Paris by Night
Par : Conan
Genre : Polar , Réaliste
Status : Terminée
Note :
Chapitre 3
Publié le 16/09/11 à 20:49:25 par Conan
Anto gare sa voiture devant l'Étoile Rouge, bar-brasserie-spécialités Serbes, coupe le contact, se fait un rail et descend de la voiture. Il pousse la porte vitrée, salue le barman qui nettoie son comptoir, se dirige vers le fond de la salle et serre la main de deux armoires à glace assis à une table.
-Hé Anto, ça fait un bail. Vu le boucan et la lumière que fait ta tire on était sûrs que c'était toi. S'exclame le premier, sans accent.
-Putain tu travailles plus ou quoi? Dit le second, avec accent.
-J'étais allé rendre visite à Ulrich à l'hôpital. Radovan est là?
-Ouais, au bureau il fait ses comptes, le dérange pas. Tu devrais pas rester trop proche d'Ulrich, il va te niquer un de ces jours.
Anto renifle et se frotte le nez pour bien faire passer la came, ce qui lui donne l'air penaud.
-Pourquoi? Moi j'ai jamais eu de problèmes avec lui.
-Ouais, bah nous on te prévient.
-Radovan est dans le coup?
-Quoi? De quoi tu parles? Quel coup? Ulrich s'est foutu en l'air parce qu'il est con et qu'il sait pas piloter correctement, c'est tout, on n'est pas des assassins nous, on fait notre business. Ulrich il nous doit du blé, voilà tout, on a besoin de lui vivant.
Une voix résonne en haut du petit escalier en colimaçon qui conduit en salle en même temps que des pas en descendent.
-Milo, ferme-la!
Un homme fait son apparition. Pas très grand, une bonne cinquantaine, des cheveux dégarnis et qui descendent à hauteur du cou, une chemise ouverte sur un torse poilu et une croix Orthodoxe en or. Il sourit et fait la bise à Anto.
-Anto, mon ami! Comment tu vas?
-Ça va Radovan?
-Vas-y, assied-toi, assied-toi. Milan! Tu nous sert deux rakias à mon ami et à moi! Alors Anto, quel bon vent t'amène?
-Rien, j'suis venu prendre des nouvelles.
-Milo te parlait d'Ulrich? De l'accident?
-Ouais, mais c'est rien...
-Si, si, dis-moi, pourquoi tu me dis pas tout simplement que t'es venu parler d'Ulrich?
-J'sais pas moi...
-Alors quoi. Tu penses que c'est nous qui sommes dans le coup, que j'ai voulu flinguer Ulrich, c'est ça?
-Non, je voulais juste être sûr, c'est tout...
Radovan s'enfonce dans sa chaise et regarde le sol d'un air faussement attristé.
-Ohhh, Anto... Tututut... Ça me déçois vraiment que tu penses ça. Et en plus me mentir chez moi, devant mes amis, je pensais que tu valais mieux que ça, mieux qu'Ulrich. Ça fait combien? Un an que tu le connais? Deux? Moi ça fait Six ans qu'on bosse ensemble, c'est moi qui t'ai sorti de la merde, n'oublie pas!
-Je sais Radovan, j'oublie rien. Excuse moi Radovan...
Le barman arrive à la table et sert les deux verres. Anto refuse d'un signe de la main.
Voyant ça, Radovan joue à nouveau la comédie :
-Et maintenant tu veux même plus trinquer, tu refuses que je t'offres un verre... C'est quoi le problème? C'est Ulrich qui t'a monté la tête contre nous? Tu veux que j'te dise? Ulrich, c'est rien qu'un enfoiré! Tu sais pourquoi on peut pas l'avoir tué? Parce qu'il me doit 14 000€, voilà pourquoi, si on le bute le fric il nous passe sous le nez. J'lui ai laissé du temps, mais non, il m'a enflé, ça fait six mois que je cours après mon fric. Il est pas réglo, c'est un enfoiré, c'est tout.
-Non, il m'a pas monté la tête... Je lui ai dit que c'était pas toi, mais il pense que si, voilà tout.
-C'est qu'un enfoiré, il salit mon honneur en plus de ça, il m'accuse alors que j'ai rien à voir dans son accident, il s'y est foutu tout seul dans sa merde. Moi j'étais prêt à négocier, à le faire bosser pour moi jusqu'à ce qu'il ne doive plus rien, mais non, c'est un connard. Maintenant il peut toujours courir, je vais envoyer Milo et Dragan lui casser sa face de rat et c'est tout... Bon, et toi Anto, qu'est-ce que tu deviens?
-Bah moi tu sais, je mène ma barque, on fait aller.
-Ahhh, c'est pas bien ça, de se laisser aller. Faut pas. Tu cherches du boulot en ce moment?
-Non, je bosse avec Ulrich.
-Putain, c'est qui Ulrich? Ta mère? Ta gonzesse? Tu veux pas te faire de fric?
Anto réfléchit quelques instants avant de répondre.
-Ça serait quoi le boulot?
-On doit assurer un deal avec les Gaulois, ça te dirais d'assurer les arrières de mes gars?
-Non, pas les Gaulois. Tu sais très bien que je peux pas.
-Mais on s'en fout, c'est juste pour le fric.
-Tu sais très bien pourquoi.
-Ouais, ton passé, des histoires qui ont pas loin de dix ans, toutes ces conneries. Tu sais quoi? Tu t'affaiblis, y'a deux ans pour du fric t'aurais bossé avec n'importe qui, t'as des états d'âme, et ça c'est pas bon.
-Bon, ça roule.
-Demain soir, a minuit, dans le parking souterrain de la gare de Lyon. Tu retrouveras Milo et Dragan dans la voiture. Tout ce que t'auras à faire c'est assurer le deal avec Milo pendant que Dragan reste en retrait au cas ou. T'as l'habitude de ce genre de trucs, cet espèce d'âne il est arrivé du pays y'a deux mois, hein espèce d'ahuri! S'esclaffe Radovan en jetant des cacahuètes sur Dragan qui ris jaune en les évitant.
-Y'a Combien à se faire?
-Ta part sera de 500 euros. On doit leur fourguer un kilo d'amphétamine. T'oublies pas hein, tu montres la came d'abord.
***
Ulrich écarquille les yeux.
-T'as accepté?
-T'es marrant toi, moi j'ai besoin de fric! Puis Radovan n'est pas derrière tout ça. Il m'a dit que tu lui devais un sacré paquet de blé et qu'en te foutant en l'air il aurait rien eu. Répond Anto.
-C'est ça, et mon appart dévasté non plus c'est pas lui? Tu vas vraiment faire un deal avec les autres timbrés? Tu te souviens pas des plans foireux dans lesquels tu t'es foutu avec cette bande de fachos?
-Oh c'est bon, c'est de l'histoire ancienne.
-N'empêche que sans Milo t'aurais sûrement crevé à cause de leurs conneries.
-Ils y étaient pour rien!
-C'est ça, et ça n'a aucun rapport si t'as arrêté de les voir quand t'es sorti de l'hosto.
-J'ai arrêté ça pour faire du fric!
-Ils en font bien eux, la preuve.
-Bah ouais, je voulais changer d'air, ils ont rien à voir là-dedans. C'est juste que les branlettes sur le troisième Reich et les saluts nazis ça a fini par me gonfler.
-Bon, laisse tomber. Tu finis de m'aider à tout remettre en ordre?
-Non, va te faire foutre, j'me casse, démerde-toi!
-Putain, t'es qu'un enculé!
-C'est ça.
Anto sort et claque la porte. Il passe le reste de la nuit à se défoncer dans les toilettes du Carpe Diem.
-Hé Anto, ça fait un bail. Vu le boucan et la lumière que fait ta tire on était sûrs que c'était toi. S'exclame le premier, sans accent.
-Putain tu travailles plus ou quoi? Dit le second, avec accent.
-J'étais allé rendre visite à Ulrich à l'hôpital. Radovan est là?
-Ouais, au bureau il fait ses comptes, le dérange pas. Tu devrais pas rester trop proche d'Ulrich, il va te niquer un de ces jours.
Anto renifle et se frotte le nez pour bien faire passer la came, ce qui lui donne l'air penaud.
-Pourquoi? Moi j'ai jamais eu de problèmes avec lui.
-Ouais, bah nous on te prévient.
-Radovan est dans le coup?
-Quoi? De quoi tu parles? Quel coup? Ulrich s'est foutu en l'air parce qu'il est con et qu'il sait pas piloter correctement, c'est tout, on n'est pas des assassins nous, on fait notre business. Ulrich il nous doit du blé, voilà tout, on a besoin de lui vivant.
Une voix résonne en haut du petit escalier en colimaçon qui conduit en salle en même temps que des pas en descendent.
-Milo, ferme-la!
Un homme fait son apparition. Pas très grand, une bonne cinquantaine, des cheveux dégarnis et qui descendent à hauteur du cou, une chemise ouverte sur un torse poilu et une croix Orthodoxe en or. Il sourit et fait la bise à Anto.
-Anto, mon ami! Comment tu vas?
-Ça va Radovan?
-Vas-y, assied-toi, assied-toi. Milan! Tu nous sert deux rakias à mon ami et à moi! Alors Anto, quel bon vent t'amène?
-Rien, j'suis venu prendre des nouvelles.
-Milo te parlait d'Ulrich? De l'accident?
-Ouais, mais c'est rien...
-Si, si, dis-moi, pourquoi tu me dis pas tout simplement que t'es venu parler d'Ulrich?
-J'sais pas moi...
-Alors quoi. Tu penses que c'est nous qui sommes dans le coup, que j'ai voulu flinguer Ulrich, c'est ça?
-Non, je voulais juste être sûr, c'est tout...
Radovan s'enfonce dans sa chaise et regarde le sol d'un air faussement attristé.
-Ohhh, Anto... Tututut... Ça me déçois vraiment que tu penses ça. Et en plus me mentir chez moi, devant mes amis, je pensais que tu valais mieux que ça, mieux qu'Ulrich. Ça fait combien? Un an que tu le connais? Deux? Moi ça fait Six ans qu'on bosse ensemble, c'est moi qui t'ai sorti de la merde, n'oublie pas!
-Je sais Radovan, j'oublie rien. Excuse moi Radovan...
Le barman arrive à la table et sert les deux verres. Anto refuse d'un signe de la main.
Voyant ça, Radovan joue à nouveau la comédie :
-Et maintenant tu veux même plus trinquer, tu refuses que je t'offres un verre... C'est quoi le problème? C'est Ulrich qui t'a monté la tête contre nous? Tu veux que j'te dise? Ulrich, c'est rien qu'un enfoiré! Tu sais pourquoi on peut pas l'avoir tué? Parce qu'il me doit 14 000€, voilà pourquoi, si on le bute le fric il nous passe sous le nez. J'lui ai laissé du temps, mais non, il m'a enflé, ça fait six mois que je cours après mon fric. Il est pas réglo, c'est un enfoiré, c'est tout.
-Non, il m'a pas monté la tête... Je lui ai dit que c'était pas toi, mais il pense que si, voilà tout.
-C'est qu'un enfoiré, il salit mon honneur en plus de ça, il m'accuse alors que j'ai rien à voir dans son accident, il s'y est foutu tout seul dans sa merde. Moi j'étais prêt à négocier, à le faire bosser pour moi jusqu'à ce qu'il ne doive plus rien, mais non, c'est un connard. Maintenant il peut toujours courir, je vais envoyer Milo et Dragan lui casser sa face de rat et c'est tout... Bon, et toi Anto, qu'est-ce que tu deviens?
-Bah moi tu sais, je mène ma barque, on fait aller.
-Ahhh, c'est pas bien ça, de se laisser aller. Faut pas. Tu cherches du boulot en ce moment?
-Non, je bosse avec Ulrich.
-Putain, c'est qui Ulrich? Ta mère? Ta gonzesse? Tu veux pas te faire de fric?
Anto réfléchit quelques instants avant de répondre.
-Ça serait quoi le boulot?
-On doit assurer un deal avec les Gaulois, ça te dirais d'assurer les arrières de mes gars?
-Non, pas les Gaulois. Tu sais très bien que je peux pas.
-Mais on s'en fout, c'est juste pour le fric.
-Tu sais très bien pourquoi.
-Ouais, ton passé, des histoires qui ont pas loin de dix ans, toutes ces conneries. Tu sais quoi? Tu t'affaiblis, y'a deux ans pour du fric t'aurais bossé avec n'importe qui, t'as des états d'âme, et ça c'est pas bon.
-Bon, ça roule.
-Demain soir, a minuit, dans le parking souterrain de la gare de Lyon. Tu retrouveras Milo et Dragan dans la voiture. Tout ce que t'auras à faire c'est assurer le deal avec Milo pendant que Dragan reste en retrait au cas ou. T'as l'habitude de ce genre de trucs, cet espèce d'âne il est arrivé du pays y'a deux mois, hein espèce d'ahuri! S'esclaffe Radovan en jetant des cacahuètes sur Dragan qui ris jaune en les évitant.
-Y'a Combien à se faire?
-Ta part sera de 500 euros. On doit leur fourguer un kilo d'amphétamine. T'oublies pas hein, tu montres la came d'abord.
***
Ulrich écarquille les yeux.
-T'as accepté?
-T'es marrant toi, moi j'ai besoin de fric! Puis Radovan n'est pas derrière tout ça. Il m'a dit que tu lui devais un sacré paquet de blé et qu'en te foutant en l'air il aurait rien eu. Répond Anto.
-C'est ça, et mon appart dévasté non plus c'est pas lui? Tu vas vraiment faire un deal avec les autres timbrés? Tu te souviens pas des plans foireux dans lesquels tu t'es foutu avec cette bande de fachos?
-Oh c'est bon, c'est de l'histoire ancienne.
-N'empêche que sans Milo t'aurais sûrement crevé à cause de leurs conneries.
-Ils y étaient pour rien!
-C'est ça, et ça n'a aucun rapport si t'as arrêté de les voir quand t'es sorti de l'hosto.
-J'ai arrêté ça pour faire du fric!
-Ils en font bien eux, la preuve.
-Bah ouais, je voulais changer d'air, ils ont rien à voir là-dedans. C'est juste que les branlettes sur le troisième Reich et les saluts nazis ça a fini par me gonfler.
-Bon, laisse tomber. Tu finis de m'aider à tout remettre en ordre?
-Non, va te faire foutre, j'me casse, démerde-toi!
-Putain, t'es qu'un enculé!
-C'est ça.
Anto sort et claque la porte. Il passe le reste de la nuit à se défoncer dans les toilettes du Carpe Diem.
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