On était le premier mars. Cela faisait maintenant plus de deux semaines que Harry était enfermé dans une salle isolée et capitonnée. Celle ci ne contenait qu'un lit inconfortable, une petite toilette et une énorme vitre triple vitrage qui donnait sur une salle d'observation où les scientifiques venaient lui poser des questions grâce à un système de micros.

On le laissait moisir ici sous prétexte qu'il était un candidat: quelqu'un d'invulnérable à la maladie. Tous les deux jours, on le faisait quitter sa cellule pour lui faire passer des prises de sangs, des scanners et autres. Mais apparemment les scientifiques n'avaient pas encore trouvé ce qui le rendait spécial. Celui qui menait l'expérience, un certain Goodspeed, semblait de plus en plus énervé de ne pas trouver de résultats et s'acharnait de plus en plus dans ses recherches.

Aider l'armée et son pays en général ne le dérangeait pas. Ce qu'il n'aimait pas par contre, c'était d' être enfermé et observé ici comme un vulgaire rat de laboratoire. Mais le pire c'est qu'il n'avait pu rentrer en contact avec sa femme Martha et ses enfants. Cela devait maintenant faire plus de dix jours qu'ils étaient revenus de Phoenix et il n'avait pas été là pour les accueillir... Il n'avait même pas pu les prévenir de son absence. En effet le colonel Hummel lui interdisait tout contact avec l'extérieur. Harry lui avait répondu que celui- ci ne pouvait pas faire cela, que c'étaient contre les lois. Mais Hummel avait rétorqué que la situation dehors avait changé et qu'il ne bénéficiait plus de ses droits. Harry Clark était devenu le sujet numéro 6.

Et maintenant Harry était en train de se tenir là à regarder le plafond quand Goodspeed accompagné de Hummel rentra dans la salle d'observation. Tous les deux portaient des combinaisons isolantes et des masques anti gaz. Harry ne pouvait qu'entrevoir leurs yeux mais il pouvait sentir que les deux hommes étaient à cran.

Ce fut Goodspeed qui prit la parole en premier : « Bonjour monsieur Clark! Comment allez vous ce matin? »

Malgré le ton enjoué que le scientifique avait prit, cela ne cachait pas son angoisse.

« ça ira beaucoup mieux quand vous me laisserez prendre contact avec ma famille, répondit Harry.

- Vous savez très bien que je ne peux pas vous laisser faire ça monsieur Clark. Ceci est une opération secrète et personne ne doit avoir soupçon de ce qui se passe.

- C'est vrai que cela ferait scandale si on apprenait que l'armée séquestrait ses propres citoyens et cela même pour une noble cause cause.

- Si vous vous rendiez compte de la situation dehors vous ne diriez pas de telle choses, dit Goodspeed piqué au vif.

- Et que se passe t-il dehors? »

Cette fois ce fut Hummel qui répondit : « C'est le chaos tout simplement monsieur Clark. Ce que vous avez vu à l'hôpital de Fresno il y a deux semaines n'est rien comparé au bourbier dans lequel nous sommes pour le moment. Les rues ne sont plus sures et ce malgré tous les efforts que nous faisons.

- En effet, enchaina Goodspeed, il y a peine deux jours l'Etat de Californie comptait plus d'un million de cas d'infection. Hier selon quelques estimations, nous étions passés à deux millions. Je n'ai pas encore les chiffres d'aujourd'hui mais à mon avis ils ne vont rien avoir de réjouissant. Nous somme en fait face à un phénomène exponentiel. Et je suis désolé de vous dire ça mais il y a de fortes chances pour que votre femme ait aussi contracté le virus alors s'il vous plait, soyez coopératif ».

Cette annonce lui fit l'effet de recevoir un boulet de canon en pleine tête. Mon dieu il n'avait pas pensé que Martha pouvait se retrouver parmi les contaminés ou du moins, son esprit avait tenté de cacher cette donnée. Cela ne fit que renforcer son envie de la voir.

Goodspeed lui continua de parler : « Bon des chercheurs viendront vous chercher cet après midi pour une série de tests. Tâchez d'y mettre du vôtre. Au revoir monsieur Clark. »

Harry vit les deux hommes sortir. Il l'ignorait encore mais c'était la dernière fois qu'il voyait Goodspped. Du moins dans cet état...