Chap2 :

J-4 avant lancement des fusées

De l’autre côté de la planète, en France. Autoroute A7 en direction de Lyon.

Pourquoi j’en étais arrivé là ? M’engager dans la faction libéraliste et anticapitaliste était en même temps la dernière solution pour enfin faire quelque chose d’utile dans ma vie. Cette même vie que je m’apprêtais à achever dans quelques heures. Les plus sombres qui se dessinaient au loin dans le destin tragique du monde et de l’humanité. Maintenant il fallait que j’aille faire le kamikaze auprès d’une centrale nucléaire et d’un barrage.
Je passais devant mon deuxième objectif : la centrale de Cadarache. Les tours de refroidissement de celle-ci se dessinaient dans l’obscurité. Je passais une vitesse et accéléra de plus belle. Je pris les routes qui sillonnaient les montagnes et arriva devant mon but principal : le barrage de Serre-Ponçon qui retenait plusieurs kilomètre cube d’eau. Ma Mv Agusta fonça dans les virages serrés et se planta sur le parking ouvrier. Je pris le sac avec les explosifs et les retardateurs et me mis en marche vers l’entrée bétonnée. Je sortis mon pistolet et abattis la première personne que je croisais dans le couloir. Mon blouson en cuir se tacha de sang et je posais la première charge sous un tuyau d’évacuation. Je continuais calmement mon périple jusqu’au sous-sol pour y trouver se dont j’avais besoin. Les turbines tournaient lentement et l’air humide me rafraichissait le visage à travers mon casque noir. Je posais les charges restantes autour et repartis en direction de la sortie posant le tout dernier joujou sur la paroi du tunnel.

L’air frais s’infiltrait dans mon casque. Je roulais vite et slalomais entre les rares voitures. Je sortis le détonateur de ma poche et appuya sur le bouton, rien ne se passa. C’est sûr, vu que maintenant je n’étais plus qu’à une centaine de kilomètre de la position mais bientôt une vague radioactive engloutira Marseille sous deux mètres d’eau.
Cadarache se trouvait maintenant devant moi. Le bitume noir fit place à des dalles de béton et ma moto piqua droit vers l’entrée. C’était mon plan : rentré en force et faire tout sauté. Je fracassais les deux portes en verre et roula en direction du couloir de maintenance. Plusieurs gardes couraient après moi, mais j’avais pris soin de prendre quelques grenades à l’armurerie. Le gris métallique refléta un bref instant la couleur de mes yeux puis je les lançais sur mes poursuivants. Une explosion se fit entendre et je continuais à toute vitesse dans les couloirs blancs du centre. Le centre de commande s’ouvrait devant moi et je me mis à accélérer du plus que je pouvais. Je lançais la roue avant sur le plexiglas. Un éclat infini de millions de particules de verre et de goutte de sang. Un ballet remarquable dans ce choc violent. L’explosion qui allait suivre, serait la plus puissante que l’on avait jamais vue à la surface de la Terre. Et ben … ça tombait bien, j’étais aux premières loges ! Je tombais dans le bassin de refroidissement radioactif. Je sentis des picotements sur ma peau, ça me faisait des chatouilles. Un regard sur ma main suffisait à me faire comprendre qu’il était temps. Je pressais le second détonateur.

Je m’éteignis telle une étoile dans l’immensité de l’Univers. Un dernier souffle de particules élémentaires et je rejoignis mes ainés.

« Eh ! Vassili ? On a un problème ! »

« Hum … quoi ? J’espère que ce n’est pas une poussière encore ? »

« C’est pire que ça je crois … »

Vassili regarda par le hublot du laboratoire de la station spatiale internationale. Le champignon le plus toxique au monde venait de faire une nouvelle apparition en France. L’ouragan en présence sur les Açores disparaissait progressivement jusqu’à s’être complètement volatilisé. Une étrange nuée noircie pesait sur les zones déjà touchées. L’Amérique, autrefois terre d’asile et de bienvenus, était comme charbonné. Une épaisse couche sombre recouvrait désormais la planète. L’hiver nucléaire pouvais commencer.