Charlotte.

Belle sur le pas de la porte. Et pourtant elle ne portait qu'un simple jean et un t-shirt vert qui faisait ressortir sa chevelure rousse.

- Qui c'est ? cria une voix bourru derrière elle.
- Juste un copain Papa.

Je vis alors une horrible masse chauve se placer devant Charlotte et me pointer du doigt en me regardant d'un oeil mauvais.

- Si tu touches ne serait ce qu'un seul cheveu de ma fille, je te jure que je te fais manger tes c...
- Papa !
- T'as compris gamin !

L'homme chauve avança la tête vers moi pour me faire peur puis reparti se vautrer dans son fauteuil. Je l'imaginais sans mal devant TF1 en buvant une bière. Je tournais la tête à nouveau vers Charlotte et lui tendit mon bras.

- Vous venez Mademoiselle ?
- Avec plaisir Monsieur !
- Je suis désolé, j'ai pas de voiture. Je suis résolument contre. Faudra marcher à mes côtés pour aller jusqu'en ville.
- Un écolo ? J'en ai de la chance. Excuse mon père, il est toujours un peu nerveux quand il voit des garçons s'approcher.
- Un peu nerveux ? J'ai cru qu'il allait sortir une vieille chevrotine pour m'envoyer du plomb dans la tête.

Elle eut alors un petit rire divin et je me sentis bien. Je lui pris la main. La paume était chaude et douce.

- Tu m'emmènes où ?
- Je sais pas, on pourrait manger dans un premier temps ?
- C'est une bonne idée. Je suis affamée !
- Il y a un MacDo à deux rues d'ici. On a qu'à aller là-bas.

Charlotte marqua un temps d'arrêt et enleva sa main de la mienne. Elle me regardait mi stupéfaite mi horrifié. J'eus l'impression que mon coeur avait lâché d'un seul coup, qu'elle s'était rendu compte soudainement que j'étais un minable et sûrement pas un prince charmant.

- Pardon ?!
- J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ?
- Tu veux m'emmener dans MacDo ?
- Et bien... C'est pas top pour un premier rendez-vous mais...
- Ca n'a rien avoir avec ça ! T'es un écolo mais tu veux m'emmener dans le temple de l'hypercapitalisme ! L'un de ces fast food montrant l'agonie de la culture et l'humanité au profit d'une mondialisation. Je ne mettrais jamais les pieds dans l'un de ces endroits abjects. Plutôt crever ! En plus, je suis végétarienne.

Je venais d'être cloué sur place. Je ne savais pas quoi répondre à cette tirade.

- N'en parlons plus, dit-elle, et oublions ça. Embrasse moi.
- Quoi ?
- Tu m'as pas invité pour jouer aux cartes. Embrasse moi.
- Mais j'ai jamais fait ça. Enfin pas comme ça.
- Tu sais très bien ce qu'on éprouve l'un pour l'autre. Tu l'as senti aussi ce courant entre nous deux n'est ce pas ?
- Oui mais ça me met mal à l'aise, j'imaginais pas ça comme ça. Et puis en plus...
- Tais toi.

Charlotte attrapa ma tête et m'embrassa langoureusement. Je planais.

- Je t'aime. lui dis-je.

A ce moment là, Je maudis son téléphone qui se mit à sonner. Elle répondit aussitôt.

- Oui... D'accord, j'arrive... Oui, je suis là dans un instant.

Elle remit le téléphone dans la poche et me regarda avec ce même air malicieux qu'elle avait eu dans la classe.

- Tu m'aimes vraiment ?
- Plus que tout.
- Alors suis moi. Tu vas adorer !