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Le Cycle Des Calepins Oubliés


Par : Tacitus42
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : Terminée



Chapitre 13 : Incoming


Publié le 10/02/2012 à 22:41:24 par Tacitus42

3. Incoming…


Le briefing s’est déroulé sans commentaire et sans question.
Quelques raclements de gorges ont pu ponctuer le discours du commandeur ou ses indications au laser rouge sur les cartes qui s’affichaient sur l’écran plat derrière-lui…
Mais à part cela, l’affaire était très claire et les rôles bien délimités.

Je crois pouvoir dire que nous étions tous passablement confiants quant à nos chances de réussite quand nous avons quitté la salle (moi y compris : chose assez rare).

Victor, lui, paraissait plus circonspect. Mais il n’était jamais satisfait.
Notamment parce qu’il venait de risquer sept vies là où il aurait pu n’en gager qu’une seule.
Ce que j’aime bien avec ce bonhomme, c’est que, pour lui (bien qu’étant soldat), chaque être avait son importance.

Mais il faut l’avouer : si le stratagème avait fonctionné, nous nous en serions tous tiré sans une égratignure.



Je pense pouvoir dire que tous les départements de l’infanterie mobile étaient représentés dans notre maigre équipée.

Espionnage pour Domakhol, Artillerie légère en ce qui concerne Harold, le génie militaire que représentait Hagerald (notre expert quelque soit le domaine, combat hormis) ainsi que l’infanterie proprement dite avec Tobiack et Lyam, ce dernier faisant office de sniper suppléent (rapport à Victor notamment)…

Torgil (issu du génie lui aussi à l’instar d’Haggis) et moi-même faisions office d’état-major.

Le problème avec les citées dômes, c’est qu’elles sont presque hermétiquement fermées (une fois les plaques de la coupole en places).
Pratiquement tout ce qui est émis dans le dôme est recyclé d’une manière ou d’une autre à l’intérieur de celui-ci.
C’est là, le principe même d’un secteur autonome : un circuit fermé.
Une vie en parfaite autarcie (ou presque).

On aurait pu passer par l’une des galeries d’extraction sédimentaire creusées en dessous de la citée. Mais à supposer qu’on ne se soit pas fait avoir par les capteurs du dernier niveau de la structure (puisque la Pythie offrait l’opportunité de passer tout barrage de senseurs), il aurait fallu trouver un moyen de sortir par l’une des trois tours. Et les huiles voyaient assez mal ce qui serait arrivé si notre équipe de bras cassés avait du débarquer en plein milieu des crèches royales.

Il y a donc un moyen simple et un moyen plus complexe d’entrer ou de sortir du treizième secteur.
Le premier étant celui de Furius (lors de sa première et unique sortie tout du moins) à savoir : par l’un des trois accès principaux qui desservent directement les trois larges avenues qui courent jusqu’au cœur… Mais il faut déjà être dans le bain depuis un certain temps et savoir blouser les gardes (avec l’aide de la Pythie toujours).
Pour info, les entrées sont enterrées (et ne se révèlent que quand la coupole est en place : des rampes secondaires via échangeurs mènent à la sortie en d’autres endroits sinon).

Il paraît qu’un androïde médical se serait fait la malle en courant avec un bébé dans les bras par l’un des accès principaux inexplicablement ouvert…
Paraît même que les gardes auraient laissé leur poste vacant dans le vain espoir de courser la machine…
Paraîtrait aussi que les capteurs de proximité montraient invariablement la même image après leur départ… (Image montée en boucle là encore et implémentée dans la banque de donnée en temps réel : Furius n’apparaissait en tout les cas nulle part).

Nota bene : le nourrisson s’appellerait Isidore et était déjà orphelin de son état. Il doit avoir environ vingt ans à présent (si je ne m’abuse) et fait le tour de tous les talk show en vue (de même qu’une certaine Cassandre).

La puce implantée dans le revers de la main du gamin aurait été dûment enlevée au préalable (d’une micro incision au scalpel après estimation de la troisième coordonnée par simple triangulation).
Au cas où ça vous intéresse, à l’instar des nano-puces, elles sont suffisamment petites pour être injectables par pistolet (propulsées à même le canon) et suffisamment grandes (de forme allongée, visibles à l’œil nu) pour ne pas être phagocytées par un quelconque globule blanc (puisque l’inconvénient des nano-robots médicaux est précisément qu’ils se dissolvent d’eux-mêmes dans un délai d’un moi : une mesure destinée à éviter tout risque de parasitage sur le long terme). En outre, leur batterie biochimique - dites hémophiles - se recharge perpétuellement grâce aux nutriments contenus dans le sang, donc.
Elles sont sous-cutanées et plus difficiles à enlever qu’une tique en plus d’être pratiquement indétectable (Domakhol a du carrément écorcher la peau des mains du malheureux macchabée dont il a usurpé l’identité).

Et si vous voulez vraiment tout savoir, la Pythie a du éteindre la puce de Domakhol (le temps de son escapade) et « remplacer » son signalement dans la banque de donnée…
Ouais : elle savait faire tout ça… Et déjà de son propre chef (ou presque). Elle devait demander l’autorité d’un supérieur hiérarchique avant tout au plus.

Nota bene : pour la petite histoire, elle a commencé comme lieutenant, elle a terminé colonel : cette salope est morte plus haut gradée que moi à l’époque.

Pour le reste et quant à l’extraction de Furius, les autorités en auraient conclu à l’action isolée d’un hacker (qui aurait oeuvré à l’intérieur des murs) et s’estimaient heureuses que « personne d’autre » n’ait sauté sur l’occaz pour « filer à l’anglaise » (une autre expression dont le sens m’échappe).

Bref : le genre de coup qui marche une fois, mais pas deux…

L’autre option - la plus chiante - pour entrer dans la ville était donc d’y aller à l’ancienne : creuser un bon vieux tunnel qui atteint la banque par les égouts sous-les panneaux du dôme (puisqu’il n’y a pas de senseurs qui protègent ce genre de tronçons) en priant pour que le dit dôme soit en place (ou qu’on n’en rabaisse pas les pans ce qui avait peu de chance d’arriver : la coupole n’avait pas bougée depuis sa prime fermeture).

Et la méthode D était la seule à laquelle nous avions droit : ce qui supposait de passer par plusieurs couches d’un béton nouvelle génération (le nec plus ultra de ce qu’il se faisait y a cent cinquante ans) épaisses chacune d’au moins un mètre.

Hagerald était là en partie pour ça (loué soit le génie militaire).
Il avait l’air un peu con avec ses deux bouteilles dans le dos, mais il faut avouer que le truc avec lequel il aspergeait les murs désagrège à mort ce genre de structure armée.
Il suffisait ensuite de disquer les renforts polymériques pour se frayer un passage à travers chaque couche.

Haggis était plutôt intelligent (et résolument fier de son apparence) mais il était incapable de décrire la nature du contenu de son pack dorsal (chose bizarre pour quelqu’un qui descendait d’une longue lignée d’ingénieurs : faut croire que cette invention n’était pas de lui).

Je me souviens que Tobiack jouait là-dessus pour lui foutre les jetons : « c’est pas mauvais pour la peau ce truc ? » qu’il disait alors que l’autre arrosait la première cloison.

Et l’autre de lui répondre : « Tu déconnes ?! » d’un air soudain paniqué.

Il valait effectivement mieux pour lui qu’il ne sache pas ce qu’il répandait…
Ou qu’il mette une combinaison…

(Tiens : on n’y a pas songé lors du briefing maintenant que j’y repense).

Quoiqu’il en soit, ce genre d’opération ne prenait jamais qu’une quinzaine de minutes tout au plus.

Ce qui était pénible en l’occurrence, c’était plutôt d’atteindre le socle en béton (parce qu’il fallait creuser comme je l’ai dit)…
Mais là encore, même si cela a pris quelques jours, une taupe mécanique a fait tout le travail à notre place.

L’éloignement était impératif (si nous ne voulions pas nous faire griller par des capteurs de proximités ou par une patrouille).

Nous avons donc entamé les travaux derrière une petite colline (qui dissimulait la mégapole et à fortiori, nous d’elle) à quinze kilomètres de la structure du dôme (qui demeurait logée dans une ancienne vallée).
Le forage a débuté au milieu des ruines d’une sorte d’ancien village datant d’avant 2166 (caché par le monticule de terre plus au nord et où nous avons pu camper pour le coup)…
L’endroit était parfait pour accumuler discrètement du matériel par voie terrestre.

Détail qui peut avoir une certaine importance : il n’y a pas/ plus d’outsiders hors du treizième secteur.
=> Personne ne devait pouvoir témoigner : ceux qui n’ont pas voulu rentrer sont vraisemblablement morts (de maladie je suppose : plus facile).

Pour le reste, la taupe datait de mathusalem : la quadruple tête à couronne mobile faisait un peu plus de deux mètres de diamètre.
La mèche (de section assez fine) en faisait cinq de long et répandait un long boyau de terre compactée au maximum (et qui ressemblait à s’y méprendre à de la merde sortant du cul de cette machine bizarre).

La couronne (qui tournait bien plus lentement que les têtes de forage et du même rayon que celui de la paroi qu’elle laissait derrière elle) consolidait la galerie en sécrétant une bande polymérique qui se solidifiait au contact de la terre (le tout décrivant des sortes de spires de soutien)…
Le hic, c’est que la machine s’arrêtait automatiquement tous les trois cent mètres pour ravitailler en pétrole entre autre (rapport à la polymérisation).

Il fallait aussi espérer qu’on ne tomberait pas sur une couche rocheuse en descendant (auquel cas nous aurions du trouver un nouvel angle d’attaque dans les délais les plus brefs)…
Ce qui était peu probable (nous ne creusions pas bien loin de la surface et ce genre de structure était construite autours de couches plus ou moins meubles précisément pour faciliter leur extraction et absorber les secousses sismiques).

Une fois le forage terminé, il a bien fallu élargir manuellement le passage devant la première couche de béton (pour l’entamer sans être gêné par la taupe) pour finalement encastrer une passerelle à l’endroit où descendait la paroi qui servait de rampe aux panneaux mobiles de la coupole.

Le support en béton décrivait une côte de quinze degrés en moyenne qui dans l’autre sens donnait sur un gouffre béant sensé abriter les pans du dôme lorsqu’ils étaient rétractés (preuve qu’ils ne l’étaient pas).

Nous avons du arpenter un petit bout de la montée jusqu’à ce que la structure de contrepoids des parties du dôme nous fassent barrage.
Nous avons pratiquement du monter piolets en mains, crampons aux pieds et encordés si vous voulez tout savoir (histoire de ne pas tomber au fond de la fosse : les adjuvants de la surface de l’infrastructure la rendaient glissante pour ne pas avoir à huiler constamment le déplacement des panneaux).

On a d’ailleurs plutôt galéré à chaque fois qu’il a fallu ramener notre attirail de l’extérieur vers l’intérieur (enfin, surtout Harold en fait : mais ça l’arrangeait bien du reste).

Et mis à part ces quelques désagréments (qui étaient prévus de toute façon), le plan se déroulait sans accro comme disait l’autre (le personnage d’une sitcom bidon datant du vingtième siècle et qui avait chouravé son nom à un célèbre général carthaginois).

Finalement après une heure de déambulations dans les égouts, nous arrivâmes sans encombre sous l’appartement de Domakhol.

Je me souviens d’avoir eu quelques remords en voyant Hagerald hésiter à asperger le plafond…
Il allait fatalement prendre quelques gouttes de son solvant sur la tronche.

« Fais gaffes » dis-je tout de même :

« Paraît que c’est mauvais pour la peau » ai-je précisé par acquis de conscience (ce qui ne servait strictement à rien si ce n’était à le stresser d’avantage).

- « Nan : Vous déconnez, j’espère ?! »

« … »

- « Tu m’as déjà vu déconner ?!! »



Il a quand même répandu ce truc sur le plafond : les ordres sont les ordres après tout (et Haggis était un bon soldat).

Mais je dois avouer que nous nous sommes tous lâchement écartés de lui au moment où il a appuyé sur la gâchette.
Lui-même avait la tremblote quand il l’a fait…

Malheureusement pour lui, il ne pouvait pas savoir qu’il ne vivrait pas assez longtemps pour souffrir les désagréments qu’aurait pu occasionner ce genre de substance douteuse.

Un autre inconvénient (s’il en est) c’est que le plan s’est tellement bien déroulé qu’on avait pratiquement une semaine d’avance sur nos prévisions.

Et une putain de semaine et demie enfermés comme des rats, c’est long : surtout avec ce type de compagnie…
Mais ça nous a permis d’amasser plus de matériel que ce qu’on avait ramené du petit village abandonné…
Pour certain ce n’était pas du luxe.

En fin de compte, c’est surtout le vieux Harold qui était content : il avait plus de pièces pour étoffer son exosquelette. En outre, il allait disposer d’une batterie de plus gros calibre que ce qui était prévu à l’origine et qui nécessitait l’adjonction d’un plus gros appendice caudal (lequel faisait office de trépied pour ne pas risquer de se faire éjecter en arrière à chaque coup du canon en mode automatique).
Plus deux mini-ogives et les râteliers qui vont avec (lesquels se logeraient de chaque côté de l’exo-colonne dans son dos) : mais ça, c’était déjà prévu à la base (on pensait simplement qu’on n’aurait jamais eu le temps de les ramener).

En armure, il faisait deux bons mètres de haut (deux mètres et demi même) grâce aux prothèses qui prolongeaient ses pieds en pattes.
Et armé de sa Gatling, il avait de quoi faire peur (surtout qu’il était déjà taillé comme un routier à la base).

Le major Torgil n’avait besoin de rien lui-même.

Lyam (qui demeurait sous son commandement) n’avait que son long fusil (similaire à celui qui avait rendu célèbre ce bon vieux Gretchencko) et n’avait résolument pas d’avantage à requérir.

Hagerald en avait certes profité lui aussi pour améliorer son matos (au niveau passe-partout électronique notamment) mais sans plus…

Quant à moi (outre mon attirail habituel), j’ai juste ramené une bombe rouge (et un pochoir) : l’arme ultime comme raillait Victor.

« La bombe surtout (même si la bombe n’est rien sans le pochoir qui va avec) » avait-il ajouté non sans une pointe d’ironie.
(Je dois avouer que j’espérais bien moi-même ne pas y avoir recours).



Mais ce qui aurait du m’alerter en l’occurrence, c’est qu’à l’instar d’Harold, Tobiack n’avait, lui, pratiquement rien ramené.

Old Harold et lui devaient se partager le plus gros du travail (et donc étaient supposés se préparer tous deux en conséquence).
Mais ce maniaque d’Incendiaire affichait invariablement le même sourire sardonique sans se soucier du nombre de charges de plastique qu’il devait amasser en vue du jour J…

Pour autant, tout son matos était réglo : rien d’autre que ce qui avait été prévu. Des variantes des pains de C4, des micros-charges atomiques, des mines, des détonateurs lasers et bien sûr ses foutues grenades incendiaires qui lui ont valu son surnom…



Tobiack…



Edric Tobiack…

Ou Tobiack dit l’incendiaire en raison de sa propension à piéger tout adversaire à l’aide de charges thermiques (au napalm plus précisément : pour ceux que ça intéresse).

Mais on le nommait aussi l’Arachnide à cause de l’entrelacs de fils en fibre de carbone (noirs, fins comme des cheveux et donc invisibles à l’œil nu) qui entravait l’embouchure de chacun de ses pièges (qu’il plaçait généralement à l’angle droit ou presque d’une quelconque ruelle : lui-même demeurant bien caché au fond du L).

Clotho (la première Moire) revenait aussi souvent comme sobriquet : c’est Gretchencko qui le lui avait attribué (avant d’apprendre à réellement le connaître sans quoi il se serait bien abstenu de le flatter d’une manière ou d’une autre).

Nota bene : Les Moires sont trois divinités grecques présidant à la vie de chaque individus : Clotho (la première comme je l’ai dit) était sensée filer le fil de la vie humaine tandis que la troisième sœur le coupait (après que la deuxième ait attribué une portion à un quelconque individu).
En ce qui concerne Tobiack, l’infortuné qui traversait le frêle lien coupait lui-même le fil de sa vie.

Mais sa prétendue vocation d’artificier n’a jamais été que la devanture de son commerce, la partie émergée de l’iceberg.
A l’instar d’Archibald Samson qui est capable de composer lui-même ses cocktails (étant donné qu’il a suivi une formation de servant tactique en tant qu’artificier), Tobiack était lui totalement autodidacte.

D’ailleurs, il était rare qu’il manipule ses explosifs : il préférait les prendre tels quels.
Il était juste balaise dans la conception de détonateurs complexes (s’il n’était pas chimiste, il était bon électronicien).

Je dois dire que nous nous ressemblions pratiquement traits pour traits (au niveau du caractère tout du moins). Mais j’ai sur lui d’avoir connu ma femme…
Sans quoi je serais sans doute devenu comme lui (et serais mort plus tôt, vas savoir).

Il était impossible de l’abattre sans s’empêtrer dans son traquenard (comme il l’appelait lui-même).
Sa tactique était de provoquer l’ennemi et de l’obliger à le suivre dans un terrain déjà en partie miné…
Il n’avait pratiquement pas besoin de refermer la porte derrière-lui : seulement d’activer les détonateurs à infrarouge une fois qu’il savait que l’ennemi avait dépassé le point de non-retour (après avoir relié quelques charges thermiques au fils de carbone juste le long du premier des cercles défensifs dont il était l’épicentre)…
Au moment où l’adversaire se trouvait pris entre le marteau et l’enclume.

Il disposait aussi quelques senseurs pour être bien sûr d’en attraper un maximum dans les mailles de son filet.

Tobiack se plaçait alors au milieu de la toile qu’il avait su tisser et attendait patiemment que les ennemis se fassent tuer un par un…
Dans l’espoir qu’un seul d’entre eux finisse par le rejoindre pour le défier en combat singulier.

Il restait-là bras croisés et dos au mur, parfois des heures durant, ou assis à même le sol un poing soutenant sa tête, attendant vainement un hypothétique rival (parfois même sans autre arme qu’un simple couteau).

C’était à ses yeux une épreuve : un test que devait passer chaque individu avant d’espérer avoir l’honneur de l’affronter directement.
Et il était bon à ce jeu-là aussi.

« L’Homme-Armada » était le surnom qu’il préférait (il se l’était attribué lui-même)…
Il se ventait de pouvoir tenir face à n’importe quel contingent (suite à un incident survenu durant les guerres institutionnelles et où il perdit toute son unité avant de tenir sa position, seul, face à une centaine d’hommes).
Il avait même établi des règles sensées régir n’importe quel type d’affrontement…
« Les trois principes de l’Homme-Armada » comme il les appelait fièrement.

En fin de compte, quand on analyse ses notes lors de son instruction (et il ne fut jamais que seconde classe de grade), on s’aperçoit qu’il maîtrisait tous les aspects du combat : des techniques de guérillas au corps à corps…
A dire vrai, il ne vivait que pour ça : sentir l’adrénaline, la peur (même la sienne) plus que la rage ou la haine d’un ennemi dont il n’avait finalement rien à fiche.

Parce qu’il ne ressentait rien d’autre.
On a dit de lui qu’il ne ressentait pas la douleur physique : raison pour laquelle, sans doute, il s’amusait tant de celle des autres et qu’il gardait toujours son sourire énigmatique (voir carnassier avec ses sourcils perpétuellement froncés).

Il n’était pas de prime abord mauvais à proprement parler (pas plus qu’un autre en tout les cas) : mais celui qui osait l’affronter devait être prêt à en payer le prix.

Et depuis l’époque de ses classes, personne n’a jamais pu l’approcher au plus près lors d’une attaque directe.

Un vrai psychopathe insensible à la douleur qu’on venait de lâcher dans une citée presque exclusivement composée d’ennemis (puisque l’état-major en avait décidé ainsi)…
Et il se serait contenté de ce qu’il avait en explosifs (alors même que le temps lui permettait d’accumuler des munitions en vue d’un plus gros carnage) ?
Le matos qu’il avait était tout juste suffisant pour ce que nous avions à faire : il n’avait que trois caisses de plus que nécessaire niveau explosif (lesquelles tenaient plus des effets personnels qu’autre chose).

Pour autant, tout était contrôlé : clair et net, rien à y redire (même le contenu de ses caissons de réserve était réglo). Il n’y avait rien qui ne fût trimbalé en douce ou sous le couvert d’un quelconque décret exceptionnel (comme cela pouvait arriver dans de rares occasions : pour raison d’état notamment).

J’aurais pu lui poser quelques questions pour en savoir plus…
Il était sous les ordres de Torgil (et j’avais dans l’idée qu’il ne m’aurait de toute façon pas entretenu sur ses véritables intentions).

Mais il avait pris avec lui des détonateurs à faisceaux : preuve qu’il comptait partir jouer à un moment ou un autre.

Cela lui laissait en tout les cas plus de temps pour poser ses charges.

Et il ne pouvait le faire sans l’aide d’Haggis, lequel le secondait à contrecœur dans ses pérégrinations via les égouts.
(Je crois qu’Hagerald a vite regretté le fait d’avoir emporté des réserves de son super solvant).

Pour le reste, Edric avait juste besoin qu’il lui ouvre certains passages puisque la plupart des tronçons souterrains se terminaient généralement par une grille d’évacuation (en cul-de-sac donc)…
Quand il n’avait pas besoin de lui pour forer une couche dans le béton à des endroits stratégiques : quatre points en particuliers que Tobiack avait prévu de miner de haut en bas.

Il fallait que le tout s’effondre en une fois.
Aussi, pour parachever son œuvre, il a bien fallu plastiquer le plafond avec ce qui lui restait de charges micro atomiques.
Cinq charges tout au plus (munies d’une surface adhésive) qu’il a plaquées à l’aide d’une sorte de perche télescopique à intervalle de cinquante mètres chacune.

Et on voyait bien à son sourire perpétuel que le salaud se languissait déjà du moment où il appuierait sur le bouton rouge.

Mais c’était un chasseur patient et son sourire était moins du à de l’excitation qu’à une manifestation d’autosatisfaction malsaine.

Si Furius pouvait passer pour un berserker, alors Edric Tobiack était son antithèse. Une sorte de force tranquille (presque placide), mais affichant constamment sur son faciès l’expression d’une ironie douteuse qu’aucun de ses ennemis ne parvint jamais a effacer de son visage : pas même à sa mort.

Mais tout comme Domakhol, il demeurait irrémédiablement seul.

Je ne le connais pas assez pour décrire son passé (il avait autant de conversation que moi en temps normal pour tout vous dire).

Mais je subodore qu’il pensait la même chose que lui en la matière.
Non pas que nous n’aimons pas… Mais nous n’aimons pas souffrir.
Et je me dis parfois qu’une chose comme les sentiments était peut-être ce qu’il redoutait le plus en définitive.

Paraît que la guerre c’est l’enfer.
Paraît aussi que l’enfer c’est les autres…
La guerre est le fait des autres.

Je crois que ce seul sophisme résume bien ce qui régissait la vie de Tobiack

Il n’y a bien qu’Harold qui fût homologué coureur de jupon invétéré (dans le bon sens du terme comme il le disait lui-même c.à.d. après séparations en tout bien tout honneur).

Torgil était veuf lui aussi (mais remarié pour le coup)…

Et quant à Haggis…
Bin, c’était Haggis !
A part lui, rien ne l’intéressait vraiment.
Pas même les quelques dames qu’il collectionnait (même s’il s’en ventait)…
Oui : il était maquereau à ses heures (enfin, surtout depuis que l’économie de marché avait été rétablie : il se faisait entretenir sinon).

Et je crois que le nabot était toujours puceau (sans quoi je ne m’explique pas la raison de son surnom)…



Resquiescant in pacem !


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