Le Poids Des Mots
Par : MassiveDynamic
Genre : Science-Fiction
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 6
Les Passions D'Autrefois
Publié le 28/07/11 à 23:32:36 par MassiveDynamic
<< Et vogue, vogue le bateau de la vie. Draine mon eau à chaque fois un peu plus, mais rend chaque goutte unique. Même si le voyage se termine ici. Mais je ne comprends pas. Je ne suis pas ces gens. Les gens lambdas. Je ne suis pas un saint non plus. Mais je suis moi-même, je ne réponds à aucun stéréotype. Je ne suis pas à ranger dans un panier. J'ai peut-être un caractère élitiste, mais toujours est-il qu'un tel caractère se préfère à celui d'un perdant né. De ces gens sans ambitions. Ces âmes qui vivent la vie sans la connaître. Je peux crier "vive la vie" maintenant, je le penserai vraiment. Alors ne me fais pas ça. Putain, ne me fais pas ça ! Pas toi ! >>
L'amour dévore souvent le c?ur des gens. Qu'il procure le bien ou la souffrance, qu'importe, au final, l'issue est la même, on en sort dévoré. Rongé par la tristesse. Noyé de chagrin par la perte de l'être aimé. L'amour est un piège. Un piège à cons. Un piège à faibles. C'est la goupille de la baise. Dégoupillé, il nous met dans une belle merde. Non, pas de ça. Ca ne me touchera pas. Céline est belle, oui. Très belle, même. Mais putain, tant que je peux tirer mon coup, je m'en branle des sentiments. Malheureusement, ça ne risque pas d'être ce soir. Il va falloir passer par les conventions habituelles. La petite soirée chez elle, on sympathise, le restau, on se rapproche un peu plus, puis le cinéma avec option allez simple dans ma chambre pour ouvrir le baisodrome. Putain, c'était plus simple au lycée... Des trous au sens propre certaines, juste de l'air dans le cerveau. Mais heureusement, les choses changent.
Je m'étais habillé sobre mais classe pour ce premier rendez-vous directement chez elle. J'étais d'ailleurs étonné de savoir qu'elle habitait en fait à quelques rues de mon domicile. Le chemin ne sera pas long, au moins. J'avoue avoir fantasmé un petit peu sur la route, après tout, une invitation directe après ne s'être vus qu'une seule fois en soirée, on peut y voir des suggestions. Du moins, j'aime le penser. Être désirable. Le casse-tête refoulé de chaque être humain civilisé. Ça n'est pas qu'une apparence, c'est avant tout un style de vie. Et ça, très peu le comprennent. Sa maison était à l'écart des autres, très belle, moderne, dotée d'une personnalité originale puisqu'elle était à l'image des maisons hollandaises classiques. Les murs extérieurs étaient noirs, les fenêtres blanches et quelques garnitures de rouge venaient relever le tout. Le fronton, très typé hollandais, s'imposait majestueusement. En arrivant devant la porte, je pris les devants et frappa quatre coups brefs. Pour patienter, je laissais mon regard se porter sur les contours de l'entrée. Je remarquai un dispositif semblable à un ?il de b?uf digitalisé et blanc sur un socle, presque collé à la porte. Je m'apprêtais à le toucher quand la porte s'ouvrit brusquement.
"Hey, salut Isaac. Viens, entre ! "
Et la splendide brune m'ouvrit. Elle était vêtue d'un haut vert et d'une robe assortie visiblement taillée sur mesure. Des boucles d'oreilles rayonnantes chancelaient, accrochées à ses oreilles. Et ses yeux verts étaient plongés dans les miens, d'entrée de jeu. Je lui adressai un sourire et fit le premier pas à l'intérieur. La décoration était splendide, Un énorme tapis rond ornait le sol du hall d'entré et les murs qui m'entouraient étaient décorés par des tableaux et d'autres peintures monochromes. Un mélange de renaissance et de post-moderne. Cependant, l'architecture boisée, les poutres diagonales taillées admirablement et l'effort remarquable d'harmonie ne pouvait que mettre en confort n'importe quel invité. Et j'étais plutôt impressionné, à vrai dire. Elle me conduit vers son salon, et je la suivais, époustouflé.
"Wahou, ta maison est vraiment magnifique ! Le style hollandais extérieur, et tout la décoration d'intérieur, c'est vraiment un parti pris intéressant. Ta famille a bon goût. Je m'attendais à quelque chose de plus désuet, le genre moderne actuel avec une décoration sobre mais coûteuse. Non, vraiment, ça m'épate. "
Elle m'invita à prendre place sur un canapé luxueux et en adéquation à la décoration puis m'attribua une réponse en me versant à boire.
" Merci. C'était l'idée de ma mère. Jolie, le fronton, n'est-ce pas ? "
Elle me souriait bêtement. Son sourire valorisait ses taches de rousseur. Mignon.
" Imposant, même ! "
Répondis-je en portant le verre à ma bouche.
" C'était mon idée. Ma mère l'a fait construire pour moi. Oh, c'est de l'hydromel, j'espère que tu aimeras ! "
L'hydromel ?! Un peu que j'aime, c'est ma boisson préféré !
" J'adore ça. "
Elle se joint à mes côtés et se servit un verre également.
"Alors, je suis comment maintenant que t'es assez sobre pour juger ? "
Dis-je sur le ton de la plaisanterie.
"Hmm... Probablement aussi sexy que moi ? Tout dépend de notre amour propre à tous les deux. "
Dit-elle sereinement. Belle esquive, je l'avoue.
Elle prit une télécommande en main me questionna.
" Tu connais Yann Tiersen ? "
J'adore. La fleur enterrée sous une marée de bouillie mainstream.
"J'apprécie beaucoup, oui. Ca m'étonne que tu connaisses. "
Elle appuya sur un bouton et une musique se lança. Dark Stuff. Une version live.
"Tu sais, c'est connu. Et puis, je fais du piano, aussi. Ca aide ! "
me répondit elle en faisant des boucles à ses cheveux parfaitement lisses.
" Connu, c'est relatif. Va poser ça au premier venu dehors, il t'enverra bouler. Mais que tu fasses du piano, c'est bien. J'ai toujours voulu en faire. Mais bon, j'ai d'autres priorités, la musique est secondaire dans ma vie."
Son visage s'illumina, comme si elle venait de se souvenir de quelque chose. Quelque chose oublié.
" Tu aurais du en faire. La musique est transcendante, ça n'est pas secondaire, elle est partout. les rythmes que tu fais en tapant sur une table, tes fredonnements, le sifflotement des oiseaux, la pluie qui frappe le sol en cadence. Et le gros son house en soirée privée, aussi ! "
Me lança-t-elle en référence à notre rencontre en soirée VIP.
"Et puis, tu portais des écouteurs sur toi en rentrant. Tu consommes la musique, elle n'est pas tout à fait secondaire. "
Elle chipote sur des conneries. C'est fou ce que c'est candide, une femme. Mais bon, elle est comme toutes les autres, des discours pour me montrer son argumentaire, histoire que je me dise que je baise pas un animal mais une fille qui jouit intelligemment. Enfin, au moins elle a bon goût et du répondant, je l'apprécie. Disons que je lui ferai l'amour comme il se doit.
"Ca m'étonne qu'on ne se soit jamais croisé toi et moi, on habite à 5 minutes l'un de l'autre. "
"On s'est peut-être déjà croisé mais tu ne m'as sans doute jamais remarqué. "
Répondit-elle.
"Pas possible, tu frappes l'oeil, je m'en serai souvenu ! "
Elle rit timidement.
"Je frappe l'oeil ? "
Dit-elle enjouée.
"Ouais, tu attires le regard. Je m'en serai souvenu de toi ! T'étais à quel lycée ? "
"Au lycée Français. "
"De Genève ?! "
"Bah évidemment, de Genève ! "
"Pas possible, j'y étais aussi, je ne t'y ai jamais vu ! "
"Tu ne dois tout simplement pas avoir bonne mémoire ! "
Dit-elle en souriant.
Tu parles, c'est pas possible. Si je l'avais déjà vu, il y a longtemps qu'elle serait passée entre mes mains expertes.
" Et tu fais quoi d'ailleurs, maintenant ? "
" Ben, maintenant... Je profite de la vie. Je m'entretiens. Je découvre. Je fais tout ce qu'un employé dont l'obsession est le travail et ses fins de mois ne peut pas faire. Je vais où je veux, comme tu as pu le remarquer. "
" Tu procrastines, en gros. "
Me répondit-elle.
" Absolument pas puisque je fais tout au jour le jour ! M'encombrer de tâches ingrates serait complètement idiot quand d'autres qui n'ont pas mon argent sont là pour le faire. "
Elle parut froncer les sourcils le temps d'une demie seconde.
"Soit. Si tu te plais à vivre comme ça. Moi, je fais des études de musicologie. J'espère devenir joueuse professionnelle. "
" Ambitieuse. Tu as tout à fait raison. "
" Ambitieuse et croyante. Je vis d'espoir. C'est mon moteur. Et mes notes me guident vers le lendemain. "
"Tu te réfugies dans la musique ? "
Demandais-je, interloqué.
"Qui ne s'y réfugie pas ? Même le plus idiot des individus s'obstine à participer aux fresques musicales en la consommant. Moi, je la guide. Puisque le son est déjà présent, il n'a besoin que d'un guide. "
"Et la musique est ton guide ? "
"C'est ça. Je vois qu'on se comprend, c'est bien. J'en ai perdu des tas d'autres à cette partie là. "
"Des tas d'autres ? "
"Ouais. Les dragueurs, les romantiques, ceux qui me prennent pour un plan cul, bref, les autres, quoi. "
Évidemment. Je ne suis pas le premier et ne serai pas le dernier. Soit. On ne se ment pas, au moins. Oeil pour oeil.
" Je ne suis pas l'autre, tant mieux pour moi ! Tu t'obstines à rester célibataire ? "
" Je ne m'y obstine pas. Le truc c'est que contrairement aux autres, j'ai déjà vécu l'amour. Le pur. Celui qui brûle, qui fait pleurer, qui met la boule au ventre. Et à l'inverse, qui comble de joie, qui procure la plénitude. C'est un sentiment traître, puisqu'on ne le contrôle pas, et il ne nous quitte jamais totalement. "
"T'es encore sur ton ex, en gros. "
Dis-je un peu déçu. A défaut du plan cul, j?espérai au moins une relation avec elle. Les filles qui allient intelligence, luxe et beauté pure se font rare.
" Non, pas vraiment. Enfin si. Disons que c'est compliqué à expliquer. Et puis ne parlons pas de ça ! Du vin gris ça te dit ? "
Elle dévia le sujet, toujours aussi souriante. Nous buvions à nouveau alors que la musique touchait peu à peu à sa fin. Et plus la soirée passait, plus nous parlions de nous. Elle de son père en voyage d'affaire de deux mois et de sa mère décédée mais très présente dans son enfance, moi de mes galères d'adolescent et de nos problèmes d'argent avant de toucher le ciel grâce au sort. Et petit à petit, la soirée se termina. A deux heures du matin, elle m'expliqua poliment que je ne pouvais pas rester ce soir, mais qu'on se reverrait assurément. Je commençais à l'apprécier, cette fille. Et mon objectif n'était plus de la baiser, trop vulgaire pour quelqu'un de son calibre, non, j'allais délicieusement lui faire l'amour, la faire frissonner en y mettant tout mon possible.
En arrivant chez moi, une lettre trainait par terre. Je la pris et l'ouvrit, interloqué par l'absence de noms.
" Ils t'ont fait oublié. Mais je n'ai rien oublié. Lève les yeux. "
Et je levais la tête. On me fit des signes au laser, ça venait d'un immeuble à une vingtaine de mètres. Je ne sais pas si je pris la bonne décision à ce moment précis, mais...
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