<h1>Noelfic</h1>

Les oubliés de Jabiim.


Par : case2000

Genre : Science-Fiction

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 2

La Débâcle (première partie).

Publié le 28/06/12 à 12:48:28 par case2000

Nos larmes n'eurent même pas le luxe de sécher qu'ils arrivèrent ensuite, les pirates Lithiens. Tandis que nous n'avions pas achevés le décompte des nombreuses victimes de la guerre Trandoshan. Ces pirates s'abattirent sur nous avec toute la célérité qui caractérisaient leurs actes de pillages. Le peu de force armée qui nous restait à l'époque ne put que leur offrir une résistance purement symbolique. Elle fut balayée, emportant dans sa déroute le peu d'honneur qu'il restait à notre troupe hétéroclite et vêtue de haillons. Toutes les principales villes de la planète tombèrent. A Jabiimiara, ces vermines de l'espace pillèrent le Congrès, saccagèrent la Grande Bibliothèque, incendièrent l'Académie, éventrèrent nos entrepôts pourtant maigrement remplis. Ils prenaient tout ce qui pouvait être à leurs yeux une source de richesse. Ils volaient jusqu'au moindre bibelot ou colifichet. Vivant de rapine ils ne cherchèrent pas à enlever de jabiimiens, mais ils ne s'encombraient pas non plus de prisonniers. Les insouciants qui tentaient de se rendre à ces barbares en payaient toujours le prix fort. Les maris étaient pendus sous les ricanements de ces soûlards déguenillés, tandis que leurs femmes et enfants étaient entraînés de force dans une morbide danse macabre où ils étaient violés avant d'être étranglés sans autre forme de procès.

A chacun de leurs assauts tous plus meurtriers que les précédents nous répondions par la seule possibilité qui s'offrait à nous : la fuite. C'est ainsi que commença l'Exode où le sac des grandes villes poussèrent des dizaines de millions de Jabiimiens sur les routes. J'étais de ceux-là. Avec pour seul compagnon ma gourde d'eau et mon fusil blaster. La plupart des combattants de mon unité étaient tombés l'arme à la main, dans les quartiers résidentiels, où ils avaient tentés de couvrir la fuite des deniers citadins. Le peu de survivants s'était ensuite dispersé, hagard, dans une Jabiimiara en ruines courant vers un avenir qu'ils escomptaient meilleurs. Je vis beaucoup de ces soldats, perdus et affolés, séparés de leurs unités respectives. Je ne pu que constater l'hystérie collective qui s'empara de ces pauvres hères. Livrés à eux-même, certains d'entre eux devinrent des personnes tout aussi dangereuses que les Lithiens. En dépit des bombardements et raids qui faisaient toujours rage, ils se mirent à détrousser les habitants encore vivants. Tout en forçant l'entrée des quelques magasins épargnés jusqu'à alors. Pilleurs de tombes, ils n'hésitaient pas non plus à fouiller les cadavres encore chauds de leurs compatriotes.

Je pris mes jambes à mon cou. Tout en espérant que personne ne prêterait attention à l'insigne de filigrane doré qui ornait mon uniforme de Général des Armées.

Une seule destination s'offrait à nous autres, les réfugiés. C'était l'hémisphère oriental, le dernier bastion. L'ultime glacis protecteur face à la cruauté lithienne. La Base Refuge, là où les survivants du gouvernement s'étaient regroupés, soutenus par les débris de l'armée jabiimienne, afin de sauver notre peuple. Nous marchâmes vers l'Orient, encore vers l'Orient, toujours vers l'Orient. L'avancée de ma colonne de rescapés était fort laborieuse. La pluie incessante avait transformé les chemins de terre en un bourbier infâme où s'enfonçaient jusqu'aux chevilles les hommes et leurs animaux (une poignée de bêtes de somme). Le peu de véhicules qui circulaient parmi nous ne cessaient de tomber en panne à cause de l'humidité ambiante et rejoignaient bientôt le bas-côté de la route où ils furent rapidement abandonnés aux caprices de Mère Nature.

Les pirates, ces scélérats, ne faisaient aucune distinction entre combattants et non combattants. A chaque fois que leurs vaisseaux survolaient notre colonne nous nous faisions tirer dessus comme des animaux. Leurs chasseurs tiraient au hasard dans les foules désarmées. Sans aucun prétexte apparent. Si ce n'était celui de s'esclaffer un bon coup en voyant leurs cibles se cacher dans les champs, les fossés ou se jeter face contre terre dans une boue nauséabonde. Victimes qui espéraient, priaient, pour que ces anges de la mort reprennent bientôt leur envol. Qu'ils s'enfoncent dans les nuages et ne reviennent plus. A chaque attaque passée c'était le même supplice. Le convoi se remettait péniblement en route tout en abandonnant derrière les infortunés qui n'avaient pas eu le temps de se cacher assez rapidement. Ils étaient laissé là, à même le sol. Les agonisants rejoignant bientôt les mourants dans la froide pâleur du crépuscule. Certains blessés, dans un dernier râle, gémissaient pour qu'on les emmènent. Mais c'était impossible, nous n'avions aucun médicaments. Plus aucun véhicules également. Avec les autres je reprenais ma route, en tentant d'ignorer les regards suppliants de ceux qui n'étaient pas tout à fait encore mort. Quelques uns d'entre eux en auraient pour des heures. Je ne pouvais pas me résoudre à les achever avec mon arme. J'avais beau être un homme terrifié, fatigué, crasseux, je n'en n'étais pas devenu un assassin pour autant.

A l'aube du huitième jour nous vîmes au loin la Base Refuge. La pluie avait enfin cessé. L'espoir renaquit dans les rangs. Les enfants riant et chantant se précipitaient en courant vers l'endroit. Talonnés par leurs parents tous transportés par l'ivresse du bonheur. Les vieilles personnes pleuraient de joie voyant enfin l'achèvement de leur supplice. Les gens se tombaient dans les bras. Ils soutenaient les plus fatigués et ceux prêt à flancher, les encourageant à faire un ultime effort.

« Allez père Bru, encore un peu de courage ! Nous y sommes presque ! Vous ne voudriez pas tout de même rester planter là alors qu'un bon feu de chaumière nous attend à quelques pas. Je suis persuadé qu'il y'aura même un peu de bière pour nous !

- Courez devant mon garçon, je vous rejoins. »

Je le regardais avec un brin de suspicion. Après tout il avait plus d'une fois prouvé qu'il était aux portes de la dépression. S'il escomptait mourir maintenant, c'était hors de question. Je le traînerai à l'antenne médicale de la base de grès ou de force. Et ce même si je devais le porter sur mon dos. Il dut comprendre la raison de mon hésitation car il s'empressa d'ajouter :

« Allons vous croyez vraiment que je vais me faire sauter la caboche maintenant. Alors que nous sommes sauvés !? Je tiens à ma petite chopine moi. Ne m'attendez pas et ramenez moi quelque chose s'il vous plaît, j'ai soif. »

Il me sourit, rassuré je promis de lui rapporter le meilleur vin du camp. Je partis en courant. Toute fatigue m'avait abandonné, je ne voyais plus que la base qui semblait tellement belle. Si impressionnante avec son imposante muraille de pierre cernée de tours de guets. Je dépassais dans ma course les autres empressés. J'arrivais presque aux portes lorsqu'une légère odeur âcre s'empara de mes narines. Tiens, ils devaient déjà être en train de préparer quelque chose à manger afin de nous accueillir. Rassuré je passais l'embrasure de la grande porte avant de me glacer d'effroi. Ils étaient tous là des centaines, non des milliers de personnes à joncher le sol. Leurs visages étaient calmes, détendus, comme si la mort fut l'apaisante apothéose de toutes ces vies torturées par les affres de la guerre.

Le camp semblait désert, évacué en toute catastrophe. Qu'est-ce qui c'était passé ? Si les Lithiens avaient attaqués il n'y aurait plus eu un seul bâtiment debout, les murailles auraient été rasés jusqu'à la dernière pierre et pas un meuble ne serait resté à portée de vue. La Base ne serait en elle-même plus qu'un amas de débris, tout juste un tas de cendres fumant. Je ne comprenais pas, personne ne comprenait. Derrière moi les rescapés s'agglutinèrent tout aussi abasourdis que je l'étais. Nombre d'entre eux pleurèrent, crièrent, se roulèrent dans la boue. Derrière moi j'entendis quelques tirs de blaster qui fusèrent dans l'air. Il semblait que les suicidaires avaient franchis le pas. Du coin de l'½il je vis le père Bru quémandant le fusil d'un soldat (il y'en avait quelques uns dans le convoi, d'où la provenance des armes) qui le lui tendit et le laissa se tirer une balle entre les deux yeux.

Côtoyant les dépressifs ils y'avaient les autres. Comme moi. Ceux qui restaient calmes, résignés, tentant de chercher une explications rationnelle à cette folie. C'était impossible cela ne pouvait pas être la Base Refuge, c'était sans doute une erreur. Je m'avançais décider à inspecter le camp. Bien déterminé à y trouver des indices, des réponses. Lorsqu'une main me retint. C'était un petit homme qui avait le sommet de son crâne, dégarnit, seulement entouré d'une mince couronne de cheveux blancs. Il portait des lunettes qui lui donnait un air absolument ridicule. Je me rappelais pas l'avoir vu auparavant. C'était étrange. Surtout en prenant en compte qu'il portait le bleu azur : uniforme des soldats jabiimiens. Comment pouvais-je être passé à côté de lui ? Les militaires n'étaient pourtant pas légions dans notre convoi. Il me parla de sa voix grave et ferme.

« Doucement l'ami, ne vois-tu pas tous ces cadavres ?

- Je ne vois qu'eux. Lâche mon bras pauvre sot.

- Alors regarde-les mieux, avant de commettre une telle bêtise

- Ils ont l'air si calmes. »

L'autre grogna entre ses dents : « Et cela porte l'uniforme d'un général ? Êtes-vous aveugle monseigneur ? Ces cadavres sourient comme sourirait un enfant malade. La peste, voilà ce qui les a décimé : la peste cérébrale ! »

Des murmures étouffés parcourent les personnes assez proches de nous pour entendre. Mon interlocuteur éleva la voix :

- « Écoutez-moi. Je suis le docteur Lier du Troisième Régiment Jabiimien. Que personne n'approche ni ne touche ces cadavres. Ils ont été contaminés par la peste cérébrale. La Base Refuge a été redéployée dans les bois de Nankin situés à quelques dizaines de kilomètres d'ici. Je suis accompagné de toute une compagnie motorisée qui dispose de véhicules prêt à vous y emmener. Maintenant si vous n'avez pas d'objections. Ceux qui tiennent à la vie suivez-moi ».

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