Von der Erlkönig recula d'un pas. Il tenta de lever son arme mais sa main tremblait trop pour y parvenir. Il regarda Nizar cherchant de l'aide quelque part puis se ravisa en le voyant inerte sur le sol. À présent, il était seul.

- Vous n'imaginez pas à quel point j'ai vécu cette scène. Des années de patience enfin récompensé ! Vous comprenez j'espère ? Soixante longues années vécues pour un seul objectif ! Ma revanche sur Von der Erlkönig !
- Non. Ce n'est pas possible.
- Et pourtant ! A cause de vous, je me suis retrouvé en 1950 sans aucun moyen de revenir. J'ai pensé à vous trouver en Hongrie et vous tuer. Cela aurait résolu d'un seul coup tous mes problèmes n'est-ce pas ? Mais ça n'aurait pas été aussi amusant.
- Mais vous avez perdu votre vie à m'attendre ainsi. Je ne comprends pas.
- Je dois comprendre comment s'est déroulé la fin du monde. Pour cela, je ne voulais supprimer aucune cause. Vous en êtes une à votre manière. Enfin, vous en étiez une jusqu'à aujourd'hui.

Je levais mon pistolet vers le Professeur. Il recula d'un nouveau pas.

- Évidemment, je pourrais vous tuer. Mais ce serait trop doux et vous imaginez bien qu'en soixante ans, j'ai eu le temps de préparer une vengeance. Ce n'est pas un simple pistolet dans ma main. Non, c'est bien plus que cela. Et vous allez le découvrir très vite !

Le professeur hurla et recula un peu plus. Il se trouvait à présent dos au mur. Je levais mon arme tranquillement, il ferma les yeux. La balle vint s'encastrer dans sa cervelle éclaboussant le mur avec violence.

- Non, je déconne. C'était un flingue banal et vous êtes mort.

Je me dirigeais vers le cube. Normalement, la machine temporelle enregistrait toutes les informations passant à travers elle. Avec un peu de chance, j'avais encore 17 ans quelque part à l'intérieur. J'étais encore jeune. Je tapais sur quelques touches et lançais le programme de restauration. Je me vis apparaître plus jeune en face de moi.

- Écoute moi bien. Je viens de passer soixante ans dans le passé pour toi. J'ai tué Von der Erlkönig, il n'y a donc plus rien à craindre de ce côté là. Par contre, on ne sait toujours pas comment l'apocalypse a eu lieu.
- Moins vite. Il se passe quoi là.
- Écoute moi bien ! Tu es seul dans cette histoire, tu vas te devoir te débrouiller et rapidement pour régler ce merdier. Une fois que tout seras réglé, détruis la machine. Tu réalises le danger des voyages dans le temps ? Et cette quasi immortalité acquise via la sauvegarde ? Personne ne devrait posséder ce pouvoir. Ne joue pas à Dieu ! En soixante ans, j'ai eu le temps d'y réfléchir et je suis mieux placé que n'importe qui pour te comprendre. Ouvre les yeux, grandis et fais moi confiance.
- Qu'est ce que tu vas faire ?
- Régler un paradoxe temporel.

Le vieux moi pointa son arme sur sa tempe et me fit un clin d'oeil.

- Les choses vont changer pour toi tu sais. Tu vas réaliser beaucoup de choses. Et ça ne sera pas simple. Mais tu dois tenir et devenir un héros.

Il tira et s'écroula. Je ne parvenais pas à bouger. Je venais de me suicider. Et je venais de le faire devant moi. C'était pas un coup à devenir fou ça ? A quel psy je pourrais raconter ça ? Est-ce que les psys existeront encore dans quatre heures. J'entendis un cliquetis derrière moi et une main se posa sur mon épaule.

- Tu sais. Moi je suis là.
- Merci Julien. Merci.

J'essayais d'ordonner mes pensées pour prévoir un plan mais les informations se pressaient trop. D'un côté, je savais que l'apocalypse allait avoir lieu d'ici quatre heures. Peut-être même avant après tout ? Comment connaître le moment exact dans cette période ? Il y avait aussi ses deux cadavres dans la pièce qui ne serait plus là tout à l'heure. Pistache lui était toujours en vie. Ca ne tenait pas debout ! Comment relier les points entre eux ? Et il y avait aussi l'armée ! Prêt à tuer pour protéger la zone.

- Si les deux là nous ont trouvé, alors ils ne sont pas forcément les seuls.
- Tu as une idée Julien ?
- Reviens dans le passé. Juste avant ton premier départ. Et empêche toi de voyager dans le temps. Convaincs toi de détruire la machine. Et tout se passera bien alors.
- Mais nous ne saurons pas comment empêcher l'apocalypse dans ce cas.
- Peut-être vaut-il mieux ne pas savoir.
- Es-tu un lâche Julien ?
- Non mais je me dis que c'est peut-être toi qui a provoqué tout cela en voyageant dans le temps ? Tu n'as jamais pensé que tu pouvais être la cause directe de la fin du monde ? Et tu fais ça pour quoi ? Uniquement pour séduire une fille et gratter quelques points à tes contrôles. Ca vaut vraiment le coup pour toi ? Et si t'essayais tout ça sans tricher ?

Je foudroyais Julien du regard et m'apprêtais à répondre lorsque soudain Charlotte fit irruption dans la pièce.