Quelques heures plus tôt …

(Soundtrack )

Lorsqu’ils débarquèrent dans l’un des nombreux hangars de Terra Nova, Lena ne sortit pas immédiatement de la cabine de pilotage. Elle abaissa l’un des volets au-dessus d’elle et examina son visage gonflé couvert de bandages rougies par le sang qui s’écoulait de son nez fracturé. Elle tenta de soulever le pansement avant de se raviser sous l’effet de la douleur.

C’est en serrant les deux qu’elle se leva brusquement de son siège, agacée. Tandis qu’elle descendait les marches menant à la pièce commune du vaisseau, McCree, qui relevait Reyes menotté porta son attention vers elle :

- Ça va gamine ? demanda-t-il alors sans que Lena ne sache vraiment s’il en avait quelque chose à faire ou si c’était de la fausse charité.

Elle gonfla sa poitrine, laissant exploser sa fierté puis soutint le regard de Jesse. C’était suffisant pour lui arracher un sourire en coin.

- Une vraie dure à cuire, ouais, plaisanta le Cow-Boy en poussant le Lieutenant hors de l’aéronef. C’est alors que ce dernier tourna la tête vers elle. Son masque cachait son regard, mais cela n’empêcha pas Lena de le soutenir avec toute la hargne qui l’envahissait. Elle ne prit même pas la peine de dégager la mèche brune qui retombait sur son visage.

Soudain, Reyes leva lentement ses deux mains vers elle, la main droit dessinait un pistolet, la main gauche soutenait l’arme. Il pointa Lena.

- Boum, siffla-t-il en imitant le recul de l’arme, tandis que Jesse le bousculait à l’extérieur. Le Lieutenant de Blackwatch ricana de manière inquiétante avant de sortir du champ de vision de Lena, plantée sur place. Bouillonnante. Elle jeta un œil à l’un des Pulseurs qu’elle portait au ceinturon, hésita un long moment, porta la main à la ceinture puis … Se ravisa finalement en soupirant.

Elle pencha sa tête en arrière, sentant le sang couler de son nez, puis s’assit un instant. Elle ne savait que peu de choses du Lieutenant Reyes. Absolument tout ce qu’elle avait pût se procurer dans les bases de données d’Overwatch était censuré à son sujet. La seule chose qu’elle savait, c’était qu’elle le détestait déjà. De plus, cette affreuse impression de se retrouver entre deux feux l’insupportait.

Aujourd’hui, le groupe s’était clairement scindé en deux. Overwatch et Blackwatch n’était déjà pas les même entités, mais étaient censés parvenir à travailler ensemble. Désormais cet avenir coopératif semblait bien compromis. Lena ne comprenait pas pourquoi la Hiérarchie avait dès le départ créé cette fracture. Tous auraient dû dès le départ travailler sous la bannière d’Overwatch. Fort heureusement, Jesse s’était interposé et elle n’aurait jamais pensé qu’il agisse un jour de la sorte. Il avait littéralement empêché les choses de dégénérer et tandis que Lena visualisait le visage hirsute du hors la loi, cigare à la bouche, elle se prît presque d’admiration pour son attitude détendue. Lena pris une longue inspiration avant de finalement descendre de l’aéronef.
Plus loin, Morrison et Reyes étaient emmenés par des militaires de la Hiérarchie.

Au fond d’elle-même, Lena craignait pour l’ancien Commandant d’Overwatch. Elle ne comprenait pas son comportement, ne comprenait pas comment la figure de proue de l’Humanité avait pût perdre la tête aussi facilement, lui qui avait dû voir tant de personne mourir. Ana avait été la perte de trop, celle d’un être qui était visiblement beaucoup trop cher à ses yeux pour ne serait-ce qu’imaginer le perdre.

Pour une raison qu’elle ne pouvait s’expliquer, la foule du hangar l’effrayait presque, Lena ne se sentait pas bien et c’est à toute vitesse qu’elle fila vers ses quartiers. A peine la porte était-elle ouverte qu’elle se jeta sur la machine à café dans laquelle elle y inséra immédiatement une petite tasse.

Tous ces morts. Elle revoyait encore Eichenwalde partir en fumée sous les assauts de la Griffe avant d’être englouti par les Omniacs. Elle se remémorait la chute infernale d’Amélie, le plongeon et la disparition de Lacroix. Le corps de Willhelm, inerte sur ce pont. C’était comme si elle pelait un oignon, ses yeux la piquait des larmes s’en échappèrent. Elle les balaya d’un vif revers de manche.

16 ans … songea Lena en attrapant sa tasse de café prête.

Elle n’avait que 16 ans, mais cela ne l’empêchait pas de se trouver au beau milieu de cette guerre qui n’avait épargné personne. Elle-même avait perdu beaucoup de proches.
Elle jeta un coup d’œil à un petit cadre photo renversé contre la table de nuit, près de son lit qu’elle n’avait d’ailleurs pas pris la peine de faire avant de partir.

Avec souplesse, Lena se leva de la chaise sur laquelle elle était assise, puis s’approcha des draps pour les remettre en place. Ceci fait, elle fît le tour du lit, puis porta une main à ce cadre, avant de finalement se raviser. Lena enfouissait au fond d’elle-même ses plus douloureux souvenirs. Parfois, elle se demandait si elle avait vraiment fait le deuil des terribles événements qui étaient survenus. L’adolescente était persuadée que oui, car elle n’y repensait que rarement. Néanmoins, elle voulait se tester. Quelle serait sa réaction en étant confronté à une photo de sa famille avant la guerre ? Un mal être l’envahissait petit à petit.

Elle n’était définitivement pas prête à affronter sa propre réalité.

Soudain, le son mélodieux de l’ouverture de la porte d’entrée de son appartement retentit et lorsque Lena se retourna, trois minuscules silhouettes se dessinaient dans l’entrebâillement de la porte.

- Lena ! hurlèrent en chœur deux petites filles qui s'engouffraient dans la pièce, suivies d’un petit singe qui hurlait d’excitation, bondissant absolument partout.
- Hey ! s’exclama Lena en retrouvant un sourire radieux tandis que Fareeha se jetait dans ses bras pour l’enlacer. La deuxième fillette fouillait la commode sur laquelle reposait une télévision holographique, avant de finalement se réjouir de sa trouvaille, une console de jeu portable entre les mains.
- Hanna … se lamenta Lena tout en se retenant de ricaner devant le visage angélique de cette petite sud-coréenne qui arborait des petites bandes roses sur les joues.
- Vous vous êtes encore maquillées ? demanda l’anglaise en repoussant doucement Fareeha pour mieux examiner son visage.
- Regarde ! répondît la petite égyptienne toute excitée, désignant de l’index un symbole étrange dessiné à l’encre noir sous l’œil gauche. Une version ratée du tatouage que portait sa mère.
- C’est … très beau … Fareeha … rétorqua Lena avant d’exploser de rire. Hanna, tu seras gentille de me laisser faire la prochaine fois. Je pense qu’il y a quelques petites améliorations à apporter à ta technique de dessin. Hanna qui jouait déjà, leva la tête un instant puis dévisagea l’adolescente
- Hein ? s’étonna la petite asiatique qui n’avait strictement rien compris.
- Tu dessines mal, déclara Fareeha avec un ton sarcastique tandis que le visage de Lena se décomposait.
- Non ! Non, non, non ! C’est pas du tout ce que j’ai voulu dire ! s’affola Lena avant de foudroyer Fareeha du regard qui lui répondit par un sourire mesquin.

Soudain, Hanna lança la console portable sur le lit avant de dégainer un feutre noir d’une de ses poches qu’elle brandit ensuite en l’air. Elle arbora finalement un regard inquiétant en s’avançant prudemment vers ses deux amies :

- Je vais vous montrer, scanda t’elle en se jetant elles. Fareeha s’extirpa des bras de Lena en hurlant tandis qu’Hanna se jetait sur l’anglaise sous les yeux paresseux du petit singe qui s’enfilait une banane, insoucieux.

Avec les responsabilités de Commandant qui incombaient à Angela, cette dernière n’avait plus le temps de s’occuper correctement de Fareeha. Le poids d’un enfant et d’un Commandant était trop lourd à porter, surtout en cette sombre période.

A force de les côtoyer, Lena s’était naturellement imposée comme la nouvelle tutrice de Fareeha avec qui elle s’entendait à merveille. Ainsi, il n’était pas rare que Fareeha dorme ou passe ses journées chez l’adolescente. Une manière d’oublier les horreurs du conflit qui amenèrent une autre petite fille. Hanna Song, la nièce du Chancelier sud-coréen, Yoo-Si-Jin. Cela faisait désormais une semaine que la Corée du Sud siégeait à la Hiérarchie, depuis l’attaque menée contre leur pays, ils n’avaient eu d’autre choix que de rejoindre la coalition. Avec elle, la Corée du Sud apporta le programme expérimental MEKA, consistant à associer des pilotes aux réflexes exceptionnel à un incroyable concentré de technologie sous la forme d’une machine de guerre bipède.

Les unités MEKA avaient beau être performantes sur le terrain, elles n’apportaient pas de solution au problème des mécha Omniac qui restaient un problème gigantesque, responsables des défaites infligées à l’Humanité. Afin d’économiser les forces, la Hiérarchie ordonna au Haut-Commandement Coréen de faire rapatrier la moitié des effectifs militaires engagés sur le terrain ainsi que les trois-quarts des unités MEKA au front. Un ordre qui posa des bases malsaines entre la Corée du Sud et la Hiérarchie. Ce peuple était trop patriotique pour abandonner son pays, et la nouvelle fût très mal accueillie, mais dans l’optique d’un retour en force.

Un retour en force, c’est là le plan de Wright pour renverser le cours de la guerre. Avec le décryptage des plans du Mégalith et la construction future de cette arme de destruction massive, l’Humanité aurait enfin une carte à jouer dans la guerre. Dès que la première frappe électromagnétique sera lancée contre les Omniacs, l’Humanité ripostera avec une telle fureur que les machines s’en trouveront balayées, car sans leurs gigantesques Méchas, les Omniacs ne sont rien. Le Chancelier Suprême en était persuadé.
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Angela était toujours avec le Maréchal Klüd, agenouillée au milieu de ce couloir qui menait à la Hiérarchie. Elle ne revenait toujours pas de sa propre démonstration de puissance. Elle venait d’accepter la demande d’Eva … Et maintenant ? demanda-t-elle sans trop espérer de réponse de la part du Maréchal qui posa une nouvelle fois sa main sur la sienne. Angela leva le regard et fût confronté aux yeux azurés de l’allemande, bienveillante.

- Nous devons retrouver Lacroix et votre amie, ainsi que mettre un terme aux agissements de Wayne avant de nous concentrer davantage sur cette guerre qui nous oppose aux machines, déclara le Maréchal tout naturellement avec une incroyable lucidité.
- Retrouver Amélie et Lacroix oui … C’est notre priorité, approuva Angela en essayant de se relever.
- Tuer Wayne, c’est notre priorité, corrigea Eva qui l’aida à se relever. Cette fois-ci leurs deux regards se croisèrent une nouvelle fois, mais celui de Klüd avait changé. Ses yeux brûlaient d’ardeur. On visage s’était durci, plus que quiconque, elle semblait résolue à mettre un terme aux agissements de Wayne. Tant que ce type sera en vie, il restera une épine sous le pied de l’Humanité. Angela avait besoin de se reposer, de réfléchir à la situation, à ce qu’elle avait vécu quelques heures plus tôt.
- Nous ne savons même pas où il se trouve … se lamenta Ziegler en hochant la tête de dépit.
- Vous non, mais moi, oui, s’interposa Sombra en désactivant son camouflage optique.
- Tu n’es plus obligée de te cacher … répondît Angela avec un sourire en coin, notant que la jeune fille arborant un look différent, résolument plus punk. Ses cheveux bruns arboraient désormais des pointes roses, et elle avait rasée le côté gauche de son crâne. Deux bandes de cheveux roses y figuraient. Elle portait un manteau noir, semblable à celui du maréchal, à la différence que les bandes étaient roses et non dorées. J’ai longtemps espionné Wayne, se félicita la pirate informatique, je sais exactement où trouver Wayne, et peut-être... Vos amis, qui sait ? dit-elle ensuite en brandissant un disque dur entre son index et son majeur.

- Il faut présenter ce plan à la Hiérarchie, s’empressa de remarquer Klüd en tentant de s’emparer du disque de données.
- Minute papillon, siffla Sombra en reculant d’un pas.
- Donne-moi ça, grogna Klüd en durcissant le ton.
- J’ai mes conditions, je ne suis pas idiote, rétorqua la jeune fille en s’adressant à Angela.
- Nous t’écoutons, répondît le Commandant d’Overwatch, curieuse.
- Mes informations, contre une place au sein d’Overwatch, déclara soudainement Sombra. J’ai toujours voulu sauver le monde, expliqua t’elle ensuite avec un insolent sarcasme qui agaça Klüd.
- Nous ne collaborons pas avec les terroristes, rétorqua Eva, au bord de l’exagération. Angela avait parfois l'impression d'entendre Thatcher en écoutant Klüd.
- Je vous en prie, répondît la jeune fille en faisant mine de se lamenter. Je sais que j’ai causé pas mal de soucis par le passé, et je ne regrette pas, insista-elle en soutenant le regard furieux de Klüd. Néanmoins, j’estime que savoir se ranger du bon côté quand il le faut est un signe d’intelligence, c’est ce que je vous propose aujourd’hui. Une cybercriminelle contre des machines, vous voyez le tableau ? ricana-t-elle ensuite.

(Soundtrack &list=PLpI7ls08WIzjkLd13vWnKSbIhcpPiybOT&index=2 )

Angela croisa le regard désapprobateur de Klüd, mais avait-elle réellement le choix. Sombra était la clé pour se débarrasser de Wayne et se concentrer une bonne fois pour toute sur la menace omniaque. Peut-être même que par la même occasion, elle parviendrait à retrouver Amélie et Lacroix.

Fallait-il sacrifier la morale afin d'espérer d'obtenir une chance, ne serait-ce qu’infime, de gagner la guerre ?

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