Note de la fic : :noel: :noel:

La jeune séductrice


Par : maKharena
Genre : Sayks, Sentimental
Statut : C'est compliqué



Chapitre 17


Publié le 30/08/2016 à 18:09:53 par maKharena

Le matin, en cours, j'étais morte de fatigue. Quoi que je puisse faire, ma tête retombait inlassablement pour s'écraser contre la table. J'avais envie de dormir, de dormir et de ne jamais me réveiller. Ces phrases abrutissantes que répétait le professeur n'étaient là que pour m'empêcher de sombrer dans le sommeil.
J'avais besoin de repos, une éternité de repos pendant laquelle je pourrais préparer le contrôle de physique. C'était déjà demain et ma seule tentative s'était soldée en échec cuisant. J'étais trop fatiguée pour être angoissée, mais la situation ne s'annonçait pas glorieuse.

Au moins, j'avais eu la satisfaction d'apprendre que Gwen avait elle aussi abandonné face à l'adversité. Elle me l'avait révélé le matin et j'avais cru que cela ensoleillerait le tableau, sauf qu'au final, mes parents se foutaient littéralement que j'ai une meilleure note que mon amie.
Avec ma mère, c'était quatorze ou rien, et le quatorze paraissait être le strict minimum accordé uniquement par pitié. Il n'y avait rien à espérer, je pouvais oublier l'argent de poche pendant les mois à venir. Je pouvais aussi bien me pendre dans ma chambre et laisser la mort venir me cueillir.

Ou alors... Ou alors je décidai que j'étais capable de réussir. Si le cahier n'était pas forcément mon ami, je pouvais en trouver un qui en savait autant mais qui serait plus sympathique dans sa manière d'expliquer. Gwen était à exclure, pareil pour Julie et la plupart des filles et garçons de la classe.
Mais il y en avait un qui pouvait m'aider, et c'était Dylan. Dans ma classe, c'était de loin le meilleur dans les matières scientifiques, et si ma mère lui avait offert deux cent euros par contrôle au dessus de 17, il aurait déjà été milliardaire. C'était un gars sympa, pas trop sérieux. En réalité, si on ne parlait pas de sujet compliqués avec lui, il était inconcevable de l'imaginer comme étant un génie.

C'était donc sur lui qu'allait se porter mon dévolu, j'allais m'inviter chez lui ce soir et je réviserais jusqu'à atteindre la meilleure note que le monde ait connu. Sauf qu'il me fallait une raison de venir chez lui...
La partie de Gwen qui sommeillait en moi m'ordonna de le draguer, mais très vite je repris le contrôle de la situation. On s'entendait bien, il n'y avait aucune raison pour qu'il refuse de m'aider, pas besoin de me comporter en salope. J'avais survécu seize ans sans user de ma féminité, je pouvais continuer ainsi.

À la fin du cours, je pris Dylan à part avant qu'il ne rejoigne ses amis : je n'avais pas envie de subir les médisances de quelques garçons moqueurs. Je le rejoignis avant qu'il ne quitte la salle, puis marchai à ses côtés.
Il était grand, plus que moi mais ça n'était pas un exploit. Dans la classe, ça devait être l'un des plus haut. Il était du nord de la France, mais c'était difficile à repérer dans ses traits rugueux. Ses cheveux noirs étaient laissés en jachère et seul un petit ébouriffement artificiel au dessus du front donnait l'impression d'une coiffure entretenue. Autour de sa bouche, une petite barbe commençait à s'accumuler, mais elle était plus due à une flemme de se raser qu'à une réelle volonté esthétique.

-Dylan, tu sais pour le contrôle de demain ?
-Oui, quoi ? me demanda-t-il en sortant de ses pensées, surpris d'avoir été interpellé.
-Mes parents vont me tuer si j'en rate encore un, et comme t'as de super bonnes notes, je m'étais dis que... Enfin tu pourrais m'aider à réviser.
-C'est pas en un soir que je vais te faire passer première de la classe.

Il me regarda quelques secondes, puis se rendit compte de son impolitesse et se rattrapa d'un coup. C'était typiquement le genre de comportement qui faisait éclater de rire Gwendoline.

-Enfin oui, bien sûr, ça me dérange pas t'aider évidement. C'est simplement que je te promet pas une super bonne note. T'as déjà un peu bossé de ton côté ?
-Pas vraiment, j'y comprends rien...
-C'est pas grave. Mais c'est surtout des formules, qu'est-que tu ne comprends pas ?
-Les formules, justement ! C'est impossible de tout retenir et de savoir quoi correspond à quoi.
-D'accord. On se retrouve à la fin de la journée ? J'essayerais de voir ce que je peux faire, mais j'ai pas trop l'habitude de donner des cours.
-Tu pourras pas être pire que le prof, le rassurai-je avant de filer jusqu'en salle de S.V.T.

Le reste de la matinée se passa assez rapidement, principalement grâce à l'heure de sciences naturelles que je passais entièrement à dormir. Lorsqu'enfin nous fûmes libres de nos mouvements, je rejoignis Gwen dans la queue de la cantine.
Il y avait déjà un monde fou, on allait patienter une bonne demi-heure. Si on avait distribué des iPhones gratuits dans la rue, il n'y aurait pas eu autant de monde, alors que là on attendait pour manger de la merde.

-Je le sens tellement pas le contrôle de demain, je crois que je vais surtout essayer de sauver ce qui peux l'être avec le sport.
-Moi j'ai trouvé la solution ! Dylan. C'est aussi simple que ça.
-Mais non ? Pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt ? Tu vas lui faire quoi pour qu'il t'aide ? Il a une tête à aimer les choses originales, je pense qu'une sodom...
-Stop. Arrêtes toi tout de suite. Je lui ai rien proposé, il va simplement m'aider. Et ne t'avises pas d'essayer de me le voler. Il est à moi ! Ma mère veut que j'ai au moins quatorze au contrôle pour me donner de l'argent de poche.
-C'est pas vrai ? Putain la pute ! Et dire qu'elle bosse moins que toi, pourquoi c'est elle qui devrait récolter les allocs ? Tes parents sont vraiment des monstres ma pauvre chérie.

Pour me réconforter, elle me serra dans ses bras au moment même où la queue commença à avancer. Durant l'étreinte, je pu remarquer que la plupart des garçons avaient tourné les yeux vers nous, je souris en sachant que j'étais en train de faire monter une vague de jalousie dans les rangs du lycée.

-Mais donc, Dylan, reprit Gwen en me lâchant. T'es sûre que tu ne veux pas me le prêter ?
-Je vais en avoir besoin toute l'après-midi, désolée. C'est trop important pour que je prenne le risque de partir sans avoir tout compris.
-Dans ce cas là on peux réviser ensemble ? Il nous explique à toutes les deux et on devient les meilleures de la classe en physique.
-Ce serait bien, le problème c'est qu'au bout de dix minutes, tu seras déjà en train de lui masser la bite. Écoute Gwen, je suis vraiment désolée, mais j'ai besoin d'une bonne note.

Ça me faisait mal au cœur de la laissait affronter cette situation, surtout en la regardant faire les yeux doux, mais c'était un cas de force majeur et je ne pouvais prendre aucun risque.

-Je te promet à 90% que je n'essaierai pas de le draguer. Je ferais qu'écouter.
-Je veux être sûre à 100%.
-99 ! Parfois sans faire exprès, je fais tomber les mecs dingues de moi.
-Arrête ton cinéma. C'est 100% et c'est tout. Il ne doit pas y avoir le moindre risque, sinon je perds cent euros d'un coup.
-Bon, d'accord. Marché conclu. Mais quand t'auras fini de travailler avec lui, je pourrais...
-Tu fais ta vie, répondis-je en soupirant.
-C'est juste pour le contrôle, peut être qu'il donne des astuces secrètes quand il partage son lit.
-Je te crois.

Le reste de la journée se déroula sans événement marquant, les cours étaient toujours aussi ennuyeux et, même avec la motivation d'améliorer ma moyenne, je ne parvenais pas à rester concentrée face aux blablas incessants des professeurs.
La dernière sonnerie fut pour moi une délivrance. En deux secondes, je m'étais collée à Dylan et je lui envoyais déjà des signaux pour qu'il me dise où il voulait qu'on aille apprendre.

-Bon... On va aller dans le parc, c'est plus grand que chez moi et la salle de permanence est fermée le soir. Ça te va ? T'as amené ton cours ?
-Oui et oui. Mais dis, Gwendoline peut venir avec moi ? Elle aussi a besoin de rattraper son retard.

Il soupira.

-S'teuplait !
-D'accord, comme tu voudras. Ça me permettra de réviser moi aussi. Elle est où d'ailleurs Gwendoline ?
-Ici ! dit-elle en faisant sursauter notre nouveau professeur. Je t'ai fait peur ? Désolée. Oh et merci pour les cours particuliers, c'est vraiment sympa de ta part.

Pour encore plus le remercier, elle lui offrit un long baiser bruyant sur la joue. Si nous n'avions été que toutes les deux, je lui aurait déjà balancé une baffe dans la tête, mais je me contentai d'un regard accusateur. En guise de réponse, mon amie ouvrit de grands yeux ronds et, silencieusement, elle fit bouger ses lèvres en formulant la question "Qu'est-ce que j'ai fait ?".
Je regrettai déjà de l'avoir autorisée à venir, et ce fut bien pire dans le parc.
En premier lieu, il faut préciser que cet endroit n'avait de parc que le nom. Ici, il n'y avait ni herbe, ni arbre, ni même la moindre aire de jeu. C'était juste un vieux rond point, assez grand pour accueillir un cercle non bâti en son centre. Comme il était près du lycée, il avait vite été aménagé par les étudiants pour y passer le temps.
On pouvait y trouver trois bancs, une poubelle pleine à craquer, des emballages de kebab un peu partout et un énorme bloc de pierre dont personne ne comprenait ce qu'il faisait ici. C'était là qu'après les cours, sous les bruits extrêmement agréables des voitures, des dizaines de lycéens venaient se reposer.

Puisque tous les bancs étaient déjà pris, nous nous installâmes sur le sol en nous servant du bloc de pierre comme d'un dossier. À peine étions nous assis que Gwen posait déjà sa tête sur l'épaule de Dylan, comme s'ils avaient été un jeune couple. Le jeune homme, ne sachant comment réagir, ne protesta pas, mais l'envie de gifler mon amie grandit en moi tandis que j'ouvrais mon cours de physique.

-Bon alors, c'est quoi que vous comprenez pas ? demanda Dylan, heureux de pouvoir se concentrer sur autre chose que la tête de Gwendoline.
-Absolument tout.
-Ouch, ça va être compliqué dans ce cas. Vous visualisez ce qu'est une mole déjà, au moins ?
-C'est six virgule zéro vingt-deux dix puissance quelque chose, expliqua mon amie avec fierté.
-Pas du tout, répondit le garçon, mi-amusé mi-désesperé. Une mole, ça va être un ensemble d'unités de matières. Par exemple, une mole d'hydrogène, c'est...

Il débitait son discours avec une passion non feinte. Il comprenait tout ce qu'il disait, il le voyait dans sa tête, tout ça était pour lui d'une évidente facilité. Son ton ne faiblissait pas pendant qu'il parlait, il gardait ce même entrain de celui qui sait et qui en est fier. C'était bien mieux que n'importe quel cours, et Gwen paraissait du même avis si l'on s'en référait à son regard conquis.

-... et donc on peux trouver la masse molaire comme ça. T'as compris les bases du coup ?

Oh merde, j'avais complètement oublié d'écouter. J'hésitais, je ne pouvais pas lui dire que je n'avais pas été attentive, mais je n'avais pas non plus le droit de faire semblant d'avoir compris, sinon ce cours n'aurait servi à rien.

-Euh, pas vraiment. Excuse-moi, je suis un peu lente au démarrage. Je vais me concentrer.
-Ok. Bon, pour faire simple, une mole c'est un groupe d'atomes. Il y a toujours le même nombre d'atome dans un groupe, quelque soit l'atome en question. Ce nombre, c'est la constante d'Avogadro, mais pas la peine de l'apprendre elle sera donnée au contrôle.
-Comment tu le sais ? le questionna Gwen, apparement passionnée par son discours.
-Le prof l'a dis. Enfin voilà, c'est ça la mole, ça permet de faciliter les décomptes. Chaque mole a une masse donnée suivant l'élément, genre une mole d'hydrogène va pas peser le même poids qu'une mole de chlore, etc... On appelle ça la masse molaire.

Et ainsi furent expédiées toutes les définitions. Certains eurent besoin d'être répétées, d'autres m'apparurent comme évidente, et au final j'étais persuadée d'avoir en tête tous les mots compliqués nécessaires au contrôle. Au sujet de mon amie, j'aurais été incapable de dire si elle écoutait Dylan. Elle avait maintenant un bras passé autour de son épaule et son regard traduisait plus une envie de baiser qu'une satisfaction apportée par un savoir nouveau.

-Après, il y a les formules. Ça peux paraître plus compliqué, mais en fait c'est assez simple quand on les comprends.
-C'est marrant, commença Gwen, mais tu viens de me faire comprendre en trente minutes ce que le prof n'a pas réussi à m'enseigner en deux mois. T'es vraiment doué, tu devrais faire cours à sa place.

Elle lâcha un petit rire et Dylan rougit. Je n'en pouvais vraiment plus de cette fille, elle était incapable de se contrôler et aucun mec n'était capable de se contrôler quand il s'agissait d'elle, si bien qu'en sa présence, tout se transformait en chaos général.

-Euh..bah... Merci, begeya-t-il. Mais bon, les formules. Par exemple, la concentration molaire, c'est le nombre de mole qu'il y a par nombre de litre. Puisque le litre est un volume, on comprends tout de suite que c'est nombre de mole divisé par le volume.
-Ah bon ? Je suis pas sûre de comprendre, lui rétorquai-je honteusement.
-La concentration, c'est le nombre de mole par litre. Genre deux moles par litres, six moles par litre. Un peu comme si tu mettais des smarties dans un verre d'eau, il pourrait y en avoir deux par verre, sept par verre, tu vois ce que je veux dire ?
-Je crois, oui...
-Donc là, on a un certain nombre de mole par litre. La question ça va être de trouver la concentration. Pour ça, il faut faire le nombre de mole divisé par le volume. Si on a trois verres avec chacun un certain nombre de smarties dedans, on compte les smarties et on divise par le nombre de verre pour avoir une moyenne.
-Mais comment on fait pour compter les moles ?

Ma question devait être stupide puisque Dylan leva une seconde les yeux au ciel avant de se rattraper immédiatement en reprenant son air de professeur sérieux.

-Le nombre de mole sera donné, en théorie. Donc tu as compris ?
-On divise le nombre de mole par le volume pour trouver la concentration, c'est bon.
-Parfait. Gwen, c'est bon aussi ?
-Plus que bon. Tu peux continuer, tant que te t'interromps pas, c'est que j'ai compris.

Ou alors qu'elle est trop occupée à imaginer ce qui se cache sous son caleçon...

-On peux aussi inverser les formules. Puisque la concentration est égale aux moles divisées par le volume, si on multiplie des deux côtés par le volume, on voit que le nombre de mole est égal à la concentration fois le volume. Et ça, c'est...
-Attends, quoi ? l'intterompis-je, complètement perdue. Tu peux ré expliquer ?

J'avais de plus en plus le sentiment que cette matière n'avait aucun sens, mais je fis mon possible pour essayer de comprendre ce que me disait Dylan. Je n'avais pas peur de paraître idiote, j'avais l'impression que c'était déjà fait, aussi posais-je le plus régulièrement possible des questions.
Gwendoline, quant à elle, raffermissait peu à peu son contrôle physique sur le garçon, jusqu'au moment où il considéra que le cours était terminé. J'étais quasiment sûre d'avoir compris tout ce qu'il m'avait dit et, s'il avait véritablement tout expliqué, il n'y avait aucune raison pour que je n'ai pas vingt à ce prochain contrôle.

-Bon, c'était tout. Vous avez des questions ?
-Je crois pas, merci beaucoup en tout cas. Et toi Gwen ?
-Moi ? Non c'est bon. Dites, vu qu'il est vingt heure, ça vous dit de se faire un grec ensemble, la troupe des nouveaux premiers de la classe.
-Ce sera sans moi, répondis-je simplement. Je suis crevée, je vais me coucher tôt, demain on verra si tout ça aura porté ses fruits.
-Moi je veux bien. Après tout, je l'ai bien mérité, mais c'est toi qui l'offre alors.
-Évidement.

Discrètement, Gwen me fit un clin d'œil malicieux avant que je ne quitte les deux adolescents pour retourner chez moi. Je ne pouvais m'empêcher de sourire en les laissant tous les deux, j'avais vraiment une folle comme meilleure amie, mais c'était ce qui rendait ma vie attrayante.
Au final, tout se passait plutôt bien. Le lendemain, j'allais réussir un contrôle de la pire matière du monde, le prof sera étonné, il plaidera en ma faveur au conseil de classe et j'aurais la ES facilement, en plus de toucher les cent euros de ma mère.


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