Je me réveille en entendant une sonnerie à la con. Je grogne et enfonce mon coussin sur ma tête. J'arrête aussitôt car ça me fait mal. J'avais oublié à quel point j'avais pris chère. La sonnerie s'arrête. Je pousse un soupir de soulagement. Puis quelques minutes après elle recommence ! Je pousse un juron, et je me rends compte que c'est mon portable qui sonne. Je décroche.

- Allô ?
- C'est Maman. Tu vas bien ?
- Maman, je t'ai déjà dis de pas te sentir obligé de m'appeler tous les soirs.
- Ça me fait plaisir.
- Je vais avoir 17 ans. Tu peux essayer de me laisser grandir quand même ?
- Tu vas bien ? Alors ta journée ? T'as eu des notes ? Vous avez mangé quoi à midi ?
- C'est un interrogatoire ?
- Oh, tu peux répondre à ta mère. T'as fais quoi aujourd'hui.
- Je me suis éclaté !
- C'est vrai ? Je suis contente pour toi.
- Moi aussi.

La conversation continue comme ça pendant une dizaine de minutes puis ma mère décide de me laisser travailler. Je me rassoit sur mon lit et regarde par la fenêtre. Oui, je me suis éclaté ! C'est le cas de le dire.

Il fait beau dehors. Soudain je me mets à pleurer. Je craque complètement. Je me laisse aller tant que je suis seul dans la chambre. Avant je m'étais toujours tenu à l'écart des gens pour éviter les embrouilles. Mais là, tout me tombait dessus d'un seul coup ! Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait.

Avoir une copine ? Pourquoi faire ? Des amis ? Pour me brouiller ensuite ? Parler avec les gens et risquer de vexe quelqu'un ? Très peu pour moi !

Mais d'un seul coup, j'ai l'impression de passer à côté d'un tas de chose. Je me rendais compte que ma vie était terne. Enfin terne jusqu'à présent.

Édouard entra dans la chambre. Il envoya son sac sur le lit du dessus puis me regarda.

- Ouch ! Chirurgie faciale ?
- Non, c'est l'histoire d'un mec qui prévient son meilleur ami qui va se faire frapper et le gars lui dit que c'est pas grave. Le mec se fait frapper, son meilleur ami n'est pas là. Il se fait démonter.
- On pourrait en faire un scènar !
- Tu veux le rôle principal ?
- Je suis désolé Jack. J'aurais du t'écouter.
- C'est pas grave. Tu pouvais pas imaginer.
- La prochaine fois, je serais avec toi ! Et on le démonteras le Paul !

Je ne réponds pas. Démonter Paul ? Je suis pas de nature violente. Que faire ? Je dois trouver un moyen de le battre à ma façon. Réussir à le ridiculiser sans devoir me battre à mains nues.

Je serre les dents. Demain il va falloir que je mène ma contre-offensive ! Demain, je vais le faire regretter !