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Adam Williams


Par : VonDaklage
Genre : Réaliste
Statut : Terminée



Chapitre 4


Publié le 21/04/2013 à 19:15:42 par VonDaklage

Du sang. Le mien. Poignets liés avec une corde, pareil pour mes chevilles. Suspendu et accroché à un crochet, les pieds à quelques centimètres du sol. Mes bras me tirent affreusement. Un homme brun, massif me tourne autour. Ma vue est trouble, le sang me coule sur le visage. Une simple ampoule est installée au plafond, émettant une faible lumière orangée.

- Alors l'ami, tu vas te décider à parler ? Demande le tortionnaire.
- Je ne parle pas aux chiens de l'État, je risquerais d'attraper la rage, répond-je en souriant.
- Toujours aussi drôle hein ? Est-ce que tu rigoleras toujours quand je te dirais que ta copine est morte ?!

La colère. Seule émotion. Intense, puissante, submergeante. La haine au-dessus de tout autre sentiment. La folie me gagne.

- Tu mens, dis-je en grognant.
- Oooh ? Une émotion ? Et bien, on progresse ! Tu n'as toujours pas envie de parler ? Déclare-t-il en ricanant.

Un bref silence s'impose tandis que j'essaye de me calmer tant bien que mal.

- Une place spéciale t'attend en enfer et si je meurs avant toi, j'allumerais le brasier dans lequel tu passeras l'éternité moi-même.
- « SI » tu meurs avant moi ?! Pouffe le soldat. Qu'est ce qui te dit que tu vas pas crever ici, hein ?!

L'homme se tourne afin de s'approcher de la table et de se saisir d'un taser. Il s'approche rapidement de moi et m'envoie une décharge dans le cou. Mon corps convulse et ne me répond plus, sous le regard et le rire amusé de mon bourreau.

Adam sortit de son songe afin d'affronter la réalité. Il était à désormais une semaine de son exécution, et chaque jour écoulé lui donnait l'impression d'être plus léger. Il avait poursuivit Game Of Thrones plus ou moins au rythme d'un épisode par jour et il ne lui en restait plus que 7. Il avait suivi cette aventure épique accompagné de Thomas, ressentant joie et tristesse grâce à cette série. Comme à son habitude, Tom mangeait avec son ami le midi, dans la bonne humeur, en prenant bien soin d'éviter de parler du compte à rebours menaçant la vie du prisonnier. Les promenades leurs servaient à digérer et ils parlaient de tout et de rien. Un rituel qui s'était naturellement imposé après l'annonce de la mise à mort d'Adam. Les jours s'écoulaient, jusqu'à arriver à la veille de l'exécution.

En tant que condamné à mort, il avait eu le droit de commander un dernier repas, qu'il avait décidé de partager avec Thomas. Un gratin dauphinois accompagné d'une épaisse entrecôte saignante pour lui, et à point pour le gardien. Un verre de vin rouge pour accompagner ce délicieux repas. Les deux s'asseyèrent à table, avant de se mettre à savourer dans le plus grand silence. Le bonheur se lisait sur le visage de l'ancien étudiant en commerce. Ses papilles étaient caressées par la douceur des pommes de terre et de la crème les accompagnant, tandis que le croustillant ajouté par le fromage gratiné rendait le plat unique. A la fois fondant et croquant, un délice. L'entrecôte n'était pas en reste et était assez imposante. Un tas de viande de presque 500 grammes, saupoudré de sel, de poivre et de différentes herbes, relevant le goût de cet amas de muscle cuisiné. Le bœuf se laissa trancher par le couteau sans trop de résistance. La fourchette amena un des tendres morceaux découpés à la bouche du condamné. Ce bout venait parfaitement se marier avec le gratin et les deux hommes mâchaient et savouraient le repas.
Aussitôt avalé, Adam se saisit de son verre de vin rouge et en avala une petite gorgée avant de le reposer, un sourire empli de satisfaction illuminant son visage.

- Tu as vraiment fais un bon choix, je n'aurais pas trouvé mieux comme dernier repas moi, dit le gardien en ricanant avant de réaliser ce qu'il venait de dire.

Un silence gêné apparut, Thomas posa alors ses couverts et baissa la tête.

- Pardon, c'est pas ce que je voulais dire... Reprend-t-il d'un air désolé.
- Pourquoi tu t'excuses ? Puis c'est vrai que ce gratin est très bon, même si il est loin d'égaler celui de ma mère, lui répond-t-il en riant.
- Ta mère le fait vraiment mieux que ça ? Se rattrape maladroitement le gardien afin de changer de sujet.
- Mille fois mieux ! On a vécu en France pendant 5 ans, et c’est vraiment ce plat qu’elle a assimilé. Mon dernier repas aura été un repas typiquement français. Ma mère savait dès le début que ce pays me plairait.

Il avala un morceau avant de poser ses couverts et de mâcher lentement, de manière à savourer ce met.

- Je crois bien que dans cette histoire, ce qui me fait le plus mal, c’est de savoir que je ne gouterais plus à sa cuisine… Déclare-t-il sur le ton de la confidence, pour son ami et lui-même.

Un sourire triste apparut sur le visage du père de famille qui fit à nouveau face à son ami afin de lui parler.
- Tu te sens comment par rapport à demain ?
- Je me sens comme quand j'étais enfant et qu'arrivait le vendredi où les vacances débutaient... Affirme le jeune homme en poursuivant son repas.
- Tu compares ça à des vacances ?
- Bah oui, pourquoi pas ? C'est ce que je veux le plus et c'est synonyme de liberté, des vacances quoi !

Le garde pénitencier se mit à rire, regardant son ami manger, indifférent au monde extérieur.

- T'es vraiment quelqu'un de spécial... J'aimerais bien savoir ce qu'il se passe dans ta tête...
- Rien de bien intéressant, crois-moi, déclare-t-il en offrant un sourire amical à celui qu'il considérait désormais comme un frère.

Les deux continuèrent de diner en silence alors que Thomas réfléchissait.

- Dis-moi, la mort, ça ne te fait pas peur ?

Adam posa ses couverts sur son assiette avant de s'essuyer la bouche avec sa serviette.

- À quoi cela me servirait d'avoir peur ? Comme on dit : « Un homme ne meurt que lorsque sa mémoire tombe dans l'oubli. »… Voila ce qui m'attend, l'immortalité. Le nom d'Adam Williams retentira à travers les âges. Malheureusement, le gentil gardien l'accompagnant durant ses derniers instants ne connaîtra pas le même sort, poursuit-il en ricanant.
- Ne plus revoir tes proches, ça ne te fais rien ?
- Je suis devenu une source de souffrance pour eux, le fait que demain je les quitte est la meilleure chose possible pour eux.
- ...Et personne ne viendra assister à ton exécution ?
- J'en sais rien. Il n'y aura probablement que Helena, murmure l'homme aux yeux saphir.
- T'as dis quoi ?
- Rien, je pensais tout haut.

Les deux finirent de savourer le délicieux repas qui leur étaient offert avant de reposer leurs couverts dans leurs assiettes. Ils burent ce qu'il restait dans leur verre avant de s'échanger un regard.

- C'est l'heure du dernier épisode de Game of Thrones, dit le jeune homme d'un air sérieux.
- Bien, dans ce cas on y va.

Les deux se levèrent, faisant crisser leurs chaises avant de passer l'encadrure d'une porte et de se diriger vers la salle de cinéma de Death Ground, réservée au personnel en temps normal. Une centaine de siège rouge et une large toile faisant office d'écran. Adam s'assit au milieu de la salle afin de pouvoir profiter au mieux de la vue et du son tandis que Thomas mettait l'épisode en route. Le générique se lança tandis que la salle vibrait sous la puissance du son. Thomas s'installa prêt du condamné à mort, le fixant l'espace de quelques secondes avant de se tourner vers l'œuvre diffusée sur l'écran. Les secondes passaient et les situations évoluaient, du bonheur à la tristesse, de la guerre à la paix. Ce fut un peu plus d'une heure d'une rare intensité. Thomas fut touché par cet épisode et se tourna vers son ami, mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il le vit, sourire aux lèvres, en train d'applaudir alors que de ses yeux s'écoulaient des perles salées. Il semblait absorber par ce qui était projeté. Il regardait les noms diffusés dans les crédits avec attention, chaque applaudissement étant destiné à l'un d'entre eux. Vint le moment où le générique arriva à son terme. Adam se tourna vers le gardien, les larmes roulant sur ses joues.

- C'est fini... Dit Thomas.
- Tout à une fin tu sais... Murmure le jeune homme. Et demain ce sera la mienne.

Il se leva et essuya ses yeux avec ses manches, avant d'afficher un sourire plus rayonnant encore.

- Il est temps de dormir pour moi, on y va ?
- Déjà ?
- J'aurais tout le temps de me reposer quand je serais mort. Malgré tout, j'aimerais dormir. Me vautrer dans ma paresse une dernière fois, afin de pouvoir affronter la longue journée qui m'attend demain, explique le détenu.
- Bien.

Les deux hommes se mirent à marcher. Ils passèrent par le hall, qui était vide. Situation normale vu l'heure. À 23h30, les prisonniers avaient déjà rejoint leurs cellules depuis longtemps et le personnel avait retrouvé ses quartiers. Adam en profita pour faire un dernier tour d'adieu à cette prison qui l'avait gardée en son sein un peu plus de deux mois. Il marcha, contemplant le gargantuesque bâtiment s'étalant sur cinq étages et dont le toit visible de l'intérieur, était une large vitre à l'épreuve des balles, laissait tomber les rayons de la pleine lune à l'intérieur de l'imposante structure métallique. Adam baignait dans la lumière lunaire, semblable à un ange, muet. Il souriait, car il savait qu'il touchait au but. Thomas le laissa voguer, sans bouger, car il savait que son ami allait le quitter. Adam rigola quelques secondes avant de se diriger vers l'aile où se trouvait sa cellule, amenant ainsi le gardien à le rejoindre. Les deux se mirent à marcher dans le silence le plus complet, passant par la salle d'interrogatoire, avant d'arriver finalement à la cellule de Williams. Adam ouvrit la porte avant de faire face au gardien.

- Et bien, bonne nuit, ajoute le jeune homme accompagnant sa parole d'un sourire chaleureux.
- Dors bien, répond le trentenaire en rendant le sourire à son ami.

Adam rentra dans sa cellule avant que la porte ne se referme derrière lui, le laissant seul dans l'obscurité. Le sommeil vint chercher le jeune homme assez rapidement et le passé s'invita, en ramenant Adam quelques mois en arrière, par le biais de songes.

Une bouche contre la mienne, des mains parcourant les corps, mes yeux plongés dans les siens. Elle me domine, assise sur moi, la poitrine découverte de tout tissu. Ses longs cheveux blonds lui tombent sur le visage, rendant ses yeux difficiles à discerner. Un sourire espiègle sur les lèvres, elle attrape mes poignets et les remontent au niveau de ma tête. Elle s'abaisse vers mon cou et respire fortement dessus. La tension en serait presque palpable. Elle remonte vers mon oreille afin de me susurrer quelques mots.

- On doit y aller...

Elle se redresse et se passe la main dans les cheveux, elle est belle. Je la fixe.

- La Maison Blanche... On ne va pas mourir, hein ? Dis-je en souriant.
- On ne va pas mourir, tu le sais bien. Puis tu sais, même la mort ne nous séparera pas l'un de l'autre...

Elle se penche vers moi afin de me gratifier d'un baiser. Doux et long. Je la fais basculer et prend l'ascendant.

- J'aurais aimé jouer encore un peu, mais on doit y aller Helena.

Un échange de sourire et un baiser volé. Je me lève et vais dans la salle de bain. Je m'humidifie le visage avec un filet d'eau avant de relever la tête et m'arrêter sur mon reflet renvoyé par le miroir.

- C'est parti.

Adam fut réveillé par Thomas, qui était vêtu d'un costume deux pièces et d'une cravate. Il tenait une part de gâteau recouverte d'un glaçage blanc saupoudré de vermicelles de couleur, sur laquelle était plantée une bougie.

- Joyeux anniversaire Adam, souhaite chaleureusement le garde pénitencier.
- Merci.
- Tiens, c'est pour toi.

Thomas lui tendit l'assiette contenant la pâtisserie et le détenu la garda avant de la contempler.

- Fais un vœu et souffle. Prononce le garde d'une voix paternelle, grave, mais à la fois douce et bienveillante.

Il ferma les yeux avant de souffler la bougie. Son ami applaudissait avec un sourire aux lèvres.

- Alors, t'as fais quoi comme vœu ?
- Ah, ça je peux pas te le dire ! Balbutie Adam en avalant tant bien que mal. Et il est vachement bon ce gâteau dis moi !
- Merci, c'est ma femme qui l'a fait.

Un silence prit place et Adam dégusta le gâteau le plus silencieusement possible.

- Tu la remercieras pour moi.
- Oui...

Un autre blanc apparut, Adam regarda Thomas.

- Et pourquoi tu portes ce costume ? Demande le jeune homme.
- J'assiste à ton exécution.
- Ceci explique cela, ironise le prisonnier.
- Maintenant faut que tu te prépares, suis-moi.

Le trentenaire l'amena alors aux douches afin qu'il soit propre pour son dernier rendez-vous. Une fois fini, le gardien lui ramena un costume trois pièces.

- Qu'est ce que c'est ?
- Un costard. Tu vas passer à la télé et mourir, autant être bien habillé !

Le gardien riait alors qu'Adam semblait pensif. Il se couvrit rapidement du costume, laissant deux boutons ouverts sous sa gorge. Le jeune homme se passa la main dans les cheveux avant de se les ébouriffer légèrement et de se tourner vers Thomas.

- Comme ça c'est bien ? Questionne le prisonnier.
- Très bien, tu vas faire un carton au Paradis, répond le garde de manière posée en souriant.
- Le Paradis, hein ? Je ne pense pas que ce soit un endroit pour moi...
- Crois-moi, il n'y a pas de raisons pour que tu n'y ailles pas… Et puis, tu peux toujours te repentir !
- C’est pas mon genre, tu me connais.
- Ahaha, sait-on jamais !

Les deux hommes se dirigèrent alors vers la grande cour afin de passer le grillage où se trouvait la piste d'atterrissage, piste où attendait le jet privé censé amener Adam sur le lieu de l'exécution. Les deux amis montèrent à bord du véhicule où étaient présents un pilote et un copilote. Thomas dut lier les poignets de l'étudiant en commerce par mesure de précaution, mais il ne lui en tenait pas rigueur, il savait que ça devait être fait. L'avion se mit en mouvement, prenant l'élan nécessaire afin de décoller tandis qu'Adam contemplait par le hublot le centre carcéral duquel il était le premier prisonnier à ressortir vivant. L'ennemi public N°1 était dans ses pensées lorsque Tom vint l'interrompre.

- Plus le temps passe et plus je réalise... Tu vas vraiment être exécuté.

Adam le regardait, ne jugeant pas utile de lui répondre.

- Tu vas mourir, et je perdrais un de mes meilleurs amis...

Adam tourna la tête vers le hublot, main sous le menton.

- Tu sais ce qu'est l'âme ? Demande l'étudiant.
- Oui bien sur, mais c'est quoi cette question ?
- Imagine-toi que toutes les personnes mortes restent dans notre monde en tant qu'âme. Ca voudrait dire que notre existence ne s'arrêterait pas à notre trépas, qu'il resterait quelque chose de nous. La science pourrait faire en sorte de capter ce quelque chose et nous permettre de communiquer avec les morts.
- Tu ne crois pas en Dieu, mais tu crois à une vie après la mort ?
- Une vie après la mort, quel paradoxe... Souffle le prisonnier. Je pense plus à un « après » la mort qu'à une vie après la mort, voila ce que je crois.
- Mais je ne te comprend pas, où veux-tu en venir ?

Adam tourna la tête vers son interlocuteur et un sourire se dessina lentement sur ses lèvres.

- En partant de cette idée, on se reverra.

Thomas fut surpris par la réponse de son ami mais cela ne le choqua pas outre mesure car seul Adam savait ce qu'il pouvait se passer dans l'esprit d'un condamné à mort.

- Vu comme ça, ça serait bien, c'est vrai...

Le voyage ne dura pas bien longtemps, un peu moins d'une heure pour atterrir à Washington D.C. L'avion s'arrêta quelques temps après avoir roulé sur le sol, les pneus crissant et la cabine secouant légèrement les passagers. Lorsque l'avion fut arrêté, le gardien se leva et prit une profonde inspiration avant de tendre une main amicale accompagnée d'un sourire forcé à son ami.

- Nos chemins se séparent ici... J'espère que ton... exécution se passera bien, dit-il après avoir marqué un temps, une teinte d'émotion mal dissimulée dans la voix.

Adam empoignait la paume d'un sourire franc et pur avant de tirer son ami vers lui et de le prendre dans ses bras, frottant et tapotant le haut de son dos amicalement.

- Ne t'inquiète pas, tout se passera bien, lui dit-il à l'oreille. Merci d'avoir été mon ami tout ce temps.

Le représentant de l'ordre se laissa aller, quelques larmes s'échappant alors que son faux sourire se changea en un beaucoup plus beau et vrai.

- Ça aura été autant un plaisir pour toi que pour moi.

Il fit le salut militaire à Adam une dernière fois pour le saluer, auquel répondu le détenu tant bien que mal malgré ses menottes.

- Adieu Adam.

Il ouvrit la porte, sortit du jet et disparut. Adam reprit finalement une expression plus sérieuse avant de s'étirer quelque peu.

- Alors on y est hein ?

Il jeta un regard du côté de la cabine des pilotes et ne vit qu'un rideau noir. Ils ne savaient probablement pas que leur livraison était Adam. À cette pensée, le jeune homme eut envie de rire.

- Merci pour le voyage ! S'exclame-t-il gaiement.
- Ce n'est rien, bonne journée ! Lui répondu une voix.
- Une bonne journée hein ? Murmure-t-il.

Le détenu se mit à rire à gorges déployées, ouvrant la porte avant de quitter le véhicule, faisant résonner son rire autour de lui de manière tonitruante. Il descendait les escaliers avec prudence, tel un prince, et riait de manière démesurée, tel un démon. Ce fou rire cessa lorsqu'il arriva au niveau du cortège qui l'attendait au pied de l'escalier. Quatre hommes vêtues de noirs, armés, recouverts d'épaisses protections ainsi que d'un casque possédant une visière teintée et de grands boucliers anti-émeute. Ils entourèrent le prisonnier et l'escortèrent jusqu'à un hélicoptère qui démarra à la seconde où Adam fut installé. L'engin à hélices se déplaça rapidement et arriva au bout de quelques minutes au dessus d'un bâtiment, le centre carcéral de Washington D.C., avant de se poser dessus. Les militaires firent sortir Adam avant de le faire pénétrer dans la prison, lui faisant descendre un escalier afin de lui faire atteindre le dernier étage.

Deux des membres de l'escorte restèrent camper au niveau de la porte du toit menant à l'intérieur, tandis que les deux autres accompagnaient Adam. Ils débouchèrent sur un long couloir. À leur droite, une porte menant à l'étage inférieur, gardée par deux gardes vêtues de la même façon que ceux escortant l'ennemi public N°1. À leur gauche se trouvait une petite salle, dans l'angle, c'était leur destination. Une fois arrivé à celle-ci, Adam remarqua qu'en face de cette salle, il y en avait une autre au bout du couloir, gardée par deux autres militaires. Adam conclut que c'était sans doute la salle d'exécution. Les militaires le firent entrer dans la salle et fermèrent la porte à double-tour derrière lui, avant de se positionner devant afin de la protéger en cas de nécessité.

Adam était dans la salle, seul, et la contemplait. Il s'assit sur le lit avant que son regard ne se pose sur la table de chevet. Il en ouvrit l'unique tiroir et en sortit la Bible. Un petit soufflement s'échappa de son nez et vint accompagner son sourire avant qu'il ne repose l'imposant ouvrage là où il l'avait trouvé. Il s'allongea et fut surpris de la comfortabilité du lit, hésitant à s'endormir ou à profiter du fait qu'il possédait un lit pour la première fois depuis un peu plus de deux mois. Il choisit la seconde option et décida de se repasser l'ensemble des événements de ses trois derniers mois, riant à certains, ayant le cœur serré pour d'autres. Une image revenait plus souvent que les autres pourtant, celle du visage souriant d'Helena. Cette simple image réveillait en Adam plus d'émotions que cent mille mots n'auraient su le faire, pouvant faire passer le paradis pour l'enfer face à elle. Williams versa une larme, une seule, symbolique, qui roula jusqu'à son oreille avant de disparaître après s'être écrasée sur les draps. Adam entendit une multitude de pas dans le couloir, par contre aucune voix ne s'éleva. Après plus ou moins une minute, le silence revint. Le présumé fou s'interrogea sur la nature du bruit mais n'eut pas le temps d'envisager l'ensemble des éventualités possibles qu'un des gardes ouvrit la porte. Le détenu se releva, faisant tinter légèrement la chaîne de ses menottes en marchant. Le militaire posa une main sur son épaule et le fit marcher jusqu'à arriver devant une grande porte. Williams ne put s'empêcher de lâcher un petit rire, car cette situation lui rappelait ce qu'il s'était passé avant sa première évaluation psychologique. Le soldat ouvrit la porte.

Devant eux se trouvait une grande salle sans fenêtres, uniquement éclairée par des lampes et autres néons, ainsi qu'une trentaine de chaises disposées avec des gens assis dessus. Adam ne fit pas attention aux détails, mais il avança en souriant. Une caméra était placée sur un trépied, en direction d'une estrade sur lequel était présent le premier ministre. Il venait de finir son discours et le prisonnier fut posé sur l'engin de mort sans difficulté. Le militaire lui enleva les menottes avant de lui lier les jambes à son siège ainsi que ses bras, l'empêchant globalement de bouger. Le condamné balaya la salle du regard et vit des visages connus. Jennyfer Ann, la femme qui prononça le diagnostic psychologique qui l'envoya ici, assise au dernier rang. Thomas Copeland, son ami et confident durant ces deux derniers mois, assis au deuxième rang. Le Général des Armées, Steven Fannings, assis au premier rang, le fixant dans les yeux avec un regard presque haineux. Et en bout de file était présente Helena. Helena Nalhet, rayonnante comme toujours et affichant une face noble. Vêtue d'un corset bleu marine et d'une jupe de la même couleur. Elle fixait son ami, son amour, son amant. Le jeune homme rendait le regard à celle qu'il chérissait. Il inspira profondément tout en fermant les yeux, gardant son calme malgré la vive agitation autour de lui. Il entendait les bouches s’exciter à proximité, il en avait désormais l’habitude. Des bruits de pas se rapprochèrent de lui, l'incitant à ouvrir les yeux. C'était le General Fannings.

- Ton dernier siège te plaît ? Il a été pensé et réalisé seulement pour toi. Contrairement aux autres condamnés qui passent sur la chaise électrique, on n'aura pas à te raser le crâne pour poser les électrodes et en finir. On n'aura qu'a....

Il prit une sorte de casque dont sortait un épais câble noir relié à un mur, sur lequel était implanté un mécanisme nécessitant d'abaisser le levier afin de rendre la sentence.

- …Poser ce petit truc sur ta tête et à baisser ce levier, et ce sera fini. Aussi simplement que ça. La menace Williams sera éliminée, sous les yeux du monde entier. Tu n'auras pas le droit à ce voile sensé cacher ton visage. Ta dignité sera réduite en miettes devant des milliards de personnes. Ton « honneur », pour lequel tu as fais tant afin qu'il demeure intact, sera piétiné et ton nom résonnera dans l'histoire comme celui d'un fou s'étant cru à la hauteur de Jésus, dit-il froidement et à voix basse de manière à n'être entendu que par Adam.

La caméra avait pivotée et cadrait le condamné ainsi que le Général qui lui attacha le casque sur la tête, avant de sortir du champ afin que le prisonnier soit visible et au centre de l'image.

- D'après tout les chefs d'accusation cités précédemment par le premier ministre des États-Unis d'Amérique, Adam Williams, vous avez été rendu coupable de tout ce dont l'on vous accuse et vous serez donc exécuté maintenant, aux yeux du monde entier. Une dernière chose à déclarer ? S'enquiert le haut gradé.

L'ancien étudiant regarda l'ensemble de la salle, en détaillant chaque membre. Il s'arrêta sur sa psychologue et lui fit comprendre à travers son regard qu'il ne lui en voulait pas de l'avoir envoyé là. Il tomba ensuite sur son ami Tom qui était venu assister aux derniers instants de sa vie. Il tâchait de rester noble et ne fit qu'un signe de tête ainsi qu'un sourire au jeune commercial. Le regard du criminel se posa finalement sur celle qui l'avait accompagnée dans toute cette histoire. Il la trouvait plus belle qu'à son habitude. Un sourire parcouru ses lèvres et une flamme s'alluma dans ses yeux. Le jeune homme transmettait son amour d'un simple regard. Helena pleura. Il leva finalement les yeux vers celui qui représentait l'ordre dans cette salle, avant de prendre une profonde inspiration en fermant les yeux. Il vida ses poumons de l'air qu'il venait d'engloutir, et à mesure que le dioxyde de carbone quittait son corps, ses yeux s'ouvraient. Le regard totalement éveillé, un mince sourire s'invita sur son visage. Il fixa l'objectif de la caméra comme si il s'apprêtait à parler à un être humain.

- And who are you, the proud lord said,
that I must bow so low?
Only a cat of a different coat,
that's all the truth I know.
In a coat of gold or a coat of red,
a lion still has claws,
And mine are long and sharp, my lord,
as long and sharp as yours.
And so he spoke, and so he spoke,
that lord of Castamere,
But now the rains weep over his hall,
with no one there to hear.
Yes now the rains weep over his hall,
and not a soul to hear.

Chante Adam.

Un silence de plomb fit son apparition après la chanson du prisonnier. Un large sourire se dessina sur son visage tandis que tout les témoins demeuraient incompréhensifs. Le général Fannings se ressaisit et s'en alla en direction du levier d'un air furieux, lorsque le sol se mit à trembler. Les cris emplirent la salle et toutes les personnes tombèrent au sol. Les vibrations étaient terribles, secouant tout le bâtiment. L'alimentation électrique sauta, plongeant la salle dans l'obscurité, avant que les ampoules ne se mettent à exploser à leur tour.

- Un tremblement de terre, ici ?! Crie le premier ministre.
- Non, j'en ai déjà vécu plusieurs, ça n'a rien à voir ! Hurle le général.

Une forme vivante de cri prit forme et remplit la salle. Composé de voix graves et aiguës, ce monstre de bruit tentait d'opposer résistance au phénomène qui s'était abattu sur ce bâtiment. Mais ce qui était dehors était bien plus fort que leurs cris. Adam Williams était lié à la chaise et ne pouvait pas bouger, mais cela ne l'empêchait pas de rester totalement calme. Il regardait le chaos alentour avant d'adresser un regard à Helena.

- Tu ne mourras pas aujourd'hui, dit-elle à voix basse, assise en tailleur.

Adam sourit et leva les yeux au ciel avant de les clore paisiblement.

- Il faut croire que non...


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