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Tombe de Fer


Par : Gregor
Genre : Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 1


Publié le 10/11/2010 à 09:37:27 par Gregor

- Lorsque le cibleur se bloquera sur ce point, le planeur nous lâchera à cinquante sept kilomètres d’altitudes. Bien sûr, compte-tenu de la teneur explosive de la stratosphère de cette planète, vous enfilerez des armures lourdes que les techno-moines ont adaptés aux conditions. Une fois l’escadron posé, nous reprenons contact avec le relais orbital pour recevoir nos ordre. Jusque là, il s’agira de sécuriser la position.
Pour appuyer ses propos, le major mechanicus fit surgir un hollo aux teintes vertes indiquant une minuscule région de Rigel 5. Proche de l’équateur, les analyse thermodynamique avaient révélées une zone désertique, sillonnée de vallées profonde et sableuses encadrés de plateau karstique ou seul une steppe maigrelette croissait.
- Pour rappel, le contrôle du secteur est un verrou au spatioport d’Antioche-Euclide. Selon les prévisions actuelles des laboratoires de cybertactiques avancées, en moins d’une semaine, et avec un équipement approprié ainsi que des méthodes strictes (il appuya lourdement sur le mot), nous pouvons contrôler les installations astroportuaires.
Il se retourna. La projection cessa, et le mélange de son œil organique gris avec celui rouge et robotique perça la carapace émotionnelle de son escadron.
- Nous ramènerons cette planète dans le giron de l’Esprit de la Machine. J’en fait le serment devant vous.
La dizaine d’homme se leva, se mit au garde-à-vous, avant de se disperser. Konrad Maximus les observa attentivement, tentant de déceler la moindre faille dans leur comportement. Mais il n’en était rien. L’Esprit de la Machine avait ôté toute peur et tout doute en eux, tandis que progressivement leurs corps devenait identique au sien. Cela faisait à présent près d’une cinquantaine d’année que, sous la bénédiction de ses supérieurs religieux, il avait accédé à la robotisation la plus poussée, la plus brutale, écrasant encore un peu plus les restes de son Humanité. Une violence envers lui-même qui restait relativement marginale au sein de l’Ordo Cybernaticus.
Sans piper mot, il se dirigea vers un de ses subalternes. Le techno-caporal Josua Hunter était sans aucuns doutes un de ses soldats favoris. A une échelle moindre, il exprimait lui aussi une haine profonde envers l’Humanité et la faiblesse de l’organique. Tout naturellement, une relation plus forte s’était tissée entre eux, de père à fils spirituel.
Il agrippa doucement la tenue vert de gris de l’homme à l’aide de l’énorme servo-pince qui était greffé à son dos. Le technocaporal se retourna, et, comme à son habitude, afficha un sourire sincère mais triste, presque lassé.
- Hunter, faites venir vos camarades dans mes quartiers. VOS camardes.
Le jeune homme paru réfléchir, après quoi il lança un regard froid à son supérieur.
- Bien sûr technocapitaine. Nous y serrons aussi rapidement que possible.
- Dans ce cas c’est parfait.
La servo-pince lâcha l’épaule robotique du technocaporal, avant de fortement claquer dans les airs et de se replier, mat solitaire veillant sur un des plus brillant génie que l’Ordo Cybernaticus n’ait jamais enfanté.


Kenneth Dolph avait cordialement détesté l’entrevue avec son supérieur. Bien qu’il n’aurait jamais refusé de servir l’Ordo Cybernaticus, le fait de se retrouver sur une mission consistant à infiltrer en si petit comité un véritable nid de guêpe l’embarrassait. Pour lui, rien ne valait mieux qu’un débarquement massif de soldats de l’ordo, considérablement armés et disposant d’un appui orbital absolument inégalable. En une journée à peine, la région tombait entièrement sous leur coupe. Certes, cela aurait engendré de formidable dégâts rendant la cible totalement inutilisable, mais la technologie des techno-moines aurait bien vite remplacé des installations qui devaient être obsolètes, de toutes façons.
Ce fût donc en serrant les dents et en priant silencieusement le Dieu-Machine de lui accorder le calme de l’esprit qu’il enfila la terrifiante armure de combat propre à l’ordo Cybernaticus. Un humain non amélioré n’aurait jamais pu l’enfiler et se mouvoir avec. Bien plus qu’une question de force, c’était surtout le subtil échange entre la composante organique du cerveau humain et celle, robotique, du serveur quantique de l’engin, qui permettait à cette armure apparemment lourde et peu maniable de se transformer en une redoutable force de frappe. Parfaitement protégés à l’intérieur de celles-ci, les soldats pouvaient se concentrer sur l’exécution des plans du Dieu-Machine plutôt que sur leur survie. En verrouillant le casque recycleur de son attirail, Kenneth eut cependant une bouffée de remord envers Maximus. Il n’agissait pas pour le malmener, mais simplement en fonction de ratio et de facteurs de forces propres à tout hommes profondément reliés à la Machine. Aucuns esprit de perversions ou de sympathie n’entraient en compte. Kenneth se demanda même si le technocapitaine éprouvait encore un semblant d’amour pour sa troupe. Il ne le côtoyait que depuis peu de temps, et n’avait pas encore eu à se battre à ses cotés.
Il ne fût que plus surpris de constater que le chef d’escadron avait enfilé la même armure que ses subordonnés, et priait, agenouillé, dans le sas de la navette qui les conduisait vers un objectif improbable.
Ils ne pouvaient plus s’en remettre qu’au savoir-faire de leurs compagnons cybernétiques.
Ils devaient garder la foi.



Iwan venait d’échapper, pour la troisième fois depuis le début de la journée, à un destin funeste qui consistait en un projectile de plusieurs millions de degrés centigrades venant à la rencontre de son crâne. Sans les réflexes de sa coéquipière du moment, nuls doute qu’il ne serait plus qu’un tas de chair fumant, entrailles répandues au sol en odeurs de merdes et de tissus carbonisés.
Angela le secoua violement, avant de lui administrer une bonne claque. Curieusement, elle serra les dents au point de faire saillir deux turgescences au creux de ses mâchoires. Elle resta silencieuse et reprit sa position. Du moins, si une position se résumait à deux gros bloc de grés disposés de façon à offrir une maigre protection face à des tirs de plasma, de décharges ioniques et de toutes sortes de projectiles qui, petit à petit, éclatait la roche en un sable plus ou moins vitrifié.
Depuis quelques jours, les affaires n’étaient pas au beau fixe pour les quelques mille cinq cent mercenaires que l’Arbre de Vie avait engagé. Le Presidium avait renforcé sa position sur Antioche-Euclide, à une dizaine de kilomètres de ce plateau. La conséquence directe fut un recul de plusieurs continu des commandos affiliés au consortium, et la perte de près d’un tiers des hommes. A ce train là, il ne faudrait pas plus de quelques semaines pour que la situation se « normalise » en défaveur d’Angela et d’Iwan. Si on faisait fi du caractère absolument indolent du jeune homme, il pouvait se révéler un bon élément. Il n’était pas encore mort, il savait manier une arme et aucuns scrupules ne ternissaient sa conscience quand à la mort directe de ses ennemis.
Et si Iwan se révélait un combattant passable, sa comparse, elle, faisait dans l’excellence. Déjà, par le fait qu’elle fût Kilienne, ce qui ne l’avait pas prédisposé naturellement à se retrouver au milieu des humains. Ensuite, pour la simple et bonne raison que son esprit devenait aussi froide que de l’acier durant ses contrats.
Elle reporta toute son attention vers la source des tirs. A environ trois cent mètres, une dizaine de soldats aux couleurs du Presidium arrosaient la position au mortier plasma et au fusil cadencé ionique. « Un armement conséquent pour un si petit caillou », pensa-t-elle, à juste titre.
Elle savait que renverser la tendance serait compliqué. Une seule fenêtre devrait lui suffire, il faudrait simplement que le boulet qu’elle se trainait en guise de compagnon d’arme ne fasse pas tout capoter.
– Dis moi, Iwan ?
L’intéressé la regarda, surpris.
- Oui Angéla ?
- T’es vraiment une pauvre merde ou tu en fais exprès ?

De l’autre coté du no man’s land qui fumait encore des salves brulantes de plasma et de l’électricité statiques propres aux flux d’ions, une poignée d’hommes se trouvaient bien plus en confiance. Le début de la journée fut des plus distrayants, en plus d’être positif sur un point de vue stratégique. Ils ne cessaient de repousser l’ennemi toujours plus loin, et le groupe qui leur posait problème ne serait bientôt plus qu’un tas de cendres.
Du quatuor masculin composé pour l’occasion, il apparaissait certain que son chef, le dénommé Diego Tyler, fut sans doute le moins excentrique. L’apparente monotonie qui livraient les treillis gris et verts ne révélaient que bien plus fortement le contraste des caractères. Hormis Tyler qui se montrait la plupart du temps relativement responsables de ses actes, seul Ace, le vétéran de cette bande hétéroclite, semblait composer avec son intelligence. Hélas, son comportement sociopathe réduisait sa présence à un simple échange radiocom toutes les douze heures, tandis qu’il avançait en parallèle à environ un kilomètre de son unité.
Les deux troufions qui tiraient sous les ordres de Tyler, Luga Spielrock et Farell Inki, démontraient avec force détails l’étendue de l’influence de la testostérone sur le neurone masculin. Dopés à la violence, à la vulgarité, aux muscles huilés et aux gros calibres, ils semblaient avoir oublié jusqu’à l’usage de leur propre conscience d’Homme. Mais tandis que Luga ne montrait d’intérêt que pour sa musculature, Inki faisait preuve d’un sang froid détonnant lorsqu’il brandissait sa casquette de médecin. Son passé notable aux seins d’une communauté humanoïdes distantes de centaines de millions d’années lumière , bien que fort sombre, lui avait apporté des connaissances jusque là inconnues.
Spielrock fut le premier à court de munition. La gueule de son fusil plasma lourd encore suintant du bouillon de fusion, il lâcha la crosse brulante pour se retourner vers Tyler. Ses habituelles lunettes de soleils couvertes de poussières sur le nez, il demanda en braillant.
- Chef ! Chef ! Des munitions !
Diego le fixa du coin de l’œil, dirigeant sa main vers le minuscule coffret qui contenait les substances utiles à la constitution du plasma, lorsqu’un sifflement suraigu creva ses tympans, tandis qu’une puissante décharge ionique traversait la boite crânienne de son soldat. Luga, surpris, affichait cette mine hébété propre aux soldats dont la vie se faisait cueillir au mauvais moment. De fins éclairs coururent sur sa peau quelques instants, avant qu’il ne s’écroule, mort.
- A couvert ! Hurla Diego.
Farell se recroquevilla à ses cotés.
- Chef, ça sent pas bon.
Diego soupira.
- Je suis pas là pour savoir ce qui est bon ou pas. Tout ce qui m’importe, c’est qu’on a des ennemis à trois cent mètres qui ne doivent pas survivre. En vérité, peu m’importe que toi, Luga ou Ace creviez.
Farell, décontenancé, lui adressa un regard noir, avant de remettre en charge les fioles de son fusil plasma.
- Chef, ça tombe bien. C’est exactement ce que je ressens pour vous.
- Dans ce cas, on est deux, Farell.

La présence de Kiliens sur Rigel 5, bien qu’ancienne et relativement marginale, semblait poser de plus en plus de problèmes au Presidium. Hormis à Antioche –Euclide ou l’Astroport justifiait l’emploi d’une main d’œuvre moins sensible aux conditions de travail pénible, la quasi-totalité des villes autonomes de la planète avaient bannis ces humanoïdes de leurs murs.
Le conflit larvé entre le Presidium et l’Arbre de Vie avait débuté par la découverte dans le sous- sol de la région d’Antioche de nombreux oxydes ferreux, ainsi que les importantes quantités d’Helium 3, de deutérium et de tritium liquide enfoui à plusieurs kilomètres sous la surface. La mainmise économique de l’Arbre, ainsi que l’explosion des couts de reventes au Presidium semblaient justifier l’intervention militaire de ces derniers. En réalité, il semblait par cette manière belliqueuse que la fédération humaniste souhaitait se débarrasser de son concessionnaire sans en payer l’exorbitant tribut financier.
Le petit noyau de Kiliens installé à Antioche avait bien entendu eut vent des enjeux et tractations diverses lié à ce différend. De nombreux vaisseaux avait alors dérivés leurs routes vers Rigel, dans l’espoir que la guerre explose et qu’ils en ramassent de conséquentes miettes. L’arraisonnage de vaisseau et de cargaisons était la raison même d’exister de ce groupement hétéroclite d’êtres. Même si les Kiliens de sang composaient le gros de ses pirates spatiaux, de nombreux humains s’y étaient greffés. Par intérêt pécuniaire la plupart du temps, pour d’autre motivations parfois.
Comme tout bon astroport qui se respectait, Antioche comptait moult bars et maisons closes, où le voyageur interstellaire pouvait assouvir ses plus bas instincts, qu’il fusse humain ou d’une toute autre espèce. Sur quelques kilomètres carrés s’étalait une variété qui ne trouvait nul part son pareil.
Et c’est précisément à proximité d’un de ces bars que trainait un des pires traitres qui fût connu.
On pouvait facilement qualifier Matt Lore de petite frappe. C’était sans compter qu’il n’avait jamais personnellement racketté, violé ou tué la moindre créature qui soit. Certes, sa vie sexuelle débridée l’avait parfois entrainé dans des relations quelques peu houleuse et folkloriques, mais il s’en était jusqu’à présent sorti. Encore grisé de son dernier rapport sexuel avec une étrange créature venue des confins de la Voie Lactée, il marchait d’un pas léger dans les rues puantes et grasses d’ Antioche.
Les bombardements incessants sur le front, dix kilomètres au sud de l’astro-port, faisaient tomber à coup de lourd éclats de peintures du béton des bâtiments. Une pluie de plomb jauni animait les voies d’Antioche, tandis que notre énergumène continuait son trajet. Son air revêche, le lourd cache-poussière qui abritait son corps maigrelet, le béret de cuir qui couvrait sa tête et masquait des yeux bleus trop grand pour un adulte, tout chez cet homme contribuait à le rendre comique. N’eut été une crosse en ferraille peinte pendante à sa ceinture, il aurait été un parfait clown.
Une porte grinça lorsqu’il l’empoigna d’un geste précis et de la refermer aussi sec. Le masque de son incertitude tomba, tandis qu’il farfouilla dans sa poche pour y retrouver une liasse de billets, dûment rangés en un rouleau compact.
- Matt, c’était pas l’argent destiné …
- A la pute ? Si. Mais il fallait bien que je fasse ma main sur quelques techniques de prestidigitations.
Il y eut un échange de sourire au travers de la salle, sombre et étouffante. L’homme qui avait interpellé Matt devait bien faire cinquante centimètres de moins. Une tenue ample dissimulait mal une maigreur extrême, dévoilant une ossature d’angles et de replis, où saillaient nombre d’excroissance anormale pour un homme. Son nom originel absolument imprononçable avait conduit Matt à le renommer Speedy Flash. Hormis cette marque évidente de dérision, Speddy et Matt étaient du même bois : intelligence, estimation, calculs, intérêt du gain et prudence. Ceci étant dit, ce Kilien de pure souche, issue d’une longue tradition de brigands, maniait les armes avec bien plus d’assurances que son comparse humains. Deux épées battaient ses flancs, lame courbes et brillantes qui semaient la mort en silence.
En six mois de présence sur cette planète, ils avaient accumulés un joli pactole en missions de toutes natures. Ils pouvaient se payer le luxe d’un emplacement permanent à l’astro-port pour le vaisseau de Matt, baptisé « l’Hypérion » en hommage à un auteur du vingtième siècle. Hélas, la guerre avait plus ou moins ralentis leurs « chargements » en diverses drogues qu’ils effectuaient à partir d’un satellite kilien. L’évolution en faveur du Presidium leur avait donné l’espoir que la tension retomberait rapidement. Ce qui hélas, ne se présentait pas ainsi. Deux nombreux gros-porteurs de l’Ord’Cyb se dirigeaient en sauts hyperspatiaux vers Rigel 5. La nouvelle de nouveaux stocks de métaux devaient les avoirs attirés eux aussi. Le débarquement d’un contingent de cyborg sur la planète signait sans aucun doutes la fin de la présence de l’Imperium et de l’Arbre de Vie. En à peine quelques décennies, l’Ordo Cybernaticus était devenu une entité bien plus puissante que n’importe quelle fédération humaine. Son niveau le rapprochait davantage d’un des plus grands empire aliens connu, celui des R'rheghir. Cela signifiait surtout pour eux l’impossibilité de magouilleur leur petites combines, et surtout le risque d’être capturé et jugé traitre au mode de vie cybernétique. Matt frémissait à l’idée de pouvoir devenir un cyborg. Lui qui avait réussi à se soustraire à leur influence morbide et omniprésente ne souhaitait en aucuns cas revivre pareille situation. Il jeta un œil vers son armure de combat qui était soigneusement rangé dans un des coins de la pièce qu’ils occupaient.
Ce fût à ce moment que le dernier membre de leur maigre équipage se montra. Un autre Kilien, Red, surnommé ainsi par Matt en raison de la couleur écarlate de sa peau. Hormis sa teinte cutanée, les deux cornes qui trônaient sur son crâne et les ongles qu’il taillait en griffe, rien ne le distinguait d’un homme quelconque
Ce jour là, ce fut d’un pas triste qu’il accueilli son ami humain. Un regard fatigué traduisait le long travail qu’il avait du mener une partie de la nuit sur un des serveurs bricolés par eux pour accéder à certains types d’informations.
- C’est l’Ord’Cyb ? demanda Matt, sans plus de politesse.
Red acquiesça lentement, et planta son regard noir dans celui, azur, de l’homme.
- C’est imminent.
- Combien de temps ?
Une pointe d’angoisse perça la gorge de Matt.
- Les premiers sauts ont commencés. Ils débarqueront dans moins de douze heures.


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