Violette
Par : Loadren
Genre : Réaliste
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 1
Holmes
Publié le 04/02/17 à 14:11:40 par Loadren
C'était encore un jour d'école. A l'époque, j'aimais vraiment ça. Il fallait dire qu'en grande section, on ne connaissait pas encore la complexité des fonctions affines, alors on était plutôt contents d'apprendre des choses simples. C'est là qu'elle s'est montrée pour la première fois. Elle était invisible, pour tout le monde, mais pas pour moi. C'est ce qui a d'ailleurs causé ma solitude dans les années qui ont suivi. Je ne faisais que lui parler à elle seule, parce qu'elle semblait me comprendre, et à chaque fois que j'entrouvrais la bouche, elle me répondait avant que j’aie posé ma question.
Elle était différente, je l'aimais beaucoup. J'ai décidé de lui donner un nom après quelques jours, parce que sinon, ça aurait été compliqué. Je l'ai appelée Violette. Un nom assez commun ? Ou pas, de nos jours. C'était parce que j'aimais bien ces fleurs, et que j'avais appris que ce mot pouvait être aussi un prénom. Un très beau prénom, qui semblait bien lui correspondre.
J'ai grandi avec elle pendant de longues années où elle était mon seul divertissement - avec les jeux-vidéos. Mais rien à faire, elle était invisible pour tout le monde. Quand je suis arrivé au collège, j'ai pensé prendre un nouveau départ. Même si elle était là, rien ne m'empêchait de me faire des amis. Mais j'ai très vite été lassé par le comportement de certains, et finalement, tout est redevenu comme avant.
Mais elle n'a jamais cessé de m'encourager. Jamais un seul instant. Et je regrette, je regrette terriblement, maintenant. Tout a commencé à la rentrée de seconde. J'aurai dû faire plus attention à elle. Voir que ça n'allait pas.
-Thomas ? m'a-t-elle appelé, alors que j'étais plongé dans mes pensées. Tu divagues encore, on approche de l'école !
Lorsque j'ai tourné la tête vers elle, je me suis demandé pourquoi est-ce que j'étais encore le seul à la voir. Je devais être fou depuis longtemps pour qu'une telle chose existe. C'était une fille, de mon âge, blonde, au visage souriant, comme si aucun mal ne lui avait été fait depuis sa naissance. Elle marchait à mes côtés, habillée de façon légèrement rock, sans que ce soit trop accentué.
-Violette, tu n'existes pas.
-C'est vrai que la baffe que je t'ai donnée pour te réveiller ce matin n'existait pas.
Elle leva les yeux au ciel, exaspérée par mon comportement. Elle avait l'air tout à fait réelle, malgré mes paroles, et j'essayais de me convaincre du contraire.
-Attention, un pot... Ai-je commencé, alors qu'elle le traversait sans même y faire attention. Comme un fantôme. Oui, elle n'existait pas, elle ne pouvait pas exister. Mais elle arrivait à me toucher, à me frapper, toutes ces choses laissaient planer le doute.
-Je sais à quoi tu penses, mais je ne suis pas un fantôme, je ne me souviens pas d'une quelconque mort. Et je te signale que je ne flotte pas dans les airs !
-Mais tu traverses les lampadaires.
-Mais je traverse les lampadaires.
Un sourire s'étira sur son visage, comme sur le mien. C'était ce genre de complicité que je ne retrouvais chez personne, dont je ne pouvais pas me passer. Même si je me disais qu'il fallait bien, un jour, que j'aille de l'avant, pourquoi gâcher un tel plaisir ?
-Dans tous les cas, il va falloir que tu fasses bonne impression, continua-t-elle, et que tu arrêtes de me parler en cours, sinon les gens vont te prendre pour quelqu'un de bizarre, comme à chaque fois ! Il faudrait que tu te fasses des amis.
-Je n'ai pas besoin de ces amis, parce que...
-Je ne peux pas être la seule. On en a déjà discuté, tu ne sais pas à quel point je suis réelle ou pas. Je ne le sais pas moi-même, et je ne sais pas non plus quand est-ce que tout disparaîtra. C'est morbide, mais il faut bien y penser. Surtout avec ta tête de mule qui ne veut jamais voir la réalité en face ! Il faut bien profiter de ta jeunesse, non ?
-Comme disait un grand homme, la jeunesse est un mensonge et une forme de mal. Ceux qui glorifient la jeunesse ne dupent qu'eux et ceux qui leur sont proches et croient que leur entourage confirme toujours leurs actions. En utilisant le mot "jeunesse", ils déforment le bon sens et tout ce qui est logique. Pour eux, mensonges, secrets, péchés, et échecs ne font qu'ajouter du piment à leur jeunesse. Si l'échec est typique de la jeunesse comme ils disent, alors quelqu'un qui a échoué à se faire des amis doit être à l'apogée de sa jeunesse, non ?
-Tes références sont médiocres.
-Sale punk.
-Weirdo.
Sur ces derniers mots, nous nous étions dirigés vers les portes de l'école. Un bâtiment central plutôt haut et un portail qui ressemblait à ceux de certains films d'horreur, les cris des gamins ajoutaient à l'ambiance déjà moribonde quelque chose de funeste. Pour des personnes un peu plus normales, on entendrait des cris d'enfants qui s'amusent, mais je ne suis pas normal. Pas avec elle à côté.
C’était assez répétitif comme scénario. J’entrais seul – aux yeux de tous – dans l’école, sans un mot, regardant droit devant moi, et je jetais des coups d’œil à ma droite, comme un fou qui regarde quelque chose qui n’existe pas. Certaines fois, je répondais dans le vide à des paroles que personne n’avait entendu. C’est pourquoi je m’écartais des gens, car je ne pouvais pas l’ignorer. Pas elle.
-Arrête de me répondre, ai-je commencé.
-Arrête de me parler. Et fais-toi des amis, bon sang !
-Je ne suis pas contre socialiser un peu, tant que ce n’est pas fatiguant. Et je ne suis pas paresseux, j’économise simplement mon énergie.
Ce fut à ce moment que le destin décida de me confronter à un choix que je n’appréciais gère. Et pourtant, il allait falloir prendre une des deux options. Une jeune fille de mon âge, environ, les yeux bleus, les cheveux noirs et la peau blanche, très blanche, se présenta à moi.
-Tu… Parlais tout seul ? Demanda-t-elle en papillonnant des yeux, intriguée.
-Je réfléchissais.
-Bon, et bien… Ce n’est pas que je suis pressée, mais tiens. Ça pourra te servir.
Elle me tendit un petit fascicule relié où était inscrit « BDE ». Le bureau des élèves, où l’endroit où on choisissait une activité après les cours où se reposer ou flemmarder pour certains, ou pour partager une passion commune pour les plus idiots. Je fixais le petit livret pendant que Violette me susurrait à l’oreille que la fille était vraiment mignonne avant que je relève la tête vers elle, justement, et que je n’y vis que du vide. Elle avait fait vite, pas un au revoir, pas un « bonne chance », rien du genre. De toute façon, il fallait être idiot pour attendre quoi que ce soit de ces personnes-là.
La journée se déroula comme d’habitude, des cours plats et sans vraiment d’intérêt. Je restais dans mon coin à lire mon livre pendant que les plus soumis à ce système levaient la main pour répondre aux questions du professeur, dans l’unique but de montrer leur supériorité aux autres. Des coquilles vides, ce ne sont pas avec ces personnes que je me ferais des amis, déjà. Et j’en ai parlé à Violette, qui comprend ça. Un professeur a bien essayé de me tirer des lignes de mon roman, mais Violette elle, semblait avoir suivi les cours sans en perdre une goutte, et comme à chaque fois, me donnait la réponse pour que je puisse continuer à lire tranquillement.
Mon train de vie était déjà lancé depuis la matinée, je ne comptais pas m’arrêter en si bon chemin, mais le petit livret du BDE attirait mon regard. Par curiosité, je fis l’inventaire de tous les clubs un par un, avant de me rendre compte que l’adhésion à un club était obligatoire depuis la seconde. Apparemment, les personnes gérant l’établissement avaient eu l’idée de vouloir faire sociabiliser les élèves. C’est pour ça que la journée finissait aussi tôt… une fausse joie. Il fallait donc choisir une activité solitaire. Quelque chose qui ne m’empêcherait pas de rester dans mon coin. Un club de lecture ? Il n’y en avait pas… Voilà, ici. Le club des écrivains. Ça fera l’affaire. Je me levais en fin de journée de mon pupitre pour me diriger vers la salle de ce club.
-Toi, tu vas t’inscrire à un club ? Celui qui ne veut rien faire sauf si on le force ? Me demanda Violette avec une petite pointe de moquerie.
-J’y suis bien obligé.
Toquant à la porte puis y entrant, je revis cette jeune fille. Cheveux noir de jais, yeux bleus… Pourquoi était-elle là ? Sans un mot, je m’avançais dans la pièce. Elle devait passer dans les clubs pour recueillir des avis. Ce devait être une élève engagée par le directeur pour fournir des informations.
-Tu viens pour le club des écrivains ? Je suis la présidente du club, enchantée ! Commença-t-elle, alors que mes espoirs s’effondraient. On compte trois membres, moi compris. Ici, Edward, puis Klaus dans le coin.
Elle se désigna de doigt.
-Je suis Amélia, enchantée.
Les deux cités levèrent la main pour saluer. Edward était plutôt petit, avec des lunettes, pas vraiment l’air bien imposant ni fort, le parfait exemple du petit littéraire. Klaus, lui, avait les cheveux plutôt longs pour un garçon, les yeux verts et un air plutôt sérieux. Je faillis lever les yeux au ciel quand Violette me dit qu’elle trouvait Klaus particulièrement mignon. Je l’ignorai plutôt et me concentrai sur la jeune fille.
-Je viens m’inscrire. Thomas, enchanté aussi.
Ce furent les seuls mots que je pus dire. Je remplis rapidement une feuille qu’elle me tendit, et la lui rendit. Tout sembla se passer en un éclair, et je faisais partie de ce club plutôt étrange. Après quelques instants à les observer, je me posai dans un coin et commençai à lire mon roman là où je m’étais arrêté.
-La porte est fermée à clé, fit remarquer Violette.
Je levais les yeux vers elle et, vérifiant que personne ne m’entendait, je lui répondis.
-De quoi tu parles ?
-J’ai vu le concierge fermer la porte à clé, vous êtes enfermés dans la salle. Tu ferais bien de demander les clés pour pouvoir sortir, parce que tu as envie d’aller aux toilettes.
Cette fille… avait trop d’informations sur moi. Je ne pouvais pas lui fermer une seule de mes pensées. Je me levai donc dans un soupir et allai voir la jeune fille. Après quelques secondes à la fixer à écrire un manuscrit à la main, je lui tendis la mienne comme pour demander quelque chose - de façon très impolie, je le concède.
-Pourrais-tu me donner les clés de la salle ? J’aurai envie de sortir quelques instants.
-Mais, elle n’est pas fermée à clé.
-Si.
Comment justifier ça ? Il fallait trouver une excuse. Quelque chose qui me permette de paraître un minimum normal. Je pris mon air le plus « cool », ce qui voulait dire un visage sérieux et lassé, puis je continuai.
-Vous n’avez pas entendu à cause du bruit des interphones, tout à l’heure. Mais le concierge est venu fermer la porte à clé. Preuve en est que la porte semble bien plus enfoncée que tout à l’heure, quand je suis rentré, car le loquet la retient. Maintenant, la clé ?
Cela devrait aller. Amélie se leva, sortit la clé de la salle de sa poche, tandis que les deux garçons me regardaient avec l’air curieux. Elle alla ouvrir la porte, puis se stoppa et se retourna vers moi.
-On a un Sherlock Holmes, commença-t-elle.
-On a un Sherlock Holmes. Confirmèrent les deux garçons, pendant que je me demandais que pouvait être ce rituel bizarre.
-Tu seras Thomas Holmes, et tu n’as pas le choix de refuser… Me fit la jeune fille alors que je sortis pour aller aux toilettes. Ce club allait vraiment commencer à être ennuyant.
Elle était différente, je l'aimais beaucoup. J'ai décidé de lui donner un nom après quelques jours, parce que sinon, ça aurait été compliqué. Je l'ai appelée Violette. Un nom assez commun ? Ou pas, de nos jours. C'était parce que j'aimais bien ces fleurs, et que j'avais appris que ce mot pouvait être aussi un prénom. Un très beau prénom, qui semblait bien lui correspondre.
J'ai grandi avec elle pendant de longues années où elle était mon seul divertissement - avec les jeux-vidéos. Mais rien à faire, elle était invisible pour tout le monde. Quand je suis arrivé au collège, j'ai pensé prendre un nouveau départ. Même si elle était là, rien ne m'empêchait de me faire des amis. Mais j'ai très vite été lassé par le comportement de certains, et finalement, tout est redevenu comme avant.
Mais elle n'a jamais cessé de m'encourager. Jamais un seul instant. Et je regrette, je regrette terriblement, maintenant. Tout a commencé à la rentrée de seconde. J'aurai dû faire plus attention à elle. Voir que ça n'allait pas.
-Thomas ? m'a-t-elle appelé, alors que j'étais plongé dans mes pensées. Tu divagues encore, on approche de l'école !
Lorsque j'ai tourné la tête vers elle, je me suis demandé pourquoi est-ce que j'étais encore le seul à la voir. Je devais être fou depuis longtemps pour qu'une telle chose existe. C'était une fille, de mon âge, blonde, au visage souriant, comme si aucun mal ne lui avait été fait depuis sa naissance. Elle marchait à mes côtés, habillée de façon légèrement rock, sans que ce soit trop accentué.
-Violette, tu n'existes pas.
-C'est vrai que la baffe que je t'ai donnée pour te réveiller ce matin n'existait pas.
Elle leva les yeux au ciel, exaspérée par mon comportement. Elle avait l'air tout à fait réelle, malgré mes paroles, et j'essayais de me convaincre du contraire.
-Attention, un pot... Ai-je commencé, alors qu'elle le traversait sans même y faire attention. Comme un fantôme. Oui, elle n'existait pas, elle ne pouvait pas exister. Mais elle arrivait à me toucher, à me frapper, toutes ces choses laissaient planer le doute.
-Je sais à quoi tu penses, mais je ne suis pas un fantôme, je ne me souviens pas d'une quelconque mort. Et je te signale que je ne flotte pas dans les airs !
-Mais tu traverses les lampadaires.
-Mais je traverse les lampadaires.
Un sourire s'étira sur son visage, comme sur le mien. C'était ce genre de complicité que je ne retrouvais chez personne, dont je ne pouvais pas me passer. Même si je me disais qu'il fallait bien, un jour, que j'aille de l'avant, pourquoi gâcher un tel plaisir ?
-Dans tous les cas, il va falloir que tu fasses bonne impression, continua-t-elle, et que tu arrêtes de me parler en cours, sinon les gens vont te prendre pour quelqu'un de bizarre, comme à chaque fois ! Il faudrait que tu te fasses des amis.
-Je n'ai pas besoin de ces amis, parce que...
-Je ne peux pas être la seule. On en a déjà discuté, tu ne sais pas à quel point je suis réelle ou pas. Je ne le sais pas moi-même, et je ne sais pas non plus quand est-ce que tout disparaîtra. C'est morbide, mais il faut bien y penser. Surtout avec ta tête de mule qui ne veut jamais voir la réalité en face ! Il faut bien profiter de ta jeunesse, non ?
-Comme disait un grand homme, la jeunesse est un mensonge et une forme de mal. Ceux qui glorifient la jeunesse ne dupent qu'eux et ceux qui leur sont proches et croient que leur entourage confirme toujours leurs actions. En utilisant le mot "jeunesse", ils déforment le bon sens et tout ce qui est logique. Pour eux, mensonges, secrets, péchés, et échecs ne font qu'ajouter du piment à leur jeunesse. Si l'échec est typique de la jeunesse comme ils disent, alors quelqu'un qui a échoué à se faire des amis doit être à l'apogée de sa jeunesse, non ?
-Tes références sont médiocres.
-Sale punk.
-Weirdo.
Sur ces derniers mots, nous nous étions dirigés vers les portes de l'école. Un bâtiment central plutôt haut et un portail qui ressemblait à ceux de certains films d'horreur, les cris des gamins ajoutaient à l'ambiance déjà moribonde quelque chose de funeste. Pour des personnes un peu plus normales, on entendrait des cris d'enfants qui s'amusent, mais je ne suis pas normal. Pas avec elle à côté.
C’était assez répétitif comme scénario. J’entrais seul – aux yeux de tous – dans l’école, sans un mot, regardant droit devant moi, et je jetais des coups d’œil à ma droite, comme un fou qui regarde quelque chose qui n’existe pas. Certaines fois, je répondais dans le vide à des paroles que personne n’avait entendu. C’est pourquoi je m’écartais des gens, car je ne pouvais pas l’ignorer. Pas elle.
-Arrête de me répondre, ai-je commencé.
-Arrête de me parler. Et fais-toi des amis, bon sang !
-Je ne suis pas contre socialiser un peu, tant que ce n’est pas fatiguant. Et je ne suis pas paresseux, j’économise simplement mon énergie.
Ce fut à ce moment que le destin décida de me confronter à un choix que je n’appréciais gère. Et pourtant, il allait falloir prendre une des deux options. Une jeune fille de mon âge, environ, les yeux bleus, les cheveux noirs et la peau blanche, très blanche, se présenta à moi.
-Tu… Parlais tout seul ? Demanda-t-elle en papillonnant des yeux, intriguée.
-Je réfléchissais.
-Bon, et bien… Ce n’est pas que je suis pressée, mais tiens. Ça pourra te servir.
Elle me tendit un petit fascicule relié où était inscrit « BDE ». Le bureau des élèves, où l’endroit où on choisissait une activité après les cours où se reposer ou flemmarder pour certains, ou pour partager une passion commune pour les plus idiots. Je fixais le petit livret pendant que Violette me susurrait à l’oreille que la fille était vraiment mignonne avant que je relève la tête vers elle, justement, et que je n’y vis que du vide. Elle avait fait vite, pas un au revoir, pas un « bonne chance », rien du genre. De toute façon, il fallait être idiot pour attendre quoi que ce soit de ces personnes-là.
La journée se déroula comme d’habitude, des cours plats et sans vraiment d’intérêt. Je restais dans mon coin à lire mon livre pendant que les plus soumis à ce système levaient la main pour répondre aux questions du professeur, dans l’unique but de montrer leur supériorité aux autres. Des coquilles vides, ce ne sont pas avec ces personnes que je me ferais des amis, déjà. Et j’en ai parlé à Violette, qui comprend ça. Un professeur a bien essayé de me tirer des lignes de mon roman, mais Violette elle, semblait avoir suivi les cours sans en perdre une goutte, et comme à chaque fois, me donnait la réponse pour que je puisse continuer à lire tranquillement.
Mon train de vie était déjà lancé depuis la matinée, je ne comptais pas m’arrêter en si bon chemin, mais le petit livret du BDE attirait mon regard. Par curiosité, je fis l’inventaire de tous les clubs un par un, avant de me rendre compte que l’adhésion à un club était obligatoire depuis la seconde. Apparemment, les personnes gérant l’établissement avaient eu l’idée de vouloir faire sociabiliser les élèves. C’est pour ça que la journée finissait aussi tôt… une fausse joie. Il fallait donc choisir une activité solitaire. Quelque chose qui ne m’empêcherait pas de rester dans mon coin. Un club de lecture ? Il n’y en avait pas… Voilà, ici. Le club des écrivains. Ça fera l’affaire. Je me levais en fin de journée de mon pupitre pour me diriger vers la salle de ce club.
-Toi, tu vas t’inscrire à un club ? Celui qui ne veut rien faire sauf si on le force ? Me demanda Violette avec une petite pointe de moquerie.
-J’y suis bien obligé.
Toquant à la porte puis y entrant, je revis cette jeune fille. Cheveux noir de jais, yeux bleus… Pourquoi était-elle là ? Sans un mot, je m’avançais dans la pièce. Elle devait passer dans les clubs pour recueillir des avis. Ce devait être une élève engagée par le directeur pour fournir des informations.
-Tu viens pour le club des écrivains ? Je suis la présidente du club, enchantée ! Commença-t-elle, alors que mes espoirs s’effondraient. On compte trois membres, moi compris. Ici, Edward, puis Klaus dans le coin.
Elle se désigna de doigt.
-Je suis Amélia, enchantée.
Les deux cités levèrent la main pour saluer. Edward était plutôt petit, avec des lunettes, pas vraiment l’air bien imposant ni fort, le parfait exemple du petit littéraire. Klaus, lui, avait les cheveux plutôt longs pour un garçon, les yeux verts et un air plutôt sérieux. Je faillis lever les yeux au ciel quand Violette me dit qu’elle trouvait Klaus particulièrement mignon. Je l’ignorai plutôt et me concentrai sur la jeune fille.
-Je viens m’inscrire. Thomas, enchanté aussi.
Ce furent les seuls mots que je pus dire. Je remplis rapidement une feuille qu’elle me tendit, et la lui rendit. Tout sembla se passer en un éclair, et je faisais partie de ce club plutôt étrange. Après quelques instants à les observer, je me posai dans un coin et commençai à lire mon roman là où je m’étais arrêté.
-La porte est fermée à clé, fit remarquer Violette.
Je levais les yeux vers elle et, vérifiant que personne ne m’entendait, je lui répondis.
-De quoi tu parles ?
-J’ai vu le concierge fermer la porte à clé, vous êtes enfermés dans la salle. Tu ferais bien de demander les clés pour pouvoir sortir, parce que tu as envie d’aller aux toilettes.
Cette fille… avait trop d’informations sur moi. Je ne pouvais pas lui fermer une seule de mes pensées. Je me levai donc dans un soupir et allai voir la jeune fille. Après quelques secondes à la fixer à écrire un manuscrit à la main, je lui tendis la mienne comme pour demander quelque chose - de façon très impolie, je le concède.
-Pourrais-tu me donner les clés de la salle ? J’aurai envie de sortir quelques instants.
-Mais, elle n’est pas fermée à clé.
-Si.
Comment justifier ça ? Il fallait trouver une excuse. Quelque chose qui me permette de paraître un minimum normal. Je pris mon air le plus « cool », ce qui voulait dire un visage sérieux et lassé, puis je continuai.
-Vous n’avez pas entendu à cause du bruit des interphones, tout à l’heure. Mais le concierge est venu fermer la porte à clé. Preuve en est que la porte semble bien plus enfoncée que tout à l’heure, quand je suis rentré, car le loquet la retient. Maintenant, la clé ?
Cela devrait aller. Amélie se leva, sortit la clé de la salle de sa poche, tandis que les deux garçons me regardaient avec l’air curieux. Elle alla ouvrir la porte, puis se stoppa et se retourna vers moi.
-On a un Sherlock Holmes, commença-t-elle.
-On a un Sherlock Holmes. Confirmèrent les deux garçons, pendant que je me demandais que pouvait être ce rituel bizarre.
-Tu seras Thomas Holmes, et tu n’as pas le choix de refuser… Me fit la jeune fille alors que je sortis pour aller aux toilettes. Ce club allait vraiment commencer à être ennuyant.
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