Chapitre 6 : Tout recommencer

Nous sommes deux mois plus tard, nos rescapés de Chine s’installaient dans leur nouvelle maison commune fraîchement acquise. Une grande demeure de briques grises avec un joli toit de jade. Elle était 2 fois plus grandes que l’ancienne et comportait plus de pièce, ainsi tout le monde avait sa chambre et sa salle de bains personnelles. Vive et colorée, elle était très chaleureuse et redonna de la vigueur aux immigrés. Les adolescents du groupe se rendirent à leur nouvelle école, appréhendant le regard des élèves sur eux à cause de leur accent et de leurs apparences. Seul Blake semblait ne pas s’en soucier, tellement sûr de lui que rien, sauf les insultes directes, ne le touchait. Rhia étant la plus jeune, elle devrait passer 1 ans de plus que ses amis dans cette école, soit 2 ans. Les autres (même Blake qui avait pourtant abandonné l’école il y avait for longtemps) finissaient ce qu’on appelait le secondaire 4 & 5 (drôle de manière de compter les années d’ailleurs) puis quittaient pour le cégep et l’université.

(2 semaines plus tard)
Obligée de rester après les cours pour finir une leçon de kick-boxing en éducation physique, Lia se déchaînait sur un sac de sable, enchaînant coup de poing, direct et side-kick.
- Ouah ! Bravo ! Pour débutante tu te débrouilles très bien ! Tu devrais envisager de prendre des cours. lui dit le professeur au terme de la leçon.
- Merci monsieur. répondit-elle poliment. Mais ce n’est pas ma vocation.
- Ah… eh bien au revoir.
En sortant elle aperçut Rhia et Léo se disputer le titre du journal de l’école. Ils se criaient des titres par la tête, se boudant et s’invectivant. Un peu étranges ces deux là….. Excédée, Lia intervint, proposant un titre court, intéressant et descriptif du contenu. Après 2-3 secondes de consultation, les deux jeunes coururent à l’intérieur finaliser la préparation de la première édition. Lia, elle, tourna le coin de l’école et aperçu Blake qui soufflait une bouffée de cigarette en l’air

- Salut n’amour. l’apostropha-t-elle en l’embrassant sur la joue.
- Salut babe. répondit-il en prenant une autre bouffée et en la serrant contre lui.
- Je rentre, j’ai plus de cours, journée annulée. Tu viens ou t’es trop occupé à fumer pour te préoccupé de ta petite chérie ?
- J’arrive, j’arrive. dit-il en roulant des yeux alors qu’il écrasait sa cigarette sur le bitume.

Il marchèrent jusqu’à un parc, parlant de tout et de rien. Le lendemain Lia avait 16 ans. Depuis longtemps, songeait Lia, son journal était rester fermé, mais à cette occasion elle le rouvrirait. Hochant la tête, Blake ne sut que répondre. De plus, il n’était pas jasant de nature, toujours à se battre, il n’avait jamais vraiment eu le temps de converser avec les gens et ne savait pas vraiment à quoi ça servait de parler lorsque l’on n’avait rien à dire. Soudainement Blake sortit du champagne, un gâteau et deux verres de l’arrière des son sac à dos rempli à ras bord. Lia ouvrit des yeux ronds, il y avait pensé !
Devant sa mine surprise Blake crut bon de s’expliquer : « On a pas 16 ans tout les jours. Puis, ça serait la première fois qu’on fêterait ta fête ensemble. Ça valait le coup. >>

Toute souriante elle accepta et après quelques verres de champagne et ils finirent, rendus saouls par la boisson de luxe, par rouler à moitié nu sur le gazon. Complètement bourré et rempli de ses expériences passées (qui s’étaient rarement passé à jeun) Blake commença à promener sa bouche sur le corps de Lia qui elle, excitée par le champagne le laissa faire. 1 heure plus tard le jeune couple gisait nu en parti caché par les buissons environnants, et endormi. Lia s’éveilla, la tête martelée de coup sourd dû à sa gueule de bois. Elle promena son regard autour d’elle en se massant les tempes du bout des doigts. Un cri lui échappa lorsque les souvenirs et ce qu’elle voyait lui rappelèrent les évènements récents.
Blake, réveillé par son cri, marmonna quelques insultes dûes au fait d’avoir été tiré de son sommeil. Puis il eut une expression à la fois désolée, surpris, amusé et horrifié lorsqu’il se rendit à son tour compte de la situation.
- Sh*t ! lança-t-il en se rhabillant rapidement.
Lia l’imita et sacra en chinois tout en remettant ses vêtements froissés. Ils marchèrent côte à côte vers la maison, silencieux et pleins de remords. Les conséquences de leurs actes pouvait non seulement mené à la naissance d’un enfant mais aussi à leur séparation forcé par els parents et à l’arrêt de leurs études.
Rendus au logis ils s’évitèrent rapidement. Blake déposa son sac et ressortit aussitôt se promener avec le son de son iPod au maximum et une cigarette au coin des lèvres. Sa démarche stressée inquiéta Léo qui montait les marches du perron, un brouillon du journal sous le bras. Il entra pour retrouver Lia, étendue au salon.

15 minutes plus tard, accablé par le poids de la situation, Blake prit son courage à deux mains et revint à la maison pour avoir une discussion avec Lia. Il la suprit, parlant avec Léo, des larmes pleins les yeux et une petite colline de mouchoirs usés près d’elle.

- Tu crois que je suis enceinte maintenant ? l’entendit-il demander à Léo, la voix pleine de tremblement.
- Je ne sais pas mais, connaissant tes parents, l’avortement est inenvisageable... Tu as pensé à la pilule du lendemain ou aux trucs du genre ?
- Oui mais je ne veux pas ! Cet enfant, si j’en ai un, me rappellera Blake à tout instant, même si on doit se séparer et si je dois arrêter mes études, je le garde.
- D’accord, d’accord ! Mais tu vas dire quoi à tes parents ?
- La vérité, j’étais saoule et j’ai fait une bêtise.
- Ok... Comme tu veux… Je te laisse moi, je vois Blake arriver. dit-il en se relevant. Il tapota doucement l’épaule de l’adolescente effarée avant de quitter la pièce.
- Lia… je… Faudrait que l’on… essaya de bégayer Blake, incapable d’exprimer ses idées.
Il s’approcha de Lia et la prit dans ses bras protecteurs, essayant de se faire pardonner. Lui non plus ne voulait pas tuer le possible bébé. Son instinct paternel se montrait tout à coup, le laissant désemparé et remplit d’une envie de se rendre utile.
Lia lui pardonna facilement, consciente qu’il ne voulait pas lui faire de mal. Ils se serrerent l’un contre l’autre un moment, chuchotant leur plan pour annoncer la nouvelle aux autres lorsqu’il aurait confirmation de la grossesse.

Ce fut 2 semaines plus tard qu’ils durent annoncer la nouvelle à la famille chinoise, réunit pour souper. Ils inspirèrent un grand coup et attirèrent l’attention de la famille pour leur raconter l’histoire. Les réactions ne se firent pas attendre et ils courbèrent l’échine en prévision des châtiments à venir.
- Chérie mais qu’est-ce que tu as fait là ! s’écria nerveusement Méliamé, partagée entre la joie et la colère. Tu te rends compte de ce que tu as fait !
- Oui maman… répondit l’accusée, soumise.
- Voyons Lia ! Ce n’est pas très mature ça ! rajouta Péro calme et froid. Comme punition Blake devra déménagé durant tout le temps que durera la grossesse. Cet ordre n’est pas contestable. Compris ?
- Oui m’sieur, accepta difficilement Blake, les dents et les poings serrés par la rage.
Lia se révolta et lança ses couverts au sol en se levant avec rage. Elle claqua la porte de la salle à dîner et monta s’enfermer à double tour dans sa chambre. Blake fit de même mais sans briser la vaisselle et en lançant un regard noir au chef de famille. Pendant ce temps-là, en bas, il y avait un silence tendu. Les membres de la famille restant finirent rapidement leur repas et se levèrent pour aller se promener, chaque couple de son coté, dans le jardin illuminé par la lune.
En haut des marches, Lia se morfondait, les cheveux enflammés d’un beau bleu royal. Blake lui enfumait sa chambre avec rage tout en faisant ses valises, son copain d’enfance avait accepté de l’héberger. Car oui, Blake était né au Québec. Il y avait passé les 8 premières années de sa vie là-bas avant de déménager en Chine (chose qu’il avait raconté à Lia dans le début de leur relation). Finalement, vers 1h du matin tout s’éteignit et le calme revint s’installer tranquillement chez les Ming.