J’erre dans la ville depuis plusieurs minutes déjà. A l’autre bout, j’entends les cloches de l’église qui sonnent. Il est déjà vingt-trois heures. Ma chemise blanche est toute tachée de sang. Je sens mes jambes choir sous mon poids. J’ai l’impression d’avoir marché des heures. J’ai l’impression que tout ça a commencée il y a longtemps. Et pourtant …

Il était midi quand le téléphone sonna. J’étais en pleine préparation d’un chili con carne pour ce soir. J’avais remarqué que les initiales du chili con carne étaient CCC. Je décrochais donc.
« Salut Timothy, c’est Madison. On a juste un changement de plan pour ce soir. Maxwell est tombé de l’échelle, et il s’est cassé la jambe. Le docteur a dit que ce n’était pas grave, mais il faut qu’il reste à la maison, donc ça te dérange pas de venir chez nous au lieu que nous, nous venions chez toi ?
- Ok, répondis-je, mais il faudra réchauffer mon chili.
- Bah, Max préfère quand c’est réchauffé ! A tout à l’heure alors ! »

Madison raccrocha. Ce changement de plan ne me plaisait guère à vrai dire… Même s’il y a la vaisselle à faire après, même s’il faut ranger, je préfère être chez moi, peinard. Et au moins, je peux boire avec un peut moins de modération. Je retournai donc à mon chili. J’avais presque terminé. Il était huit heure moins dix. Ils étaient censés venir à huit heures. Je me dépêchai de mettre tout ça dans du papier d’alu, je rentrai dans la voiture et je m’en allai. La radio diffusa Highway to hell d’AC/DC. Je me mis donc à chanter avec Bon Scott, étant fan de ce groupe et connaissant toutes les musiques par cœur. J’empruntais la route qui allait de Derry à Bangor. J’étais seul, il n’y avait pas une voiture. Je décidai alors de me faire plaisir en accélérant un peut. Et puis comme ça, j’arriverai plus vite chez Madison et Maxwell. Effectivement, je suis arrivé quelques minutes plus tôt que ce que je n’aurais imaginé. Je sonnai et Madison m’ouvris.
« Tim ! Tu es déjà là ?
- Oui, il n’y avait personne sur la route.
- Oui, il n’y a jamais personne. Entre, allons voir le grand blessé… »