Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Le magasin de la peur


Par : XII
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Le Pendentif


Publié le 29/05/2010 à 18:05:43 par XII

C'était une toute petite boutique dans une toute petite rue. Sur une grande pancarte on pouvait lire : "Le magasin de la peur" en lettres de feu sur fond noir, et en dessous, gothique "Marchands de peur de père en fils depuis 1894". Les vitrines étaient sales et cassées par endroit. On aurait dit que quelqu'un s'était acharné en lançant une multitude de petits cailloux sur les vitres. Quelques articles étaient étalés à la vue des badauds : quelques fioles aux couleurs écarlates bleue azur, jaune pissenlit, ou encore rose bonbon, deux masques se faisaient face, l'un représentant un homme ricanant, l'autre représentant un homme pleurant. Enfin, de vieux grimoires, des petits coffrets, des cages en fer rouillée, et des bêtes empaillées complétaient la scène. Ce magasin était lugubre. Tous les passants qui jetaient un coup d'oeil, sauf quelques rares exceptions, changaient de trottoir, poussés par les ailes de la peur. Je fus une exception.

J'avais entendu parler de ce magasin par une amie de la cousine de la tante maternelle au second degré du fils de la voisine de mon grand-père. Elle m'avait vainement mis en garde : "Cette boutique n'est pas comme les autres", "un étrange vendeur que l'on dit psychopate et dérangé", "des horreurs dans des cages", "un marchand de mort"... Mais il fallait que je vende mon pendentif, et je savais que personne ne pouvait me le reprendre, sauf ici.

Je poussais la porte, mais au lieu de l'habituel carillon, se fut un hurlement glacial qui retentit dans la pénombre. Mes yeux s'habituèrent à l'obscurité, et je commençais à distinguer des formes autour de moi. Un lampadaire s'alluma. Je fis un tour sur moi-même. A ma gauche étaient entreposées des armures de tailles et de formes différentes. Je m'approchais d'une de taille moyenne à la carrure imposante. Un frisson me parcourut le dos : elle contenait un crâne. Humain ? A prioris, oui. A ma droite une bibliothèque remplit de grimoires identiques à ceux de la vitrine. Au fond, des fioles, des tuyaux, le matériel complet de l'apprentit savant fou. Sur le comptoir, une main coupée.

J'entendis un souffle derrière moi. je me retournais brusquement. Rien. Je repris mon exploration.

"Bouh !"

J'hurlais de peur alors qu'une main froide et poisseuse s'abattait sur mon épaule. C'était une petit homme chauve, plutôt vieux. Il portait une toge imitation romaine grise.

"Puis-je vous aider monsieur ?
-Vous m'avez fait peur !
-Vous voyez monsieur, faire peur est mon métier. Je suis donc ravis de vous avoir surpris.
-J'aurais voulut que vous examiniez ce pendentif.
-C'est une vulgaire babiole sans valeur en ferraille. Pourquoi me l'apporter a moi, humble marchand de peur ?
-Et bien, ce pendentif est spécial.
-Spécial ?
-La nuit, on peut entendre une douce mélodie en sortir. Comme une boîte à musique. Mais le jour, c'est le contraire : il pousse des hurlements, il grince, bref, il fait peur. J'ai beau regarder, je ne vois aucun mécanisme qui permettrait un tel prodige.
-Monsieur, vous tenez entre les mains un simple pendentif sonophone. Fabriqué en Chine par des enfants pour faire peur les petits occidentaux à Halloween. Je vous en donne dix pounds.
-Vingt pounds ?
-Au-dessus de dix, ce serait une faute professionnelle monsieur. Et encore, ce pendentif ne vaut pas plus de cinq pounds.
-Très bien alors, va pour dix.
-Vous m'en voyez ravie."

Je sortais de la boutique, retrouvant avec plaisir l'air libre.

Monsieur Oween se frottait les mains. Il avait encore arnaqué un client. Aujourd'hui, les gens ne s'y connaissaient plus en peur. Ce pendentif était d'une valeur inestimable. Il vallait au moins quatre cent pounds. Et voilà qu'il l'achetait dix pounds seulement. Oui, monsieur Oween était vraiment doué en affaire.


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