Lorsque je rouvris mes yeux, je vis que j'étais allongé dans la pénombre dans une chambre inconnue.
En tâtant à l'aveuglette, je réussis à trouver et à allumer la lampe de chevet. L'horloge indiquait deux heures et demi.

Je me levai du lit qui n'était même pas défait. Je vis un cadre sur la table. C'était une photo d'Emilie et Etienne.
Qui fait encadrer des photos de nos jours ? Cette image devait représenter beaucoup pour elle. J'aurais pu être en colère, ou être jaloux, mais j'étais juste las de ces histoires. Il fallait juste que je retrouve Chloé pour l'instant.

Mais à quoi il pensait cet abruti ? Il pensait vraiment que me frapper m'arrêterait ? Ou que je n'arriverais pas à expliquer pourquoi Emilie m'avait embrassé devant elle ? Ridicule, tout cela se résoudrait par un simple appel ou une rencontre avec elle.

Alors que je me dirigeais vers la sortie, Emilie entra, une couverture sous les bras.
- Tu peux m'indiquer la sortie ? Lui chuchotai-je.
- C'est bon tu peux parler normalement, mes parents sont partis...
- Je t'ai demandé la sortie, s'il te plait ?

Elle ferma la porte derrière elle et s'avança vers moi.
- Ecoute, je comprends qu'après ce qui est arrivé tu ne veuilles plus me parler. Mais écoute au moins ce que j'ai à te dire...
- Tu crois vraiment que j'ai que ça à foutre maintenant ?! Maintenant laisse-moi passer !
- Tu veux appeler Chloé ? Tu auras besoin de ton téléphone et c'est moi qui l'ai. Alors écoute ce que j'ai à te dire et je te le donnerai.

Pendant un instant, je songeai à la frapper jusqu'à ce qu'elle me le rende, mais bon... Je m'assis sur le lit et elle aussi.
Et elle m'expliqua. Elle m'expliqua qu'elle aimait énormément Etienne. Elle m'expliqua comment il l'avait abandonné sans remords et comment il l'avait mis au défi de sortir avec moi parce qu'il allait l'abandonner pour Chloé.

Je ne crus pas à son histoire au début, qu'on puisse agir ainsi sur un coup de tête. Mais je me souvins que je l'avais déjà vu, à la cantine quand Etienne était venu me parler. Elle était à sa table, mais avait les cheveux couleur châtain, comme sur la photo. Pour montrer qu'elle ne lui appartenait plus et qu'elle était prête à tourner la page elle s'était teint les cheveux. Impulsive...

Je ne fis aucun commentaire et elle me rendit mon portable comme convenu. Elle me conduisit jusqu'à la porte.
Alors que je m'apprêtais à partir, elle me retint par la manche.

- Je sais que tu ne dois plus avoir confiance en moi, et que tu ne penses qu'à retrouver ton amie, mais le peu de temps que j'ai passé avec toi... Ce qui était un mensonge pour moi au départ est devenu ma réalité...
- J'ai pas compris...
- Putain d'imbécile, je t'aime !
- Non...
- Tu ne me crois pas ? Laisse-moi une dernière chance de te montrer que c'est vrai !
- Je te crois, mais je dis non parce que je ne t'aime pas. Tu m'as détourné trop longtemps de ce qui comptait vraiment pour moi, désolé, c'est la vie c'too.

Je tournai les talons et m'en allai sans regarder en arrière, devoir la consoler m'aurait été insupportable.

J'étais donc dans la rue, je sortis mon portable et cherchai Chloé dans mes contacts. Elle n'y était plus. Il n'y avait plus aucune trace des messages que nous avions échangé... Cet enfoiré avait tout prévu, il avait sûrement dû utiliser mon téléphone pour envoyer un message à Chloé pendant la fête pour qu'elle témoigne de la scène, puis aurait supprimé toute trace d'elle.

Si seulement elle n'avait pas boudé la fois où nous étions avec Emilie et Sophia, l'une des deux aurait gardé son numéro.
Il ne me restait plus qu'à retourner à la fête et espérer qu'elle y soit encore. Par chance Emilie n'habitait pas loin de chez lui...

La fête n'était pas terminée, la musique grondait toujours à l'intérieur. Arrivé devant la porte, je me préparai à mettre un coup de pied dès que la porte s'entrouvrait et faire irruption pour la retrouver. Je sonnai à la porte.

- Elle n'est plus là. Me dit une voix venant de derrière moi.

C'était Matthieu et il était salement amoché, il avait des ecchymoses sur le visage.
- Et pourquoi je te croirais après tout ça ?

- Pourquoi ? Parce que je t'ai porté sur mon dos jusqu'à chez Emilie alors que tu étais inconscient. Parce que je suis revenu à la fête pour prendre ta défense et que j'ai dû me battre avec mes meilleurs amis pour les empêcher de partir avec ton amie.

- Ils sont où alors ?

- Je sais pas, Chloé est partie avec Etienne il y à vingt minutes...

- Tu as besoin que je te dépose quelque part ?

- Ouais, chez moi, ce serait sympa...

Nous primes donc ma voiture avec laquelle j'étais arrivé quelques heures plus tôt et le ramenai chez lui.
Finalement, il n'était pas ce que je pensais de lui. Il m'avait bien menti le soir devant la maison de Chloé. Mais Etienne lui avait juré que si j'osais venir à sa soirée et avouer ce que je ressentais à Chloé, il n'interviendrait pas...

Ce soir fut celui des révélations, mais je n'eus pas la chance de tout avouer à mon tour, pas encore.

Je me rendis le lendemain chez Chloé dans l'espoir de la trouver. Sans succès. Je retournai chez Etienne dans l'après-midi. Ses parents m'ouvrirent la porte, il était en train de dormir et me garantirent qu'il n'y avait plus d'invité d'hier soir chez eux.

Bordel, où était-elle ? Je retournai une deuxième fois chez elle, peut-être était-elle sortie faire des courses ?
En vain, j'escaladai son portail et regardai à travers les fenêtres de sa maison, elle était nulle part. J'attendis son retour sous le porche de sa maison. En nourrissant des pensées sombres dans ma tête.

Peut-être ne la méritais-je pas ? J'avais laissé passer tant de chances. Elle avait habité sous mon toit. Nous sortions ensemble et je n'ai pas su trouver les mots !

Etienne, lui il devait savoir où elle était, mais comment le faire parler ? Je me remémorai cette nuit à la fête.
Je mis la main dans la poche de ma veste et y sortis un papier.

« Tu ne retrouveras pas Chloé. Pas avant que j'en ai fini avec elle... »

Je pris mon téléphone et appelai Matthieu. Lui seul pouvait m'aider à ce moment, que voulez-vous ? Le sang appelle le sang...