De l'autre côté du miroir
Par : Schivardi
Genre : Fantastique
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 14
Publié le 14/02/10 à 16:52:22 par Schivardi
Chapitre 14 : Retour aux sources.
Dans un rayonnement, la forme de Midna se matérialisa en l’air et atterrit tranquillement sur le sol herbu à l’entrée de la forêt de Firone, suivie de près par Zelda, Heart, Eva, Candy et Maryele. Tous restèrent alors un instant immobiles, fixant intensément leur profils dans l’ombre, jusqu’à ce que la princesse hylienne se désigne d’elle-même pour prendre la parole.
« - C’est donc ici que nos routes se séparent, Midna ? Je croyais pourtant qu’il nous fallait rester ensemble… » Déclara-t-elle d’un air soucieux et attristé.
« - Nous nous retrouverons sans doute bientôt, mais l’occasion est trop bonne d’enquêter et de mettre des bâtons dans les roues à ce Taiva ! » Répliqua joyeusement la twilienne, accompagnant ses mots d’un clin d’œil malicieux.
La princesse du crépuscule savait très bien les soupçons que Zelda nourrissait à l’égard du général Heart, unique compagnon de voyage qui allait lui rester pour le moment, car cette dernière lui avait exprimé vivement son inquiétude. Mais il était impossible de former le groupe autrement : les sages devaient rester ensemble et à Hyrule pour finir leur quête, restaient elle et Heart, et le petit écureuil, accessoirement, pour se rendre à la source des problèmes.
Après un petit signe de main, les deux groupes firent volte face et se quittèrent définitivement, chacun d’un côté de la forêt. Jeta un dernier regard en arrière et vit les quatre silhouettes s’effacer en direction des profondeurs ombrées par le feuillage épais, à la recherche du sage de la forêt, et espérant qu’elles s’en sortiraient sans encombre, elle se remémora la peur que chacun avait de tout perde, et décida d’agir le plus correctement qu’elle le pourrait à l’avenir. Le soleil avait déjà passé son zénith, et déclinait doucement, que le temps était vite passé…
« - Vous venez ? » Appela alors la voix du général.
La princesse se tourna et le rejoignit sur le pont de planches, déjà baigné des lueurs sanglantes qui appelaient la mort du jour à venir.
« - Tu peux me tutoyer, c’est assez agaçant ce genre de marques de respect. » Siffla-t-elle en le dépassant, montrant à l’homme le chemin à suivre.
« - Comme tu voudras ! » Répondit-il en lui emboîtant le pas.
Ils traversèrent une petite clairière après être passés par la source de l’esprit pour se désaltérer de son eau miraculeuse (et Heart en profita pour emplir une petite fiole de liquide, « au cas où »), puis s’arrêtèrent devant la maison abandonnée de Link, par fenêtres de laquelle les branches du bouleau récemment poussé dépassaient toujours.
« - Voilà, c’est là. » Annonça Midna en escaladant l’échelle de bois dur.
« - Personne n’aurait pensé à cacher un passage vers le crépuscule dans un tel endroit, en effet. » S’émerveilla le magicien en pénétrant dans la pièce. « C’est à partir de cet étrange arbre qu’on y accède ? Je peux sentir une puissance magique étrangère qui en émane… »
« - Pas vraiment, le miroir est au sous-sol, si tu veux aller l’examiner. Pour le moment, je dois m’occuper de mon général qui est métamorphosé. » Rectifia la princesse en ôtant la cape des ombres que l’esprit lui avait transmi quelques jours auparavant.
Elle posa alors le lambeau de tissu contre le bois argenté, récitant une incantation twilienne de rappel, invoquant les puissances conciliantes et pacifiques de lumières. Lentement, l’écorce se résorba, les branches se rabougrissant au cours de sinistres craquements, le tronc se lissant pour donner jour à une tête, un corps, des bras, des jambes… Dans un soupir, Kard s’effondra au sol, le teint verdâtre.
Heart, qui avait silencieusement assisté à la scène, se précipita pour soutenir la tête du twilien inanimé, observant discrètement les détails de son visage : sa coiffure de tresses inhabituelle, ses tatouages faciaux aux formes géométriques inconnues. En dehors de la couleur de leur peau, les twiliens semblaient en fait assez proches physiquement des Hyliens. Ils portèrent le général Kard au sous-sol, et, en attendant qu’il s’éveille, Midna farfouilla dans l’espace confiné, à la recherche de nouveaux objets et souvenirs divers.
Sans doute trop occupée par la contemplation du boomerang, puis par l’éveil du général twilien qui arriva assez rapidement, la princesse ne remarqua pas l’absence d’un carquois de flèches, et le déplacement de certains objets, indiquant une présence récente dans la maison soi-disant abandonnée.
« - Princesse ! Quel bonheur de vous savoir sauve ! » S’écria le twilien après avoir ouvert les yeux. « Je vous ai vu partir seule avec les écureuils, j’ai cru vous avoir perdue pour toujours… J’ai voulu vous appeler, mais je ne pouvais pas bouger le petit doigt !
- Ne t’en fais pas, je me suis fait des amis pour ainsi dire, et la situation devrait s’améliorer d’ici peu. » Tenta de le rassurer Midna, posant une main sur son épaule.
« - Vraiment ? Êtes-vous parvenue à voir les responsables des attaques ?
- Non… Il semblerait que ce soit en fait des opposants twiliens qui soient la cause de l’anéantissement des habitants du royaume. »
Le jeune homme écarquilla ses yeux aux formes d’amandes, la bouche béante.
« - Mais qui pourrait en vouloir au trône ? Les seigneurs des régions ne sont sûrement pas assez puissants pour tenter de telles atteintes, et en plus, je ne pense pas que des twiliens soient en mesure de maîtriser les armes magiques du pays de lumière !
- C’est un… Mystère que nous devrons éclaircir, et comme je doute fortement que nous trouvions la solution à Hyrule, j’ai planifié avec le général Heart ici présent, un retour dans notre pays bien aimé. » Assura Midna d’un ton tranchant, puis elle désigna la troisième personne présente dans l’ombre. « Il sera là en tant que représentant des forces hyliennes, et ses connaissances en matière de magie nous seront sans doute très utiles. »
D’un signe de tête courtois envers son égal militaire, Kard montra que tout ceci lui convenait, et sauta sur pied, prêt à repartir à l’aventure. Heart l’observa, vit qu’il semblait avoir du mal à tenir en équilibre sur le sol, et lui soutint un côté avec la princesse, afin qu’il retrouve aplomb.
« - C’est difficile de marcher à nouveau après avoir été si bien planté ! » S’amusa-t-il, remuant doucement pour dégourdir peu à peu ses membres. Après un instant d’oscillements, le twilien s’étira paresseusement et s’approcha du miroir en souriant.
« - Bon… On y va ? » Demanda-t-il.
Midna hocha la tête et sorti son pendentif incrusté d’éclats de verres.
« - Juste une chose avant que nous y allions » La stoppa alors Heart. Voyant qu’il avait capté l’attention de ses compagnons, ce dernier pris une grande respiration et débita rapidement son raisonnement :
« - D’après les nouvelles que j’ai entendues, j’ai déduit deux informations possibles sur notre ennemi réel. La première solution étant que les twiliens ne peuvent pas se servir de la puissance des esprits de lumière, cela reviendrait alors à dire que la personne qui en veut au twilight serait en fait issue des peuples d’Hyrule : il faut donc soit qu’elle ait réussi à passer la barrière qui sépare nos deux mondes, ou alors qu’elle dirige les opérations depuis le royaume, et dans ce cas, elle est forcément entrée en relation avec le monde du crépuscule par un moyen quelconque. La seconde option serait que des twiliens aient réussi à mener à bien des recherches sur la magie de lumière, dans le plus grand secret, et par le même coup, forcément à entrer en contact avec Hyrule pour leurs travaux d’observation. Dans ce cas, nous devons réaliser que leurs pouvoirs sont sûrement supérieurs à nos force actuelles, puisqu’ils dirigent deux puissances opposées. Il faut également garder en tête l’évidence qu’il existe un passage inconnu de la « légalité » hylio-twilienne, et qu’il peut sans doute être emprunté à tout moment à notre insu…
- Jolie découverte… Elle paraît évidente maintenant que tu le dis. » Le félicita Midna. « Mais à part nous donner l’impression que notre quête est vaine, à quoi cela va nous servir de savoir ça ?
- Et bien, nous pouvons toujours envisager de placer ce passage sous surveillance. » Raisonna le général twilien.
« - Ou de le détruire ! » Renchéri la princesse.
D’un clin d’œil malicieux suivi d’un claquement de doigts, elle laissa l’énergie sombre de son miroir portatif se déverser sur le groupe, et dans un tourbillon de cubes noirs et verts, ils disparurent dans l’obscurité humide de la cave, aspirés dans les reflets aqueux de la glace sur pied de Link, tandis qu’au-dehors, les oiseaux continuaient de chanter leur éternelle mélodie souriante et limpide.
L’habitation resta quelques instants immobile et silencieuse, les volutes de poussières qu’avaient remué le groupe se reposant progressivement à nouveau sur le sol en scintillant , prêts à se rendormir. Mais une nouvelle ombre pénétra furtivement dans la pièce. Faisant craquer le plancher, elle s’immobilisa un instant, aux abois, puis se remit en route avec moins de précaution, laissant sa cape émettre quelques frottements : ils étaient partis.
Dans une suite de bruits sourds, elle dévala l’échelle qui menait à la cave, et s’arrêta de nouveau, fixant l’obscurité autour d’elle, sans aucun problème pour discerner les détails de la pénombre. S’avançant finalement jusqu’à hauteur du miroir, elle rabattit sa capuche, dévoilant un visage pâle et enfantin, caché derrière des cheveux brun clair en bataille, mais dont la racine s’éclaircissait peu à peu, virant au blond presque blanc comme une teinture en fin de course qui aurait fonctionné à l’envers, lui tombant devant les yeux.
Le général Heart aurait peiné à reconnaître Yan, son élève, tellement celui-ci avait changé depuis maintenant un jour et demi qu’il ne l‘avait pas vu, et ce qu’il s’apprêtait à faire l’aurait sans aucun doute mis dans une grande inquiétude vis à vis des buts de son apprenti et de sa fiabilité… Cependant, il n’était pas là, donc il convient de ne pas se soucier de son avis pour le moment.
Le regard brillant du jeune garçon fixait les profondeurs du miroir, il semblait presque hésiter ; mais ses yeux soudainement plus perçant révélait une concentration qu’il se préparait à appliquer pour calmer les éventuels gestes trop brusques risquant de briser le sortilège. Calmement, il tendit la main comme si il allait caresser un animal craintif, et s’apprêtait à la poser sur le contour de la glace, un simple cadre de bois ovale, lorsqu’une autre main jailli dans l’obscurité et arrêta son geste.
L‘ombre, légèrement plus grande et plus forte que lui, se tenait dressée, cachée encore par son capuchon. Yan tourna un regard un peu étonné dans sa direction, puis pris calmement la parole.
« - Ho, tu voudrais t’en charger toi-même ? Je comprends, c’est à toi que revient ce miroir après tout… »
L’ombre ne bougea pas, mais sa tête bougea faiblement d’avant en arrière, et le jeune garçon, dégageant son bras, recula et reparti par où il était venu, laissant son complice seul dans la pièce. La silhouette tendit alors ses mains gantées et, dans un bref craquement, arracha le miroir fixé à son socle. Puis elle sorti de sous ses voiles une sorte de house dont elle l’enveloppa, et enfin, passant les sangles cousues à la toile par-dessus une de ses épaules, elle s’éclipsa avec rapidité, portant l’objet à la manière d’un sac à dos.
Midna senti un petit vent froid et sombre lui caresser la peau, et la rumeur au loin indiquant une activité lui laissa espérer que son pays était revenu à la normale. Quand elle se résigna à accepter la réalité, sentant la présence des deux hommes à ses côtés, elle ouvrit les yeux et reconnu devant elle le tapis de sa chambre à coucher. La princesse leva la tête et remarqua que le petit morceau de miroir qu’elle avait fixé sous son lit dès son premier retour et constata avec une certaine fierté que son sors avait réussi. Elle perçut alors un frémissement sur les couvertures, et une charmante petite bête noire, aux grands yeux rouges, la fourrure nervurée de vert, avec trois raies blanches et lumineuses dans le dos, apparu la tête en bas, suspendue par le bout de sa queue au rebord du lit.
« - Coucou ! » S’exclama-t-elle.
« - Qu’est ce que c’est que cette chose qui parle ?! » Sursauta soudainement Heart.
« - Je n’ai jamais vu un tel animal… » Avoua Kard.
« - Moi non plus… Mais… Attendez. » Ordonna Midna en fronçant les sourcils. « C’est toi… Deby ?
- Ben voui ! Ben voui ! » Couina le petit animal. « C’est joli le château ! Très joli, mais si sombre ! Et il y a des soldats armés bizarrement, partout ! »
L’écureuil avait à peine prononcé ces mots qu’un fracas de porte qui s’ouvre retenti à l’autre bout de la pièce et deux soldats apparurent. La princesse vit juste quatre bottes noires s’arrêter tout près du lit, et une voix rauque s’éleva :
« - Hé… Qu’est ce que c’est que cette drôle de chose, là ?
- Deby ! » Gronda la princesse entre ses dents. Deby était toujours suspendu par la queue au rebord du lit, bien en vue.
«- Ho, oh… Ne te fâche pas ! » Gémit-il en sentant une poigne d’acier le saisir fermement et le tirer en arrière. La tête en bas, le rongeur vit deux casques de fer foncé possédant des fentes à la place des yeux, laissant la bouche à l’air libre tout en recouvrant le nez d’une lanière métallique rectangulaire. Le poing le retenant prisonnier, protégé par des mitaines en cotte de maille, laissait apparaître le bout des doigts à la peau marbrée et les ongles violacés. Le deuxième casque se trouvait plus bas, il regardait sous le lit, et s’exclama après quelques secondes de stupéfaction :
« - Il y a des gens là-dessous !
- Oups… » Murmura Midna.
« - Oups. » Laissa échapper Zelda au même instant.
Elle venait d’ouvrir, après un laborieux parcours dans les bois perdus, le cercueil de la sage de la forêt, caché juste devant l’entrée du temple du temps. Comme prévu, elle avait récité l’incantation sensée rapporter la lumière… Mais rien ne s’était produit : la demoiselle rousse aux traits sauvages, vêtue d’une tunique de mousse vert pomme, était restée profondément endormie. C’est seulement après être restée quelques instants sans comprendre que la princesse réalisa son erreur et poussa une discrète exclamation de dépit.
« - Quelque chose ne va pas ? » Demanda gentiment Eva à qui le bruit n’avait pas échappé.
« - Je me suis trompée d’ordre… » Bredouilla la princesse.
« - Hein ? » S’exclama Candy. « Qu’est ce que tu veux dire par là ?
- Il y a un ordre précis pour éveiller les sages, et je me suis tout simplement trompée de sens, ce n’est pas celle-ci la cinquième. » Expliqua maussadement la princesse.
Les sourcils de la sage du désert sautèrent à une hauteur prodigieuse par rapport à leur place initiale, avant de retomber lourdement sur ses yeux, écrasant les plis du front d’un air colérique et exaspéré, mais particulièrement drôle.
« - … Mais quelle gourde ! » S’exclama-t-elle finalement en tournant les talons. « Et elle est où l’autre sage ? Qu’on ait une idée de l’étendue du détour ?
- Profondément cachée au cœur de la montagne du péril… Mais le chemin à faire n’est pas le seul problème : maintenant que j’ai ouvert le cercueil, les sorts qui protégeaient celle-ci des mauvaises âmes se sont dissipés, il est donc dangereux de la laisser ici sans surveillance…
- C’est malin. Comment on va faire maintenant ?
- Nous pouvons vous aider ! » Cria une petite voix perçante.
Les sages se retournèrent et virent alors, perchés sur les branches des arbres, des centaines d’écureuils de toutes couleurs et de toutes corpulences.
« - On peut veiller sur elle le temps que vous alliez faire votre commission ! » Déclara le plus âgé d’entre eux.
« - Ho oui, ho oui ! » Approuva l’assemblé en un grand concert de couinements.
Interloqué, Zelda laissa courir son regard tout autour d’elle, puis elle se tourna vers ses compagnons avec un petit sourire.
« - Pourquoi pas… »
Dans un rayonnement, la forme de Midna se matérialisa en l’air et atterrit tranquillement sur le sol herbu à l’entrée de la forêt de Firone, suivie de près par Zelda, Heart, Eva, Candy et Maryele. Tous restèrent alors un instant immobiles, fixant intensément leur profils dans l’ombre, jusqu’à ce que la princesse hylienne se désigne d’elle-même pour prendre la parole.
« - C’est donc ici que nos routes se séparent, Midna ? Je croyais pourtant qu’il nous fallait rester ensemble… » Déclara-t-elle d’un air soucieux et attristé.
« - Nous nous retrouverons sans doute bientôt, mais l’occasion est trop bonne d’enquêter et de mettre des bâtons dans les roues à ce Taiva ! » Répliqua joyeusement la twilienne, accompagnant ses mots d’un clin d’œil malicieux.
La princesse du crépuscule savait très bien les soupçons que Zelda nourrissait à l’égard du général Heart, unique compagnon de voyage qui allait lui rester pour le moment, car cette dernière lui avait exprimé vivement son inquiétude. Mais il était impossible de former le groupe autrement : les sages devaient rester ensemble et à Hyrule pour finir leur quête, restaient elle et Heart, et le petit écureuil, accessoirement, pour se rendre à la source des problèmes.
Après un petit signe de main, les deux groupes firent volte face et se quittèrent définitivement, chacun d’un côté de la forêt. Jeta un dernier regard en arrière et vit les quatre silhouettes s’effacer en direction des profondeurs ombrées par le feuillage épais, à la recherche du sage de la forêt, et espérant qu’elles s’en sortiraient sans encombre, elle se remémora la peur que chacun avait de tout perde, et décida d’agir le plus correctement qu’elle le pourrait à l’avenir. Le soleil avait déjà passé son zénith, et déclinait doucement, que le temps était vite passé…
« - Vous venez ? » Appela alors la voix du général.
La princesse se tourna et le rejoignit sur le pont de planches, déjà baigné des lueurs sanglantes qui appelaient la mort du jour à venir.
« - Tu peux me tutoyer, c’est assez agaçant ce genre de marques de respect. » Siffla-t-elle en le dépassant, montrant à l’homme le chemin à suivre.
« - Comme tu voudras ! » Répondit-il en lui emboîtant le pas.
Ils traversèrent une petite clairière après être passés par la source de l’esprit pour se désaltérer de son eau miraculeuse (et Heart en profita pour emplir une petite fiole de liquide, « au cas où »), puis s’arrêtèrent devant la maison abandonnée de Link, par fenêtres de laquelle les branches du bouleau récemment poussé dépassaient toujours.
« - Voilà, c’est là. » Annonça Midna en escaladant l’échelle de bois dur.
« - Personne n’aurait pensé à cacher un passage vers le crépuscule dans un tel endroit, en effet. » S’émerveilla le magicien en pénétrant dans la pièce. « C’est à partir de cet étrange arbre qu’on y accède ? Je peux sentir une puissance magique étrangère qui en émane… »
« - Pas vraiment, le miroir est au sous-sol, si tu veux aller l’examiner. Pour le moment, je dois m’occuper de mon général qui est métamorphosé. » Rectifia la princesse en ôtant la cape des ombres que l’esprit lui avait transmi quelques jours auparavant.
Elle posa alors le lambeau de tissu contre le bois argenté, récitant une incantation twilienne de rappel, invoquant les puissances conciliantes et pacifiques de lumières. Lentement, l’écorce se résorba, les branches se rabougrissant au cours de sinistres craquements, le tronc se lissant pour donner jour à une tête, un corps, des bras, des jambes… Dans un soupir, Kard s’effondra au sol, le teint verdâtre.
Heart, qui avait silencieusement assisté à la scène, se précipita pour soutenir la tête du twilien inanimé, observant discrètement les détails de son visage : sa coiffure de tresses inhabituelle, ses tatouages faciaux aux formes géométriques inconnues. En dehors de la couleur de leur peau, les twiliens semblaient en fait assez proches physiquement des Hyliens. Ils portèrent le général Kard au sous-sol, et, en attendant qu’il s’éveille, Midna farfouilla dans l’espace confiné, à la recherche de nouveaux objets et souvenirs divers.
Sans doute trop occupée par la contemplation du boomerang, puis par l’éveil du général twilien qui arriva assez rapidement, la princesse ne remarqua pas l’absence d’un carquois de flèches, et le déplacement de certains objets, indiquant une présence récente dans la maison soi-disant abandonnée.
« - Princesse ! Quel bonheur de vous savoir sauve ! » S’écria le twilien après avoir ouvert les yeux. « Je vous ai vu partir seule avec les écureuils, j’ai cru vous avoir perdue pour toujours… J’ai voulu vous appeler, mais je ne pouvais pas bouger le petit doigt !
- Ne t’en fais pas, je me suis fait des amis pour ainsi dire, et la situation devrait s’améliorer d’ici peu. » Tenta de le rassurer Midna, posant une main sur son épaule.
« - Vraiment ? Êtes-vous parvenue à voir les responsables des attaques ?
- Non… Il semblerait que ce soit en fait des opposants twiliens qui soient la cause de l’anéantissement des habitants du royaume. »
Le jeune homme écarquilla ses yeux aux formes d’amandes, la bouche béante.
« - Mais qui pourrait en vouloir au trône ? Les seigneurs des régions ne sont sûrement pas assez puissants pour tenter de telles atteintes, et en plus, je ne pense pas que des twiliens soient en mesure de maîtriser les armes magiques du pays de lumière !
- C’est un… Mystère que nous devrons éclaircir, et comme je doute fortement que nous trouvions la solution à Hyrule, j’ai planifié avec le général Heart ici présent, un retour dans notre pays bien aimé. » Assura Midna d’un ton tranchant, puis elle désigna la troisième personne présente dans l’ombre. « Il sera là en tant que représentant des forces hyliennes, et ses connaissances en matière de magie nous seront sans doute très utiles. »
D’un signe de tête courtois envers son égal militaire, Kard montra que tout ceci lui convenait, et sauta sur pied, prêt à repartir à l’aventure. Heart l’observa, vit qu’il semblait avoir du mal à tenir en équilibre sur le sol, et lui soutint un côté avec la princesse, afin qu’il retrouve aplomb.
« - C’est difficile de marcher à nouveau après avoir été si bien planté ! » S’amusa-t-il, remuant doucement pour dégourdir peu à peu ses membres. Après un instant d’oscillements, le twilien s’étira paresseusement et s’approcha du miroir en souriant.
« - Bon… On y va ? » Demanda-t-il.
Midna hocha la tête et sorti son pendentif incrusté d’éclats de verres.
« - Juste une chose avant que nous y allions » La stoppa alors Heart. Voyant qu’il avait capté l’attention de ses compagnons, ce dernier pris une grande respiration et débita rapidement son raisonnement :
« - D’après les nouvelles que j’ai entendues, j’ai déduit deux informations possibles sur notre ennemi réel. La première solution étant que les twiliens ne peuvent pas se servir de la puissance des esprits de lumière, cela reviendrait alors à dire que la personne qui en veut au twilight serait en fait issue des peuples d’Hyrule : il faut donc soit qu’elle ait réussi à passer la barrière qui sépare nos deux mondes, ou alors qu’elle dirige les opérations depuis le royaume, et dans ce cas, elle est forcément entrée en relation avec le monde du crépuscule par un moyen quelconque. La seconde option serait que des twiliens aient réussi à mener à bien des recherches sur la magie de lumière, dans le plus grand secret, et par le même coup, forcément à entrer en contact avec Hyrule pour leurs travaux d’observation. Dans ce cas, nous devons réaliser que leurs pouvoirs sont sûrement supérieurs à nos force actuelles, puisqu’ils dirigent deux puissances opposées. Il faut également garder en tête l’évidence qu’il existe un passage inconnu de la « légalité » hylio-twilienne, et qu’il peut sans doute être emprunté à tout moment à notre insu…
- Jolie découverte… Elle paraît évidente maintenant que tu le dis. » Le félicita Midna. « Mais à part nous donner l’impression que notre quête est vaine, à quoi cela va nous servir de savoir ça ?
- Et bien, nous pouvons toujours envisager de placer ce passage sous surveillance. » Raisonna le général twilien.
« - Ou de le détruire ! » Renchéri la princesse.
D’un clin d’œil malicieux suivi d’un claquement de doigts, elle laissa l’énergie sombre de son miroir portatif se déverser sur le groupe, et dans un tourbillon de cubes noirs et verts, ils disparurent dans l’obscurité humide de la cave, aspirés dans les reflets aqueux de la glace sur pied de Link, tandis qu’au-dehors, les oiseaux continuaient de chanter leur éternelle mélodie souriante et limpide.
L’habitation resta quelques instants immobile et silencieuse, les volutes de poussières qu’avaient remué le groupe se reposant progressivement à nouveau sur le sol en scintillant , prêts à se rendormir. Mais une nouvelle ombre pénétra furtivement dans la pièce. Faisant craquer le plancher, elle s’immobilisa un instant, aux abois, puis se remit en route avec moins de précaution, laissant sa cape émettre quelques frottements : ils étaient partis.
Dans une suite de bruits sourds, elle dévala l’échelle qui menait à la cave, et s’arrêta de nouveau, fixant l’obscurité autour d’elle, sans aucun problème pour discerner les détails de la pénombre. S’avançant finalement jusqu’à hauteur du miroir, elle rabattit sa capuche, dévoilant un visage pâle et enfantin, caché derrière des cheveux brun clair en bataille, mais dont la racine s’éclaircissait peu à peu, virant au blond presque blanc comme une teinture en fin de course qui aurait fonctionné à l’envers, lui tombant devant les yeux.
Le général Heart aurait peiné à reconnaître Yan, son élève, tellement celui-ci avait changé depuis maintenant un jour et demi qu’il ne l‘avait pas vu, et ce qu’il s’apprêtait à faire l’aurait sans aucun doute mis dans une grande inquiétude vis à vis des buts de son apprenti et de sa fiabilité… Cependant, il n’était pas là, donc il convient de ne pas se soucier de son avis pour le moment.
Le regard brillant du jeune garçon fixait les profondeurs du miroir, il semblait presque hésiter ; mais ses yeux soudainement plus perçant révélait une concentration qu’il se préparait à appliquer pour calmer les éventuels gestes trop brusques risquant de briser le sortilège. Calmement, il tendit la main comme si il allait caresser un animal craintif, et s’apprêtait à la poser sur le contour de la glace, un simple cadre de bois ovale, lorsqu’une autre main jailli dans l’obscurité et arrêta son geste.
L‘ombre, légèrement plus grande et plus forte que lui, se tenait dressée, cachée encore par son capuchon. Yan tourna un regard un peu étonné dans sa direction, puis pris calmement la parole.
« - Ho, tu voudrais t’en charger toi-même ? Je comprends, c’est à toi que revient ce miroir après tout… »
L’ombre ne bougea pas, mais sa tête bougea faiblement d’avant en arrière, et le jeune garçon, dégageant son bras, recula et reparti par où il était venu, laissant son complice seul dans la pièce. La silhouette tendit alors ses mains gantées et, dans un bref craquement, arracha le miroir fixé à son socle. Puis elle sorti de sous ses voiles une sorte de house dont elle l’enveloppa, et enfin, passant les sangles cousues à la toile par-dessus une de ses épaules, elle s’éclipsa avec rapidité, portant l’objet à la manière d’un sac à dos.
Midna senti un petit vent froid et sombre lui caresser la peau, et la rumeur au loin indiquant une activité lui laissa espérer que son pays était revenu à la normale. Quand elle se résigna à accepter la réalité, sentant la présence des deux hommes à ses côtés, elle ouvrit les yeux et reconnu devant elle le tapis de sa chambre à coucher. La princesse leva la tête et remarqua que le petit morceau de miroir qu’elle avait fixé sous son lit dès son premier retour et constata avec une certaine fierté que son sors avait réussi. Elle perçut alors un frémissement sur les couvertures, et une charmante petite bête noire, aux grands yeux rouges, la fourrure nervurée de vert, avec trois raies blanches et lumineuses dans le dos, apparu la tête en bas, suspendue par le bout de sa queue au rebord du lit.
« - Coucou ! » S’exclama-t-elle.
« - Qu’est ce que c’est que cette chose qui parle ?! » Sursauta soudainement Heart.
« - Je n’ai jamais vu un tel animal… » Avoua Kard.
« - Moi non plus… Mais… Attendez. » Ordonna Midna en fronçant les sourcils. « C’est toi… Deby ?
- Ben voui ! Ben voui ! » Couina le petit animal. « C’est joli le château ! Très joli, mais si sombre ! Et il y a des soldats armés bizarrement, partout ! »
L’écureuil avait à peine prononcé ces mots qu’un fracas de porte qui s’ouvre retenti à l’autre bout de la pièce et deux soldats apparurent. La princesse vit juste quatre bottes noires s’arrêter tout près du lit, et une voix rauque s’éleva :
« - Hé… Qu’est ce que c’est que cette drôle de chose, là ?
- Deby ! » Gronda la princesse entre ses dents. Deby était toujours suspendu par la queue au rebord du lit, bien en vue.
«- Ho, oh… Ne te fâche pas ! » Gémit-il en sentant une poigne d’acier le saisir fermement et le tirer en arrière. La tête en bas, le rongeur vit deux casques de fer foncé possédant des fentes à la place des yeux, laissant la bouche à l’air libre tout en recouvrant le nez d’une lanière métallique rectangulaire. Le poing le retenant prisonnier, protégé par des mitaines en cotte de maille, laissait apparaître le bout des doigts à la peau marbrée et les ongles violacés. Le deuxième casque se trouvait plus bas, il regardait sous le lit, et s’exclama après quelques secondes de stupéfaction :
« - Il y a des gens là-dessous !
- Oups… » Murmura Midna.
« - Oups. » Laissa échapper Zelda au même instant.
Elle venait d’ouvrir, après un laborieux parcours dans les bois perdus, le cercueil de la sage de la forêt, caché juste devant l’entrée du temple du temps. Comme prévu, elle avait récité l’incantation sensée rapporter la lumière… Mais rien ne s’était produit : la demoiselle rousse aux traits sauvages, vêtue d’une tunique de mousse vert pomme, était restée profondément endormie. C’est seulement après être restée quelques instants sans comprendre que la princesse réalisa son erreur et poussa une discrète exclamation de dépit.
« - Quelque chose ne va pas ? » Demanda gentiment Eva à qui le bruit n’avait pas échappé.
« - Je me suis trompée d’ordre… » Bredouilla la princesse.
« - Hein ? » S’exclama Candy. « Qu’est ce que tu veux dire par là ?
- Il y a un ordre précis pour éveiller les sages, et je me suis tout simplement trompée de sens, ce n’est pas celle-ci la cinquième. » Expliqua maussadement la princesse.
Les sourcils de la sage du désert sautèrent à une hauteur prodigieuse par rapport à leur place initiale, avant de retomber lourdement sur ses yeux, écrasant les plis du front d’un air colérique et exaspéré, mais particulièrement drôle.
« - … Mais quelle gourde ! » S’exclama-t-elle finalement en tournant les talons. « Et elle est où l’autre sage ? Qu’on ait une idée de l’étendue du détour ?
- Profondément cachée au cœur de la montagne du péril… Mais le chemin à faire n’est pas le seul problème : maintenant que j’ai ouvert le cercueil, les sorts qui protégeaient celle-ci des mauvaises âmes se sont dissipés, il est donc dangereux de la laisser ici sans surveillance…
- C’est malin. Comment on va faire maintenant ?
- Nous pouvons vous aider ! » Cria une petite voix perçante.
Les sages se retournèrent et virent alors, perchés sur les branches des arbres, des centaines d’écureuils de toutes couleurs et de toutes corpulences.
« - On peut veiller sur elle le temps que vous alliez faire votre commission ! » Déclara le plus âgé d’entre eux.
« - Ho oui, ho oui ! » Approuva l’assemblé en un grand concert de couinements.
Interloqué, Zelda laissa courir son regard tout autour d’elle, puis elle se tourna vers ses compagnons avec un petit sourire.
« - Pourquoi pas… »
Vous devez être connecté pour poster un commentaire