Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Purpose


Par : Pronche
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 16


Publié le 01/02/2014 à 19:15:25 par Pronche

C'était bien trop gros pour être une simple coïncidence. Le fait que cela se soit déroulé sur une colonie rendait l'acte en lui-même encore plus douteux. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Les questions fusaient dans l'esprit du jeune homme, de façon à ce que cela lui donne un début de migraine. Malgré tout, il disposait de certains éléments de réponses, basés sur son expérience personnelle. Purity était derrière cette histoire, il s'agissait d'une évidence. À moins que quelqu'un veuille leur faire porter le chapeau, ce dont Ethan doutait fortement. Le mode opératoire leur correspondait. Aucun témoin, aucune preuve physique les reliant à eux mais fait de sorte que tout les accusent d'en être les auteurs et qu'ils puissent être mis sous le feu des projecteurs.

Quel était le but de ce meurtre ? Envoyer un message ? Mais dans ce cas, à qui ? Lui ? La probabilité que cette hypothèse soit confirmée était élevée. Ou si ce n'était pas le cas, il pouvait très bien s'agir d'un avertissement et que la 1ère victime n'était qu'un coup d'essai, un test, avant de passer à un génocide à grande échelle. Juste histoire implémenter la peur dans le cœur de la populace. L'hypothèse que ce soit un piège ne pouvait en aucun cas être écartée. De cette façon, Ethan serait bien plus vulnérable en terrain neutre et à découvert dans une aire de jeux pour enfants que dans une ville alliée, remplie d'animaux anthropomorphiques. Quelque soient les raisons qui ont poussés Purity à commettre cet acte, ça ne pouvait être porteur que de mauvaises nouvelles.

Portant son index sur le téléphone intégré à sa voiture, il entra une suite de nombres ne correspondant pas à un numéro téléphonique habituel et pressa la touche pour appeler. Il s'agissait d'une combinaison permettant d'entrer en contact avec l'ordinateur de bord de son vaisseau via une liaison sécurisée. Après quelques secondes, le lien s'établit.

— Light, est-ce que l'Asmodeus est prêt ?

— Oui. Tous les voyants sont au vert et la purge des systèmes de refroidissement vient de se finir.

— Parfait, je serais là dans un peu moins de quatre minutes. Commence à faire chauffer le moteur en attendant mon arrivée.

— Très bien. Et...comment ça s'est passé avec Kiara ?

Un lourd soupir s'échappa de sa bouche tandis qu'il doublait le véhicule se trouvant devant lui par la droite.

— Sa réaction a été pour le moins...bruyante à en juger par mes oreilles qui n'ont cessées de siffler pendant un long moment après que j'ai quitté l'appartement...et qui le font encore d'ailleurs. Malheureusement, je crains qu'un autre événement comme celui d'hier soir soit celui qui porterait le coup de grâce à notre relation et y mette un terme… définitivement. Enfin, bref, ce n’est pas la priorité du moment.

L'intelligence artificielle resta silencieuse, préférant s'atteler à la préparation du vaisseau pour son pilote.

Ce dernier arriva au spatioport au moment qu'il l'avait estimé, à quelques secondes près, s'hâta de quitter sa voiture et de la verrouiller avant de rejoindre son engin spatial. Comme la veille, l'immense hangar couvert se trouvait vide de toute forme de vie. Entre temps, son assistant numérique personnel s'alluma, téléchargeant en mémoire les données envoyées par Simmons. Ensuite, Light récupéra les informations pour entrer la point d'arrivée dans le système de navigation. Le point d'arrivée se trouvait à une quinzaine d'années-lumière de la capitale Keidran, ce qui équivalait à une heure de trajet dans un trou de ver.

À peine fut-il entré dans le vaisseau que la porte se referma. L'unique pièce qui servait de lieu de vie et de cabine de pilotage était complètement plongée dans le noir, excepté le tableau de bord. Tout en s'installant dans son siège, le jeune homme ne put retenir un bâillement. Il avait beau vécu ce genre de situation à plusieurs reprises, ne comptant que sur une tasse de café, du sucre et l'adrénaline coulant dans ses veines pour rester éveillé...il n'en restait pas moins humain, ayant besoin de son quota d'heures de sommeil pour fonctionner à pleine capacité.

— Il serait peut-être préférable que tu récupère un peu avant d’arriver à destination. Je te sortirai de ton sommeil cinq minutes avant l’arrivée.

Avant qu'Ethan puisse répondre, une voix masculine, possédant un léger accent se fit entendre dans les haut-parleurs du vaisseau.

— M. Gray, ici la tour de contrôle A-7E3, vous êtes autorisé à décoller. Bon voyage.

L'intelligence artificielle du vaisseau prit le contrôle des commandes et s'éleva d'un bon mètre dans les airs avant de rapidement quitter le spatioport. Le temps jouait en leur défaveur. Le jeune homme se contenta de taper sur le clavier situé sur son siège avant de fermer les yeux et de se détendre. Son siège recula légèrement avant de basculer en arrière. Une seringue contenant un liquide bleu/violet sortit du plafond et l'aiguille s'inséra avec douceur dans l'une des veines de l'avant-bras gauche. Un instant plus tard et l'intégralité du somnifère si dissipa dans son organisme. A partir de ce moment, le reste des manœuvres de pilotages furent effectuées par l’I.A jusqu’au moment où le vaisseau quitta l'atmosphère de Kruah et ouvrit un trou à destination de la colonie.

Les minutes s'écoulèrent, puis finalement une heure passa avant que d'infimes changements se produisent sur le tableau de bord et dans les circuits imprimés du vaisseau, créant ainsi une réaction en chaîne qui eut pour objectif de le faire doucement ralentir avant de créer le portail pour quitter le sous-espace.

Un paisible silence régnait dans le cockpit, seulement perturbé par quelques sonorités légèrement aiguës mais pas inconfortables pour l'ouïe humaine.

[Mise en arrêt de la navigation en mode autopilote]
[Coordonnées de la destination : Secteur S6-P1-Parallaxe 67.24.2]
[Planète Colonie Urokine, Région Beale]
[Systèmes cryogéniques stables]
[Fréquence cardiaque : 53 BPM]
[Pression sanguine : O.K]
[Éveil du sujet en cours]


L'ancien professeur s'éveilla de son sommeil artificiel, grâce à une très légère impulsion électrique sur une zone bien précise de son crâne, se sentant en bien meilleure forme que plus tôt. Certes, une heure n'était pas grand-chose mais toujours mieux que rien. Rapidement, un tiroir fit son apparition en sortant du tableau de bord. La lumière venant des différents écrans holographiques se refléta sur l'objet noir contenu dans le compartiment.

Il le prit avec sa main droite et le soupesa. Il s'agissait d'un Glock 17. Chargeur de 17 balles, 9mm parabellum. Le tout pour 905 grammes. Dans le tiroir se trouvaient aussi trois chargeurs ainsi qu'une oreillette sans fil, programmée pour garder un contact permanent avec Light. Vu que son armure avait finie en morceaux avant d'être jetée à la déchetterie, Ethan devait désormais compter sur l'ordinateur de son vaisseau pour obtenir toutes les informations dont il avait besoin pour mener à bien sa mission.

Reprenant la main sur les commandes, le jeune Gray pencha le manche sur la droite. Sa destination entra lentement dans son champ de vision. Possédant 5 fois la masse de Jupiter, Urokine ne disposait pas d'un environnement vivable. Du moins, sur la terre ferme. Les tempêtes de sables et autres reflux toxiques en étant la principale cause. Ses habitants vivaient sur d'immenses îlots, au plus proche des nuages et d'une atmosphère à peu près respirable.

Rien ne reliaient ces îles faites d'acier entre elles, à part pour les systèmes de canalisations communes. Les différents engins de transports volaient en un orchestre désynchronisé, chaque véhicule tentant d'atteindre sa destination, parfois au prix d'un rétroviseur ou d'un rayage de peinture. Tel était le prix à payer lorsqu'on ne disposait pas d'une administration organisée, contrairement à de grandes villes terriennes ou Keidran. Les villes étaient gérées par une assemblée d'une dizaine de personnes qui eux-mêmes avaient des comptes à rendre à de plus grosses organisations semblables au centre administratif de l'Union Intergalactique.

En somme, le genre d'endroit qu'Ethan voulait éviter plus que tout au monde.

Mais dans un sens, pas étonnant que le décès de la victime se soit déroulé dans un lieu tel que celui-ci. Le jeune homme ne disposait que des autorités locales comme alliés, chaque autre personne pouvait être considérée comme un ennemi, un pion de Purity à ses yeux…pion qui n'hésiterait pas à le faire taire dès que la première occasion se présenterait.

— Light, y'a-t-il assez de place dans le parc où se trouve la scène de crime pour pouvoir y poser l'Asmodeus?

— Oui. L'emplacement optimal se situe à une cinquantaine de mètres de l'endroit où le corps a été trouvé…mais la police et le personnel du spatioport ne risquent pas d'apprécier. Je suggère plutôt que l'on rejoigne le spatioport le plus proche et tu pourras partir de là. Il vaudrait mieux suivre la législation s'il on veut éviter d'avoir des ennuis.

L'expression faciale du Major se fit plus dure, renfermée.

— Suggestion refusée. Moins de temps je passerais ici, moins nous aurons de chance de subir une embuscade ou d'être attaqué à distance, expliqua-t-il. La présence des forces de l'ordre plus la tienne devraient être suffisant pour maintenir d'éventuels ennemis à distance.

Comme il l'avait ordonné, le vaisseau se posa à l'endroit choisi. Tous les agents de police présents dégainèrent leurs armes, prêts à descendre toute menace que présenterait le pilote de l'engin.

La porte se trouvant sur le flanc gauche s'ouvrit et Ethan en sortit, commençant à s'avancer dans la direction du cadavre.

— Arrêtez-vous immédiatement ! Ceci est une scène de crime, vous n'avez pas le droit de poser votre vaisseau ici et de vous approcher de la victime, aboya l'un des agents fédéraux, un doberman, sur un ton agressif.

L'ancien soldat s'arrêta aussitôt, plongea ses yeux bleu acier dans ceux de l'agent et sortit sa pièce d'identité, clairement visible de là où il se trouvait, le tout avec un grand sourire narquois figé sur le visage.

— Je suis le Major Ethan Gray, c'est le secrétaire du Premier Ministre, M. Simmons, qui m'envoie.

— Et qu'est-ce qui nous fait croire que vous ne mentez pas ?

— Vous connaissez beaucoup d'humains célèbres aux quatre coins de la galaxie ayant des cheveux gris et des yeux bleus ? Sans prendre en compte le fait qu'ils aient moins de soixante ans, évidemment.

Touché.

Après quelques secondes d'incertitudes, le doberman baissa son pistolet énergétique, suivi par ses collègues. Ethan considéra ce geste comme étant un signe l'autorisant à continuer d'avancer et c'est ce qu'il fit. Une fois arrivé devant le doberman, il lui tendit le petit bout de papier. Le Keidran le prit et en vérifia l'authenticité. Les traits de son visage se détendirent lorsqu'il vit que le document était un vrai.

— Jamais je n'aurais pensé avoir l'honneur de vous rencontrez, monsieur. Mais je suppose que je ne dois pas être le 1er à vous dire cela.

L'ancien soldat se contenta de tendre sa main avec un léger sourire, l'animal la serra vigoureusement.

— C'est bien vrai et même après toutes ces années, j'ai encore du mal à y croire moi-même, répondit Ethan, légèrement amusé.

Côte à côte, les deux hommes se dirigèrent en direction du cadavre.

— Vos supérieurs vous ont transmis les recommandations que j'avais données à M. Simmons ?

— Oui et elles ont étés appliquées dans l'immédiat. Périmètre de sécurité de 15 mètres autour du corps de la victime.

— Parfait. Ça nous enlève une épine du pied.

Ils finirent par passer la limite établie par une bande jaune holographique et s'arrêtèrent devant le cadavre. Il s'agissait d'un jeune flamant rose habillée d'une simple robe blanche, arrivant à peine au torse de l'ancien mercenaire. Ses yeux, de couleur bleu/blanc, étaient grands ouverts, vides de toute trace de vie mais possédant la dernière émotion qui l'avait habitée avant de quitter le monde des vivants : de la douleur mêlée à une pointe de peur. Et cette peur, Ethan la connaissait pour l'avoir vécu à de nombreuses reprises, c'était celle de la mort. Des gouttes de sang, mêlé à un autre liquide de couleur vert sombre, avaient coulées et séchées sur les recoins de son bec. On pouvait même distinguer un légère gerbe de sang, en forme d'arc de cercle, à un mètre du corps… certainement ce qui a du s'échapper des gros vaisseaux sanguins lorsque le cœur a explosé.

Il ne put s'empêcher de lâcher une larme devant ce spectacle morbide. La scène n'avait pas été difficile à s'imaginer. La petite fille jouait tranquillement, sous la surveillance de ses parents, sûrement assis sur un banc à quelques mètres de là, lorsqu'elle fut prise d'une douleur lancinante au niveau du cœur. Quelques instants plus tard, l'organe servant à faire circuler le sang se transforma en bouillie, faisant gicler le liquide vermillon dans l'herbe. Perdant l'équilibre, son corps bascula en arrière, elle n'eut pas le temps d'atteindre le sol qu'il était déjà trop tard. A partir du moment où il ne restait plus rien du cœur, son sort avait été scellé.

Une simple pensée traversa l'esprit d'Ethan, simple mais à la fois pleine de conséquences.

— Ça aurait pu être moi….ça aurait dû être moi. C'est ce qui me serait arrivé si je n'avais pas trouvé l'antidote à temps, murmura-t-il en se penchant plus en avant pour examiner le corps en détail.

Une étrange et familière odeur s'émana du bec de la victime. Ethan s'en approcha et renifla légèrement. Cet arôme mélangeait de la nourriture en décomposition, de la cendre et de l'herbe fraîchement coupée. De la vapeur couleur kaki sortit par les orifices faciaux du corps, prenant une forme serpentine lorsqu'elle s'envola.

Le trentenaire fût pris d'une violente nausée et renarda sur le côté, veillant à ne pas souiller encore plus le flamant rose. Les policiers les plus proches ainsi que le médecin légiste tentèrent de s'approcher en voyant la scène mais Ethan les stoppa dans leur geste en pointant son Glock sur eux.

— N'approchez pas, le cadavre est atteint du virus E ! Vous risquez d'être contaminés si vous vous approchez trop près.

Sa respiration se fit plus courte et irrégulière, de nombreuses gouttes de sueur apparurent sur son front tandis que du sang continuait à couler le long de sa bouche pour atteindre son menton et que la température de son corps augmentait rapidement.

Ethan sentit ses membres devenir de plus en plus lourd, un par un. Luttant autant que possible pour rester éveiller, il s'effondra contre l'herbe grasse de l'aire de jeux. Au fil des secondes qui s'écoulaient, sa vue et son ouïe diminuèrent jusqu'au moment où il ferma les yeux et s'évanoui.


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