<h1>Noelfic</h1>

Révolution!


Par : Conan

Genre : Action

Status : Terminée

Note :


Chapitre 52

Grand Final

Publié le 11/09/11 à 01:18:44 par Conan

Dimanche 14 juin. 22H.
Jack et sa section reviennent tout juste. Leur percée jusqu'à la porte de Saint-Ouen au nord de Paris a été une ballade de santé. Dans le même temps des groupes armés ont progressé à l'est où ils n'ont trouvé aucune résistance. En revanche, quand on s'approche de l'Élysée, à quelques rues d'ici à l'ouest, des mitrailleurs et des tireurs isolés dissuadent rapidement de continuer d'avancer.

Nous continuons de recruter et d'armer de nouveaux volontaires à tour de bras. Peut-être sommes-nous maintenant 100 000 dans les rues de la capitale, à prendre le contrôle des commissariats abandonnés et des grands axes. Certains quartiers, notamment au nord de la ville, étaient laissés à eux-même et en proie à l'anarchie. De véritables poubelles à ciel ouvert, selon certains témoignages. Une remise en ordre n'y sera pas superflue.

Plus tard, lors d'une réunion des chefs dans les sous-sols du QG, nous décidons de lancer l'offensive sur l'Élysée demain matin, sept heures. En attendant, quartier libre.

Dans la nuit, je décide d'aller retrouver ma femme et mon fils à l'hôtel. Les semaines passent et Aurélie ne me voit qu'a travers des reportages, des vidéos ou des articles de presse. Guerre usante, révolution lassante. Je marche seul dans les rues calmes et meurtries de la capitale, fusil sous le bras et mains dans les poches. Comme à l'époque. A l'époque ou je n'étais qu'un barman sans histoires, où je ruminais dans ma tour HLM entre deux cuites au mauvais vin, où je pensais que je finirais ma vie avec une cirrhose, crevé au milieu des ordures dans un pays toujours plus infect. Cette nuit, depuis plus d'un an, j'ai enfin un peu de répit. Pour la première fois, j'ai la tête vide, je me permet d'errer en ne pensant à rien, en reniflant, en baissant la tête sur mes brodequins, comme si c'était la dernière fois que je vivais quelque chose de similaire. Comme si c'était la dernière fois que je pouvais goûter à un moment de quiétude, seul dans la nuit, avant la mort. Seul, au bout de la nuit.

J'arrive devant l'hôtel. Les hommes qui montent la garde me laissent passer. J'entre dans la chambre. Ma femme a peur sur le moment, puis me tombe dans les bras quand elle me reconnaît. Je vais voir notre fils, il a grandi. Je fais l'amour, puis je me lève pour manger un morceau. A mon retour au lit ma femme dort. Moi je n'y arrive pas. Il est cinq heures. Je me lève, remets mes vêtements, rengaine mon pistolet, sous l'oreiller, et embrasse ma femme et mon fils une dernière fois avant de quitter la scène, de tirer ma révérence en fermant doucement la porte derrière moi pour ne pas les réveiller.

En bas, Ritchie m'attend au volant d'une jeep. Je ne dis pas un mot de tout le trajet, je suis anxieux, Ritchie le remarque et me le fait comprendre. Je ne réponds que par un hochement d'épaule. Il se gare, nous descendons, allons au matériel pour récupérer des armes plus lourdes, plus méchantes. Les mortiers commencent à tirer vers le Palais. Le bruit des obus retentit dans les rues. Nous peaufinons une dernière fois le plan : les Fantômes ouvriront la voie et feront le plus de bruit que possible jusqu'à l'entrée du Palais pendant que les Escadrons encercleront les lieux, puis le reste des combattants arrivera juste derrière nous. La première vague d'assaut sera théoriquement couverte par des obus fumigènes. Cette fois c'est la belle, la der des der, la grande bagarre. On veut tous rentrer chez nous. Moi aussi.

Le chef des pièces d'artillerie fait cesser le tir de barrage. Nous nous préparons à partir mais il me prend à part :
-Conan... Cette nuit bombe sous terre qu'on n'avait pas découverte a choisi le mauvais moment pour exploser.
-Qu'est-ce que tu veux dire?
-Elle était située tout près des sous-sols de la base. On n'a pas eu de victimes, mais l'arsenal a morflé et... Tous les obus fumigènes y sont passés. Tu veux changer le plan?
Je réfléchis quelques instants avant de répondre.
-Non. On n'a plus le temps, c'est maintenant ou jamais qu'on doit y aller.
-Mais ça va être une vraie boucherie pour ta section sans couverture!
-Alors évitons de le dire aux hommes.

Je rejoins mes troupes. Tous sont souriants. Tous ont de l'espoir. Tous sauf moi. Lézard laisse sa dernière clope à La Peste, Leg plaisante avec Capone, Martinez tape sur l'épaule de Blitzwolf. On croirait qu'ils partent en colonie de vacances.

Signal de départ. Une longue colonne de guérilleros part joyeusement vers l'Élysée. Nous nous arrêtons à un coin de rue à 150 mètres du Palais dix minutes plus tard. Tous les arbres du jardin de l'Élysée ont été coupés. Le Palais en lui-même n'a pas trop souffert mis à part plusieurs fenêtres brisées et quelques éclats de balles.
-Ça va être à nous. Mais que fout l'artillerie? S'impatiente Leg.
-Du calme, tout ira bien. Que je lui réponds, comme un véto parlerait à un clébard pour qu'il ne panique pas sur le billard. Puis je m'approche de son oreille : "il n'y a plus d'obus fumigènes. On fonce vers le Palais sans couverture."

Son visage blêmit, sa mâchoire se relâche un court instant. Mais très vite, il reprend son air dur, me regarde droit dans les yeux puis hoche la tête. "Ce fut un honneur de servir avec toi, Conan".

Coup de sifflet, à nous de jouer.

Nous nous redressons, et la section se rue vers l'Élysée. Les premières rafales de mitrailleuses claquent aux fenêtres. Plusieurs d'entre nous tombent. Puis c'est au tour des tireurs isolés de s'y mettre. On ne doit pas s'arrêter avant le portail d'entrée.
Derrière nous, les sifflets des Escadrons crient à leur tour. Autres bruits de course. Les rangers claquent sur le sol plus fort que les balles ne sifflent aux oreilles.

Un mitrailleur me prend pour cible. Des gravillons volent tout autours de moi et dans la précipitation je chute. Mes hommes me dépassent, Leg m'aide à me relever. Je continue de courir. La Peste s'effondre devant moi. Une balle l'a frappé à la tête. J'évite son corps. Plus loin, c'est Capone qui git au sol, inconscient et sanguinolent. Je l'évite du regard.

Nouvelle prise à partie sur ma personne. Les balles d'un fusil automatique percent une voiture sous tout les angles juste devant moi. Je me jette au sol et appuie mon dos contre la carrosserie. Avant de me relever, je tire quelques rafales par dessus le capot. Sans savoir pourquoi je ne parviens pas à me redresser. J'essaye de m'appuyer contre la voiture pour me relever, même chose. Mes jambes semblent ne pas vouloir me répondre. J'ai comme des fourmis dans le bas du corps. Un liquide chaud coule sur mon ventre. Panique. Qu'est-ce qu'il se passe? Ça coule, et encore, et encore, si bien que ma veste vire rapidement au pourpre et que la grande flaque s'étale toujours plus autours de moi.

Le sang, c'est si chaud, si réconfortant. Mon corps entier baigne dedans, dans son propre sang. Toujours assis contre la voiture, je suis maintenant quasiment incapable de bouger. Ritchie arrive vers moi et me remarque à terre. Il se précipite pour m'aider.
-Conan, bon Dieu, tiens bon! Infirmier! Infirmier! Conan est blessé!
-Non, ça sert à rien. C'est foutu. Appelle Jack, je veux le voir.
-Jack! Ou est Jack!
L'homme en noir déboule. Il semble désemparé en me voyant giser au sol. Tout comme Ritchie, il s'accroupit à coté de moi et me prend la main.
-Conan... C'est pas vrai, dis-moi que c'est pas vrai.
-J'crois bien que si... Mes gars, où sont mes gars?
-Ils ont atteint le portail, Leg est à leur tête. La section de Beaussant s'est mise en appui, on va y arriver Conan! Tiens-bon je t'en prie!
Autours les tirs cessent peu à peu. Les partisans foulent le gravier devant l'entrée de l'Élysée. Je les imagine pénétrer dans le Palais. Comme cela doit être beau.
J'essaye de parler à mes amis, mais quelque chose remonte. C'est du sang. Je me mets à en tousser, à en cracher, à en vomir. Mélangé à ma salive il coule de ma bouche comme de grosses glaires. Mes amis, mes frères s'effondrent. Dans un dernier moment de lucidité, je ravale toute l'hémoglobine et leur glisse à l'oreille.
-Vous y arriverez... Nous avons... Gagné.
Je les fixe. J'arrive encore à sourire. La douleur et la panique s'en vont peu à peu pour laisser la place à l'apaisement. Je suis comme dans un rêve, comme sur un nuage. Je me sent partir. Je me laisse partir. Le glas a sonné pour le Système. Le glas a sonné pour moi. Tout est fini à présent.




Et oui, c'est fini! C'est ainsi que se termine la dernière partie de la trilogie. Je remercie infiniment tous ceux qui m'ont suivi depuis le début, je pense notamment à C4MEL, Sirius, ElBloobs, Hell, Yankee-Six pour ne citer qu'eux. Depuis le mois de février vous suiviez les aventures de Conan, Ritchie et Jack, et j'espère que cet ultime épisode aura été à la hauteur de vos attentes. J'écrirai peut-être une nouvelle histoire un jour mais qui n'aura pas les mêmes personnages ou la même trame que celle-ci qui est bel et bien terminée. Je sais que j'ai parfois été assez long à poster les suites alors encore un grand Merci pour votre soutien et votre patience, et n'hésitez pas à laisser un petit commentaire, ça fait toujours plaisir :)

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