HS: Désolé pour le retard, j'ai été assez occupé ce week-end. Le prochain chapitre sera très long donc il arrivera dans la semaine mais je ne sais pas du tout quand


Chapitre 10 : Et si tout était lié ?

-Driiiinnngggg-

7h. J'me demande si Octave viendra ce matin. Ah bah non, il a été exclu Je le trouve assez étrange et distant ces derniers jours. Enfin, il est obsédé par cette histoire de braquage. D'ailleurs, c'est censé être demain. J'ai de plus en plus de mal à le croire. J'pense que quand il verra qu'il n'y aura rien du tout demain, il sera assez déçu. Bon, je m'habille, direction le lycée. Je prends le bus, tout seul. Ca fait bizarre sans Octave
Lycée.

"Salut Vincent !"

Me lance gaiement Julien. Bien entendu, il sait pour Octave. Exclusion d'une semaine, ça va faire bizarre sans lui. Et sans Ludo pour lancer quelques pics à droite à gauche
Et on y va, cours d'anglais. Je me retrouve seul au banc, et ça va être comme ça toute la semaine. Mais heureusement, Julien décide de se joindre à mes côtés. On en profitera pour causer discrètement
Les deux premières heures passent normalement, quelques causettes à droite à gauche à propos de la bagarre de hier et des perturbations dont est sujet Octave ces temps-ci. On se fait du soucis pour lui
Récréation. Je sors avec Julien. Nous arrivons sous le préau. Adossé à un muret, quelqu'un de familier...

"Hey, Vince, regarde un peu qui est contre le mur ! "

"Ouaip, Ludo... Qu'est ce qu'il fout ici ? Il est pas exclu ? "

Nous allons le voir. Il semble... troublé.

"Hey, Ludo. Qu'est ce que tu fais là ? T'es pas censé être viré ? "

Il nous regarde un moment, le pauvre semble un peu paumé Il a des gros bleus visibles sur ses bras et des marques de mutilation.

"Si...Mais je préfère pas rester chez moi...Mon oncle m'a foutu une grosse trempe après mon exclusion, ce connard de flic de merde, si mes parents étaient encore en vie il fermerait sa gueule et oserait jamais poser la main sur moi..."

"Merde...euh...Et t'en parles pas aux flics ou aux associations ?"

Lui dis-je avec compassion.

"En parler...tu parles, qui en a quelque chose à foutre franchement ? Puis ça prendrait des mois. De toute manière j'en ai marre de me faire savater par ce connard, j'en peux plus, je le supporte plus..."

Le pauvre, j'ai jamais pris le temps de le connaitre, ça a l'air d'être un type cool mais avec pas mal d'emmerdes

"Mais euh...enfin j'veux dire, tu vas pas passer ta journée ici quand même ? T'as personne d'autre à aller voir ? "

Il me répond sur un air sarcastique.

"Quelqu'un d'autre à aller voir ? Je connais personne, je ne suis personne, j'suis qu'un fantôme Depuis la rentrée j'essaie de m'intégrer comme je peux en sortant quelques blagues pour détendre l'atmosphère et paraitre sympa mais j'obtiens l'effet inverse. Je passe pour un gros con bien lourd incapable d'aligner deux pensées à la suite sans fléchir. Vous ne me connaissez pas, et c'est trop tard. J'suis irrécupérable, j'en suis réduit à passer mes journées dans ce foutu lycée même en étant exclu par peur de prendre une beigne en rentrant. "

La sonnerie se fait entendre. Nous devons rentrer, cependant le sort de Ludo m'attriste, et je veux l'aider.

"Ecoute, je te laisse mon numéro de téléphone, on se téléphone après les cours, là je dois retourner en cours."

Je lui tend mon numéro noté sur un bout de papier qu'il range rapidement dans sa poche.

"Ok, de toute façon moi je serai là à midi..."

Je rentre à nouveau dans le bâtiment aux côtés de Julien. Lui qui était resté spectateur pendant tout ce temps fini enfin par réagir à ce qu'il a vu.

"Tu fais ami-ami avec lui ? Attends, Octave a pris bien cher à cause de lui au cas où tu aurais oublié..."

"Et c'est Octave qui s'est rué sur lui au cas où tu aurais toi aussi oublié. Octave est mon meilleur ami, mais ce n'est pas une raison pour me liguer contre Ludovic qui a l'air au fond d'être un gars bien mais assez tourmenté. Et si je peux faire quoi que ce soit pour aider l'un d'entre eux, je le ferai."

"Ouais, bah ce retournement de veste contre Octave c'est pas cool..."

"Retournement de veste ? Mais de quoi tu parles bordel ? J'ai pas le droit de discuter calmement et posé avec un gars qui a eu un conflit avec mon meilleur pote ? Puis tu sais quoi d'Octave toi ? Je le connais depuis des années, je sais tout de lui, on se dit tout, et je sais que ces temps-ci il se comporte très bizarrement, et pas qu'à cause de cette histoire de cahier."

J'y ai peut être été un peu fort. En plus, Julien ne sait même pas pour le braquage de demain. Je ne sais pas si je dois lui en parler... Je ne pense pas, puis faut que j'arrête de me prendre la tête avec ça, c'est le problème d'Octave, risquer ma vie juste pour me prouver qu'il a raison c'est de la folie. J'espère juste pour lui et sa mère qu'il n'y aura rien du tout.

"Ouais...bah ça n'empêche pas que je le connais un minimum et que je l'apprécie. Enfin bon, stoppons là, j'ai pas envie de m'engueuler pour une connerie. "

"Idem."

On retourne en cours. On enchaine trois heures de cours non-stop assez barbantes. J'ai d'ailleurs remarqué un regard assez insistant de la part de Sophie. Je ne sais pas trop ce qu'elle attend.
Pause de midi, je sors en compagnie de Julien, direction le préau. Mais je suis interrompu par Sophie.

"Salut, Vincent."

Je lui réponds froidement.

"Tu veux quoi ?"

Elle semble contrariée, mais ne dit rien. Et elle a raison de ne rien dire, elle sait ce qu'elle a fait.

"Euh...Je...écoute, je suis désolée d'accord..."

Je suis un peu étonné...

"M'ouais. Bah c'est pas à moi qu'il faut dire ça. Va plutôt dire ça à Octave qui a d'ailleurs porté plainte contre toi il me semble, et tes excuses n'y changeront rien. On récolte ce que l'on sème. "

Sur ces mots, je repars froidement. Elle ne tente pas de me rattraper. Elle a compris que ça serait inutile, je ne souhaite pas lui parler.
Au préau, nous recroisons Ludovic. A peine arrivé, il me pose une question à moi et moi seul. Il ne semble pas intéressé par Julien.

"Dis, Vincent. Si tu avais les moyens de tuer la personne que tu hais le plus au monde, tu le ferais ? "

C'est quoi cette question ?!

"Je...je sais pas, peut-être...Pourquoi tu me demandes ça ?"

"Bah, simple question :)"

Ouais, tu parles. Putain, il manigance quoi lui ?

"Dis, ton oncle rentre à quelle heure ? "

"20 heures. "

"Tu peux pas genre... je sais pas... trouver un moyen de filmer ce qu'il te fait ? Ca constituerait une preuve parfaite "

"On est pas dans un film, Vincent. J'ai pas les moyens de me payer quoi que ce soit. Et de toute façon, si ils me placent dans une famille d'accueil, je vais faire quoi ? J'ai foutu en l'air mes études, plus rien ne m'attend...J'hésite de plus en plus à me tirer de chez moi...Partir loin, seul, me retrancher quelque part. Ca parait con mais honnêtement je ne me vois pas vivre autrement. Vivre de voyages, de rêves, c'est comme ça que j'ai toujours envisagé ma vie. Pas dans un lycée pourri avec un oncle qui me maltraite à la "maison" "

Le pauvre, je le comprends. Il veut fuir la réalité. Sa dure réalité

"J'te comprends. On a tous ces envies de se barrer loin, de fuir pour aller partout et nul part. Mais au fond, ça mène à rien ces conneries. Tu fuis, mais pour aller où ? La réalité finira toujours par te rattraper. T'es prisonnier d'une liberté illusoire. Tu as l'impression de pouvoir fuir où tu veux, mais en dehors de ta maison, tu n'as rien, tu es rien. Rien n'est à toi, rien n'est libre. C'est juste un décor. Tu dépendras toujours de quelque chose..."

Je tente de le raisonner un moment. C'est peut être pas la meilleure option d'essayer de le sortir comme ça de ces rêves, mais bon, fragile comme il semble en ce moment, vaut mieux le dissuader d'une fugue inutile.

" Ouais. Et je ne serai pas un prisonnier."

Sonnerie... Déjà... le temps passe trop vite.

"Bon, écoute, appelle moi ce soir ou au moindre soucis, je te répondrai sans problèmes, d'accord Ludo ? "

"Ouais...merci..."

Me dit il sur un ton désespéré. Nous rendrons pour recevoir des leçons, lui rentre pour recevoir des coups.
Nous terminons la journée tranquillement. Je dis au revoir à Julien puis m'en vais. Ludo n'est déjà plus là. Il doit être rentré chez lui
Vers 18 heures, j'hésite à téléphoner à Octave pour prendre de ses nouvelles. Finalement, je laisse tombé. De toute façon, il ne sortira pas cette idée de braquage de sa tête. Je devrais peut-être prévenir les flics au cas où... Enfin je sais pas...rah mais non, allez, il n'y aura rien merde. C'est débile.
22heures. Je termine une partie de Battlefield, puis mon téléphone sonne.

Numéro inconnu.

"Allô ?"

Dis-je d'une voix naturelle. Au bout de l'appareil, c'est Ludovic. Sa voix est à mi-chemin entre la tristesse, le désespoir et les pleurs saccadés.

"Vincent...Je...j'ai fait une grosse connerie... je ...rahhh putainnn..."

Sa voix est noyée par ses pleurs.

"Wooooow, calme-toi Ludo, reprend ton calme et explique moi ce qu'il t'arrive."

Mon cœur commence à battre, je crains le pire.
Il se calme un peu et parvient à former quelques phrases difficilement, toujours chagriné.

"C'est...mon oncle. Il m'a encore frappé... J'ai pété les plombs, j'ai utilisé son arme de service... je lui ai tiré dessus et je me suis barré... et..."

Il recommence à pleurer, ça devient inaudible.

"Wooow, attends, tu lui a tiré dessus, comment ça, tu l'as tué ?!"

Il se reprend un peu.

"Non, enfin je ne sais pas, je pense pas...Ca c'est passé très vite, je lui ai tiré dessus et je me suis tiré avec son arme, spontanément..."

"Merde...putain...T'es où là ?"

"Je suis en pleine forêt...je m'éloigne le plus possible...Ecoute, j'devrai arriver pas loin de chez toi demain matin, je me tire le plus loin possible, cet enfoiré va foutre le commissariat de ma ville à mon cul et ils vont me rechercher, et là je suis bon pour la tôle, mais je te jure, si mon oncle me trouve, il va me tuer putain..."

Il recommence dans des débuts de pleurs.

"Attends, merde, tu veux fuir pour aller où ? Ecoute, calme toi, j'pense que fuir ne fera qu'aggraver ton cas, tu devrais te rendre et tout leur expliquer..."

"Putain, non mais laisse tombé, tu comprends vraiment RIEN !"

Il raccroche. Bordel de merde. Ok, il habite à au moins 50 kilomètres, ça m'étonnerait qu'il prenne le train... Il arrivera demain à l'aube dans la ville... Si j'étais aussi désespéré que lui, j'irai où en premier lieu...Et merde !
Je téléphone en urgence à Octave.

"Allô ?"


"Octave ! C'est...Putain, écoute, je suis désolé. Tu as vu juste, je veux dire, merde, j'aurais dû t'écouter mais tu me foutais les boules et je voulais pas te lâcher et... Enfin il y a eu des gros chamboulements aujourd'hui... C'est à propos de Ludovic !"

Je lui ai tout expliqué. On a peut-être une chance sur mille que ça coïncide, mais vu les évènements de ces temps-ci, je ne sais plus quoi penser...
Je sais juste que demain matin, je serai dans en première ligne dans un probable braquage de banque.