La Pire des Cibles
Par : Hev
Genre : Action , Horreur
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 3
Des paroles
Publié le 12/01/11 à 12:24:51 par Hev
Gordon dégaina immédiatement son arme de derrière son dos et la garda pointée vers le sol au bout de son bras tendu. Un vent de terreur venait de souffler dans le cœur des cinq amis, y compris dans celui de la pauvre malade que tout le monde craignait maintenant. Sam fut le seul à ne pas avoir le vif réflexe de s'écarter d'elle, juste après qu'il en ait prononcé son dramatique diagnostic. Un lourd silence envahit le salon durant de longues minutes, quelques fois rompu par les gémissements étouffés de la future mort-vivante.
Jeff alla s'appuyer contre un mur, la main sur son front abattu. Était-ce croyable ? Était-ce un rêve ? Ou bien, alors, une farce ? Jamais aucun d'eux n'avait imaginé devoir faire face à une crise de cette sorte. La médecine et la génétique étaient bien loin d'eux, loin de leurs odeurs de feux et de leur vacarme enragé. Alors, comment imaginer que leur aventure, au rythme si abrutissant, faite de carnage et de fusillade, se termine par un tel choc psychologique ?
Leur amie allait bientôt subir la mutation ennemie. Son corps était sur le point de tous les trahir.
« Qu'est-ce qu'on va faire ? s'inquiéta peureusement Sylviane, la voix vibrante.
Les échanges de regards fusèrent, désemparés. Les yeux de Sam parurent implorer leur meilleur tueur de zombie d'oublier l'usage qu'il semblait vouloir faire de l'objet métallique coincé entre ses doigts. Au milieu de la bande, Mallory, discrètement, avait cédé aux pleurs.
- Attendez ! intervint Jeff avec hâte. Qu'est-ce qui nous dit qu'elle est vraiment infectée ? Sam, attends, c'est quelque chose que tu crois, ou t'en es vraiment sûr ?
L'interrogé soupira de découragement. Il n'avait pas demandé un seul instant la responsabilité de ce que penserait plus tard le groupe, au sujet de la pauvre malade. Il n'avait aucune compétence pour cette fonction, n'en revendiquait aucune. Tout ce à quoi il pouvait se fier n'allait pas plus loin que sa vue, le peu qu'il était en mesure de percevoir.
- Je sais pas, Jeff... répondit-il d'un ton las. Y avait plein de zombies sur elle, quand je suis revenu vers l'arrière... Si elle était pas immunisée...
- Putain... Mais comment on peut savoir qui l'est ou non ? Y a jamais eu de tests ou je sais pas quoi ? souffla le jeune brun, plein de dépit.
- Regarde autour de toi, mec, lâcha Gordon, fidèle à son défaitisme. On a même pas pu déceler le virus avant que la moitié de la ville soit atteinte. Qu'est-ce que tu veux qu'on ait eu le temps de l'étudier ? C'est à peine s'il reste des scientifiques, dans notre pays.
- On a aucune info sur ce virus et son rapport à notre organisme, renchérit Sam. On sait même pas si ceux qui sont dits immunisés le sont vraiment.
- En clair, on est dans la merde, résuma Sylviane avec amertume, tandis que les sanglots de son amie redoublaient.
- Calmez-vous, répéta le jeune chauve. Les zombies peuvent pas rentrer, les secours ont dit qu'ils étaient en route, c'est pas le moment de baisser les bras. Je suis sûr qu'on va s'en sortir.
- Aussi sûr que quand tu dis que Mallory est infectée ? répliqua la rouquine.
Sam se tut un court instant, les yeux tournés vers les autres spectateurs de la conversation. Il se concentra brièvement sur ladite suspecte, toujours livide et amorphe, prête à s'effondrer la seconde suivante, puis regarda Sylviane.
- Qu'est-ce que tu cherches à savoir, en demandant ça ?
La jeune femme ne répondit pas, coupée trop tôt par une autre question sérieuse de Gordon.
- Sam, tu as dit qu'ils étaient nombreux sur elle. Qu'est-ce qui s'est passé, exactement ?
Le jeune chauve mit quelques secondes à répondre, le temps d'un nouveau soupir.
- Voila, dit-il, on était pris dans la mêlée, je comprenais pas d'où ils sortaient, tous ces zombies... Et apparemment, Gordon, t'as réussi à créer une brèche dans leur masse. Enfin, j'ai pas très bien vu, mais d'un coup vous êtes tous partis dans une direction et je me suis magné de vous suivre. Sauf qu'à ce moment-là j'ai entendu quelqu'un appeler derrière, et quand je me suis retourné j'ai vu Mallory qui essayait de se relever, sûrement après avoir buté sur un truc, une merde, je sais pas... Toujours est-il qu'elle avait pas d'arme, mais une horde de tarés assoiffés de sang qui se ruait sur elle. Et que j'avais pas envie d'avoir à vous raconter leur gueuleton.
- Ça sert à rien de te justifier, lui glissa rapidement Jeff, en train de tendre un mouchoir à une Mallory éplorée. C'est ce qu'on aurait tous fait.
La jeune brune s'efforça de lui articuler un fébrile "merci". Sam marqua une courte pause, les idées momentanément distraites.
- Ouais... Enfin bon, reprit-il flegmatiquement. Je lui ai...
- Et pourquoi, au fait, t'es pas parti la sauver, du coup ? interrogea Sylviane, tournée vers Jeff.
Ce dernier la fixa avec surprise, interloqué qu'elle ne sache pas la réponse.
- J'étais tout devant, rappela-t-il, comment j'aurais pu l'entendre ?
- Bref, on s'en fout, les interrompit indifféremment Gordon. Sam, continues.
- Donc, j'allais dire, raconta celui-ci, que j'ai gueulé à Mallory de se mettre à plat ventre et que j'ai tiré dans le tas. Mais c'était pas assez rapide pour empêcher certains connards de sauter sur elle. Juste assez rapide pour qu'ils lui fassent pas mal.
- On dirait parfois que tu parles d'eux comme des humains... remarqua le franc-tireur sur un ton monotone.
- Je sais pas, hésita le jeune chauve. Peut-être que j'ai du mal à me faire à l'idée... J'en sais rien...
- Et alors, qu'est-ce qu'il s'est passé, ensuite ? demanda Jeff, soucieux.
- Ensuite, poursuivit Sam, j'ai dégommé ceux qui la touchaient, je l'ai tirée par la main, et j'ai terminé en balançant une grenade fumigène par dessus l'épaule, en courant vers la ruelle où vous aviez disparu. Elle commençait déjà à boiter et s'est mise à tousser avant même que la grenade se déclenche. J'ai immédiatement senti que quelque chose clochait. Y avait une drôle d'odeur dans ses cheveux. Et puis... je sais pas, elle faisait comme des bruits bizarres, juste après cet incident. Je lui ai demandé de me parler mais on aurait dit que c'était la mer à boire, pour elle. Je sais pas si c'est à cause de ça, mais... quelques mètres plus loin, à deux pas de la route... elle... hésita le jeune homme, avant de continuer sur un ton plus bas, elle a gerbé un paquet de litres sur le trottoir.
Sylviane détourna la tête en grimaçant et en geignant, dégoûtée par cette image. Gordon retroussa légèrement les narines. A cette déclaration, Mallory ne manifesta pas la moindre réaction, mais il était néanmoins sûr qu'elle l'avait bien entendu. Une expression de malaise apparut sur son visage blêmi. Pourtant, Sam n'avait pas encore tout dit.
- Des litres de sang, acheva-t-il, inquiet.
Jeff ferma les yeux. Non, il n'y avait plus de doute, à présent. Ce symptôme n'était apparu que chez les zombies, jamais sur personne d'autre. L'évidence ne pouvait que s'abattre sur eux. La chose était désormais officielle. Inéluctablement. Mallory était infecté. Le groupe resta silencieux près d'une minute. Totalement cette fois : la jeune brune avait fini par se vider de ses larmes. D'un geste apathique, sa main laissa tomber le mouchoir que lui avait donné Jeff, et sur lequel on distinguait maintenant une sombre, répugnante tâche. Ses larmes n'étaient plus seulement faites de sel et d'eau. Sam frissonna, quand alors son ami Gordon prit de nouveau la parole.
- Il faut qu'on trouve une solution.
Aucun des autres survivants ne répondit. Chacun préféra garder ses pensées pour lui-même, plutôt que de laisser échapper une maladresse. La rouquine limitait déjà le "on" de leur groupe aux quatre sains restants. Il lui semblait maintenant trop dangereux de s'occuper encore du cas de Mallory, et de nourrir ainsi le monstre qui, bientôt, l'estomac hurlant, se lanceraient à leurs trousses. De son coté, Sam se questionnait à propos d'un éventuel sentiment que puisse encore conserver un zombie, par-delà sa mutation. Voire - qui sait ? - un rapport affectif qui épargne à leur amie toute hostilité regrettable à leur égard.
Seule Jeff se torturait vraiment l'esprit pour trouver la meilleure des alternatives, celle qui, à terme, satisferait les deux camps dès lors opposés. Une solution qui ne lèserait personne de leur groupe si cher. Une solution qui éviterait à Mallory de se faire tuer, et aux autres de se faire mordre. Une solution désespérée. Une solution extrême. Une terrible solution.
- Les gars, attendez... s'exclama doucement le jeune brun, surpris de lui-même. Je crois que j'ai une idée...
Une solution venait de naitre dans son esprit.
Jeff alla s'appuyer contre un mur, la main sur son front abattu. Était-ce croyable ? Était-ce un rêve ? Ou bien, alors, une farce ? Jamais aucun d'eux n'avait imaginé devoir faire face à une crise de cette sorte. La médecine et la génétique étaient bien loin d'eux, loin de leurs odeurs de feux et de leur vacarme enragé. Alors, comment imaginer que leur aventure, au rythme si abrutissant, faite de carnage et de fusillade, se termine par un tel choc psychologique ?
Leur amie allait bientôt subir la mutation ennemie. Son corps était sur le point de tous les trahir.
« Qu'est-ce qu'on va faire ? s'inquiéta peureusement Sylviane, la voix vibrante.
Les échanges de regards fusèrent, désemparés. Les yeux de Sam parurent implorer leur meilleur tueur de zombie d'oublier l'usage qu'il semblait vouloir faire de l'objet métallique coincé entre ses doigts. Au milieu de la bande, Mallory, discrètement, avait cédé aux pleurs.
- Attendez ! intervint Jeff avec hâte. Qu'est-ce qui nous dit qu'elle est vraiment infectée ? Sam, attends, c'est quelque chose que tu crois, ou t'en es vraiment sûr ?
L'interrogé soupira de découragement. Il n'avait pas demandé un seul instant la responsabilité de ce que penserait plus tard le groupe, au sujet de la pauvre malade. Il n'avait aucune compétence pour cette fonction, n'en revendiquait aucune. Tout ce à quoi il pouvait se fier n'allait pas plus loin que sa vue, le peu qu'il était en mesure de percevoir.
- Je sais pas, Jeff... répondit-il d'un ton las. Y avait plein de zombies sur elle, quand je suis revenu vers l'arrière... Si elle était pas immunisée...
- Putain... Mais comment on peut savoir qui l'est ou non ? Y a jamais eu de tests ou je sais pas quoi ? souffla le jeune brun, plein de dépit.
- Regarde autour de toi, mec, lâcha Gordon, fidèle à son défaitisme. On a même pas pu déceler le virus avant que la moitié de la ville soit atteinte. Qu'est-ce que tu veux qu'on ait eu le temps de l'étudier ? C'est à peine s'il reste des scientifiques, dans notre pays.
- On a aucune info sur ce virus et son rapport à notre organisme, renchérit Sam. On sait même pas si ceux qui sont dits immunisés le sont vraiment.
- En clair, on est dans la merde, résuma Sylviane avec amertume, tandis que les sanglots de son amie redoublaient.
- Calmez-vous, répéta le jeune chauve. Les zombies peuvent pas rentrer, les secours ont dit qu'ils étaient en route, c'est pas le moment de baisser les bras. Je suis sûr qu'on va s'en sortir.
- Aussi sûr que quand tu dis que Mallory est infectée ? répliqua la rouquine.
Sam se tut un court instant, les yeux tournés vers les autres spectateurs de la conversation. Il se concentra brièvement sur ladite suspecte, toujours livide et amorphe, prête à s'effondrer la seconde suivante, puis regarda Sylviane.
- Qu'est-ce que tu cherches à savoir, en demandant ça ?
La jeune femme ne répondit pas, coupée trop tôt par une autre question sérieuse de Gordon.
- Sam, tu as dit qu'ils étaient nombreux sur elle. Qu'est-ce qui s'est passé, exactement ?
Le jeune chauve mit quelques secondes à répondre, le temps d'un nouveau soupir.
- Voila, dit-il, on était pris dans la mêlée, je comprenais pas d'où ils sortaient, tous ces zombies... Et apparemment, Gordon, t'as réussi à créer une brèche dans leur masse. Enfin, j'ai pas très bien vu, mais d'un coup vous êtes tous partis dans une direction et je me suis magné de vous suivre. Sauf qu'à ce moment-là j'ai entendu quelqu'un appeler derrière, et quand je me suis retourné j'ai vu Mallory qui essayait de se relever, sûrement après avoir buté sur un truc, une merde, je sais pas... Toujours est-il qu'elle avait pas d'arme, mais une horde de tarés assoiffés de sang qui se ruait sur elle. Et que j'avais pas envie d'avoir à vous raconter leur gueuleton.
- Ça sert à rien de te justifier, lui glissa rapidement Jeff, en train de tendre un mouchoir à une Mallory éplorée. C'est ce qu'on aurait tous fait.
La jeune brune s'efforça de lui articuler un fébrile "merci". Sam marqua une courte pause, les idées momentanément distraites.
- Ouais... Enfin bon, reprit-il flegmatiquement. Je lui ai...
- Et pourquoi, au fait, t'es pas parti la sauver, du coup ? interrogea Sylviane, tournée vers Jeff.
Ce dernier la fixa avec surprise, interloqué qu'elle ne sache pas la réponse.
- J'étais tout devant, rappela-t-il, comment j'aurais pu l'entendre ?
- Bref, on s'en fout, les interrompit indifféremment Gordon. Sam, continues.
- Donc, j'allais dire, raconta celui-ci, que j'ai gueulé à Mallory de se mettre à plat ventre et que j'ai tiré dans le tas. Mais c'était pas assez rapide pour empêcher certains connards de sauter sur elle. Juste assez rapide pour qu'ils lui fassent pas mal.
- On dirait parfois que tu parles d'eux comme des humains... remarqua le franc-tireur sur un ton monotone.
- Je sais pas, hésita le jeune chauve. Peut-être que j'ai du mal à me faire à l'idée... J'en sais rien...
- Et alors, qu'est-ce qu'il s'est passé, ensuite ? demanda Jeff, soucieux.
- Ensuite, poursuivit Sam, j'ai dégommé ceux qui la touchaient, je l'ai tirée par la main, et j'ai terminé en balançant une grenade fumigène par dessus l'épaule, en courant vers la ruelle où vous aviez disparu. Elle commençait déjà à boiter et s'est mise à tousser avant même que la grenade se déclenche. J'ai immédiatement senti que quelque chose clochait. Y avait une drôle d'odeur dans ses cheveux. Et puis... je sais pas, elle faisait comme des bruits bizarres, juste après cet incident. Je lui ai demandé de me parler mais on aurait dit que c'était la mer à boire, pour elle. Je sais pas si c'est à cause de ça, mais... quelques mètres plus loin, à deux pas de la route... elle... hésita le jeune homme, avant de continuer sur un ton plus bas, elle a gerbé un paquet de litres sur le trottoir.
Sylviane détourna la tête en grimaçant et en geignant, dégoûtée par cette image. Gordon retroussa légèrement les narines. A cette déclaration, Mallory ne manifesta pas la moindre réaction, mais il était néanmoins sûr qu'elle l'avait bien entendu. Une expression de malaise apparut sur son visage blêmi. Pourtant, Sam n'avait pas encore tout dit.
- Des litres de sang, acheva-t-il, inquiet.
Jeff ferma les yeux. Non, il n'y avait plus de doute, à présent. Ce symptôme n'était apparu que chez les zombies, jamais sur personne d'autre. L'évidence ne pouvait que s'abattre sur eux. La chose était désormais officielle. Inéluctablement. Mallory était infecté. Le groupe resta silencieux près d'une minute. Totalement cette fois : la jeune brune avait fini par se vider de ses larmes. D'un geste apathique, sa main laissa tomber le mouchoir que lui avait donné Jeff, et sur lequel on distinguait maintenant une sombre, répugnante tâche. Ses larmes n'étaient plus seulement faites de sel et d'eau. Sam frissonna, quand alors son ami Gordon prit de nouveau la parole.
- Il faut qu'on trouve une solution.
Aucun des autres survivants ne répondit. Chacun préféra garder ses pensées pour lui-même, plutôt que de laisser échapper une maladresse. La rouquine limitait déjà le "on" de leur groupe aux quatre sains restants. Il lui semblait maintenant trop dangereux de s'occuper encore du cas de Mallory, et de nourrir ainsi le monstre qui, bientôt, l'estomac hurlant, se lanceraient à leurs trousses. De son coté, Sam se questionnait à propos d'un éventuel sentiment que puisse encore conserver un zombie, par-delà sa mutation. Voire - qui sait ? - un rapport affectif qui épargne à leur amie toute hostilité regrettable à leur égard.
Seule Jeff se torturait vraiment l'esprit pour trouver la meilleure des alternatives, celle qui, à terme, satisferait les deux camps dès lors opposés. Une solution qui ne lèserait personne de leur groupe si cher. Une solution qui éviterait à Mallory de se faire tuer, et aux autres de se faire mordre. Une solution désespérée. Une solution extrême. Une terrible solution.
- Les gars, attendez... s'exclama doucement le jeune brun, surpris de lui-même. Je crois que j'ai une idée...
Une solution venait de naitre dans son esprit.
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