Les lignes défilaient sur les pages, mon instrument de pensées étalant toute sa créativité encrée sur une feuille blanche striée d'un bleu marine caractéristique des feuilles utilisées par les étudiants.

-"Déposez vos feuilles aux coins de vos tables et sortez" Disait l'examinatrice.

Je sortais de la salle d'examen exiguë pour enfin me retrouver, cinq minutes plus tard, devant le portail noirâtre à la peinture coulante et figée du lycée.
Mon nom ? Leo Mist. Un simple étudiant..En apparence. Une unité de brouillard dans mon fleuve de tranquillité appelé la vie. Je vous transmet cette histoire, qui transforma ce fleuve en une mer déchainée et inquiétante, pratiquement macabre.

Une fois à l'extérieur, sentant les odeurs des feuilles sèches d'automne à pleins poumons, je me dirigeais à gauche, longeant le mur tagué de la rue que je prenais habituellement afin de retrouver le bus. J'eus un léger frisson en entrant dans cette rue, habituellement bondée comme les rues marchandes les plus connues, la voyant totalement vide.
Cette rue marchande avait bien entendu connu des baisses de population rurale, mais jamais elle ne fût vide comme ce jour là. Même lorsque le voile nocturne recouvrait la ville, nous pouvions toujours apercevoir un ou deux clochards en train d'attendre la morsure du froid, un soupçon d'espoir leur permettant de survivre en ces nuits glaciales.

Absorbé dans mes pensées, je remarquais cependant une ombre passant à toute allure à ma gauche, et, intrigué par cet évènement silencieux, je la poursuivit. Je suivais les ruelles miroirs avant de perdre mon chemin, coincé dans un cul de sac, seule personne vivante dans ce désert humain.
Je n'étais pourtant pas aveugle. Cette ombre était bien présente, je l'avais vu à chacune des ruelles, attirant ma curiosité.

De nouveau, j'aperçus un mouvement à ma gauche. L'ombre était de nouveau présente, mais elle n'était rattachée à aucun corps. Une tache noire sur un mur de briques rouges. Elle se détacha lentement de celui-ci, laissant entrevoir un visage informe et noir d'encre, deux yeux plus lumineux que le soleil, un sourire sadique sur le visage, des dents jaunies par le temps le berçant.
Cette vision d'horreur monta peu à peu vers le ciel, s'arrêtant à une sorte de balcon noir et peu solide. Elle passa derrière celui-ci, qui, lâchant son accroche, tomba tel un boulet, fusant dans ma direction.
J'étais terrifié, paralysé de tout mon corps par une puissance majestueuse et inconnue.

Je ne voyais désormais plus rien...

Tout était brouillé...

Effacé....

Noir.