Je ne mets pas beaucoup de temps avant de replacer les évènements dans l'ordre. Tout me revient peu à peu. Une cryogénisation... J'étais cryogénisé pendant... A en juger par ce qui était consigné dans mon journal, vingt-neuf ans. Putain, ça me rajeunit pas... Et à en juger par ce qui est affiché à l'écran, le dernier message en date précède un crash imminent. La voilà, la vérité. D'une façon ou d'une autre, je me suis crashé, et le choc a du finir par me réveiller. Et à part ce putain d'écran, le reste du matos semble mort, ou en phase terminale, accouchant de tous pleins de chiffres incompréhensibles, comme une suite de nombres maudits, semblant tous essayer de me faire perdre sur une île déserte, mais si je suis bel et bien perdu, c'est dans l'espace, malheureusement, ou, dans le pire des cas, sur un sol inconnu, quelque part. Mais avant de tenter quoi que ce soit, je dois avoir définitivement un aperçu extérieur. Je quitte la grande salle de contrôle puis me dirige vers le sas du vaisseau. Mais la porte est bien évidemment bloquée. Je commence à m'éreinter, à vouloir me laisser aller, à essayer de péter les plombs, puis je me souviens. Je me souviens de la porte comprenant l'inscription "Armement". Je m'y rends avec hâte, traversant le couloir à toute allure, puis, à nouveau, compose cette même série de nombres, mais plus du tout machinalement, elle m'était d'une façon ou d'une autre revenue en tête. 4, 8, 1, 5, 1, 6, 2, 3, 4, 2. Une série longue et que j'avais pourtant parfaitement mémorisé. La porte s'ouvre et la salle se dévoile à moi. Si je m'attendais à trouver un arsenal complet, du AK-47 aux grenades à fragmentation, je ne trouve, en vérité, que de simples caisses. Pressé, je les ouvres, une à une, à la recherche d'un hypothétique explosif susceptible de faire sauter la porte du vaisseau. Je trouve des fusées éclairantes, et je me demande d'ailleurs ce que je peux foutre avec ça dans l'espace... Parfois, le gouvernement, c'est de sacrés branleurs. Continuons... Des armes de poing, des caisses de munitions... Un... Bazooka... ? Ok... Et, enfin, le salut, une caisse remplie d'explosifs. Je me munie d'une charge explosive à minuterie. Si dans ma tête tournaient un tas de questions, en l'occurrence ce que viennent foutre des armes de guerre dans un vaisseau d'éclaireur, je bouillonnais également à l'idée de découvrir ce qui se cachait derrière la grosse et grande porte endommagée de ce tas de ferraille. Je quitte la pièce en précipitation après avoir emporté de munitions, deux armes de poing et quelques explosifs.

Une dernière chose cependant. Muni de ma combinaison de spationaute, j'ai cependant besoin de bouteilles d'oxygène. Grande chance, la salle d'armement en est rempli. J'en accroche deux à ma combinaison puis me dirige vers l'entrée du vaisseau. J'assigne un compte à rebours aux charges, et j'admire la porte voler en morceaux. En y repensant, c'était peut-être une mauvaise idée, puisque tout va rapidement être dépressurisé ici...

Je m'approche du trou béant. Et ce que je vois me donne envie de m'évanouir, tout en comprenant que je venais effectivement de me crasher, et de me crasher en piquet.