Chapitre 16 / Dommages collatéraux et dernier choix

Jeudi 2 mai 2008 / 21 H 53


Et pourtant, il restait encore certaines choses à éclairer... Je n'allais pas tarder à être définitivement fixer.

- Gordon, ca ne va pas ? me demanda Louisa l'air inquiète.
- Oh si... j'étais perdu dans mes pensées... c'est rien, lui dis-je en souriant.

Après tout, le plus important pour le moment n'était-il pas la, juste à côté de moi, en train de me sourire ?




Samedi 4 mai 2008 ? 9 H 02

Epuisé, je suis complètement ratatiné. J'ai dormi presque toute la journée d'hier. Il faut dire qu'après ce que je viens de vivre, je mérite mon quota d?heure de sommeil.

Ahhhhh.... Alors c'est quoi le programme aujourd'hui ? Règlement de compte, c'est fait. Découverte du coupable, c?est fait. Ah ! Dernières vérités. Voila ce qui me fait lever de mon lit aujourd'hui ! J?ai emmagasiné tellement de conneries dans ma tête depuis des semaines, que je ne sais plus quoi faire, ni à qui demander. Toujours est-il que oui, ca y est, cette sordide histoire est terminée. Le problème, c?est les dommages collatéraux. Et ceux qui les subissent.

...

- Maman ?
- Oh, c?est toi... Tu vas mieux ? Tu t?es assez reposé ?
- Euh... ouais, on peut dire que j?me sens assez bien... Et toi... ? Je veux dire...
- Oh... oui, ne t?inquiètes pas. Tu sais... je ne vais pas lâcher prise aussi facilement...
- Quand même...
- Non, tu sais... Enfin, tu vois... Ton père, je pensais...
- On le pensait tous. Moi aussi j?ai eu la haine quand j?ai appris tout ce qu?il avait fait depuis ces années.
- Il a fait du mal à tellement de personne... Romain et sa famille, tes amis, et nous... Mais tu sais, je l?aimais quand même... dit-elle en larme.
- Je sais... Je me suis retrouvé dans cette merde, mais j?aurais préféré ne jamais vivre ca...
- Je sais, ce n?est pas ta faute... Et dire que j?ai eu des soupçons durant toutes ces années. Il était si changeant, si bizarre... J?aurais du me méfier...
- Moi aussi j?ai rien vu ! Je veux pas qu?on se casse la tête à cause de ses conneries !
- Oui... Il s?est foutu de nous, je sais... mais bon...

C?est dur pour elle. Autant d?années de lâcheté, de mensonges...

- Et comment va... ton amie... ?
- Louisa ? Mieux. Plus que ce qu?elle a vécu, séquestré chez les Mavecpa, c?est ce qu?elle a fait après qu?elle a du mal à vivre...
- Je comprends... Mais tu sais j?aurais été à sa place... J?aurais tiré moi aussi...
- Je sais...

Evidemment, j?aurais donné n?importe quoi pour être à sa place, et presser moi-même sur la détente.

- Au fait, mon grand...
- Oui ?
- Ta s½ur a appelé... Elle viendra demain passer quelques jours à la maison.
- Oh, cool.
- Elle m?a dit qu?elle avait une nouvelle à nous annoncer...

Ma frangine est en cloque ?

- Ah, ben on verra...
- Oui...
- Bon, j?ai des trucs à faire... Je te laisse, à tout à l?heure.
- Okay, à tout à l?heure alors...

...

9 H 32


Hum, les rues paraissent plutôt calmes en ce moment. Enfin, elles ont toujours été calmes à vrai dire. Mais l?adrénaline de ces derniers jours m?a fait perdre la tête. Totalement.

Je retrouve l?un des endroits qui a fait parti de mes nombreux périples. La cité Noartémor avait l?air plus posée que la dernière fois. Les mamans promenaient leurs enfants, le parc à jeux avait ré-ouvert et les jeunes jouaient au foot comme avant. Voila ce qu?il se passe quand la bande du quartier qui faisait tourner la came se fait arrêter...

- Wesh mon pote ! Gordon bien ou bien ?
- Salut Abdoul Kader, ça peut aller et toi ?
- Wesh le moral t?as vu ? Téma la téci comment elle refleuri à l?ancienne ? C?est que du bonheur mon frère !
- Ouai, c?est sur c?est tout de suite plus accueillant, c?est bien... Et comment se porte ta bande ?
- Wesh bien bien... Quelques blessures de guerre t?as vu. Mais rien d?alarmant, on suit notre route t?as vu.
- C?est cool...
- Wesh et toi mon pote. J?ai badé direct quand j?ai appris pour ton vieux. C?est moche.
- T?inquiètes pas, j?vais pas le plaindre après tout c?qu?il a fait...
- Wesh c?est sur... Enfin t?inquiètes, ici dans la téci, les trois quarts des daronnes sont veuves, alors t?es pas le seul !
- Sérieux ?
- Wesh la vie d?ma grand-mère.

Je comprends le nom de la cité maintenant...

- En tout cas mon pote, sur la vie d'Abdul 5 le grand, on te doit tous une fière delchan. Sans toi, c?étais la zermi dans la téci. Depuis qu?t?es arrivé, c'est le paradis ici !
- J'dois dire que vous m?avez été d?une grande aide vous aussi... Et pour ca... Merci.
- Wesh tu vas m?faire chialer mec...
- T?es pas obligé tu sais...
- Wesh merci mon pote ! Au fait, y?a mon pote Bastien, t'sais le frère de la meuf que t'as sauvé, il te passe un message.
- Ah ouais ?
- En bref, il te dit « Wesh cimer mon frère, toi et moi c?étais la galère, mais maintenant je sais à qui j?ai à faire, alors ma frangine, si tu veux t?la faire, c'est okay t'as vu mais avant faut qu'on s'capte ».
- Euh... merci... mais euh...
- Wesh d?la bombe mon frère sisi...
- Ouais... bon j'vais t'laisser mec j?ai quelques trucs à régler...
- Toujours occupé mon pote ! Cool héhé, hey au fait t?as toujours quelques chaudières à me présenter oublie pas !
- T'inquiètes, on verra ça plus tard !
- Wesh à plus !

Cette rencontre que j'ai faite. Ce wesh que j'ai rencontré au poste de police fut l?une des plus controversée de ma vie d?asocial. Et que font les préjugés et ma putain d?envie d?insulter tout le monde ? Envolé ? Ais-je changé ?

Bon sang, en à peine quelques semaines, j'ai rencontré des gens, je me suis lié d'amitié avec eux. J'ai failli mourir au moins 3 fois, j?ai failli faire mourir des gens autour de moi. Quel genre d?abruti je suis devenu ? Un abruti oui, mais avec des amis...

Mon téléphone sonna, bizarre mon nombre de contacts est plutôt réduit...

- Allô !
- Hey salut Gordon, c?est moi Romain, tu te souviens ?
- Romain ! C'est super de t'avoir au téléphone ! Tu deviens quoi ?
- J'suis en vacance ! Mais j'peux pas te dire ou !
- Pourquoi ? T'es recherché par la police ? dis-je en souriant.
- Bah en quelque sorte ca se pourrait...
- Quoi ? Tu délires ?
- Disons que... j'ai pris le temps de visiter la maison d?un certain Gary...
- Quoi ? Tu as volé son fric ?
- Disons que j'ai un peu pioché dans l'argent durement gagné grâce au trafic illicite auquel s'était livré sa famille...
- En effet, bien joué !
- Héhé merci ! J'ai appris pour ton père, j'suis désolé !
- T'en fais pas, il a eu ce qu?il méritait. Dis, on se revoit à la rentrée ?
- Non je ne crois pas mon cher ami... Tu sais, avec quelques centaines de milliers d?euros, la ou je suis, je suis pas prêt de remettre les pieds ici !
- Oh l'enfoiré...
- Héhé... Bon je te laisse, je t'enverrais une carte postale ! Et je garde ton numéro !
- Okay mec... Et merci pour tout...
- De rien... allez salut !


Sacré enfoiré... Ca se termine plutôt pas mal pour lui...

J?avais fais le tour... J'avais remercié les personnes qui ont joué un rôle dans cette histoire. Enfin presque toutes... Et il me restait aussi un point à éclairer... Je me rendis au centre ville, direction un appartement et une fille... Cette fille... Depuis la fois où elle est apparue dans ma classe, elle a joué un rôle important dans mon existence. Mais aujourd'hui il était temps de régler les comptes.

DRIIIING


- Oui ? Oh... Euh Gordon, entre je t'en prie.
- Salut, tu vas bien ?

Le sol de son appartement était jonché de cartons. Des vêtements trainaient sur un coin de table.

- Tu déménages ? lui demandais-je.
- Oui... Il est temps de partir...
- Mais et les exams ? L'année n'est pas finie !
- Oh tu sais... Ca ne me dit plus rien... J'ai abandonné...
- Pourquoi ?
- La motivation n'y est plus...
- Ah je vois...
- Dis, j'ai appris pour...
- Mon père ?
- Oui... je suis...
- Désolé ? Merci mais ça ira.
- Ah...
- ...

Un blanc s'installait. Il fallait que je lui demande.

- Tu serais partie sans dire au revoir ?
- Tu sais, les adieux c'est pas mon truc...
- Quand même ! Après ce qu'on a vécu tous les deux...
- C'est vrai... désolé.
- Tu sais, quand j'ai fais face à mon père avant qu'il ne pointe son flingue sur moi et qu?il ne se fasse exploser la cervelle, il m'a dit quelque chose... Qui m'a fait tiquer.
- Ah oui... quoi donc ?
- Il m'a parlé « d'une gamine chargé de récupérer le colis pour le lui refiler après ».
- Ah bon...

Elle se mit à rougir. Elle était démasquer et elle le savait.

- Alors tu t'es bien foutu d?ma gueule.
- Gordon...
- NON ! Ecoute, je ne vais pas faire comme j'ai toujours fais jusqu'à présent. Cette histoire est finie et j?ai pas envie de m'énerver là dessus... Dis-moi juste si c'est bien toi et pourquoi tu m'as menti depuis le début. Après je m'en irais et tu pourras joyeusement sortir de mon existence.
- Tu es bien sur...
- OUI ! Après avoir vécu tout ca, tu comprendras facilement pourquoi je veux faire la lumière sur toute l'affaire. Et ca passe obligatoirement par toi. Alors j'écoute.
- D'accord... Je vais te le dire... Oui c'est moi. J'étais chargé de récupérer le paquet dans les toilettes et le refiler ensuite à ton père en dehors de l'école... Ce jour la... Le surveillant m'a vu et j'ai du trouver une parade...
- Et cette parade c?était moi ?
- Pas immédiatement... On a été dans le bureau du proviseur. Et c'est lui qui a arraché le morceau de papier... Afin de t'accuser toi.
- QUOI ? Lui aussi était dans le coup ?
- Oui... C'est ton père qui lui a demandé de le faire... Et moi je devais me taire... Pour mon bien tu comprends !
- J'y crois pas... Mais je comprends pas...
- J'avais besoin d?argent ! Vivre toute seul dans un appart? avec une bourse minable... Il me fallait ce boulot...
- Mais pourquoi m'avoir aidé ? Pourquoi t'm'a pas laissé dans la merde ?
- J?étais rongé par les remords... Et puis je t'aimais bien...
- Alors pourquoi ne pas m?avoir tout dit tout de suite ?
- Parce que j'espérais que tu trouverais les coupables tout seul et que je ne serais jamais démasqué ! C?est pour ça que je t'ai donné des informations, que je t'ai donné un petit coup de pouce...
- Putain de merde... T?es vraiment une raclure...
- Gordon, je suis désolé mais...
- Casse-toi ! Laisse-moi !
- Mais je suis encore chez moi...
- Ah merde oui. Je me casse, adieu.

Je la regardais une dernière fois. Une larme parcourut son visage sans qu'aucun mot ne puisse sortir de sa bouche. Mais bon, je m'en foutais. Tout était enfin fini.

Je sortis de l'appartement, et me dirigeait chez moi.

- Maman ! Je suis d'retour !
- Mon grand, il y a une lettre pour toi ! Sur la table de la cuisine !
- Du courrier pour moi ?

J'en avais pas vraiment l'habitude. L'enveloppe était bien posée sur la table de la cuisine. Elle était blanche, avec un timbre bizarre dessus, comme si elle venait de l'étranger.

Je l?ouvris et lus le petit papier qu'il y avait à l'intérieur.


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Salut Gordon, c'est Gary. Je vois de loin la rage indescriptible sur ton visage à la lecture de mon prénom. A l?heure qu'il est, je suis déjà dans un avion en partance pour un des nombreux paradis fiscaux de la planète. Avec du fric plein les poches. Et celui de nos idiots de paternels...

Je suis désolé pour ta copine, j'ai laissé un flingue chargé dans la pièce ou elle était enfermée et j'ai légèrement défait ses liens pour qu'elle puisse s?en sortir. J'espère qu'elle va bien et que toi aussi.

Pour nos pères, tu as pu t'apercevoir que la police a fait son boulot. Tu diras merci à Romain. C'était un brave type finalement. Il aurait pu me demander plus d'argent ! J'aurais pu te mettre toi aussi dans le coup, mais t'étais trop incontrôlable ! Et ton père t'avait dans sa ligne de mire... Encore désolé, vieux. Tu trouveras ta part du magot dans ta chambre, dans l'écran de ton ordinateur.

J?espère que t'en veux pas trop à Anne. A l'heure où tu lis cette lettre, elle doit certainement être dans un avion pour me rejoindre... J?ai réussi à la convaincre de se racheter en t'aidant... Elle t'aimait vraiment bien tu sais...

Encore désolé pour toutes ces années où je t'en ai fais baver...

Adieu, Gordon, et profite bien de la vie.

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C'est pas possible... Je dois être en train de rêver... Ils se sont servis de moi... Tous...

Non attendez... Depuis le début, ils sont tous les trois dans le coup... Ils ont piégé nos pères !

Même Romain... Anne et Gary sont ensemble...

C?est lui qui a libérer Louisa... Le flingue qui a servi à me sauver la vie, à tuer mon enfoiré de paternel... C?est lui qui l'a déposé la... Le chien que j'ai insulté et qui m'a fais vivre un enfer au collège.

Ce foutoir... C'est eux qui l'ont imaginé ! Depuis le début... Bordel de merde.

Je ne sais pas quoi pensez... Je suis en train d'éprouver de la reconnaissance...

Je change ? C'est pas vrai. Je veux pas devenir un de ses yes-life niais et bourré de bons sentiments ! Cette histoire ne doit pas me changer !

Il faut que je retourne à la réalité, vite un coca et je fonce sur ma xbox. J'y reste 3 jours d'affilé non stop s'il le faut ! La vraie vie redémarre ! Je pris le temps de démonter mon écran, et y sortit le paquet de liasses de billets... Bordel, y'a que des billets de 500 là-dedans... Je vais pouvoir m'en acheter des conneries ! Consoles, PC last génération, et surtout une nouvelle voiture pour ma mère. Je suis p'tet asocial, mais j'avais vraiment envie de lui faire un beau cadeau.




Je regardais à nouveau celle qui ne m'avait jamais trompé. Ma belle xbox se tenait la, elle n'avait jamais bougé de place. Je posai mon téléphone portable sur mon lit, m'assis et alluma la console.

J?avais reçu un message sur mon portable. C?était Louisa.

« Slt le bad boy :) on srevoi biento ? tme manque... »

Call of Duty étais lancé, bon dieu ca faisait longtemps que j'y avais pas touché...

Je lisais encore son sms, et resta une bonne minute sans bouger. Mon doigt enfonça la petite touche verte de l'appareil.

- Allô ? Gordon ?
- Louisa... Ca te dit un ciné ?




FIN.