Chapitre 6

Je réalise qu’en un jour, un lundi, hier, ma vie a radicalement changé. Mon habituel quotidien a été effacé du disque dur de la vie. Imaginez, vous perdez votre sauvegarde sur Oblivion après près de 300h de jeu, et bien là c’est presque pareil . Sauf que c’était presque 17 ans d’une vie. Tiens on est le 1er février aujourd’hui. Et mon anniversaire dans 13 jours, encore une Saint-Valentin tout seul, un anniversaire sans cadeau (ou une lettre piégée d’explosifs par mon père à la limite ), c’est très réjouissant tout ça ! Mais je déprimais bien avant d’apprendre que j’allais partir en internat hier, maintenant je me demande comment cette nouvelle vie va-t-elle influer sur mes prochains jours, c’est simple, soit je me jette sous un semi, soit j’essaye de vivre.

Dans le train, je me permets une sieste pout terminer mon somme sur le quai. J’ai rêvé de choses bizarres, de gens que je connaissais mais avec qui j’entretenais des relations différents du réel, par exemple j’avais une copine, c’était Line, une fille que j’appréciais beaucoup, mais inaccessible .
Bref, je me réveille à 11h, et là j’entends un gros bruit, tout le monde s’arrête de bouger dans le train et me regarde ! Mais … c’est mon ventre !!! Je n’ai pas mangé depuis lundi matin à 7h, soit plus d’un jour sans rien avaler, et je fais pas le ramadan moi . Mais j’avais pensé à prendre un sandwich fromage/bacon/beurre, ça va me rassasier ! Et en dessert, une pom’pot … fake, j’ai rien d’autre . Je vous passe les détails, je finis de manger puis jusqu’à mon arrivée à Paris je demeure très pensif, très excité à l’idée de ce nouveau lycée aussi. Mais ce qui m’inquiète, c’est que j’ai peur de tomber dans un lycée genre en ZEP (Zone d’éducation prioritaire). Mais je me dis que je suis en 1ère S et que j’ai peu de chances de tomber avec des wesh remarque. J’admire le paysage en ville, ça fait bizarre ça change de mon bled, j’ai toujours voulu habiter en ville, tu te fais chier à la campagne, y a rien, à part des vaches et quelques cochons … Et un curé . Voir les centres commerciaux, les grands bâtiments, la foule qui marche dans la rue, ce parfum de renaissance pour moi est très agréable et trace un sourire sur mon visage.

Ça y est on est à la gare, sauf que je n’ai aucune idée de l’endroit où je dois aller. Je n’avais reçu aucun coup de téléphone de mon oncle, je n’avais pas son numéro, je ne sais pas où il habite, bref, je ne vais pas faire l’excité et gueuler « Hubeeeeeert !!! » devant tous ces gens je vais non seulement me taper la honte mais en plus les vigiles vont me botter le cul ! Bref, je me cale sur un banc, et j’attends. J’observe autour de moi mais rien, mes parents, enfin mes ex-parents n’ont peut-être pas prévenu mon oncle de l’heure à laquelle j’arrivais. Moue, si c’est le cas, alors non seulement c’est vraiment des cons, mais en plus je vais faire comment moi hein ? La dernière fois que je suis allé à Paris c’était en CM2 . J’attends donc une heure, mais au bout du compte je me décidé à sortir de la gare, tant pis, je vais improviser, je vais demander de l’aide aux passants. Il faudrait que je trouve l’adresse et que je demande un taxi, tiens j’ai été intelligent là ! Mais l’adresse je la trouve où … Genre j’ai fait le voyage avec un annuaire ! Bon ok, j’appelle le 118 218.

118 218 : Service 118-218 Bonjour
Moi : Salut, euh j’aurais aimé avoir le numéro de quelqu’un que je connais mais …
118 218 : Votre appel va être pris en compte par le service correspondant, merci de patienter !
Moi : Ben voyons, vous croyez que j’ai que ça à …
« Musique gay en attendant que ça réponde »

118 218 : 118 218 Bonjour.
Moi : Ah enfin … Salut, euh j’aurais aimé obtenir l’adresse d’un certain Hubert ***** si possible, il s’agit de mon oncle mais je n’ai pas d’annulaire .
118 218 : Il vous manque un doigt ?
Moi : Vous me le donner cette adresse ou je vous raconte ma life ?
118 218 : D’accord d’accord … alors il s’agit de l’Avenue Fleur des Champs, immeuble n°11, appartement 118, 9ème étage.
Moi : Bien, merci beaucoup, vous me sauvez la vie !
118 218 : Et votre doigt ?
*Raccroche

J’ose même pas regarder le forfait qu’il me reste, m’enfin je recharge dans 3 jours normalement. Putain j’y pense, j’espère que mes parents vont pas me le couper Bon on verra ça plus tard. Maintenant, …

Moi : Taxiiiiiii
Passant : Ta gueule c’est le mien
Moi : Ah ok …

Moi : Taxiiiiii … ah mince je t’avais pas vu désolé (une charmante créature en attendait également un !)
Fille : Non non vas-y après toi
Moi : Euh je … merci

Comprenez-moi, je portais mon sac depuis déjà un certain temps, et il me tardait de rentrer ! Si j’étais dans un RPG j’aurais eu – 10 en galanterie m’enfin OSEF .

Moi : Bonjour, l’Avenue Fleur des Champs, immeuble n°11, appartement 118, 9ème étage s’il vous plaît.
Chauffeur : Je t’emmène dans la rue, mais tu te démerdes pour monter les escaliers après non mais oh.
Moi : Euh oui oui …

Quel crétin, j’ai lu ce que j’avais de marquer sur la main comme un autiste

Après une bonne demi-heure de trajet sans mot dire, me voilà arrivé.

Moi : Merci au revoir
Chauffeur : Tu n’oublies rien ?
Moi : Euh … un croustibat ?
Chauffeur : Hein ? Tu me dois 40€ jeune homme.
Moi : En France on est vraiment des voleurs …
Chauffeur : Ou des radins, ça dépend de quelle côté on se place.
Moi : Pfff allé tiens, sale racl’

Il me restait 80€, ça fait bien mal de payer le tiers de ce que j’avais pour 30 minutes de taxi, mais au moins j’étais devant le bon immeuble. Là, je me rends compte que l’interphone est HS, et que la porte ne s’ouvre pas. Ben, vous êtes bien gentils mais je vais pas escalader 9 étages moi, je suis pas un Yamakasi Ah tiens un jeune qui arrive à l’entrée, il me salue, et me demande :

??? : Qu’est- ce que tu cherches ?
Moi : Ben je sais pas comment on entre.
??? : Suffit d’appuyer sur le gros bouton et de tirer la porte en même temps !
Moi : Ah effectivement, j’y aurais pas pensé tout seul.
???: Tu es nouveau ?
Moi : Ben j’emménage chez mon oncle en fait.
??? : Hubert ? Du 118 ?
Moi : Oui, tu le connais ?
???: Ah tu m’étonnes, il est bizarre mais super sympa, on a fait des nuits blanches au Poker avec des potes ! J’habite juste en face, au 115, je t’accompagne si tu veux. Tu t’appelles comment ?
Moi : Ben David, et toi ?
???: Anthony, allé viens on monte fait froid là !

Tiens ça m’a rassuré de rencontrer quelqu’un comme ça alors que je viens juste d’arriver. Anthony doit avoir 19-20 ans, il a la tête d’un jeune sympa, fêtard (cernes spotted), sans doute un étudiant. Il a des lunettes mais il n’a pas une sale tête. Des cheveux assez courts, une petite moustache, à peu près ma taille (1m85 quoi), fringué pas trop riche, à noter qu’il porte des Converses . Bref, arrivé au bon étage (le dernier en fait !), en ascenseur (heureusement …), je me retrouve devant la porte de ce qui sera ma nouvelle maison, bien que je n’y serai pas souvent, je me pose mille et une questions sur mon oncle, sa compagne, seront-ils sympas ? Autoritaires ? Comment ça va se passer ? Anthony me salue, et, le cœur battant, je frappe à la porte.