Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Purpose


Par : Pronche
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2


Publié le 28/11/2012 à 21:52:35 par Pronche

Valete, veterem amicum: Mot latin signifiant...Adieu, vieil ami.
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Une trentaine de personnes étaient regroupées devant une unique croix blanche, au milieu de toutes les autres. Ce qui la distinguait clairement des tombes voisines se trouvait être la terre brune, fraîchement retournée, ainsi que la propreté de la croix, pure des effets du temps sur sa peinture. Malgré l’absence de soleil, remplacé par un ciel nuageux mais sans pluie, l’ambiance qui régnait était à la fois lourde, oppressante et suffocante, comme si une force invisible empêchait les gens qui se trouvaient dans le cimetière de respirer correctement. C’est cette impression d’étouffer qui saisit Ethan au moment où il passa le portail vert sombre qui séparait le lieu de recueillement du reste de la ville émeraude. Le bruit de ses pas contre l’herbe verdoyante n’atteignît même pas ses oreilles, le laissant inaperçu aux yeux des autres personnes présentes.
Malheureusement, il s’était dépêché de quitter la capitale Keidran et n’avait pas eu le temps de se changer. Son tee-shirt noir passait encore mais son jean bleu marine…rien qu’en y pensant, il s’en voulait car il souillait la mémoire de son ami décédé. Depuis plusieurs millénaires, la tradition voulait qu’on s’habille en noir lors du décès d’un proche.
Proche…
C’était ce qui qualifiait la relation entre le jeune Gray et le sniper. Plusieurs souvenirs du temps passé ensembles lui revinrent en mémoire. Les cuites prises ensemble, les déceptions amoureuses, les engueulades, les vannes lancées à tout bout de champ, les combats. Rien que d’y penser, le cœur d’Ethan se serra jusqu’à lui en faire mal. Pour la seconde fois de sa nouvelle vie en 2750, une personne à laquelle il tenait mourrait. La tristesse se lisait dans ses yeux acier mais elle n’était pas aussi violente et déchirante que celle de la renarde blanche qui avait volée son cœur, quelques années plus tôt.
Alors qu’il avançait, ses yeux se dérobèrent difficilement de la tombe où reposait Yuki. Finalement, il continua sa route et s’approcha du cercueil de son ami. L’ancien militaire tourna la tête pour voir qu’elles étaient les autres personnes présentes. Parmi eux, il distingua les parents du jeune soldat, quelques anciens collègues dont Anthony et même l’Amiral Blanco. Finalement, chacune des personnes présentes effectuèrent un dernier adieu au défunt. Ethan passa après tous les autres. L’ombre d’un sourire flotta sur ses fines lèvres et une unique larme transparente, aussi claire et pure qu’un diamant, coula le long de sa joue.
Valete, veterem amicum, dit-il avant de lever la main droite, poing fermé et pouce vers le bas.
Voyant ceci, quelques-uns hoquetèrent de surprise et des murmures parcoururent le groupe. Le professeur baissa le bras et se retourna pour partir. A peine eut-il fait quelques pas qu’une poigne de fer se resserra sur son bras.
— Tu ne comptais tout de même pas rentrer chez toi alors que tu viens juste d’arriver ? demanda une voix masculine, sur un ton amical et dénué de toute agressivité.
Ethan se retourna pour faire face à une montagne de muscles, au teint chocolat et aux yeux noirs. Reconnaissant immédiatement son ami et mentor, un triste sourire illumina son visage. Il se jeta dans les bras du colosse et le serra fort.
— Ça me fait plaisir de te revoir Anthony, t’imagine même pas à quel point vieux.
Ledit Anthony retourna le geste avec autant de vigueur et tapa légèrement dans le dos du jeune Gray.
— Pareil pour moi. Je suis content que t’ai pu rappliquer à temps. Viens, on va porter un toast en l’honneur de Likhan et oublier cette histoire le temps d’une nuit, ça nous fera du bien et puis, tu pourras me raconter tes aventures dans la capitale des ‘poilus’.
Le prof ne put s’empêcher de lâcher un rire assez bref au surnom que son ex-collègue avait donné aux Keidran. Mais bon, il pouvait se permettre de les appeler comme ça car ces derniers le leur rendait bien. En dépit des efforts de chaque race pour surmonter leurs différences culturelles et politiques, les relations entre les deux espèces se dégradaient de jour en jour, à un point où chaque camp se demandait s’ils pouvaient en arriver à faire la guerre à l’autre.
— Ouais, t’a raison. Je préfère ça que me morfondre dans mon appartement pendant les trois jours qui suivent avant de reprendre les cours comme si de rien n’était.
Alors qu’ils se retournaient pour quitter le cimetière, une nouvelle voix parvint à leurs oreilles et les arrêta dans leur marche.
— Major Ethan Gray. Tu oses te présenter ici pour dire adieu à un collègue et passer sous le nez de ton ancien supérieur sans le saluer ?
Cheveux bleu nuit avec quelques pointes de blanc et coupés court, yeux noirs, nez aquilin, quelques rides par-ci, par-là et des cernes. Un regard perçant, empli d’une intelligence rare et d’une grande sagesse. Ces traits ne pouvaient appartenir qu’à une seule personne : Ian Blanco. Comme tout le monde, il portait des vêtements simples. Une veste, un pantalon et des chaussures noires. Il tendit la main vers son ancien subordonné. Ce dernier la saisit.
— Cela fait bien longtemps que plus personne ne m’avais appelé par mon grade. Désolé Ian mais j’avais d’autre préoccupations en tête.
— Comme te retourner la tête pour oublier la mort de Likhan. Un peu trop classique et cliché. Je m’attendais à quelque chose de plus original et inattendu de ta part. Cela me déçoit énormément.
Un léger rire s’échappa de la bouche du jeune Gray.
— Je ne peux pas tout le temps être plein de surprises Amiral. Il faut bien que j’agisse comme un humain normal de temps en temps.
L’Amiral répondit par un simple gloussement mais reprit rapidement le masque vide d’émotion qui lui était si familier.
— Mais, j’aurais éventuellement besoin de tes services en tant que mercenaire.
Ethan haussa un sourcil.
— Pour en arriver à faire appel à moi, c’est que la chose doit être plutôt grave.
— En effet. Nous avons reçus un message de détresse de la part d’une base militaire mais je t’en dirai plus dans deux jours, dans la salle de briefing de l’Orion, il faut d’abord que je sélectionne les membres de l’escouade qui t’accompagneront. Je te recontacterai à ce moment-là alors ne t’éloigne pas trop des environs.
— Ça me va mais je pose une condition…je veux qu’Anthony soit de la partie.
Entendant cela, Ian ne put réprimer un fin sourire.
— Condition accepté. C’est un plaisir de pouvoir à nouveau travailler avec vous, Major.
— Il en va de même pour moi.
Finalement, ils se serrèrent à nouveau la main et se séparèrent. Chacun partant dans une direction différente.
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Alors qu’ils ouvraient la porte séparant le bar du monde extérieur, le duo fut accueilli par une voix chaleureuse et bien reconnaissable par le ton grave et profond employé.
— Ça alors ! Ce bon vieux Gray. Ça fait une paye qu’on t’a pas vu dans le coin.
Ethan se tourna vers l’origine de la voix. Il s’agissait du barman. La soixantaine passée, cheveux grisonnant, yeux couleur noisette, petite moustache bien entretenue, habillé de façon très professionnelle : chemise blanche, cravate, pantalon et chaussures noires.
— Frank. Toujours derrière ton comptoir à ce que je vois. T’a pas pris une ride depuis le temps…ça te fait combien désormais ?
Frank soupira.
— Soixante-huit cette année.
— J’aurais jamais cru que t’aurais autant. Personnellement, je te donnerais à peine soixante, dit Anthony, un peu surpris.
— Si tu me complimente uniquement pour essayer d’obtenir une réduction, tu peux toujours crever la gueule ouverte sur le bord du trottoir.
L’instant d’après, les trois personnes éclatèrent de rire.
— Bon, c’est pas tout mais, qu’est-ce que je vous sert ?
Le deux amis se regardèrent l’espace de quelques seconde avant de tourner la tête vers le barman.
— Un demi pour moi, lança Ethan, en s’installant sur un siège, au comptoir.
— Pareil.
Frank hocha la tête et se mit au travail. Anthony s’installa à côté du professeur et posa un coude sur le comptoir.
— Bon alors, qu’est-ce que tu raconte de beau ?
— Pas grand-chose. Je me suis installé dans un petit appart’ en centre-ville et je fais prof d’histoire. Au début, c’était vachement perturbant car il y a vraiment très peu d’humain dans les rues de Kruah. Les gens te regardent bizarrement et t’évitent comme la peste, pareil au lycée. Y’a juste quelques collègues qui ont eu les tripes de s’approcher et essayés de faire connaissance. Tu ne peux même pas imaginer à quel point le soulagement se lisait sur leurs visages quand ils ont vu que je parlais la même langue qu’eux, que j’étais poli et que je ne mordais pas le moins du monde. Il m’a fallu pas mal d’effort pour ne pas éclater de rire. Les élèves aussi étaient très surpris quand ils ont appris pourquoi j’étais là. Après la première vague de peur, les gens ont commencés à me poser tout un tas de questions, sur des choses complètement bêtes comme : qu’est-ce que vous mangez ? Dans quoi vous habitez ? Est-ce que c’est vrai que vous faîtes vos déjections comme nous ? En entendant tout ça, j’ai eu mal au cœur car c’était désolant de voir que malgré tout ce que'on a vécus mutuellement au cours des derniers siècles, on se connait toujours aussi mal les uns les autres. Dans un sens, c’est pas non plus étonnant car on se limite uniquement à vivre ensembles sur quelques colonies. Donc bon…quand je fais cours, j’essaie vraiment de leur faire comprendre qu’on est tous pareils, que c’est juste la présence de fourrure ou non qui nous différencie et ça me fait plaisir de voir que l’information rendre dans leurs petites têtes. Et de ton côté ?
Pendant le petit monologue d’Ethan, le barman avait fini de préparer les boissons et les leur avait servis. L’ancien major prit une gorgée pour se rafraîchir et écouta attentivement son ami.
— Que dire à part qu’il n’y a pas beaucoup d’activité en ce moment et que les rares missions qu’on a, c’est régler quelques conflits mineurs ou patrouiller. Sinon, j'ai récemment été promu au grade de Capitaine.
Le jeune Gray écarquilla les yeux.
— Ça s’est passé quand ?
— Je dirais…il y a deux semaines.
— Finalement, passer sous le bureau de l’amiral aurait payé ses fruits….et tu ne m’as même pas prévenu ? T’es bien la plus belle enflure que j’ai jamais connu. Tu mériterais que je t’en colle une.
Le duo éclata de rire.
— Ça ne m’est pas venu à l’esprit dans l’immédiat et puis, Ian m’avait donné une semaine de congé. Je pensais le faire dans pas longtemps, tous ensemble mais…les évènements récents ont joué en notre défaveur.
— Tant qu’on est dans le sujet et vu que tu ne me l’a pas dit au téléphone…comment il est mort ?
— Son vaisseau a explosé alors qu’il effectuait une patrouille autour de notre système solaire. D’après les premières conclusions de l’enquête, son réacteur a surchauffé de façon anormale, entraînant la destruction des pièces qui se trouvaient autour et, réaction en chaîne aidant, son monoplace a fini en débris. Il s’est prit une plaque d’acier en travers de la tête lors de l’explosion : mort instantané. Pourquoi est-ce qu’il a surchauffé ? On ne le saura sûrement jamais, la faute à pas de chance.
Ethan soupira et leva son verre. Le Capitaine en fit de même.
— A Likhan, dirent-ils, à l’unisson, avant de faire toucher leurs verres ensemble et de les vider d’un trait l’instant d’après.
D’un geste synchronisé, ils posèrent leur chope sur le comptoir et en commandèrent un autre. Quelques instants plus tard, Frank revînt avec deux nouveaux verres. La nuit allait être longue.
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Les longs couloirs teintés d'un bleu nuit et au sol aussi gris que l'acier accueillirent Ethan lorsqu'il entra dans la frégate. Machinalement, il traversa les différentes parties du vaisseau en direction de la salle de briefing. Sur son chemin, quelques personnes se retournèrent pour le regarder plus en détail et se frottaient les yeux en pensant avoir une hallucination. Le jeune homme salua certains de ses collègues qui lui rendirent le geste, quelques peu choqués de le revoir et surtout dans un lieu pareil.
Pour plusieurs d'entre eux, il s'agissait d'un héros voire même une légende vivante. Même ceux qui ne l’appréciaient pas beaucoup éprouvaient un certain respect à son égard, grâce aux services qu’il avait rendu à la galaxie. Finalement, le jeune homme entra dans une salle où se trouvaient une dizaine de personnes, alignées en rang. L’Amiral se tenait devant eux, mains derrière le dos. Voyant la dernière personne arriver, il effectua un très léger signe de tête.
— Bien, maintenant que tout le monde est présent, nous pouvons commencer. Il y a deux jours de cela, nous avons reçus un signal de détresse provenant de la planète Yangon, dans le système Nelus. Situé dans le flanc d’une montagne se trouve un complexe de l’Alliance. Il a été crée pour le développement de nouveaux types d’armes. Les personnes qui s’y trouvaient travaillaient sur des entités mécatroniques, destinées à prendre la place de l’homme sur le champ de bataille. Nous ne savons absolument rien de ce qui s’est passé dans cet endroit. Toutes nos tentatives pour entrer en contact avec eux ont échouées. La 1ère priorité de votre mission est de trouver les éventuels survivants et les mettre en sécurité en attendant l’arrivée de la navette. Ce qui a mené à l’envoi de ce S.O.S peut se révéler extrêmement hostile à notre présence. La plus grande prudence est recommandée. Ne faîtes feu que si l’on vous tire dessus en premier. Le capitaine Higgs dirigera l’escouade sur place. Le départ s’effectuera dans une demi-heure. Vous pouvez disposer.
Toutes les personnes présentes, sauf Ethan, effectuèrent le salut militaire avant de quitter la pièce. Alors qu’il s’apprêtait à sortir, Anthony se retourna et regarda la scène qui se déroulait sous ses yeux.
— Ethan, ta mission est d’escorter l’équipe. Toutes les armes sont autorisées. Veille à ce qu’il y ait le moins de blessés –ou morts- possibles. J’ai un mauvais pressentiment à propos de cette affaire. Des objections ?
Le Major sourit.
— Non, aucune Amiral.
— Parfait. Tu peux partir.
C’est sur ces mots que le jeune homme se retourna et quitta la pièce, suivi de près par son ami.


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