Paul est revenu aujourd'hui. Sachant que c'est le dernier jour. J'ai intérêt à faire face à mes arrières. La façon dont il me regarde ne me dit rien qui vaille. Dehors il fait beau, et nous sommes coincé dans une classe sombre à regarder un film idiot.

Pour m'occuper, je viens de construire une sarbacane. Je m'apprête à tirer dans la nuque de Paul. Provocation délibéré de ma part, j'ai envie de hâter les choses. Je sais que de toute façon, je n'y couperais pas.

Justine me lance alors un regard sévère. Grillé. Elle pose sa main sur la mienne. Tant pis Paul attendra, je ne peux pas résister : je l'embrasse. Je me damnerais pour ses lèvres au goût de cerise !

La cloche sonne. Délivrance ! Enfin la fin ! Plus de cours, plus de lycée...

- Reste calme Jack ! Y a encore le bac. Me souffle Justine qui semble lire dans mes pensées.
- Oui Maman...

Je vais poser mon sac dans le casier puis retourne voir Justine.

- On mange en ville ?
- Désolé Jack mais je n'ai pas pris d'argent.
- Je t'invite.
- Non, je peux pas accepter.
- On est ensemble. On va pas se prendre la tête pour ça. On se fait un ptit restau sympa. Tant que tu commandes pas du caviar, ça va.
- D'accord alors.

Mes économies et petits boulots à droite, à gauche vont enfin me servir ! Je passe un agréable moment avec. Cette fille est parfaite, idéale. Comment ai-je pu vivre aussi longtemps sans elle ? Je suis complètement accro, dépendant. C'est ma dose d'héroïne. Je plane sans cesse.

Après le repas, elle m'emmène dans les magasins. Commence à s'extasier devant des robes hors de prix ! Que je lui promet d'offrir lorsque j'en aurais les moyens. Puis nous nous séparons, j'ai envie d'aller à la FNAC acheter des livres et elle continuer de faire les boutiques de vêtements. Elle reste une fille.


Je marche, la tête perdue dans mes pensées lorsque soudain on me tire le bras.

- Paul ? Ça faisait un bail !
- Tu croyais t'en sortir comme ça l'autiste ?
- Et si on devenait ami ?
- Tu te fous de ma gueule ? Je veux pas être ton ami ! T'as pas d'amis de toute façon.
- Mais j'ai une superbe copine. Tu la verrais... Son corps plantureux, son sourire divin. Et ses hanches...
- La ferme, je vais te cogner ! Elle devrait être avec moi. Ça va faire un an que je la drague.
- Et bien, investissement perdu.
- Je vais te défoncer l'autiste !
- Te gêne pas. On est en pleine rue. T'imagines le monde autour de toi. Tu veux vraiment risquer de me frapper ?
- Faut qu'on règle nos comptes.
- J'ai plus de monnaie.
- Mais tu vas arrêter de te foutre de moi !
- Pauvre Paul.
- Suis moi.

Je sais très bien que Paul va essayer de me massacrer. Il m'en veut tellement. Mais je suis trop fier pour baisser la tête devant lui. Je décide de le suivre. Il m'emmène dans un petit parc. Il y a juste un pauvre camé qui traîne.

J'enlève ma veste. Paul se met juste devant moi et fait craquer ses mains. Me battre va devenir une habitude.

Il cogne le premier. J'ai la mâchoire qui irradie soudainement. J'ai mal. Bon sang que j'ai mal.

Je tente de le toucher mais il esquive. Il y a de la hargne dans le regard. Je l'ai poussé à bout. Et se faire battre la dernière fois devant un de ses amis n'a pas arrangé les choses. J'ai beau essayé de le toucher, je n'y parviens pas. C'est tellement plus facile à la télé. Je continue de m'en prendre plein la tête.

Tain ! Je regrette que Ed ne soit pas là.

Un coup au ventre me coupe le souffle. Il en profite pour me balayer les jambes. Je tombe à terre, plié en deux. Je lève la tête vers lui et me prépare à lacer une attaque verbale. Seulement, il ne m'en laisse pas le temps. Son pied vole vers moi et m'explose la tête. Je sens le sang couler.

- Pauvre autiste de merde ! Je vais te crever enflure ! Et j'aurais cette salope de Justine !

Il vient d'insulter Justine. Je sens une rage que je n'imaginais pas me dévorer de l'intérieur. Je me lève et frappe. Je frappe. Sans cesse, frapper ! Je ne sens plus rien. Je frappe jusqu'à ne plus avoir de souffle.

- S'il te plaît... Arrête... Je laisse tomber...

Je commence à revenir à la raison. Paul vient de me supplier, il jette l'éponge. Je le regarde. Je ne m'étais même pas rendu compte que je l'avais mis à terre et que je continuais pourtant à le frapper. Mes sens reviennent peu à peu. J'ai le visage en feu, les mains explosés.

Je lui tourne le dos et vais ramasser ma veste. Je ne me retourne pas, j'en ai définitivement finit avec lui. J'ai vaincu. Je sais qu'il ne tenteras plus rien. Je viens de le démolir physiquement et psychologiquement. C'est une défaite totale pour lui.


Je rejoins Justine. Elle me regarde avec angoisse.

- T'as fait quoi ?
- Si je te dis que je suis tombé de nouveau dans les escaliers, tu vas pas me croire ?
- Tu vas bien ?
- J'irais mieux si tu m'embrasses.
- Mon pauvre.
- Je souffre beaucoup, je vais avoir besoin de réconfort.
- Je ne veux plus que tu te battes.
- Je te promets de pas recommencer. A moins d'y être forcé.

J'attrape sa main et attire Justine vers moi. En pleine rue, je commence une valse avec elle.




Je me sens invincible !