Été 2010

Dès le début de l'été, d'étranges phénomènes atmosphériques se multiplièrent dans le ciel. Signe des temps, leurs interprétations mystiques et ésotériques prirent autant de place dans les esprits que les théories scientifiques. Accélération du dérèglement climatique? Avertissement divin? Perturbation par un astre s'approchant de la terre? Puis, à partir du 20 juillet, plus improbable encore, une succession de violentes tempêtes et pluies diluviennes s'abattit dans un large arc de cercle s'étendant de la Libye à l'Irak.

Les inondations créèrent aussitôt leurs lots de désastres humanitaires. Mais plus inquiétant encore, ces précipitations donnèrent une teinte rouge et toxique à toutes les eaux de ces territoires. Les nappes phréatiques, les rivières, les lacs, et même les mers, furent contaminées par des éléments chimiques et organiques mal identifiés. La Chine accusa rapidement les USA d'être à l'origine d'un monstrueux empoisonnement à grande échelle.

La Chine, qui œuvrait elle même au développement d'un moyen de contrôle du climat, dénonça l'utilisation en tant qu'arme de destruction massive, de recherches scientifiques dont le projet HAARP n'était que la pointe visible de l'iceberg. Malgré les suspicions, personne ne put démonter l'origine ni déterminer la nature exacte de cette catastrophe. En occident, ces accusations, relayées par quelques communautés marginalisées et experts discrédités, furent assimilées à de la propagande anti-américaine ou de la pure fantaisie d'illuminés.

Pour autant, ce phénomène avait affaibli drastiquement les nations désignées comme ennemies sans déclencher ouvertement de conflit... La majeur partie de l'eau et des cultures devint impropre à la consommation. La flore puis la faune furent rapidement décimées. Malgré l'aide internationale, famines, épidémies et exodes se répandirent, à travers les nations arabes. Le Pakistan, possesseur de l'arme atomique et seule nation indemne de toutes catastrophes, prit le rôle d'étendard de la coalition islamiste...

Automne 2010

Pour les nouveaux dirigeants américains, comme une partie grandissante du monde chrétien, l'origine de cette catastrophe était une évidence : un fléau Divin punissant les peuples impies qui avaient participé à l'élimination du « peuple élu ». Selon eux, ces signes démontraient la réalité et la puissance de la colère de Dieu... et l'entrée probable de l'humanité dans l'ère de l'Apocalypse biblique. Dans ces sociétés glissant vers le fanatisme, les appels aux croisades contre les armées de l'Antéchrist et ses alliés se multiplièrent.

Le gouvernement états-unien exhorta dès lors les Églises et peuples à s'unir au-delà des nations dans une mission de survie pour l'Humanité : poursuivre l'œuvre de Dieu et être son bras armé... libérer la terre promise pour y instaurer la nouvelle Jérusalem, anéantir la Bête au Moyen-Orient... débusquer Satan réfugié au Pakistan, sur le point de se servir de son arsenal apocalyptique... L'Inde, confronté à la multiplication des incidents frontaliers au Cachemire, accepta l'ouverture de bases américaines sur son territoire... à titre de dissuasion...

De vastes préparatifs et recrutements militaires s'enclenchèrent, dans une exaltation populaire quasi-mystique. La Russie menaça alors l'Union européenne de graves représailles militaires en cas de soutien et support logistique aux troupes américaines. Le vieux contient, plongé dans une crise économique catastrophique, était déchirée entre ses alliances, ses affinités culturelles et son histoire... mais surtout entre ses intérêts stratégiques (OTAN, gaz russe, pétrole arabe, marché chinois...). L' UE n'avait plus d'union que par son nom.

Le fossé entre dirigeants politiques, économiques, intellectuels et le peuple était devenu un abysse. La société interagissait désormais simplement en fonction de regroupements populaires et de groupuscules. Partout les forces armées étaient occupées à maintenir l'ordre dans les rues... où s'affrontaient violemment ces mouvements révolutionnaires, nationalistes et pacifistes. Un nombre non-négligeable d'adeptes de la politique américaine rejoignirent les USA dans des brigades internationales.