Nous passons donc la fin de matinée à glander chez Souhib sur fond de Bob Marley, et dans une atmosphère enfumée.
Puis vers midi, Sam, Mandou et moi allons au kebab tandis que Bachir retourne chez lui et que Souhib se cale une douille.
Arrivé vers le marché, la bonne odeur de la viande qui grille nous emplit les narines :
"- Salam Aziz.
- Salam, répondit-il en me serrant la main. Ce sera quoi ?
- Un maxi kefta pour moi.
- Moi je voudwais un kebab sauce blanche sans légumes s'il vous plaît.
- Et moi une galette.
- Ok, asseyez vous !"
Nous nous asseyons à la terrasse, tout en taillant Mandou :
- SANS LEGUMES SVP
- Putain mais la gueule de suce teub quand t'as dit ça
- Vos gueules, j'aime pas les légumes, bande de connawds.
- Sans légumes...
- Voilà les gars ! Dit Aziz en nous servant.
- Choukrane."
Je déguste mon maxi Kefta comme après une semaine de ramadan, délicieux.
Mandou, après avoir vérifié la non-présence de légumes dans son grec le mord à pleine bouche.
Une fois les kebs finis, nous nous dirigeons vers la caisse.
"- Qui paye ?
- Bon allez, j'offre. Dit Sam sous nos regards étonnés.
Le gérant encaisse.
- Au revoir les gars !
- Oua, a plus Aziz."
Nous marchons un peu en silence, puis je me met à parler :
"- D'où t'as du bif toi ?
- Devine, pauvre con.
- Le bloc de Kader ?
- Bah ouais man, j'fais d'la revente maintenant.
- Fais gaffe tu vas t'attiwer des emmewdes.
- Nan, j'encule personne, je suis réglo.
- Ok man."
Nous passons devant un HLM, puis entrons dans le hall.
Sam se met à rouler.
"- Putain il est trop bon.
- Vas-y fait réti man.
- Pouwquoi c'est toujouws moi le dewnier bande de salopes ?
- Les légumes akhi, les légumes.
- Va te faiwe enculer.
- "
Puis nous dirigeons vers les trams, pour aller en ville.
Sam avait noté l'adresse sur un bout de papier, mais il est plein de gras. La galette sûrement.
"- Merde, on s'arrête où ?
- Vas-y euh... C'est pas à la Pardieu ?
- T'es un guedin toi ! C'est au centwe-ville.
- Bah vas-y on descend.
- 4 rue de l'... Hap ?
- Rue de l'Art abruti.
- T'ecwit comme un powc aussi.
- Et d'abord c'est 4 ou 6 ?
- Euh...
- Nique sa mère on va dans la rue et on cherche où y'a du bruit."
Nous rendons donc vers le centre-ville. Puis nous cherchons la "Rue de l'Art". Après des heures de recherches, nous finissons devant une maison allumée, avec de la musique à fond, 10 rue de... L'Abbaye.
"- Des fois je me demande si t'as un veaucer.
- Ta race c'est le grec
- Ouais allez... Bas les couilles."
Sam entre sans même sonner.
Je regarde la fête, pas mal. Y'a de la bonne musique, des bonnes meufs, par contre pas mal de pédés, en slim/converses.
Je squatte le milieu de la piste, Sam disparaît vers le bar et Mandou me rejoint.
J'enchaîne des pas de C-Walk et Mandou reproduit les rudiments de break qui lui restent.
Effet garanti, une minette slim blanc petit top moulant vient se frotter à moi.
Je passe mes mains sur son ventre, effleure sa poitrine, puis redescend vers son entrejambe.
Je lui chuchote :
"- Tu veux pas monter ?
- D'accord mon beau..."
Je la passe mon bras au dessus de son épaule et nous nous dirigeons vers les chambres à l'étage, je lance un regard à Mandou, il me fait un doigt d'honneur.
Une fois en haut elle me guide vers une chambre vide, nous nous mettons à nous embrasser sur le lit.
Tout se passe bien lorsque un fils de pute débarque en gueulant.
Oups, je crois qu'ils sont ensembles.
Il entre dans la pièce, l'air menaçant. Il a fallu que je serre la seul meuf de la soirée dont le mec est mastoc.
Bref, il continue de me gueuler dessus et de m'insulter, rameutant des gens.
Bientôt, presque tout le monde est autour, poussant des "Oooooh" à chaque geste un tant soit peu agressif.
Puis Sam arrive en tanguant, une bouteille de Grant's à la main. Et cet imbécile ne trouve rien de mieux à faire que d'engrainer :
"- Espèce d'enfoiré ! Mais t'es qui d'abord ?
- Attends mec, calmos, c'est ta meuf qui m'a accosté gros !
- J'm'en fout espèce d'enfoiré tu vas payer !
Et la Sam intervient :
- Waaaah... J'ai entendu nique ta mère... Ça m'aurait pas plu..."
Il n'en faut pas plus au colosse pour m'aligner, il me frappe au thorax et dans les côtes, puis je reprends le dessus.
Alors qu'il est sonné, Sam lui brise sa bouteille sur le crâne. Nous courons vers l'étage inférieur en bousculant tout le monde, Mandou nous voit partir et nous suit, sans comprendre.
"- Wesh les gars j'avais enfin pécho une biatch ! Pouwquoi on se bawwe ?!
- Ali c'est frité... Hein... Mohammed Ali !! Hahaha...
- Et cet abruti l'a fini avec la teille de Grant's, trace !"
Nous courons jusqu'à l'arrêt de tram avant de nous asseoir, essoufflés.
Sam va gerber sur les rails, alors que je me serre les côtes avec douleur.