La légende de Termina l : Moon Fall
Par : zebigboss70
Genre : Action , Fantastique
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 20
Le temple des horreurs
Publié le 05/03/13 à 11:49:58 par zebigboss70
Il ne me restait plus qu’une solution, avancer dans l’étroit corridor qui s’étendait en face de moi. Mes pas pressés résonnaient sur les dalles de couleur jaunâtre et peu accueillantes. Une fumée ocre sortait à intervalles réguliers des murs qui palpitaient, rendant la vision bien plus difficile. Le plafond, en pente douce, descendait de plus en plus bas, pour finalement se stabiliser à une hauteur approximative de cinquante centimètres. Un doux ronronnement me parvenait du sol.
Alors que j’arrivais à l’autre bout de l’antichambre, il me fallut ramper. Cette situation était certes peu confortable très dangereuse, mais c’était encore une fois la seule disponible. Je n’avais plus qu’à espérer ne pas me faire attaquer durant la partie du trajet que j’allais passer à plat ventre.
La progression était maintenant beaucoup plus lente, et j’eus le temps de m’habituer au voile gazeux qui limitait mon champ de vision. Cependant, je ne vis pas le piège qui m’était tendu, et tombai dans un trou béant, faisant ainsi une chute de plusieurs mètres.
L’atterrissage me coupa le souffle. Le choc de mon ventre contre la résine fut rude. Heureusement, ma tête ne tapa pas trop fort contre les dalles. A demi assommé, je restais un certain temps au sol. Puis, reprenant une respiration qui aurait pu être qualifiée de normale, je me relevai doucement, craignant un quelconque danger. Le plafond, maintenant à deux mètres du sol, me permettait de me mettre debout. C’était plus agréable, mais cela ne correspondait toujours pas à la vision - bien entendu idéalisée - que je me faisais d’un « temple du rêve ».
Jetant un regard circulaire, je vis que mes surprises ne s’arrêteraient pas là. La pièce dans laquelle je me trouvais, était cubique, avec plus ou moins deux mètres de côté. Les murs blanchis à la chaux étaient très sobres et de la lumière en émanait, ce qui m’étonna à peine. La trappe qui m’avait vicieusement piégée n’était plus là. A la place, se trouvait un œil blanc et laiteux, orné en son centre d’une petite croix rouge et maléfique. Ses longs cils clignaient de temps en temps. Je me sentais observé, et bizarrement, je me sentais observé par quelqu’un qui aurait dû être mort. « La sorcière, murmurai-je ».
Je m’approchai de la paroi la plus proche – ou plutôt celle qui me semblait la plus proche étant donné que j’étais au centre de ma cellule – prêt à tester sa solidité, mais soudain, une unique larme coula de l’œil en question. Lorsqu’elle rencontra le sol avec violence, elle éclata et quatre Lizalfos apparurent, générés par les multiples gouttes qui avaient aspergées le sol, formant de toutes petites flaques çà et là.
Ils étaient grand, et étonnamment voûtés, leur dos avait une forme impressionnante, et leur donnait un aspect féroce. Leurs écailles bleutées, étincelaient tels des lapis-lazuli de forme triangulaire. Tandis que des crocs blancs comme l’ivoire dépassaient légèrement de leur gueule crocodilienne, les dagues qu’ils portaient à la main témoignaient d’une technologie ne datant pas totalement de la préhistoire. Le rythme sur lequel ils se mouvaient de gauche à droite m’hypnotisait, et je dû secouer la tête en me tenant les tempes pour sortir de mon état second. J’avais enfin droit à un peu d’action. J’allais largement pouvoir me défouler.
Le quatuor d’ennemis me faisant face, je remarquai que chaque lézard était une copie parfaite des trois autres, des clones en quelque sorte. Ils se ressemblaient comme quatre gouttes d’eau, c’était le cas de le dire.
Ils ressemblaient de loin à leurs vieux rivaux les Dinolfos, mais paraissaient plus rapides, plus athlétiques, et plus vicieux de près. En effet, leurs yeux sans paupières ne cillaient jamais, évoquant une détermination ainsi qu’une audace à toute épreuve. La bosse qui les surmontait au niveau du bas de la nuque rappelait vaguement celle d’un tigre. Les pattes arquées, ils paraissaient aussi féroces que dangereux. Les griffes félines qui ornaient une paire main batraciennes étaient courtes et rétractables. Leur étrange coloration ne me surprit pas tant que ça. Une grossière erreur de ma part : elle apportait une grosse différence, et une grosse difficulté.
Le spectacle qui s’offrait à moi était d’une dangereuse beauté, tout relevait du rêve, pourtant, c’était un cauchemar que j’étais en train de vivre.
Au moment où l’un deux croassa en faisant enfler sa gorge, je compris que c’était le signal qu’ils attendaient : ils passèrent à l’attaque, tous à la fois, ne réfléchissant même pas avant d’agir. C’était stupide de leur part, et j’avais la curieuse impression qu’ils voulaient se mettre en danger. C’était un comportement très étrange de la part de l’une des plus dangereuses espèces d’Hyrule.
Me baissant au dernier moment, j’évitai de justesse les lames à double tranchant qui émirent un sifflement aigu en passant au dessus de mon crâne exposé. Contre-attaquant avec la pointe mortellement aiguisée de l’épée de légende, je transperçai un cœur un peu trop vivant à mon goût, puis, emporté dans mon élan, je tranchai une gorge qui passa un peu trop près.
A deux contre un, c’était tout de suite mieux. « Facile, pensais-je ». Malheureusement, la particularité de cette espèce – si du moins c’en était une - apparut. Je tenais mes ennemis à distance à force de grands mouvements d’Excalibur, lorsque deux larmes éclatèrent à mes pieds, libérant huit autres reptiles démoniaques.
Le globe oculaire qui me dominait générait ainsi les monstres dont il semblait pleurer la perte. La solution était sûrement de le crever. Simple à dire, mais pas à faire.
J’exécutai donc une puissante attaque circulaire, puis tentai de sauter pour pourfendre la pupille d’une coloration sanguine. Je pensais pouvoir y arriver jusqu’à ce qu’une force invisible et incontournable me remette les deux pieds sur terre. Apparemment, j’étais manipulé ET observé. Ça commençait à faire un tout petit peu trop.
Reprenant mon esprit, j’eus juste le temps d’esquiver une dague, qui se planta dans le mur derrière moi, pénétrant entièrement. Maintenant face à trente-six adversaires il me fallait plus de place pour me mouvoir, ou ne serait-ce que pour augmenter mes chances de survie. Il me fallait aussi du temps pour agrandir la salle.
Tandis que j’apposais l’une de mes mains sur la paroi lisse et lumineuse qui se dressait de toute sa hauteur derrière moi, je me battais vaillamment de l’autre, préservant mon corps des multiples tranchants.
Puisant dans la magie du vieux Panple, je réussis, dans un éclair tout de rouge coloré à élargir la pièce sur dix mètres de côté. Pour m’en sortir, il fallait encore trouver une stratégie. Bien entendu, je ne comptais pas mourir à ce stade de ma quête.
Une flèche ! Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ?! Cela semblait pourtant évident. Sortant mon bon vieil arc des fées de son étui, je tendis son unique corde pour pouvoir entendre encore une fois le son mélodieux qu’il produisait. Ma cible n’était pas très haute et je n’aurais aucun mal à la toucher. Bandant le morceau de bois qui paraissait maintenant faire partie intégrante de mon corps, je visai le centre de l’œil magique. Malheureusement pour moi, le projectile manqua son but, lui aussi détourné de son objectif initial.
Petit à petit, la salle fut surpeuplée, et le sol inondé de liquide écarlate et chaud. Tandis que les formes reptiliennes ne cessaient de se fendre, de sauter, d’esquiver tantôt habilement tantôt maladroitement, un déluge de larme m’arrosait.
Tout avait l’air perdu mais je n’allais quand même pas lâcher le morceau ! Ce fut judicieux de ma part, car alors que le bout d’un de coutelât pénétrait la chair de mon bras droit, je me réveillai en sursaut…
Vérifiant ma blessure, je vis qu’elle était bien réelle. Par contre, j’étais à présent allongé par terre. Le choc de l’atterrissage avait dut m’assommer, et l’atmosphère malsaine était à l’origine de tout le reste.
« Commençons par le plus important, pensais-je, je dois m’occuper de ma plaie. » Cherchant la magie dans le vaste complexe qu’était mon esprit, je fis par faire apparaître une flammèche bleutée à la surface de la coupure. Celle-ci était assez profonde, et me faisait perdre pas mal de sang, de plus, le biceps était touché. J’attendis quelques minutes, et fus très étonné de voir qu’elle ne cicatrisait pas. C’était à coup sûr l’œuvre d’un poison quelconque. Ne pouvant faire plus pour le moment, je déchirais un bout de ma tunique pourpre, et pansais mon membre endolorit.
Ce temple était un vrai cauchemar. L’esprit tout embrumé, je me mis à la perpendiculaire du sol une seconde fois, puis levai les yeux pour m’assurer que l’œil n’était pas réel.
Une fois rassuré, j’examinais la pièce. Elle était très longue mais pas très large. Les murs d’une coloration bleue et cristalline étaient apparemment les mêmes que ceux du temple de la forteresse de pierre, taillés dans du saphir à l’état brute. Le sol, toujours en ambre, me révéla alors un spectacle qui fini de m’achever.
A mes pieds se trouvait effectivement le cadavre de mon père. Il tendait une main vers moi et sa bouche ouverte exprimait un cri silencieux. Son ultime mouvement, figé dans la matière solide et légèrement transparente donnait plus d’ampleur à la scène.
Ses cheveux coupés court étaient dressés sur sa tête. Son visage crispé témoignait de l’intense douleur qu’il avait éprouvé lors de sa mort. C’est alors que je remarquai ses viscères. Éparpillées autour de lui, elles étaient noires, et tâchaient ses vêtements. C’était vraiment horrible à voir, mais avant tout, c’était énormément sadique de lui avoir fait subir un tel sort.
M’avançant vers lui pour lui rendre hommage, j’aperçus soudain un autre corps : celui de ma mère, cette fois. Dans la même position, sa cage thoracique était déchiquetée, et laissait apparaître son cœur, dont la paroi gauche était ouverte. Ses cheveux, eux aussi dressés étaient plus qu’effrayants, ils étaient cadavériques.
A coté d’elle, mes deux sœurs, enlacées. Elles avaient toutes deux le crâne ouvert, et la gorge tranchée. Inutile de préciser qu’elles ne ressemblaient à rien d’humain, même de très loin.
Mon chagrin s’évacua lentement sous forme de larmes. Celles-ci brillaient légèrement de toutes les couleurs imaginables, avant de s’écraser avec force sur le sol dans un « ploc » sinistre. La haine me dévorait, mais avant tout, il fallait que je finisse mon deuil, cela pouvait durer très peu de temps, comme une éternité. La plupart des êtres qui m’étaient chers gisaient à mes pieds, mais ne jouissaient par pour autant de la sépulture qu’ils méritaient.
Puisant dans les forces qui me quittaient, je gravai au-dessus de leurs corps gravement mutilés une courte épitaphe :
« Ci gisent Marie, Pierre, Capucine et Jeanne Grandit*. Que leur souvenir reste à jamais gravé dans nos mémoires, que leur mort prématurée soit vengée, et que leurs Âmes reposent en paix. »
En face de moi se dessinait une porte, son encadrement en bois contrastait avec sa consistance métallique. Surmontant ma tristesse, j’évacuais ma rage en l’ouvrant d’une manière assez insolite : Je la fis sortir rapidement et efficacement de ses gonds, un seul coup de pied suffit. De toute façon, j’aurais le temps de me recueillir après. Je savais que si je continuais à progresser dans cet endroit maudit, je pourrais peut-être me venger. A coup sûr celui qui avait fait cela allait crever. Lentement… douloureusement, j’allais le faire souffrir en prenant plaisir à le regarder perdre la vie.
Une boucherie se préparait… Continuant mon chemin, je me surpris soudain à marcher sur de la glace. A cent mètres de là, une autre ouverture donnait sur une salle apparemment luxueuse. Pour y accéder, il encore fallait-il ne pas briser la fine couche solide qui me soutenait.
Je savais comment faire, mais ce n’était pas aisé. Je me baissai, et essayais d’étaler mon poids sur toute la surface disponible. Ainsi rampant, mes effort ne se virent cependant pas couronnés : peu de temps après, une fissure apparut, puis une deuxième.
Oubliant toutes précautions, vitales ou non, je me remis sur mes deux jambes et courus le plus vite que je pouvais. Mais le destin jouait contre moi, et aujourd’hui encore, je ne connais personne ayant réussi à gagner contre un tel adversaire.
Ce fut donc dans un grand « plouf » que mon corps s’immergea dans le liquide glacial. Tandis que j’essayais vainement de nager, mes membres engourdis par la froid perdirent peu à peu leurs forces, l’eau vampirisait le peu d’énergie qui restait dans mes muscles.
Je n’étais cependant pas mauvais perdant. J’allais me laisser flotter jusqu’à l’autre rive, lorsqu’une forme apparut à mes côtés, je la reconnu bientôt : c’était une Physalia physalis…
*pure invention de ma part
Alors que j’arrivais à l’autre bout de l’antichambre, il me fallut ramper. Cette situation était certes peu confortable très dangereuse, mais c’était encore une fois la seule disponible. Je n’avais plus qu’à espérer ne pas me faire attaquer durant la partie du trajet que j’allais passer à plat ventre.
La progression était maintenant beaucoup plus lente, et j’eus le temps de m’habituer au voile gazeux qui limitait mon champ de vision. Cependant, je ne vis pas le piège qui m’était tendu, et tombai dans un trou béant, faisant ainsi une chute de plusieurs mètres.
L’atterrissage me coupa le souffle. Le choc de mon ventre contre la résine fut rude. Heureusement, ma tête ne tapa pas trop fort contre les dalles. A demi assommé, je restais un certain temps au sol. Puis, reprenant une respiration qui aurait pu être qualifiée de normale, je me relevai doucement, craignant un quelconque danger. Le plafond, maintenant à deux mètres du sol, me permettait de me mettre debout. C’était plus agréable, mais cela ne correspondait toujours pas à la vision - bien entendu idéalisée - que je me faisais d’un « temple du rêve ».
Jetant un regard circulaire, je vis que mes surprises ne s’arrêteraient pas là. La pièce dans laquelle je me trouvais, était cubique, avec plus ou moins deux mètres de côté. Les murs blanchis à la chaux étaient très sobres et de la lumière en émanait, ce qui m’étonna à peine. La trappe qui m’avait vicieusement piégée n’était plus là. A la place, se trouvait un œil blanc et laiteux, orné en son centre d’une petite croix rouge et maléfique. Ses longs cils clignaient de temps en temps. Je me sentais observé, et bizarrement, je me sentais observé par quelqu’un qui aurait dû être mort. « La sorcière, murmurai-je ».
Je m’approchai de la paroi la plus proche – ou plutôt celle qui me semblait la plus proche étant donné que j’étais au centre de ma cellule – prêt à tester sa solidité, mais soudain, une unique larme coula de l’œil en question. Lorsqu’elle rencontra le sol avec violence, elle éclata et quatre Lizalfos apparurent, générés par les multiples gouttes qui avaient aspergées le sol, formant de toutes petites flaques çà et là.
Ils étaient grand, et étonnamment voûtés, leur dos avait une forme impressionnante, et leur donnait un aspect féroce. Leurs écailles bleutées, étincelaient tels des lapis-lazuli de forme triangulaire. Tandis que des crocs blancs comme l’ivoire dépassaient légèrement de leur gueule crocodilienne, les dagues qu’ils portaient à la main témoignaient d’une technologie ne datant pas totalement de la préhistoire. Le rythme sur lequel ils se mouvaient de gauche à droite m’hypnotisait, et je dû secouer la tête en me tenant les tempes pour sortir de mon état second. J’avais enfin droit à un peu d’action. J’allais largement pouvoir me défouler.
Le quatuor d’ennemis me faisant face, je remarquai que chaque lézard était une copie parfaite des trois autres, des clones en quelque sorte. Ils se ressemblaient comme quatre gouttes d’eau, c’était le cas de le dire.
Ils ressemblaient de loin à leurs vieux rivaux les Dinolfos, mais paraissaient plus rapides, plus athlétiques, et plus vicieux de près. En effet, leurs yeux sans paupières ne cillaient jamais, évoquant une détermination ainsi qu’une audace à toute épreuve. La bosse qui les surmontait au niveau du bas de la nuque rappelait vaguement celle d’un tigre. Les pattes arquées, ils paraissaient aussi féroces que dangereux. Les griffes félines qui ornaient une paire main batraciennes étaient courtes et rétractables. Leur étrange coloration ne me surprit pas tant que ça. Une grossière erreur de ma part : elle apportait une grosse différence, et une grosse difficulté.
Le spectacle qui s’offrait à moi était d’une dangereuse beauté, tout relevait du rêve, pourtant, c’était un cauchemar que j’étais en train de vivre.
Au moment où l’un deux croassa en faisant enfler sa gorge, je compris que c’était le signal qu’ils attendaient : ils passèrent à l’attaque, tous à la fois, ne réfléchissant même pas avant d’agir. C’était stupide de leur part, et j’avais la curieuse impression qu’ils voulaient se mettre en danger. C’était un comportement très étrange de la part de l’une des plus dangereuses espèces d’Hyrule.
Me baissant au dernier moment, j’évitai de justesse les lames à double tranchant qui émirent un sifflement aigu en passant au dessus de mon crâne exposé. Contre-attaquant avec la pointe mortellement aiguisée de l’épée de légende, je transperçai un cœur un peu trop vivant à mon goût, puis, emporté dans mon élan, je tranchai une gorge qui passa un peu trop près.
A deux contre un, c’était tout de suite mieux. « Facile, pensais-je ». Malheureusement, la particularité de cette espèce – si du moins c’en était une - apparut. Je tenais mes ennemis à distance à force de grands mouvements d’Excalibur, lorsque deux larmes éclatèrent à mes pieds, libérant huit autres reptiles démoniaques.
Le globe oculaire qui me dominait générait ainsi les monstres dont il semblait pleurer la perte. La solution était sûrement de le crever. Simple à dire, mais pas à faire.
J’exécutai donc une puissante attaque circulaire, puis tentai de sauter pour pourfendre la pupille d’une coloration sanguine. Je pensais pouvoir y arriver jusqu’à ce qu’une force invisible et incontournable me remette les deux pieds sur terre. Apparemment, j’étais manipulé ET observé. Ça commençait à faire un tout petit peu trop.
Reprenant mon esprit, j’eus juste le temps d’esquiver une dague, qui se planta dans le mur derrière moi, pénétrant entièrement. Maintenant face à trente-six adversaires il me fallait plus de place pour me mouvoir, ou ne serait-ce que pour augmenter mes chances de survie. Il me fallait aussi du temps pour agrandir la salle.
Tandis que j’apposais l’une de mes mains sur la paroi lisse et lumineuse qui se dressait de toute sa hauteur derrière moi, je me battais vaillamment de l’autre, préservant mon corps des multiples tranchants.
Puisant dans la magie du vieux Panple, je réussis, dans un éclair tout de rouge coloré à élargir la pièce sur dix mètres de côté. Pour m’en sortir, il fallait encore trouver une stratégie. Bien entendu, je ne comptais pas mourir à ce stade de ma quête.
Une flèche ! Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ?! Cela semblait pourtant évident. Sortant mon bon vieil arc des fées de son étui, je tendis son unique corde pour pouvoir entendre encore une fois le son mélodieux qu’il produisait. Ma cible n’était pas très haute et je n’aurais aucun mal à la toucher. Bandant le morceau de bois qui paraissait maintenant faire partie intégrante de mon corps, je visai le centre de l’œil magique. Malheureusement pour moi, le projectile manqua son but, lui aussi détourné de son objectif initial.
Petit à petit, la salle fut surpeuplée, et le sol inondé de liquide écarlate et chaud. Tandis que les formes reptiliennes ne cessaient de se fendre, de sauter, d’esquiver tantôt habilement tantôt maladroitement, un déluge de larme m’arrosait.
Tout avait l’air perdu mais je n’allais quand même pas lâcher le morceau ! Ce fut judicieux de ma part, car alors que le bout d’un de coutelât pénétrait la chair de mon bras droit, je me réveillai en sursaut…
Vérifiant ma blessure, je vis qu’elle était bien réelle. Par contre, j’étais à présent allongé par terre. Le choc de l’atterrissage avait dut m’assommer, et l’atmosphère malsaine était à l’origine de tout le reste.
« Commençons par le plus important, pensais-je, je dois m’occuper de ma plaie. » Cherchant la magie dans le vaste complexe qu’était mon esprit, je fis par faire apparaître une flammèche bleutée à la surface de la coupure. Celle-ci était assez profonde, et me faisait perdre pas mal de sang, de plus, le biceps était touché. J’attendis quelques minutes, et fus très étonné de voir qu’elle ne cicatrisait pas. C’était à coup sûr l’œuvre d’un poison quelconque. Ne pouvant faire plus pour le moment, je déchirais un bout de ma tunique pourpre, et pansais mon membre endolorit.
Ce temple était un vrai cauchemar. L’esprit tout embrumé, je me mis à la perpendiculaire du sol une seconde fois, puis levai les yeux pour m’assurer que l’œil n’était pas réel.
Une fois rassuré, j’examinais la pièce. Elle était très longue mais pas très large. Les murs d’une coloration bleue et cristalline étaient apparemment les mêmes que ceux du temple de la forteresse de pierre, taillés dans du saphir à l’état brute. Le sol, toujours en ambre, me révéla alors un spectacle qui fini de m’achever.
A mes pieds se trouvait effectivement le cadavre de mon père. Il tendait une main vers moi et sa bouche ouverte exprimait un cri silencieux. Son ultime mouvement, figé dans la matière solide et légèrement transparente donnait plus d’ampleur à la scène.
Ses cheveux coupés court étaient dressés sur sa tête. Son visage crispé témoignait de l’intense douleur qu’il avait éprouvé lors de sa mort. C’est alors que je remarquai ses viscères. Éparpillées autour de lui, elles étaient noires, et tâchaient ses vêtements. C’était vraiment horrible à voir, mais avant tout, c’était énormément sadique de lui avoir fait subir un tel sort.
M’avançant vers lui pour lui rendre hommage, j’aperçus soudain un autre corps : celui de ma mère, cette fois. Dans la même position, sa cage thoracique était déchiquetée, et laissait apparaître son cœur, dont la paroi gauche était ouverte. Ses cheveux, eux aussi dressés étaient plus qu’effrayants, ils étaient cadavériques.
A coté d’elle, mes deux sœurs, enlacées. Elles avaient toutes deux le crâne ouvert, et la gorge tranchée. Inutile de préciser qu’elles ne ressemblaient à rien d’humain, même de très loin.
Mon chagrin s’évacua lentement sous forme de larmes. Celles-ci brillaient légèrement de toutes les couleurs imaginables, avant de s’écraser avec force sur le sol dans un « ploc » sinistre. La haine me dévorait, mais avant tout, il fallait que je finisse mon deuil, cela pouvait durer très peu de temps, comme une éternité. La plupart des êtres qui m’étaient chers gisaient à mes pieds, mais ne jouissaient par pour autant de la sépulture qu’ils méritaient.
Puisant dans les forces qui me quittaient, je gravai au-dessus de leurs corps gravement mutilés une courte épitaphe :
« Ci gisent Marie, Pierre, Capucine et Jeanne Grandit*. Que leur souvenir reste à jamais gravé dans nos mémoires, que leur mort prématurée soit vengée, et que leurs Âmes reposent en paix. »
En face de moi se dessinait une porte, son encadrement en bois contrastait avec sa consistance métallique. Surmontant ma tristesse, j’évacuais ma rage en l’ouvrant d’une manière assez insolite : Je la fis sortir rapidement et efficacement de ses gonds, un seul coup de pied suffit. De toute façon, j’aurais le temps de me recueillir après. Je savais que si je continuais à progresser dans cet endroit maudit, je pourrais peut-être me venger. A coup sûr celui qui avait fait cela allait crever. Lentement… douloureusement, j’allais le faire souffrir en prenant plaisir à le regarder perdre la vie.
Une boucherie se préparait… Continuant mon chemin, je me surpris soudain à marcher sur de la glace. A cent mètres de là, une autre ouverture donnait sur une salle apparemment luxueuse. Pour y accéder, il encore fallait-il ne pas briser la fine couche solide qui me soutenait.
Je savais comment faire, mais ce n’était pas aisé. Je me baissai, et essayais d’étaler mon poids sur toute la surface disponible. Ainsi rampant, mes effort ne se virent cependant pas couronnés : peu de temps après, une fissure apparut, puis une deuxième.
Oubliant toutes précautions, vitales ou non, je me remis sur mes deux jambes et courus le plus vite que je pouvais. Mais le destin jouait contre moi, et aujourd’hui encore, je ne connais personne ayant réussi à gagner contre un tel adversaire.
Ce fut donc dans un grand « plouf » que mon corps s’immergea dans le liquide glacial. Tandis que j’essayais vainement de nager, mes membres engourdis par la froid perdirent peu à peu leurs forces, l’eau vampirisait le peu d’énergie qui restait dans mes muscles.
Je n’étais cependant pas mauvais perdant. J’allais me laisser flotter jusqu’à l’autre rive, lorsqu’une forme apparut à mes côtés, je la reconnu bientôt : c’était une Physalia physalis…
*pure invention de ma part
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