<h1>Noelfic</h1>

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko

Genre : Action , Science-Fiction

Status : Terminée

Note :


Chapitre 41

Un fardeau de plus.

Publié le 27/03/12 à 19:11:52 par Spyko

Je posai les deux mains sur le bord de la console, essayant de reprendre un peu de contenance. Le message rouge affiché sur l'écran semblait me narguer, me disant que, peu importe ce que nous ferions, l'un d'entre nous apporterait la mort là où il irait. Tentant tant bien que mal de refouler mes larmes, j'étudiais le résultat. Pour autant que je pouvais le voir, l'infection était encore très faible. Si nous avions été dans notre ville, nous aurions eu l'antidote contre ce début de contamination, mais ce n'était hélas pas le cas.
Pire encore, de nous cinq, nous étions deux couples, ce qui renforçait les chances d'avoir non pas un, mais deux futurs nécromorphs... Je retirai la capsule du compartiment et observait le liquide à l'intérieur. Le «positif» se volatilisa instantanément, laissant une image noire et fixe.

« Alex? »

La voix me fit sursauter, et le flacon m'échappa des mains. Il alla se briser sur le sol, répandant le fluide rouge. Je me retournai, le cœur battant. Carmen me regardai depuis l'encadrement de la porte, et ses yeux allèrent vers les diverses machines.

« Désolé, je pensais pas que j'allais te faire peur, s'excusa t-elle d'une voix douce. C'est avec ça qu'ils ont analysés nos échantillons? »
« Ouais, répondis-je. Et faut croire qu'on est tous négatifs, ajoutais-je sans la moindre hésitation. »
« C'est le sang de qui que tu viens de foutre par-terre? »
« Aucune idée, y avait pas de nom, je voulais juste les retirer, mais bon, on va laisser les autres là... »
« Ok, bon, ramènes toi, ils arrivent, et on a trouvé un escalier pour monter à l'étage. »

Je soupirai intérieurement. La jeune femme n'avait apparemment pas vu le résultat du test que j'avais malencontreusement mis par terre, et il ne restait plus de moyen de vérifier. Comme quoi, le hasard faisait quand même bien les choses. Je continuai de m'interroger sur qui avait contracté cette infection, et comment. Jessie était restée au contact d'une centaine de personnes, dont plusieurs dizaines allaient et venaient à leur postes de gardes, mais nous même avions été blessés à plusieurs reprises...
Sur ces sombres pensées, je suivis ma coéquipière d'un pas vif, et elle s'engagea dans un escalier. Un os se planta juste sous mon nez, me faisant déglutir et foncer vers les marches. Déjà le pieu commençait à s'agiter, et j'accélérai le rythme. Arrivé à l'étage, je vis que mes partenaires avaient déjà quelques soucis.
L'un des nécromorphs avait pris l'initiative d'aller jeter un petit coup d'œil en haut, et massacrai des soldats impuissants à la chaine. Autant dire que la population du bunker piquait vers le bas de manière assez alarmante. Je refermai le panneau, au cas où l'ossement vivant arrivait à se dégager du mur. La créature acheva de déchiqueter le malheureux qu'elle tenait entre ses lames, et se tourna vers nous.

« Lance-grenade, dis-je en arrivant derrière mes coéquipiers. Si on parvient à l'immobiliser quelques secondes, on pourra tracer. »
« Ok. Prêts? »
« Prêts. »

Cinq projectiles partirent à peu près en même temps sur l'abomination. La déflagration la jeta à terre dans un nuage de fumée bleuâtre, et fut ponctuée d'un craquement. L'endroit où avaient eu lieu les explosions se craquela, et s'effondra, précipitant le monstre à l'étage du dessous. Nous n'attendîmes pas plus longtemps pour nous précipiter dans le couloir, en faisant attention à longer prudemment le trou nouvellement formé.
La créature prit appui sur ses lames pour se relever, et regarda en l'air. La cavité de son abdomen s'ouvrit à nouveau, et je plongeai en avant pour achever la traversée, et éviter le pieu.

« Putain, mais ils ont pas bientôt finis avec leurs trucs? crachais-je en me relevant. »
« Vois le bon côté des choses, fit Steph' avec un sourire, s'ils continuent à nous balancer leurs côtes, ils vont bien finir par plus en avoir. »
« Ouais m'enfin bon, d'ici là... Et puis merde quoi, leurs os sont presque plus dangereux quand ils sont livrés à eux même, c'est n'importe quoi! »
« C'était pas toi qui soutenais que la mutation constituait le principal avantage des nécromorphs y a quelques mois? demanda Matt avec le même sourire que sa copine. »
« Si... »
« Eh ben voilà, on a encore l'occasion de vérifier tes théories, de quoi tu te plains? »
« C'est bon, j'ai compris... »

L'os en question dut se sentir bien seul, isolé dans son morceau de plafond, car il tenta de venir nous tenir compagnie. Il manqua le crâne de Matt de quelques centimètres, et alla se loger dans un mur, où il resta définitivement planté, et inerte. Nous poursuivîmes notre course dans les couloirs, jusqu'à arriver à l'endroit où les premières victimes avaient été faites.
Les cadavres de plusieurs soldats, dont celui qui m'avait donné le système de traqueur, gisaient au sol. Une petite salle annexe s'ouvrit, et un homme en sortit à reculons, plié en deux. Nous nous mîmes instantanément sur nos gardes. Des déchirements de chair provenaient du malheureux, et il vomissait d'immondes gerbes de sang. Dans une ultime tentative, il parvint à appuyer sur le verrou de la porte, sans doute pour y enfermer la créature qui l'avait attaqué, et plaqua son dos contre le mur.
Un épieu était plantée dans sa cage thoracique, et les tentacules qui fourmillaient à la surface avaient disparus. Le pic était enfoncé d'un bon tiers, et on voyait des ondulations sous la combinaison de l'homme. Ce qu'il subissait le maintenait immobile, les yeux écarquillés. La peau de son cou se tordit comme si quelque chose rampait en dessous, et il fut saisi de violents spasmes. Il eut le temps de pousser un ultime gémissements, avant que deux tentacules ne jaillissent de ses orbites, lui arrachant les yeux sur le coup.
Les appendices se rétractèrent, et le soldat s'écroula en avant. Sous le poids de son corps, le pieu s'enfonça encore plus profondément dans les chairs, avant de finalement transpercer la peau de son dos. La porte qu'il avait fermé fut brutalement courbée, et nous décidâmes d'emprunter les escaliers, qui devaient normalement mener au garage, et à notre véhicule. S'il en restait quelque chose...
Un immonde craquement me figea au moment où je passai l'encadrement. Je me retournai, arme levée. Le pieu qui avait empalé le soldat roulait doucement sur le sol, comme s'il avait été jeté. Paré à faire demi-tour en quatrième vitesse, je pivotai lentement vers le cadavre. Il était enveloppé d'une membrane couleur chair, et quelque chose semblait s'agiter à l'intérieur.
La porte où se trouvait l'une des créatures quitta son encadrement, et la bestiole apparut devant moi. Le cocon se perça, et une lame noire s'agita pour découper la fine couche. L'abomination qui venait d'enfoncer la porte s'arrêta pour fixer le nouveau nécromorph de ses yeux jaunes. Lorsque la créature posa ses lames au sol pour s'appuyer dessus et se lever, je m'aperçus qu'elle était strictement similaire à celle qui se tenait à côté d'elle.
Une main se posa sur mon épaule.

« Alex putain, ramènes toi! hurla Matt en me tirant en arrière. »
« Ouais, j'arrive. C'est quoi encore que cette merde... »
« Je sais pas, mais s'ils se forment de cette manière, y a des chances pour qu'il y en ait plus quatre, mais une vingtaine dans ce bunker maintenant, il faut qu'on y aille! »

Je suivis mes coéquipiers dans les marches, et nous arrivâmes à l'endroit où se trouvaient les véhicules garés bien en ordre. Enfin, avant...
Sur les cinq camions, deux étaient renversés, et un autre n'était guère plus qu'une carcasse inutilisable. Notre propre camionnette, auparavant bien amochée par le chien, n'aurait pas été dans un pire état si une brute lui avait sauté dessus du dixième étage d'un immeuble. Il restait encore deux camions en état de marche, et la carte pour démarrer était certainement à bord. L'ouverture du portail métallique ne poserait aucun soucis, puisque ce dernier gisait au sol.
Les deux nécromorphs apparurent dans les escaliers, et nous nous hâtâmes de grimper dans l'un des véhicules. Carmen prit une nouvelle fois les commandes, sa sœur alla à ses côtés, et nous rejoignîmes tous trois l'arrière. Je jetai un œil à toutes les autres portes.

« Et si il y avait des survivants? »
« Laisses tomber Alex, y a aucune chance qu'il y en ait, on est les plus chanceux depuis que la ville a été attaqué, et je pense que c'est toujours le cas. Et au pire, il leur reste un camion. »
« Si tu veux... Bon, prend ça, ça nous mènera à destination. »

Je lui tendis le petit globe transparent bleu. Elle l'inséra dans une console, et une mini-carte apparut au dessus, affichant un tracé coloré. Elle commença donc à le suivre pour atteindre les ruines de Narbonne. Je regardai vers les immenses portes métalliques, et y aperçus du mouvement. Un homme courrait pour fuir les atrocités.

« Il reste quelqu'un... »
« On peut plus rien pour lui Alex. C'est toi qu'a pris certaines décisions de ce type récemment, alors m'en veux pas de le faire aussi. »

Je me remémorai difficilement ces évènements, en particulier l'épisode Max, que j'avais moi-même amputé puis abandonné dans un bâtiment en train de s'écrouler... Ces souvenirs m'agressèrent assez férocement, et je détournai mes pensées. La minuscule silhouette ne tarda pas à s'écrouler sur la terre sèche. Nous nous assîmes tous sur les banquettes, et Jessie vint se blottir contre moi.
Le trajet se déroula lentement et fut totalement monotone. Les vastes étendues désormais désertes du pays défilèrent les unes après les autres pendant plusieurs heures. Aucun nécromorph ne vint troubler le voyage, et nous continuâmes, imperturbables.
La nuit tombait lorsque nous atteignîmes enfin les ruines.

« On approche du site de construction, fit Steph' en se retournant, il va falloir rester prudent maintenant. Les nécromorphs doivent être au courant que cet endroit est très important désormais, ça doit surement pulluler. »
« Il a dit une vingtaine de kilomètres à l'ouest, c'est ça? demanda sa soeur. »
« Exactement. Tu te sens de continuer encore un peu Carmen, ou tu préfères qu'on fasse une pause pour la nuit? »

La jeune femme réfléchit quelques secondes, mais la réponse se lisait sur son visage. Elle était certes fatiguée par le trajet et les récentes attaques, mais savoir que nous étions presque arrivés n'allait surement pas la décourager. La laissant à sa réflexion, j'analysai distraitement les ruines de la ville. Les immeubles étaient à l'abandon depuis plusieurs dizaines d'années, et l'Infection n'avait surement rien arrangé. Des dizaines de petites lumières apparaissaient ça et là, mais je n'y prêtait pas attention.
Ce fut Steph' qui nous tira de notre torpeur.

« Bon, si ça vous dérange pas, je préfèrerais qu'on dégage d'ici vite fait. »
« Pourquoi, y a un truc qui va pas? »
« Vous allez me dire que vous avez pas vu toutes ces lumières? »
« Si, mais bon, on est tous crevés, donc bon... C'est surement des lucioles, tu sais bien que ces bestioles sont devenus assez grosses, et qu'elles grouillent dans les endroits abandonnés. »
« J'y avais pas pensé, convint la jeune femme, mais bon, je préfèrerais qu'on reste pas dans les parages, un endroit comme ça, avec plein de planques et proches du site, c'est surement une bonne zone pour nos amis à lames... »
« T'as raison, Carmen, tiens le coup encore un peu. »

Je vis que Jessie regardait l'arrière avec beaucoup d'appréhension.

« Euh, ça vous perturbe pas qu'il y ait ces insectes que dans le champ des phares, et pas derrière? »
« Qu'est-ce que tu veux dire par là? »
« Que c'est peut-être nos lumières qui se reflètent dans quelque chose d'autres... »
« Tu te fais trop d'illusions, et de toute manière, on va pas s'attarder dans le coin. »

Quelque chose atterrit brutalement sur le capot de notre véhicule, mais on ne distinguait guère plus que deux lumières jaunes au milieu d'une masse noire.

« On est tous d'accord, ça, c'est pas une luciole! »

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