Je me relevai d'un bond. Combien de temps m'étais-je endormi? Mes plaies avaient totalement disparues et l'attelle indiquait que mon os était réparé. En la retirant, quelque chose attira mon regard à l'extérieur de la salle. En relevant la tête, je dus retenir un cri.
Elle me fixai d'un regard vide, le teint aussi pâle que la mort, ses cheveux noirs flottant dans son dos, tandis que ses lèvres bougeaient sans qu'un mot n'en sorte. Je me frottai les yeux. C'était impossible, elle était morte depuis des semaines, elle ne pouvait pas être ici! Je tentais de me ressaisir et quand je rouvris les yeux, je vis sa silhouette disparaître par l'ouverture.
Je chancelai sous le choc de cette rencontre. Ce n'était pas le moment de divaguer, alors que j'étais piégé dans cette base! Le kit de soin avait du me donner des hallucinations, oui, c'était surement ça. De toute manière, quoi d'autre pourrait en provoquer dans cette endroit?

Je posai prudemment la jambe au sol, et, en voyant que je ne ressentais aucune douleur, j'avançai d'un pas plus vif. Maintenant que j'étais un peu plus en sureté, une question me harcelai.
Comment sortir de la base sans pour autant ouvrir une issue de secours aux nécromorphs? Je n'osais même pas imaginer ce qu'il se produirait si ces choses sortaient... Quoi qu'il en soit, je ne pouvais rester ici, surtout que les ressources finiraient par manquer. Si je n'avais pas encore faim, cela ne tarderait pas à arriver.
Au fil de mes pensées, je me rendis également compte que la situation avait empiré depuis que j'avais échappé à la grosse bestiole. Plus je progressai, et plus les lumières vacillaient, des spots isolés éclairant de manière grotesque un cadavre adossé au mur ou une tâche de sang. En plus de mes bottes martelant le sol métallique, des petits grattements rompaient parfois le silence engloutissant de ces couloirs.
Ce qui m'inquiétais le plus, c'était justement l'absence de corps. Bien que certains couloirs était littéralement inondés de fluides vitaux, il n'y avait que quelques cadavres occasionnels, généralement suffisament mal en point pour en être méconnaissables. Enfin, quelques jambes abandonnées ou morceaux d'intestins perdus trainaient par-ci par-là.
J'en arrivai à me demander comment ces nécromorphs se multipliaient. Il n'y avait qu'une quinzaine de spécimens différents au départ et quelques heures plus tard, toute la base avait l'air de grouiller de ces créatures. Quelque chose clochait, mais je ne pouvait pas m'attarder.
Une nouvelle fois, je franchis une porte, pensant déboucher sur un autre couloir interminable.

Mais pour une fois, la chance me sourit.
A mon entrée, je découvris un groupe de quatre personnes agenouillées autour de ce qui semblait être un homme agonisant au sol. Je remarquais également que le cadavre d'une des créatures avait été tirée à l'écart, comme pour ne pas souiller davantage le lieu.

« Allez... T'inquiètes pas... Tu peux tenir le coup..., gémissait l'un des hommes, les larmes aux yeux. »
« Je... suis... à bout... »
« Faut pas dire ça, tu vas t'en sortir »
« C'est plus facile... à dire... qu'à faire... »
« Tiens bon, y a une infirmerie pas loin »
« J'en... peux plus... »
« Non, non! »

Dans un dernier râle, il mourut. Je vis des larmes s'écraser sur l'acier, tandis qu'un des hommes continuait de le secouer, comme si ce simple geste pourrait le ramener à la vie.
Puis l'un d'eux se retourna, vit ma silhouette dans l'ombre, et je me retrouvai avec quatre armes pointées dans ma direction. Deux des hommes portaient des combinaisons de techniciens et les deux autres des armures de gardes. Je levai légèrement les bras, et fis un pas vers la lumière, en espérant que ce mouvement ne les inciterai pas à tirer.

« Oh, du calme! »

Après avoir vu que j'étais humain, ils se détendirent à vue d'oeil, et baissèrent leurs armes. S'en suivit l'habituelle scène des présentations.
Les deux techniciens se nommaient David et Jeff, et les deux autres Michael et Florian. Le défunt, quant à lui, se faisait apparemment appeler Deck.

« Matt... »
« Ok... Comment tu t'en es sorti toi? Presque tout le monde est mort. »
« Je... Un coup de bol... »

J'avais encore du mal à avouer que c'était moi qui avais libéré ces choses, même accidentellement.

« On était six au départ. On en a perdu un dans la salle des machines... et lui..., commença Mike »
« On croyait être en sécurité dans cette foutue salle, mais il y en a un qui nous ai tombé dessus! cria Jeff » Il désigna le cadavre de la chose « Je crois qu'il l'a embroché... »
« N'empêche que je comprend toujours pas, on lui a collé une bonne dizaine de balles avant qu'il le lâche enfin! »
« Euh... Ouais... Vous... vous avez pas une arme en plus pour moi?, demandai-je d'une voix hésitante. »
« Tiens, prends la sienne, il en aura plus besoin »

Il prit le pistolet laser qui gisait à côté de son ancien propriétaire et me le tendit.

« Tu viens avec nous? »

Cette proposition fut la bienvenue. J'acceptai, et nous partîmes, après avoir au préalable disposé le corps dans une position plus naturelle et traité au mieux l'affreuse plaie qui s'ouvrait sur le torse, là où la lame l'avait transperçé. On aurait presque pu dire qu'il était endormi.
Enfin, la porte se referma sur les deux cadavres.