Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Purpose


Par : Pronche
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 11


Publié le 07/03/2013 à 15:13:27 par Pronche

— Flash d’information spécial. Un vaisseau de transport scolaire, effectuant un voyage vers Flursh pour visiter un site de fouilles archéologiques et contenant deux classes d’élèves de 3ème ainsi qu’accompagnés de trois professeurs, a été réduit en cendres lors du trajet. Tous les détails de l’affaire ne nous ont pas étés communiqués mais il semblerait, selon des témoins ainsi que certaines photos prises par les satellites aux environs de l’attaque, qu’il s’agirait d’un groupe d’une dizaine de vaisseaux monoplaces, vraisemblablement des pirates, qui seraient à l’origine du massacre. La police refuse de donner plus d’informations mais effectuera certainement un communiqué officiel dans la journée… Quand à l’incendie qui s’est déroulé il y a deux semaines, les enquêteurs en ont conclus que son origine était accidentelle, causé par un trop grand nombre d’appareils sur la même multiprise et la faiblesse de l’installation électrique, datant d’une cinquantaine d’années. Un compromis entre l’Etat et les assureurs sera fait pour veiller à rembourser intégralement les propriétaires et locataires dont les biens ont étés détruits ou endommagés.
Soudainement, le projecteur holographique qui servait de télévision se coupa, plongeant la pièce dans une semi-obscurité. D’un large geste, l’homme aux cheveux gris balança la télécommande sur le canapé, là où il dormait depuis quelques temps déjà. Les évènements de ces dernières semaines n’avaient pas vraiment jouées en sa faveur, ou plutôt celle de son entourage, laissant une incroyable dose de stress et de frustration s’accumuler en lui.
Un peu moins de deux semaines auparavant, Kiara s’était présentée devant sa porte en pleine nuit et en pleurs. Sa fourrure était recouverte de traces noires ainsi que de légères brûlures, déjà désinfectées. Voyant l’état déplorable de la jeune louve, Ethan la laissa entrer sans une once d’hésitation. Après un quart d’heure passé, assis sur le canapé, avec une femme pleurant contre son épaule et tentant, entre deux sanglots, d’expliquer que son appartement avait brûlé dans un incendie et qu’elle se retrouvait seule, à la rue, et que sur le moment, elle n’avait pas pensé à d’autre endroit que chez lui pour se réfugier.
Devant une telle situation, le jeune Gray ne put refuser de l’héberger, même si c’était uniquement pour lui laisser le temps de trouver un autre lieu de vie. Et quand bien même, s’il avait refusé de la laisser vivre sous son toit, il s’en serait voulu pour le reste de ses jours. Et voilà où cela l’avait mené…dormir sur un sofa. Cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Etrangement, il dormait bien mieux et plus facilement sur le canapé que son lit, même quand il se trouvait encore en 2030. La situation précaire de Kiara avait tout de même un côté positif, les deux jeunes gens s’étaient beaucoup rapprochés.
Ethan savait parfaitement que la louve n’était pas dans son état normal et avait décidé de faire évoluer les choses petit à petit. C’était une façon de se rassurer lui aussi et de se préparer à la suite. La vérité était que cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas eu de relation amoureuse et...ses connaissances en matière de séduction se trouvaient être quelque peu dépassées de plusieurs siècles. N’ayant pas d’ami autre que Anthony (ce dernier ne se trouvait pas être d’une grande aide dans ce cas vu que c’était les filles qui courraient derrière lui, et pas l’inverse), il décida de se reposer sur son unique atout : le naturel. Il n’y avait aucun intérêt à ce qu’il change ses habitudes juste pour complaire. Soit elle l’aimait tel qu’il était, soit elle ne l’aimait pas, fin de l’histoire. Et pour le moment, c’était la première option qui l’emportait.
Malgré la somme d’argent accumulée au fil des années et son salaire actuel, Ethan commençait doucement à avoir du mal à joindre les deux bouts. Kiara effectuait le travail d’avocate mais n’avait pas eue de gros dossier pour le moment, ce qui ne lui donnait pas non plus la possibilité d’obtenir un salaire conséquent. Pour le moment, son argent se trouvait principalement dépensé en vêtements vu que sa garde-robe avait finie en cendres.
Ethan posa ses yeux bleus acier sur sa montre. Il était actuellement huit heures et quart. Sa première heure de cours ne commençait que dans quarante minutes, lui laissant le temps de finir de se préparer et de partir. Normalement, le jeune homme aurait pris sa voiture mais il avait décidé de la prêter à la jeune Slinger, dont le lieu de travail se trouvait être bien plus loin que celui du professeur.
Contrairement à ce que la plupart des personnes auraient pu penser, ce n’est pas la jeune louve qui a demandé à emprunter le véhicule mais lui, se voulant gentleman, qui lui a proposé. Il savait parfaitement qu’il n’en aurait aucune utilité et cela éviterait à Kiara d’avoir à prendre les transports en commun.
Rapidement, il arriva dans sa petite salle de bain, au carrelage d’un blanc terne, dégarni. Un coup d’œil dans le miroir lui fit comprendre que ses cheveux avaient besoin d’être ordonnés. Il passa la brosse sans plus de cérémonie, veillant juste à ce que sa coupe ressemble à quelque chose d’à peu près correct. Il ressortit de la pièce quelques instants plus tard et retourna dans le salon. L’ancien mercenaire vida sa tasse de café d’un trait et souleva son oreiller. En dessous se trouvait son Glock 17 ainsi qu’un chargeur et son étui. D’un geste vif, il mit l’arme à sa ceinture, au niveau de la hanche droite et ressortit son t-shirt pour faire en sorte que l’objet ne puisse pas être vu.
Finalement, le jeune homme quitta l’appartement ainsi que le bâtiment. Dehors, un faible soleil illuminait la ville. De nombreux nuages aux différentes teintes de gris couvraient le ciel, menaçant de déverser leur contenu et un vent plutôt froid parcourait les nombreuses rues de la ville. Un frisson descendit le long de sa colonne vertébrale. Heureusement qu’il avait mis sa veste en cuir car sinon, le major n’aurait pas donné cher de sa peau avant de finir malade.
Il marcha d’un pas vif, veillant à rester le moins longtemps possible dehors. Après quelques minutes de marche, de nombreuses voix parvinrent à ses oreilles. Normalement, cela ne l’aurait pas dérangé, et c’était quelque peu légitime car il était dans un lieu public. Non, ce qui provoquait la confusion chez lui, était le fait que les voix se trouvaient être concentrées en un point précis et mouvant. Brusquement, Ethan tourna la tête pour regarder derrière lui et ce qu’il vit le laissa pantois.
Des centaines de personnes, collées les unes aux autres, marchaient en plein milieu de la rue, brandissant des banderoles qu’il avait du mal à lire. Un journaliste ainsi qu’un cameraman suivaient la procession, tout en commentant la scène. L’ex-soldat s’approcha des deux personnes et tapota sur l’épaule du journaliste.
— Excusez-moi mais, qu’est-ce qui se passe ici ?, demanda-t-il poliment.
Le commentateur, qui se trouvait être un renard au pelage roux, se tourna vers lui.
— Hey, tu vois pas qu’on est entrain de bosser ? Si tu veux savoir, c’est une manifestation anti-humains. Tu devrais dégager avant que ça dégénère.
Devant l’apparente agressivité du canidé, le jeune Gray décida de reprendre sa route.
— Quel con, celui-là. C’est consternant de voir que ces créatures sans poils sont incapables de s’informer correctement.
Immédiatement, il s’arrêta et son cœur manqua un battement. Un lourd soupir s’échappa de sa bouche. Il ferma les yeux et leva la tête vers le ciel, espérant se calmer en effectuant ce geste. Quelques instants plus tard, il reprit une stature plus normale et décida de jouer le jeu. Il allait juste rabattre lui rabattre le museau verbalement, aucune utilité d’employer la violence. Au contraire, cela alimenterai encore plus la haine envers son espèce.
— Le jour où t’aura fait la guerre, que tu sauras ce qu’est l’enfer et en être revenu entier, tu pourras te permettre de critiquer les autres.
Ethan lança ces mots tout en pointant le renard d’un doigt accusateur.
— Et t’es qui pour oser me parler sur ce ton ?
— Qui je suis ? Tu tiens vraiment à savoir qui je suis ?
Il sortit sa carte d’identité et la mit sous le museau du Keidran.
— Pour ta gouverne, je suis le major Ethan Gray. Le seul et unique. Je te déconseille fortement de parler de moi ou de mes semblables de cette façon si tu ne veux pas que je passe un coup de fil à ton supérieur pour que tu finisses à la rue. Et je pourrais aussi faire en sorte que plus aucun employeur te reprenne jusqu’à la fin de tes jours. Dernière chose, on ne me tutoie pas, on me vouvoie. Encore plus quand c’est de la vermine comme vous, les journaleux.
Le canidé resta pour le moins….bouche bée. Jamais il n’aurait cru, dans toute sa carrière, que quelqu’un se serait laissé pousser une assez grosse paire pour lui parler sur ce ton. Presque à contrecœur, il déglutit et hocha la tête, en signe de soumission.
— C’est bien, bon toutou, dit Ethan, en lui tapotant la tête avant de s’éloigner.
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D’un geste pour le moins imprégné de colère, le professeur jeta son café vide, dans une petite poubelle publique. Il prit de longues inspirations, espérant que cela l’aiderait à se détendre. Son altercation quelque peu houleuse avec le journaliste l’avait laissé dans un état légèrement perturbé. Il souffla entre ses dents, murmurant des paroles dégradantes envers le corps journalistique dans son ensemble dont sur le fait qu’ils étaient de la vermine, quelque soit l’époque où il se trouvait.
Sa démarche se voulait rapide, presque pressée, au point de commencer à provoquer une douleur au niveau de l’os astragale. Le temps devenait de plus en plus sombre, l’étendue nuageuse menaçait de déverser son contenu mais restait inactif….pour le moment. L’air qui se trouvait autour de lui se voulait plus lourd, plus oppressant, semblable un poids sur les épaules de tous ceux qui se trouvaient dans la ville. Un frisson traversa son corps et les poils de sa nuque se redressèrent. Il y avait de l’électricité dans l’air, il en était certain ! Pour confirmer sa suspicion, une grande lumière blanche éclaira au loin et, deux secondes plus tard, un éclair blanc zébra le ciel, suivi par une puissante détonation.
Après de longues minutes de marches, il arriva enfin devant son lieu de travail. De rares étudiants se trouvaient encore devant, fumant leur cigarette avant d’entrer en cours, ou discutant entre eux. L’homme aux yeux bleus acier se savait en retard, grâce à ce journaliste, et jura une nouvelle fois. Le professeur avait horreur de ne pas être à l’heure, il s’agissait d’une de ses plus grandes hantises. Il s’approcha de la porte principale et pressa son index sur l’analyseur digital. La surprise se peignit sur son visage lorsque la porte refusa de bouger. Il haussa un sourcil.
C’était la première fois que l’accès lui était refusé. Il décida de légèrement toquer à la fenêtre du gardien avec son index avant de pointer vers la porte. Ce dernier compris assez rapidement la situation et pressa un doigt sur un bouton.
Finalement, Ethan ouvrit la porte en grand et s’engouffra dans le hall.
Toujours avec la même démarche, le jeune homme monta les escaliers les plus proches pour se diriger vers la salle où il avait cours. Le bruit de ses chaussures de sport résonnèrent dans le couloir jusqu’au moment où il arriva devant un grand rectangle gris, mesurant près de deux mètres de haut et possédant un petit objet carré à côté, incrusté dans le mur. D’un large geste circulaire, Ethan passa la main devant l’objet et l’instant d’après, la porte s’ouvrit, disparaissant dans le mur.
A nouveau, il resta pantois. La pièce était tout simplement vide. Il resta ainsi pendant de longues secondes avant de reprendre ses esprits et partir en direction du bureau de son supérieur. Le sol en béton, recouvert de nombreuses dalles plastiques fut remplacé par une sombre moquette rouge lorsque l’ancien mercenaire entra dans la partie du bâtiment principal réservé à l’administration. L’incompréhension se lisait assez clairement dans ses yeux. De nombreuses questions trottaient dans son crâne. Il était certain d’avoir cours à cette heure-ci et dans cette salle. Certes, le professeur était en retard mais pas assez longtemps pour justifier la non-présence de trente étudiants.
Quelques instants plus tard, il entra dans le bureau du proviseur, ce dernier se trouvait au beau milieu d’une conversation téléphonique. Voyant l’arrivée soudaine du jeune homme, le chef d’établissement s’empressa de finir l’appel.
— Je peux savoir ce qu’il se passe pour que vous débarquiez dans mon office sans prévenir ?
— Eh bien, je viens vous voir car ce matin, en arrivant pour faire cours, je me suis rendu compte que ma salle de classe se trouvait vide. Ne sachant pas quoi faire sur le moment, j’ai décidé de venir vous voir, que vous puissiez m’éclairer sur ce mystère.
Le raton-laveur aux yeux noirs, mesurant près d’un mètre soixante-dix, possédant un pelage frisé dont les couleurs étaient composées de différentes teintes de gris et représentant sa hiérarchie, soupira.
— Il semblerait que ma secrétaire ait complètement omis de vous prévenir. Vous ne travaillez plus ici, l’académie vous a révoqué, pour des raisons de sécurité nationale.
— Pardon ?
La stupéfaction se lisait dans les yeux acier du professeur.
— Croyez-moi quand je dis que j’ai essayé de défendre votre cas mais les ordres sont ce qu'ils sont et, je ne peux y déroger.
— Mais enfin….pourquoi ?
— Vous n’avez pas entendu le communiqué fait par votre gouvernement ? Il a été demandé à tous les résidents humains de rejoindre les ambassades terriennes pour ensuite prendre un vol privé vers la Terre et les planètes voisines. Je suis sincèrement désolé de ne pas pouvoir faire plus. La meilleure chose à faire serait de rentrer chez vous et contacter l’ambassade, histoire que vous puissiez trouver un arrangement pour rester ici ou trouver un travail ailleurs. Quelque soit la suite des évènements, je vous souhaite bonne chance et ce fut un plaisir de vous avoir connu Ethan.
Les paroles du proviseur se voulaient sincères, et elles l’étaient. Le jeune Gray pouvait clairement voir que son ancien supérieur pensait vraiment les paroles qu’il avait prononcé. Le choc de la nouvelle restait glué dans son esprit. Comment pouvait-il ne pas croire à la mauvaise chance ? Ou à une quelconque entité supérieure qui prenait un malin plaisir à faire de sa vie un enfer ?
Toujours était-il qu’une fois de plus, il avait les mains liées, enchaîné par un destin dont il n’était pas maître, subissant seulement les conséquences. Finalement, après un serrage de main plutôt rapide, l'ancien professeur, quitta promptement les lieux. Ce n’est que lorsqu’il fut sorti de l'établissement, qu’il vit l’état déplorable de la météo.
Il pleuvait.


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