconté à Cerdic qu'il n'était qu'un vulgaire chevalier errant, épuisé par les voyages qui l'avaient mené en Pays de Galles. C'était avant que Mère ne parte qu'il m'adressa la première fois la parole. Ce jour-là, je tentais tant bien que mal d'oublier les quelques insultes que m'avaient servies Alwin une heure plus tôt en me promenant dans les jardins, mais je n'étais parvenue qu'à me réfugier sous les branches d'un arbre pour pleurer. Mère se faisait plus distante, Alwin était de plus en plus colérique, je ne voyais presque plus Cerdic et Edwen était parti chasser avec notre cousin, ce qui m'avait laissé sans le moindre réconfort. Enfin, c'est ce que j'avais cru.

« Ma Dame. »

Je levai les yeux et vis Sire William devant moi, tenant dans sa main droite son étrange chapeau noir qu'il disait tenir de sa contrée. Essayant tant bien que mal d'essuyer mes larmes pour paraître plus présentable, je lui demandai d'une voix tremblante s'il s'était égaré. Après tout, avait-il une quelconque raison de venir aborder une pauvre fille en pleurs ?

« Pas vraiment, j'erre comme j'en ai l'habitude, m'expliqua-t-il, et j'ai même trouvé l'endroit idéal pour errer !
– Alors, commençai-je en m’éclaircissant la voix, ne pouvez-vous pas continuer à errer au lieu de venir déranger une dame dans ses affaires ?
– Quelles affaires ? Vous étiez en train de pleurer.
– Mais... pas du tout !
– Maintenant, dîtes-moi, ma Dame, aimez-vous votre famille ?
– Je ne pleurais pas ! Et en quoi cela vous intéresse, que j'aime ma famille ou non ? Nous avons eu la bonté de vous recueillir, alors ayez la bonté de me laisser tranquille, vous et vos questions idiotes !
– Certainement, mais aimez-vous votre famille ?
– Mais... bien sûr que j'aime ma famille !
– Vous perdriez toute raison de vivre, s'il arrivait malheur à chacun de vos frères et à votre mère, n'est-ce pas ?
– Certainement. Mais à quoi riment donc vos questions ?
– Je demandais seulement.
– Cerdic devrait vous prendre comme fou, cela m'étonne beaucoup que vous soyez chevalier.
– J'étais, ma Dame. Je n'ai plus de seigneur, maintenant.
– Que s'est-il donc passé, messire ?
– Eh bien... » Sire William soupira et vint s'asseoir auprès de moi. Il semblait réfléchir à ce qu'il allait me dire avant de poursuivre. « Originairement, je viens de l'Écosse, et j'y servais mon seigneur. Mais les troubles dans le pays l'ont mené à bien nombre de batailles, et il trouva donc la mort dans l'une d'entre elles. C'était une belle bataille. Enfin, pour mon pays. Je ne puis considérer une bataille comme belle lorsque j'y vois tomber mes compagnons et mon seigneur. Et aussi... »

Et il continua son histoire encore longtemps. Ainsi se passa cette journée-là. J'étais restée de longues heures assise auprès de William, à écouter son histoire pleine d'hésitations. J'eus comme le devoir de raconter également mon histoire à moi, pourquoi moi aussi j'étais aussi seule. Il m'écouta longtemps me plaindre toujours et encore d'une vie qui ne pouvait qu'être moins misérable que la sienne, aussi fus-je bien étonnée qu'il m'écoutât avec assiduité, sans me couper la parole la moindre fois. C'est ainsi que m'étais liée d'amitié avec ce pauvre chevalier errant qu'était Sire William.

Mais il repartit peu après notre rencontre, et je crus bien que je n'allais plus avoir personne pour me tenir compagnie à part Edwen. Mais William finissait toujours par revenir, remerciant à chaque fois mon frère Cerdic de l'avoir soigné et accueilli en son toit quelques mois auparavant. Lors de l'une de ses visites, qui ne duraient pas plus longtemps que trois jours, je le priai de bien vouloir offrir son épée à Cerdic, lequel, lui dis-je, serait ravi de l'accepter au sein de sa garde. Mais Sire William disait sans cesse qu'il n'y arriverait pas, car il ne supporterait pas de cracher sur la mémoire de son ancien seigneur en jurant allégeance en un autre seigneur. Je l'avais très mal pris, et je l'avais interdit de m'adresser la parole lors de sa visite suivante. Mais je n'arrivais pas à être fâché contre lui, l'un de mes seuls amis.

Ainsi se passèrent les années qui me menèrent en 1404 (j'avais dix-sept ans, alors), en attendant avec impatience les visites de mon ami Sire William, presque tous les trois mois, et à tromper l'ennui de mes mornes journées sans Père, Mère, Alwin et Cerdic avec mon frère Edwen.

Mais cette routine devait bien s'arrêter un jour, et elle s'arrêta en 1404, précisément le 23 juin.


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